Messages les plus consultés

lundi 31 mai 2010

Le Sommet Afrique-France et la relance de la consommation

En relisant pour le corriger mon post d’hier (Oui , ça m arrive, figurez-vous, en dépit des apparences, mais je tape de plus en plus mal pour cause de précipitation et mon correcteur d’orthographe, si insatisfaisant qu’il soit, s’est mis en grève ou en congé. Je me suis alors avisé qu’un lecteur peu attentif pouvait tout à fait ne pas comprendre « l’incipit » de mon texte (comme on dit désormais dans les collèges du 93).

En effet, je n’avais sans doute pas assez souligné que la grande révolution niçoise de 2010 consistait à dire désormais « Afrique-France » au lieu de « France-Afrique » ; ce modeste chiasme a le double avantage de donner la préséance aux Africains (ce qui correspond à la grande tradition française de courtoisie, même si, depuis 1973, on n’avait jamais pris garde à ce détail) et d’éviter, du même coup et surtout, les mauvais jeux de mots du style « Françafrique »(il n’a pas porté bonheur au regretté Vershave) ou, pire encore, « France à Fric » (que j’ai moi-même commis sans en avoir encore reçu le châtiment).

C’était un peu léger pour un nouveau post mais, fort heureusement, commesouvent, la télévision est opportunément venue à mon secours, en présentant, à l’occasion de l’ouverture du dit Sommet Afrique-France, l’arrivée d’un certain nombre de participants. Il ne s’agissait certes pas des chefs d’Etats, mais d’un menu fretin de dignitaires de moindre volée, ce que signalaient, non leur tenue (tous avaient le costume et la cravate indispensables en pareils cas), mais les multiples sacs dont ils étaient chargés. Nos amis Africains étaient trop loin pour qu’on pût distinguer les marques qui ornaient ces sacs, mais ils ne venaient pas, de toute évidence, de chez Aldi , Ed ou quelque hard discounter. Tous étaient marqués, sans le moindre doute, des noims d’Hermès, de Gucci ou de Dior et le commerce de luxe niçois a dû s’en trouver relancé. Le gros avantage de ce genre de réunion est que les participants y reçoivent de la France, toujours grande et généreuse, des per diem assez importants pour leur donner un large accès à ces commerces de luxe qui font le charme des réunions françaises. En général, ce genre de fiesta se tient à Paris, ce qui est idéal, mais, à la rigueur, Nice peut faire l’affaire ! De toute façon qui aurait l’idée saugrenue de tenir un sommet à Huéret ou à Monbrison !

Ces remarques vestimentaires sur la tenue des diplomates africains m’ont fait souvenir que j’avais été témoin d’un fait intéressant, ce dimanche, sur Canal Plus, où l’on célébrait, chez Anne-Sophie Lapix, par un « sujet » africain, le mystérieux quarantième anniversaire sur lequel je m’interrogeais hier. On y voyait, en effet, notre ministre de la coopération , Alain Joyandet, en visite je ne sais plus où, deviser avec le chef d’Etat local, entouré de quelques uns de ses collaborateurs. Tous ces Africains, naturellement, étaient en costume sombre et dûment cravatés, tandis que, seul, notre ministre était sans cravate et même quelque peu débraillé !

On devrait, tout de même, enseigner à nos représentants, l’étiquette de l’Afrique francophone où la tenue officielle, quelle que soit la température, est soit le costume sombre et la cravate, soit le costume national (le boubou permettant mieux d’affronter la chaleur par les tenues intimes plus légères qu’il autorise !).

Naturellement le costume national est réservé aux Africains. Ce détail me rappelle une anedote amusante. A Lomé, lors d’une réunion universitaire internationale, un éminent representant de la France, peu familier de l’Afrique où il faisait sa première visite, mal renseigné sans doute, avait jugé bon de faire l’emplette, dans l’après-midi, d’un magnifique boubou vert qui, en outre , s’ornait , devant et derrière, de superbes portraits du Général Eyadema. Il fit le soir, je dois le dire, dans cet équipage, une entrée fort remarquée lors de la réception qui marquait l’ouverture de la réunion !

Françafrique ou France à Fric ?

La réunion Afrique-France à Nice change tout !

Elle m’amène aussi a faire ce vieil « a peu près », qui constitue le titre de ce post et que j’ai déjà fait, il y a vingt ans, en donnant même pour titre à un chapitre d’un vieux de mes livres « Francophonie ou Fricophonie ?».

Il y aurait beacuoup à dire sur tous ces sujets et je suis un peu fatigué de répéter les mêmes propos dans le vide. La « Francophonie » n’a jamais été une invention néo-coloniale de la France. Elle ne pouvait naturellement pas s’y opposer mais elle n’en avait nullement besoin. Elle disposait, en effet, dès les Indépendances africaines, d’un réseau d’accords bilatéraux de coopération, infiniment préférables à un bazar mutilatéral, pour une action politique efficace.

On célèbre, en 2010, un quarantième enniversaire, sans que, quoique connaissant un peu la question et sa chronologie, je distingue clairement ce que l’on célèbre au juste et ce qui se serait passé exactement en 1970.

Les Français, dit-on, ignorent la geographie, ils ne sont pas très forts en histoire non plus. Si c’est le quarantième anniversaire de la fondation de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), pâle réplique francophone de l’UNESCO, Dans tout cela, le Québec était, de très loin, l’acteur le plus actif, mais la rivalité Canada-Québec a empêché, quinze ans durant, de donner à la chose la couleur vaguement politique qu’avait pourtant, dès le départ, un Commonwealth choisi alors comme modèle.

L’histoire est doublement bousculée dans ce quarantième anniversaire ; un peu dans les dates d’abord, car la réunion de Niamey se déroule en 1969-1970, mais surtout sur le plan politique. En effet, à Niamey, la France était représentés par Malraux. Autant dire que son propos comme sa position n’étaient pas des plus clairs ! La chose était préférable, car la France (et, à l’époque, De Gaulle et Pompidou) étaient, non sans raison, hostiles à une telle organisation francophone multilatérale, ce que démontrant aussi bien leurs propos de l’époque que la création, antérieure de l’Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM), dès 1966, puis la création des Sommets franco-africains dont le premier se tient en 1973 ! On ne saurait être plus clair en ce qui concerne la considération que la France a pour la Francophonie !

Ce matin, sur France-Infos à huit heures, à l’occasion du sommet Afrique-France de Nice, on interviewe Sassou Nguesso, le Président de la République du Congo Brazzaville (non démocratique puisque cet adjectif est accaparé par l’ex-Zaïre, redevenu le Congo Démocratique, de l’autre côté du fleuve !). Excellent choix en effet et tout à fait symbolique ! Tout se passe très bien car la journaliste de service ne perd pas la face, à ses propres yeux du moins, en posant quelques questions qui pourraient fâcher (sur la liberté d’expression et les procédures politiques au Congo), mais se satisfait des réponses totalement et cyniquement évasives et, parfois, manifestement fausses de son interlocuteur !

Ouf ! L’amitié afro-française est sauve et tout est pour le mieux dans le meilleur des Congos !

samedi 29 mai 2010

Vive le sport !

« Vive le sport ! » comme disait le nain sportif de France2, Gérard Holtz, un « journaliste » de plus au-dessus de sa condition. Le fait de montrer sa binette à la télé, en étant, en outre, très bien payé pour ça, en dépit de la médiocrité de ses prestations professionnelles, l’ a conduit à rêver de gloire artistique ! Je crois, en effet, avoir entendu dire qu’il avait tâté du théâtre, faisant mal la différence entre un public captif comme celui de France2 et un public qu’on doit attirer et qui, en outre, paye sa place (en plus fort cher en général).

Bref la nain sportit avait comme formule favorite « Vive le sport et France2 ». Non seulement, on devrait écarter des écrans des journalistes si médiocres, mais on devrait aussi interdire, dans les médias (télés et radios) « l’auto-publicité ». Le CSA, dans les rares moments où il sort de ses siestes inteminables, interdit, « sur les antennes » la publicité rédactionnelle ; de ce fait, sur RMC le matin, le Gardois de service à cette heure (Bourdin ne cesse de nous rappeler ses origines cévenoles) prend des mines de vierge effarouchée, quand l’un de ses auditeurs ou invités mentionne le nom d’une marque de quoi que ce soit. En revanche, chez Bourdin (comme chez Fogiel sur Europe1), il ne se passe pas cinq minutes « sur cette antenne », sans que le « patron » et l’un ou l’autre des intervenants stipendiés de la radio, en fasse la publicité (« Nous sommes les meilleuts !») ou , à défaut, en cite au moins le nom ! C’est la même chose sur toutes les chaînes et il serait bon qu’on s’y applique à soi-même la règle commune. La chose est d’autant plus exaspérante que la qualité des prestations est souvent loin de correspondre à l’enthousiasme qu’elles suscitent, du moins chez ceux–là mêmes , qui les fournissent. On n’est jamais aussi bien servi que...

A ce propos et avant d’en venir à mon sujet, car je vais bien finir par y arriver (mais c’est samedi et l’on peut musarder un moment), un mot comme toujours sur le professionalisme de nos journalistes. Ce matin, 29 mai 2010, sur France-Infos, 8 heures. Comme vous le savez peut-être, à France-Infos, on repasse sans cesse les mêmes sujets et entre les rediffusions, un(e) « journaliste » fait les « enchaînements » et surtout donne l’heure. Souvent, on commence par une erreur sur l’heure, ce qui donne des émotions à des auditeurs un peu préssés. Ainsi, ce main on annonce « 9 heures 7 » au lieu de « huit heures sept » ! Par hasard, la journaliste s’en rend compte et elle réctifié tout de suite. On repasse alors le sujet sur le compétition de football attribuée à la France. Budget annoncé par la journaliste « Un milliard 700.000 euros « ; Bof ! C’est 1 milliard 700 millions d’euros, mais au point où l’on en est, nous n’en sommes plus à 699,3 millions d’euros près. Dans le sujet qui suit, le journaliste donne le bon chiffre, mais, en revanche, dans son texte, préparé et rediffusé, il évoque des précédents, dont les Jeux Olympiques de 2000 à Athènes ! Sauf que c’était en 2004 et non en 2000. Des grands professionnels et des gens sérieux, comme je vous le dis !

Habile transition de ma part vers mon sujet : le succès de la France, qui a devancé la Turquie (d’une voix !) à Genève pour l’attribution du Championnat d’Europe de football.

Oubliés la dette, le chômage, les retraites, les gouffres abyssaux de notre dette et les perspectives sinistres de notre économie ! Sarkozy, qui avait pris le risque (bien mince car l’Italie était hors course depuis longtemps) de se rendre à Genève avec Roselyne, obtient enfin un succès,dérisoire à dire vrai ! Et voilà Rama Yade en première ligne et propulsée dans tous les médias !

Elle fait fort ce matin notre Rama : la France retrouve enfin « le bonheur » (je laz cite texto!) et qui sait « la richesse », puisque claquer près de 2 milliards à construire des stades (car soyez sûr qu’on ira très au-delà du 1,7 milliard dans l’addition finale) va relancer notre économie et réduire notre déficit et nos dettes ! On comprend un tel enthousisme de la part du moustachu président de la Ligue de Football, mais de la part d’un ministre qui, certes a des raisons de se réjouir de ce choix, on ne doit pas aller jusqu’à pareil délire, quelles que soieznt les consignes!

Rama en rajoute même, car comme elle part pour Haïti faire, comme tout le monde, son tour de piste caritativo-humanitaire, d’ailleurs de moins en moins obligé , au fur et à mesure que les mois passent. « Vive le sport » encore et toujours, car non seulement le football va sauver la France de la banqueroute, prévue par un Attali qui, lui, ne manque jamais un coup d’édition pour en faire son beurre (Françaises, Français ! Préparez-vous à la crise en ne dépensant pas bêtement vingt euros dans l’achat de son livre !). mais le sport et Rama Yade vont aussi et en plus sauver Haïit. Au lieu de se lamenter sur leur sort, les jeunes Haïtiens et les jeunes Haïtiennes vont faire du sport. On ne sait pas trop où ni comment, à moins que notre Rama n’apporte dans ses bagages quelques dizaines ou même centaines de terrains de sport. Puisqu’on rêve, pourquoi se gêner ?

vendredi 28 mai 2010

Jean-Michel Cousteau : ubiquité ou ivresse des profondeurs ?

Petit moment de rigolade, toujours en voiture (décidémment je passe mon temps dans ma voiture mais un instant de détente ne se refuse pas !) ) ; vendredi 28 mai vers 8 heures quarante, j’écoute Fogiel interviewer Jean-Michel Cousteau, dans une double « exclu » (en voilà au moins une que personne ne va lui disputer) sur le pétrole en Louisiane et le centième anniversaire de la naissance du Commandant Cousteau.

Voilà la « famille Cousteau » revenue aux sujets « thalassiques », après avoir défrayé, longuement et tumultueusement, la chronique pipolo-judiciaires, le Commandant ayant ajouté une double vie amoureuse et familiale à ses deux univers terrestre et marin !

Bizarre interview sur la Louisiane (« Où vous étiez il y a trois jours » juge bon de préciser Fogiel qui veut faire entendre, par là, qu’il ne nous sert pas du congelé ! En effet, le Cousteau en question est, sur un bateau, à proximité des Iles Tonga donc bien loin du Golfe du Mexique et, comme il précise, en mettant, non sans imprudence, du sucre sur le miel, en route vers les Iles Cook. On ne comprend pas trop pas trop comment, en si peu de temps, peuvent s’agencer, dans le détail, un tel périple et pareille chronologie !

Bref il a plongé près de la plate-forme, ce qui est, pour le moins, un peu bizarre aussi à ce que l’on nous en a dit par ailleurs et vu la discrétion qu’exigeaient à la fois les Etats-Unis et surtout BP. Là notre Cousteau, dont on attend des détails pittoresques et professionnels, nous précise qu’il a vu des requins et des « poissons pélagiques » (en Cousteau dans le texte).

Si, l’on admet que les poissons ainsi définis vivent au moins à 200 mètres de fond, notre Jean Michel a la pêche et le Grand Bleu peut aller se rhabiller. Peut-être était-ce l’ivresse des profondeurs, car il bafouille un peu en nous narrant ses exploits sous-marins. Il redoute les conséquences de cette marée noire, car nous précise-t-il savamment, « le pétrole pénètre dans l’estomac du zoo plancton » (ultra sic et toujours en Cousteau dans le texte).

Le plus curieux dans les propos de Jean-Michel, outre le fond (si l’on peut dire) et les détails inédits, qui sont pour le moins étranges, comme on vient de le voir, c’est l’accent, indéfinissable quoique clairement étranger, de cet homme. Bref une « exclu » à la fois bizarre et divertissante en ce temps de manifestations dont l’évaluation de la participation est de plus en plus incertaine et donne des résultats aussi différents que les quantités de pétrole que rejettait, naguère encore, , le puits sous-marin de Louisiane. La marée noire louisianaise aurait-elle déjà gagné le parcours Denfert-Rochereau-Nation, rendant impossible le comptage des grévistes?

jeudi 27 mai 2010

Méditation automobile

Ce mercredi 26 mai 2010, en voiture, j’écoute, un peu distraitement, je ne sais quelle radio du matin ( RMC , Europe 1, RFO...de toute façon, toutes leurs « exclus » sont rigoureusement identiques). L’invité du matin est le « député » (dépité ?) François Hollande, dit Flamby ! Vous vous souvenez ? C’est celui qui, de son appartement de Cannes, informait la France qu’on est riche à partir de 4.000 euros mensuels. Faute d’avoir pu, en quatorze ans de régime socialiste, rendre tous les Français riches, il n’est pas sot, au fond, d’abaisser le seuil de la richesse ! Et Flamby d’évoquer, en écrasant au passage une larme furtive, le bonheur des travailleurs qui, grâce à Tonton, ont pu prendre leur retraite à soixante ans. Une telle sollicitude est touchante de la part d’un homme qui n’a jamais travaillé de sa vie !

Au-delà des billevesées de Flamby, qui pousse la déraison jusqu’à prétendre candidater à la candidature en 2012 (mais ce n’est, en réalité, qu’une rodomontade sans autre finalité que de le mettre en position d’obtenir une place, en cas d’improbable victoire de la gauche),on croit rêver quand on réfléchit, ne fût-ce qu’un instant, à ce qui se dit de tous côtés !

En dépit de quelques écarts de langage de Martine Delors, qui a très vite remis dans sa poche (avec son mouchoir dessus), ses premiers propos sur la retraite à 62 ans, le PS s’accroche à ses deux brevets de gauchitude, la retraite à 60 ans et les 35 heures. Nous sommes les seuls au monde à pouvoir nous offrir de tels gadgets de luxe que nous permet notre exceptionnelle "pro-duc-ti-vi-té", comme dirait l’autre !

Ces deux fleurons de la tradition française ne remontent pourtant pas si loin ; la première est l’oeuvre majeure de Tonton ; son autre titre de gloire, l’abolition de la peine de mort, risque aussi de se voir ménacé dans les années qui viennent ; Sarkozy devrait peut-être faire un « lot » pour un referendum (fin de la retraite à 60 ans + rétablissement de la peine de mort) ; l’exécuteur de le retraite à 65 ans , en 1981, avait été Gros Quinquin qui en avait profité, au passage, pour créer quelques dizaines de milliers de postes aux Charbonnages de France (électoralisme oblige!) que tout le monde savait déjà condamnés depuis longtemps ! Un bon, ce Gros Quinquin que Tonton a dû virer pour installer Fafa-la rigueur ! Quant aux 35 heures (en fait oeuvre de DSK – même s’il ne s’en vante guère désormais- plus que de Martine !), on a vu le résultat sur le plan majeur de l’emploi !

Passons sur ces sornettes, car je crois qu’un certain Michel Rocard, quand il ne faisait pas encore l’Ambassadeur- GO du pôle Nord à 10.000 euros la séance, avait lui-même annoncé, à propos de la réforme des retraites, à la fois son caractère inéluctable, mais aussi funeste pour le gouvernment qui la mettra en place (d’où la prudence de la Gauche, y compris celle d’un certain Rocard Michel, Premier Ministre).

Nous y voilà et les petites ruses de Woerth feront sans doute un peu foirer la grève du 27 mai. Il divise les revendications en annonçant que les régimes spéciaux (EDF, RATP, SNCF, où, par exemple un conducteur de train peut partir en retraite à 50 ans s’il a 25 années de cotisation !) ne seront pas touchés avant 2018 (on refile la patate chaude à ses successeurs).

En fait, depuis le début, tout cela n’a ni queue ni tête ! Le but principal, avec ces âges de retraite, est d’augmenter le nombre d’années de cotisations, moins pour procurer des recettes supplémentaires que pour diminuer les retraites de tous ceux qui n’auront pas, de ce fait, une retraite à taux plein par manque d’années de cotisations. Woerth devrait mettre en avant les « aiguilleurs du ciel » (planqués dans des niches fiscales et professionnelles dorées, comme on peut le voir dans le rapport de la Cour des comptes dont j’ai parlé je ne sais plus quand!). Ils ont fait une grande grève, il y a quelques années pour avoir la retraite à 55 ans et maintenant, vu leurs conditions de statut et de travail, ils veulent travailler plus longtemps !

Mais le paradoxe le plus criant est qu’on nous bassine avec la retraite à 62 ou 63 ans, tout en ne cessant de nous parler du non-emploi des « seniors ». Depuis des décennies, on ne cesse de mettre en retraite anticipée à 55 ou 56 ans, avec souvent en outre, des avantages fiscaux à la clé, en jouant sur les dispositons fiscales, sous couvert de licentiements économiques.

Autre contradiction, plus générale encore, on pleurniche sur le ralentissement voire la fin de la croissance, tout en mettant, sans cesse, en avant la conscience « écologique » pour laquelle la croissance, à terme, ne peut être que funeste.

Va comprendre Charles !

mardi 25 mai 2010

Le bouclier fiscal de TF1

Au moment où les flèches de l’opposition et même parfois de la majorité s’abattent en grêle sur le bouclier fiscal dont l’effet majeur serait de retenir dans en France les riches qui seraient tentés de gagner la Belgique ou la Suisse, il est bon de montrer au peuple que notre gouvernement n’y est pour rien et qu’il fait pourtant tout son possible dans ce domaines.

A cette fin, un long sujet de TF1, dans le « Sept à Huit » du dimanche 23 mai 2010, portait sur les mauvais Français qui s’exilent pour échapper à l’impôt et, en particulier, à la taxation des plus-values. On en a ainsi vu quelques-uns, d’ailleurs pas trop gênés de se montrer ainsi à la France.

Certains filent vers les Tropiques et en particulier à l’Ile Maurice ; ainsi un couple de « retraités » (d’on ne sait trop quoi) qui occupent leurs journées à jouer au golf, quand ils ne sont pas au bord de la piscine de leur modeste 500 mètres carrés ; un autre Français, plus jeune,est engagé, lui, dans de prospères affaires de centre d’appel où il règne sur des centaines de téléphonistes mauriciennes , sans payer le moindre impôt (on ne lui demande que de créer des emplois) et fait fortune dans ce bizness, les Mauriciens, pourtant fort industrieux en général, n’ayant pas eu l’idée de monter ce genre d’affaire avant lui.

Mais le cas le plus intéressant et le plus curieux a été celui de la Belgique et de Bruxelles en particulier.

Deux cas illustraient cette situation.

Le premier était celui d’un couple, dans la soixantaine, où le rôle comique était tenue par la femme, une sorte de petit pot-à-tabac assez grotesque qui nous a fait part de sa douleur de ne plus pouvoir satisfaire son besoin d’élégance, impérieux et naturel, dans les boutiques de l’avenue Montaigne. Ce numéro était rendu désopilant par le fait qu’elle était, dans ce monologue, vêtue d’une sorte de manteau en toile de bâche bariolée et agrémentée de figures géométriques, tenue qu’elle avait, de toute évidence, adoptée à dessein, pour nous administrer, de visu, la preuve de son élégance naturelle.

Il nous était précisé que les privilèges fiscaux liés à leur résidence outre-Quiévrain exigeaient toutefois qu’ils passent au moins la moitié de l’année, soit 183 jours par an, en Belgique (ce total étant sans doute porté à 184 jours les années bissextiles). Une telle règle s’applique aussi, par exemple, à la Réunion ou en Polynésie française pour les retraités malins qui, sous ces cieux lointains, vont bénéficier d’une majoration de leur pension et, en outre, d’avantages fiscau; toutefois ces îles permettent assurément de contrôler plus facilement et plus efficacement, en théorie du moins, la présence effective des intéressés dans les territoires où ils sont requis de séjourner. Les choses sont assurément plus compliquées en Belgique et le fisc français devrait négocier avec les services belges, pour ces exilés, le port de bracelets électroniques qui permettraient de mieux surveiller leurs déplacements.

Mais le cas le plus joli était sans doute le Français qui lui était professionnellement et fiscalement installé en Belgique, mais dont la famille vivait en France (dans le Sud) où il venait passer week-ends et vacances, après avoir, sur le papier au moins, divorcé en secret, tout en continuant à vivre avec sa femme et ses enfants, tout comme auparavant. Comme on ne voyait pas le visage du témoin, peut-être s’agissait-il d’un comédien (on a déjà souvent vu la chose dans pareils reportages à sensation). Si la chose est vraie (ce qui est à craindre), on se réjouit que la famille en cause bénéficie, gratuitement, de toutes les installations françaises (de l’école aux hôpitaux en passant par les routes et le reste) et que cette femme, en apparence abandonnée, touche l’allocation-logement, ;l ‘aide sociale et béneficie de la CMU mais ausi bien entendu.... de l’allocation de parent isolé !

Au delà de ces aspects anecdotiques et sans que soit posée la question du but poursuivi par de telles émissions, on touche du doigt l’absurdité fondamentale de l’Union Européenne car naturellement tout cela est parfaitement légal (dans l’esprit du moins). Etant admise la possibilité de faire circuler dans l’espace européen les personnes et les biens, ce sont naturellement les disparités énormes des systèmes fiscaux qui permettent et même encouragent de telles pratiques et bien d’autres encore, moins visibles mais plus redoutables, dont les délocalisations sont sans doute les plus funestes.

lundi 24 mai 2010

Haïti : le Vallas ou lavalas ?

Le hasard est malicieux. Voilà que pour remettre sur pied l’école haïtienne, il est allé pêcher, au fin fond de la classe des policiens des Etats Unis, un certain Vallas dont le nom évoque forcément pour les Haïtiens, vu les circonstances de la catastrophe, « lavalas », terme créole qui désigne une pluie torrentielle accompagnée souvent de glissements de terrain.

Le hasard est même doublement malicieux. En effet on nomme « Fanmi
lavalas » ou, plus communément par abreviation, « lavalas », le parti populiste créé en Haïti par le Père Jean-Bertrand Aristide (dit « Titid »), qui, après la chute de Baby Doc Duvalier (qu’il avait lui-même provoquée), prit le pouvoir dans le pays. Réélu président de le République en 2004, dans des conditions uu peu douteuses (93% des voix des 5% de votants !), Aristide dut quitter le pouvoir et s’exiler en 2004. Ses partisans demeurent néanmoins actifs (à en juger, du moins, par les inscriptions sur les murs de Port-au-Prince) et un nom comme celui de Vallas ne peut manquer de susciter des échos dans l’esprit de bien des Haïtiens !

Le hasard est même triplement malicieux. Ce mot « lavalas », que l’on croit, en Haïti, proprement local, se retrouve, en fait, dans tous les créoles français du monde, des Antilles aux Mascareignes et aux Seychelles. Une telle situation prouve évidemment une origine française que nul ne soupçonne, comme dans les cas de bien d’autres termes créoles, et que confirme, sans problème, le Trésor de la langue française : « Avalaison ou avalasse : Torrent formé par de grosses pluies ou par la fonte subite des neiges. P. ext. Amas de pierres entraînées par cette chute d'eau ».

Le Vallas et « lavalas » ?
Ce rapprochement souligne, de façon heureuse et ambiguë à la fois, ce qu’a d’insolite, pour ne pas dire d’absurde, dans le règlement des problèmes haïtiens, l’étrange recours à un obscur politicien américain, apôtre incontestable d’une politique éducative qui s’inscrit dans la ligne de la réforme Bush , plus ou moins reprise, en douce, par Obama. Cette politique vise essentiellement, en effet, aux Etats-Unis, à réduire les coûts de l’éducation primaire (par diverses formes de privatisation), tout en tentant d’augmenter son rendement (par le système des « écoles à charte » ou les évaluations multiples des enseignants comme des élèves). On a du mal à saisir le rapport avec la situation haïtienne !

Si Paul Vallas a été amené à travailler à la Nouvelle-Orléans après le cyclone Katrina, ce n’est nullement en raison d’une compétence particulière dans les cas de remédiation de catastrophes naturelles, mais parce que son soudain changement de camp politique (il venait de passer brusquement du Parti démocrate aux Républicains) lui interdisait son ancien fief de Chicago comme je l’ai montré dans un post précédent.

Le voir préposer, par la Banque Internaméricaine de Développemnt, à la « reconstruction du système éducatif » d’Haïti, Etat dont il ignorait tout et même peut-être jusqu’à la simple localisation géographique, est proprement aberrant et, en même temps, tout à fait caractéristique du traitement général des problèmes de ce malheureux pays.

Si grands que soient les problèmes du système scolaire des Etats-Unis (ils sont immenses et ont justifié les tentatives de réformes mises en place par Bush et poursuivies actuellement par Obama, dont le Secrétaire d’Etat à l’éducation est un ancien collaborateur de P. Vallas à Chicago, ce qui montre bien que tout se tient !), ils n’ont absolument rien de commun avec ceux d’Haïti ; ces derniers tiennent en effet à la fois aux problèmes que posent la situation linguistique de cet Etat, mais aussi et surtout à la quasi-inexistence d’une structure scolaire réelle.

Tenter de « reconstruire » à l’identique un système scolaire qui n’existe à peu près pas, au lieu de le «repenser » de fond en comble, donc ne pas le « refonder », en fonction d’une analyse globale et lucide d’abord de la situation génerale en particulier linguistique, ensuite des moyens dont on peut disposer et enfin des objectifs qu’on souhaite atteindre, est une pure folie, mais c’est, hélas, la voie dans laquelle on engage Haïti.

On le fait à la fois par le Plan Vallas, mais aussi par les propositions qui risquent de sortir de la réunion que va tenir, les 25 et 26 mai, à Montréal, l’Agence Universitaire de la Francophonie. Comment espérer voir des idées novatrices et adaptées sortir d’une assemblée « mondiale » où voisineront des notables universitaires venus de l’Afrique, de l’Europe de l’Est et de l’Asie, hors de mesure, pour la plupart, de situer Port-au-Prince sur un planisphère muet et d’autres notables universitaires, haïtiens pour le coup, mais qui, fort légitimement d’ailleurs, n’ont pas la charge, expresse et première, de « refonder » le système scolaire national. En tant que médecins, juristes, physiciens, etc., ils ont pour objectif unique et immédiat de rétablir, au plus vite et du mieux possible, les facultés ou établissements universitaires dont ils ont la charge?

L’analyse globale de l’école haïtienne qui est l’enjeu majeur pour le pays a été faite par Madame E. Préval elle-même, le 10 mars 2010 et j’en rappelle les termes essentiels :
« Il m’a été dit que 77 % des établissements d’enseignement existants (publics et privés confondus) n’étaient pas reliés au réseau électrique. Dans les régions rurales, cette proportion atteint 91 %. 65 % de nos écoles n’ont pas l’eau (et je ne parle pas ici d’eau potable). 74 % d’entre elles n’ont pas de bibliothèque ; 31 % sont situées dans une église, 16 % dans une maison privée et 19 % dans des locaux précaires.

Seuls 29 % des enfants inscrits en première année atteindront la 7ème année. Quel gâchis ! Telles sont les raisons de notre souci de la qualité. Lorsqu’un enfant doit passer 6, 7 ou 8 années à l’école sans être en mesure de lire d’écrire, de calculer, de résoudre des problèmes et de commencer à apprendre par lui-même, c'est un gâchis pour l'enfant lui-même, sa famille et la société dans son ensemble. Nous devons veiller à ce que l’éducation qu’il reçoit soit de qualité.

Je crois savoir que moins de 30 % des enseignants possèdent les qualifications requises pour enseigner. La disponibilité d’enseignants qualifiés est un préalable à une éducation de qualité. Tout en œuvrant pour la reconstruction, nous devons lancer un programme massif de formation des enseignants ».

La parution très récente d’un ouvrage (Deschamps, Haïti, 2010), qui confirme et même aggrave les précédentes données, devrait pourtant rendre plus pressante encore la nécessité de « repenser » tout le système scolaire, et surtout de le faire dans le cadre général de la formation des maîtres et, donc, de la redéfinition des missions et par là des structures des facultés de l’université elle-même qui ont la charge directe de cette formation. Il s’agit du livre Enseigner le créole et le français aux enfants haïtiens. Enjeux et perspectives, dont l’auteur est assurément l’une des voix les plus autorisées du pays, puisqu’il s’agit de Pierre-Michel Laguerre, qui est actuellement Directeur général du Ministère de l’Education et de la forimation professionnelle !

Naturellement, seuls des Haïtiens ont le droit moral de souligner ce que la catastrophe du 12 janvier 2019 pourrait, au-delà de son horreur, avoir de positif. Quelques voix lucides se font entendre et se manifestent en faveur d’une vraie « refondation » générale et non du simple replâtrage de ce que le séisme a détruit. « Il faut toujours savoir tirer du malheur quelque chose de bon » souligne Jean-Vernet Henry, recteur de l’UEH. Myrtho Bonhomme se prononce également dans le même sens en disant : «Le séisme va inévitablement modifier la façon dont la formation est dispensée en Haïti. Ce dont on a besoin, c'est la vision. Malheureusement, c'est ce qui nous manque le plus ». Comment ne pas être d’accord avec une tel propos ! Le mieux placé de tous est sans doute J. Lumarque, recteur de l’Université Quisqueya, qui préside le Groupe de Travail sur l'Education et la Formation (GTEF), organe qui, depuis 1998, a oeuvré à élaborer le projet de « Pacte national sur l'éducation et la formation ».
J. Lumarque soutient, en effet, lui aussi que « C'est une occasion pour nous de sortir la formation universitaire des salles de classe qui l'ont souvent étouffée ».

Puissent-ils être entendus, car demain il sera trop tard !

samedi 22 mai 2010

Un métier d’avenir : chronopsychologue

Avec la cuisine et l’administration, la psychologie est la troisième mamelle de la France !

Il y a, en effet, dans les universités de France, autant d’étudiants en psychologie que dans l’ensemble des vingt-six autres Etats européens. En réalité, l’une des raisons de cet étrange engouement, que nul n’évoque bien entendu, était, jusqu’à présent, que la licence de psychologie passait pour la plus facile et permettait ainsi, à moindres frais et sans grands efforts, de se présenter au concours des IUFM).

On a beau faire intervenir, sous le plus léger prétexte (chute dans les escaliers, perte d’un objet, escapade d’un chat ou d’un chien) et expédier sous toutes les latitudes lors des catastrophes, nos équipes de psychologues français, le chômage menace. Certains, plus malins, s’installent à leur compte, mais les gogos qui viennent chercher dans leur cabinet des conseils sur leur vie professionnelle ou l’orientation de leurs enfants sont rares et sans doute le marché ne peut que se rétrécir vu la nature des prestations fournies. Restent le « coaching », qui a encore un certain succès, et la voyance, qui marque toutefois une forme de reconversion assez radicale, en apparence du moins.

Ecoutant ce samedi matin, 22 mai 2010, vers 9 heures, sur France-Infos, le quarante-deuxième « sujet » du mois sur les rythmes scolaires, j’ai recueilli, au passage, une information majeure qui éclaire soudain d’un jour nouveau et surtout optimiste, l’avenir des innombrables futurs psychologues français.

La chronopsychologie est née ! Vive la chronopsychologie !

Une bonne nouvelle ne vient jamais seule ! La chronopsychologie est, en effet, accompagnée de ses petites soeurs qui sont la chronobiologie, la chronopédagogie voire l’imminente chronodidactique ! Les lamentables sciences de l’éducation vont, à nouveau, avoir du grain à moudre. Ce brave Chronos qui avait, dans la légende des dieux grecs, la mauvaise habitude de dévorer ses enfants a renoncé, de nos jours, à ces mauvaises manières et produit désormais des sciences nouvelles où vont pouvoir s’engouffrer nos psychologues !

La grande découverte de ces chrono-machins est qu’au lieu d’avoir, dans le monde, le plus petit nombre de jours de classe et le nombre le plus élevé d’heurs de travail par jour, il vaudrait mieux, pour la France, une répartition plus raisonnable des heures d’école dans chacune des journées qui deviendraient par là même plus nombreuses.

Comment parvenir à une conclusion si radicalement novatrice, sans le précieux recours à la chronopsychologie? Mais nous ne sommes pas au bout de nos étonnements devant les révélations de la chronopsychologie ! Elle va bientôt intervenir dans le recrutement des enseignants, tel profil psychologique vous destinant, de façon évidente et incontournable, à l’enseignement de la grammaire ou des sciences naturelles, quels que puissent être, en apparence, vos goûts pour telle ou telle discipline. Mieux encore, nos chronopédagogues et nos chronodidacticiens détermineront enfin, dans des conditions et selon des méthodes scientifiques, quels jours et à quelles heures du jour doivent se situer les cours de maths ou d’histoire.

Je ne suis pas sûr que, finalement, le bon moment pour aborder de si graves sujets soit le samedi d’ouverture du long week-end de la Pentecôte ? Une équipe d’assistance et de conseil chronopsychologique s’impose dans la mise en place de la grille des programmes de France-Infos !

vendredi 21 mai 2010

Du bon usage du démagogique

Commençons par le commencement, c’est-à-dire le Trésor de la langue frnçaise, référence incontestable en la matière, vu le coût de ce dictionnaire pour notre nation. En effet, dans le cadre du CNRS, à l’INaLF, plus d’une centaine de chercheurs et de techniciens, sans parler des spécialistes de divers domaines (de la pharmacie à l’aéronautique en passant par la lutte gréco-romaine), ont, durant près d’un demi-siècle, travaillé à la rédaction et à la publication de ce dictionnaire monumental en seize volumes. La fin de cette entreprise a d’ailleurs été pathétique ; l’INaLF a fini par être supprimé après que l’équipe de rédaction se soit employée, durant les dernières années, à faire du "sur place", comme les pistards, pour tenter de rétarder l’échéance inéluctable, durant la rédaction des ultimes volumes. Naturellement, pour recaser le personnel, tout en supprimant l’INaLF, on a, selon la bonne vieille habitude française, créé deux ou trois organismes nouveaux du genre ATILF ou ATALA (Rien à voir avec Chateaubriand, car nous n’avons pas affaire ici à des littéraires mais à des linguistes et le TALA n’est ici que le traitement automatique des langues.

Ayant dit un peu de mal du CNRS et du TLF, je dois me faire pardonner en leur faisant un peu de pub. En tapant chez notre hôte vénéré Google (je ne veux pas me faire virer!) les trois lettres TLF, vous pouvez consulter le TLF en ligne, sans avoir à remplir votre bibliothèque de ses gros volumes et, comme moi, y faire un copier /coller , meilleur garantie de l’éxactitude votre information.

Bref, laissons le CNRS et ses avatars pour en venir au « démagogique » :

« DEMAGOGIQUE [En parlant d'une chose abstr., parfois concr., rarement d'une collectivité]
A. Qui recourt systématiquement à la démagogie. Le parti démagogique recourait aux violences les plus atroces (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 138).
B. Propre à flatter le peuple pour obtenir ses suffrages et le dominer :
Ceux qui, par crainte du désordre, se méfiaient du peuple français s'étaient trompés autant que ceux qui, pour gagner ses suffrages, croyaient qu'une attitude démagogique était le moyen le plus sûr. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 186. »

Mais étourdi que je suis, je m’aperçois que je ne vous ai pas dit les raisons de ce post d’apparence lexicographique. Revenons donc en arrière.

Depuis quelques jours, il n’est bruit que de « rigueur » (le gros mot a fini par être lâché) et on nous annoncé même des « hausses » d’impôts qui, comme nous le précise la charmante Madame Lagarde, ne seront pas « massives ».

Madame Lagarde me fait penser à une gravure qui, sous Louis XVI, représentait Turgot en cuisinier, dialoguant avec les Français représentés par divers volailles. En effet,.devenu ministre des finances en 1774, Turgot découvre, à son entrée aux affaires publiques, un déficit abyssal qui n’est pas sans rappeler le nôtre. Ce « libéral », dont le principe majeur de gestion, était « Laissez faire !» est obligé de s’en prendre, en particulier, aux niches fiscales de l’époque qu’on nommait alors moins joliment « priviléges ». D’où la gravure que j’évoque et qui devait orner le Mallet-Isaac de ma jeunesse. S’adressant aux volatiles des trois Etats, le ministre-cuisinier Turgot leur demande « A quelle sauce voulez-vous être mangés ? ». Et les volailles de protester « Mais nous ne voulons pas être mangées !», tandis que Turgot, agacé, réplique en aiguisant son grand couteau « Mais vous sortez de la question ! ».

Vous avez sans doute entendu comme moi que nos ministres ont réjeté avec horreur l’idée de la réduction de leur traitement, de même que nos députés et sénateurs refusent avec indignation de se voir assimilés au vulgum pecus pour ce qui touche aux modalités de leurs retraites. Il faut reconnaître que la gestion de ces retraites est admirable, puisque, pour un euro qu’ils versent à cette fin, ils en touchent six au cours de leur retraite ! Voilà des gestionnaires si remarquables qu’on se demande comment ils ont mettre dans un tel état nos finances publiques.On pourrait presque croire qu'ils s'occupetn plus et mieux de leurs affaires que des nôtres! Il n'en est rien comme on va le voir.

Le plus admirable de tout est que leur refus d’envisagertout changement que la « rigueur » et la solidarité feraient envisager pour leur situation, n’a rien à voir avec une mesquine défense de leurs intérêts personnels. Ce n’est pas pour eux qu’ils redoutent quoique ce soit, mais pour la République elle-même, puisque envisager de telles mesures à l’encontre de leurs intérêts est stigmatisé par eux comme DEMAGOGIQUE !

Qu’ils nous donnent des cours de cette gestion qu’ils pratiquent si heureusement et nous leur donnerons, en échange, quelques leçons de français !

jeudi 20 mai 2010

Haïti : le mirage cubain

On prétend, mais je n’ai jamais vérifié, que, par temps très clait, on peut parfois d’Haïti apercevoir, dans le lointain, la côte orientale de Cuba. Est-ce là une forme d’un mirage cubain dont un avatar s’observe en matière d’éducation?

La proximité géographique des deux îles (Cuba et l’ancienne Hispaniola, où voisinent aujourd’hui, Haïti, pour la partie occidentale, et la République Dominicaine dans la partie orientale) et d’apparents parallèles historiques et économiques (colonisations européennes esclavagistes et agro-industrie sucrière) incitent à les rapprocher sinon on à les comparer.

Sur le plan éducatif, que le séisme du 12 janvier 2010 a mis au centre des préoccupations des gouvernements comme des organisations internationales et des ONG, le modèle cubain fait rêver, que ce rêve soit idyllique ou qu’il prenne la forme d’un cauchemar !

Le modèle cubain est souvent invoqué dans les débats sur l’éducation dans les pays en voie de développement, comme le fut naguère le modèle guinéen. Les choses sont infiniment plus sérieuses à Cuba qu’elles ne le furent dans la Guinée de Sékou Touré ! En prenant le pouvoir en 1959, Fidel Castro, en nationalsant l’éducation, et en l’inscrivant officiellement dans l’idéologie communiste, fit aussi de ce secteur une priorité nationale effective et, par là, une vitrine du régime.

De ce fait, Samuel Pierre, présentant, l’an dernier, en Haïti, les perspectives ouvertes par le Groupe de Travail sur l'Education et la Formation (GTEF) ( qui, depuis deux ans, oeuvrait à élaborer un projet de « Pacte national sur l'éducation et la formation »), après avoir rappelé «qu'aucun pays sur la terre n'a pu progresser ni se développer sans un investissement systématique et soutenu dans l'éducation », a cité Cuba comme première illustration de cette thèse.

Indépendamment des aspects idéologiques qui, somme toute, peuvent être regardés comme relativement secondaires sur le fond du problème, on doit prendre en considération, avant toute chose, la grande différence entre les situations cubaine et haïtienne. Elle tient d’abord et surtout à leurs situations linguistiques.

Il y en effet un mystère historico-linguistique. Il tient à ce que, dans des conditions historiques et économiques, en apparence très voisines sinon identiques, des créoles français sont apparus, en Haïti comme aux petites Antilles, tandis que des langues du même genre ne se sont pas formées dans les colonies espagnoles. En Haïti , la langue première des Haïtiens est un créole français, tandis que, dans les deux Etats les plus proches, à l’Est la République Dominicaine et à l’Ouest Cuba, la seule langue en usage est l’espagnol, à peine marqué par des traits régionaux, mais pas plus qu’il ne l’est dans d’autres Etats hispanophones de la zone américaine.

Ce n’est évidemment pas le lieu de proposer des réponses à cette énigme des sciences du langage (même si le débat est aussi interessant que controversé), mais on voit d’emblée, le problème que pose, dans le cas d’Haïti, l’existence de ce créole qui, quoique reconnu, aux côtés du français, comme langue officielle, n’a qu’une place très modeste dans le système scolaire où le médium éducatif majeur est le français, qui n’est parlé que par moins de 10% de la population et est ignoré, de ce fait, de la plupart des enfants haïtiens qui sont scolarisés (50% d’une classe d’âge environ).

Comme on vient de le constater par les perspectives ouvertes par le GTEF, rares sont ceux ou celles qui, comme Edith Efron (1954), se posent la question suivante « L’analphabétisme est-il toujours un mal ? » et concluent par la négative, en soutenant que la paysan haïtien, sans tirer un réel profit de l’éducation moderne, y perd le contact avec les structures sociales et culturelle traditionnelle.

Avant de rêver sur le modèle cubain, sans voir les profondes différences entre les deux Etats (pour ne citer qu’un fait, assez significatif, les Espagnols créent des universités dans leurs colonies de la zone dès le dix-septième siècle !), on doit poser et résoudre le problème de la langue de l’école.

Depuis un demi-siècle, le rôle du français comme médium scolaire majeur est contesté aussi bien par une minorité d’Haïtiens que par des groupes d’enseignants, haïtiens ou américains, souvent protestants, qui militent pour une éducation de base en créole, où le français, l’anglais et l’espagnol seraient éventuellement enseignés comme langues étrangères. Tout donne à penser que cette idée qui n’est assurément pas nouvelle, est à la base du Plan Vallas (évoqué dans des posts précédents) qui est, semble-t-il, soutenu par la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Son président, Luis Alberto Moreno, vient d'ailleurs de venir en mission à Port-au-Prince les 14 et 15 mai 2010.

Le prétexte du changement est tout trouvé, puisque l'article 38 de la Constitution haïtienne de 1987 rend obligatoire l'enseignement primaire gratuit, alors que tout indique que 80% des écoles haïtiennes sont privées, donc payantes, et que seuls 50% des enfants haïtiens sont réellement scolarisés et cela dans des conditions que nul ne considèrent comme convenables.Certes la BID promet d’engager, sur 5 ans, 50 millions de dollars américains, mais si l’on prend en compte que, selon les données officielles (MENFP, 2005), il y a en Haïti 70.000 enseignants, dont 85% n’ont reçu aucun formation professionnelle et dont 30% ont un niveau de scolarisation inférieur à la 9ème année de l’école fondamentale, la pente sera très dure à remonter, même si, depuis un quart de siècle, la non-application du texte de 1987 n'a pas posé beaucoup de problèmes!.

Encore faudrait-il d’abord savoir ce que l’on veut que soit l’école haïtienne sans trop rêver sur le modèle cubain !

mercredi 19 mai 2010

Usbek for President!

Je suis fatigué de prodiguer aux puissants de ce monde des conseils qu’ils ne suivent jamais, alors qu'Usbek Consulting and Co. leur fait gratuitement les meilleures suggestions.

Tenez, sans aller plus loin qu’aujourd’hui ! Vous croyez peut-être, dans votre candeur naïve, qu’occupent les "unes" de nos médias audio-visuels les graves problèmes du moment, de la chute vertigineuse de l’euro (qui serait pourtant bonne pour nos exportations, si nous avions encore quelque chose à vendre, à part des Rafales, que le Brésil ne manquera pas de nous acheter dès que nous lui aurons donné l’argent pour les payer !) au problème des retraites (qui fait difficulté, car nous sommes le pays où les retraités sont les plus jeunes, tout en ayant eu le temps de travail hebomadaire le plus court quand ils étaient en activité). Tout cela constitue ce que l’on appelle si joliment « l’exception française » !

Vous n’y êtes pas du tout ! Les deux sujets majeurs du jour sont le Paris-Saint Germain et les modalités du retour de Clotilde Reiss.

Le Paris-Saint Germain est un club de foortball ; je crois savoir qu’il a été plus ou moins acheté par un fonds de pension américain nommé Colony (ou à peu près). Pauvres épargnants américains ! Ils sont déjà tombés dans les griffes de Madoff et voilà qu’ils ont, en plus, le PSG dans les pattes. Bref, le PDG du PSG ( rime riche!), dont j’ai cru comprendre qu’il avait fait carrière dans la musique, les médias et la communication, a entrepris de marquer son règne par la lutte contre les bandes de supporters qui s’entretuent gaiement, dans des « fights », après les matchs, avec un insuccès total, puisqu’on ne compte guère qu’un seul mort et, en plus, dans les rangs de la tribune Boulogne pourtant réputée la plus féroce. Il a donc trouvé un système informatique qu’il juge ingénieux et qui n’est que stupide. Un ordinateur aura désormais comme tâche de répartir les hooligans (et les autres) dans les tribunes pour éviter leur regroupement. Le but réel me paraît être d’augmenter le prix des places, à la mode anglaise.

Cette information l’a disputé tout le jour, dans les unes, à la nouvelle de la libération de l’assassin de Chapour Baktiar, dont on se demandait avec angoisse si Brice Hortefeux allait signer l’ordre d’expulsion, qui seul commandait, en fait, au plan strictement légal, le renvoi de celui qui avait si habilement découpé en morceaux sa victime après l’avoir trucidée. Double mystère : Voulait-il renvoyer la tête et les mains de Bakhtiar à des commanditaires méfiants ? Condamné en 1994 à la réclusion perpétuelle et la peine de sûreté étant de 18 ans, comment 1994 + 18 peuvent faire 2010 ? L’arithmétique auvergnate n’est plus ce qu’elle était !

On nous a expliqué que tout cela ne relevait que du pur hasard et ce pince-sans- rire de Kouchner l’a encore répété urbi et orbi. Un marrant ce Kouchner, il arrive à débiter ce genre de blague, avec conviction et sans exquisser le moindre sourire. Il aurait pu faire carrière au théâtre.

Mais devant Usbek, tout ce petit monde ne tient pas la route. C’était pourtant simple avec des idées, un plan de communication impeccable et des dépenses réduites au minimum.

En ces temps de RGPP et de rigueur, il n’y a pas de petites économies. C’est comme pour les grèves ; puisqu’on finira toujours par négocier, pourquoi ne pas commencer par là au lieu d’attendre dix mois, en l’occurrence ; on savait dès le début que les Iraniens voulaient faire libérer les deux hommes et n'embastillaient Clotilde que pour l’échanger ; qu’elle soit Blandine ou Mata-Hari, peu importait ! En cédant d'emblée sur ces points qu'on a fini par lâcher, le bilan était des meilleurs !

Economies : dix mois de pension complète pour nos deux Iraniens, logés, nourris et blanchis aux frais de la France ; ça coûte tout ça! En plus Clotilde Reiss a passé neuf mois à nos frais aussi, à l’ambassade de France où le service n’est sans doute pas trop mal.

Transports : pourquoi décaler bêtement (et en plus de deux jours seulement) l’échange des otages. L’avion (spécial), qui devait aller chercher Clotilde Reiss, pouvait tout à fait et sans problème, à l’aller, au lieu de faire le voyage à vide, amener les deux Iraniens, moyennant un infime aménagement de l’emploi du temps de Monsieur Hortefeux.

Economies très importantes vu le prix de l’heure de vol d’un tel appareil, sans même évoquer l’aspect écologique et les quintaux ou tonnes de CO² ainsi économisés. Ajoutons la bonne manière faite aux Iraniens par la livraison à domicile en avion spécial.

Bien sût, dans un tel cas, il devenait difficile de faire croire à la coïncidence mais épargner à Kouchner le ridicule de ces contorsions, qui n’ont trompé personne, n’a pas de prix !

Enfin, et c’est tout le secret du coup comme disent les bridgeurs. Bien sûr, il faut savoir que Mahmoud Ahmadinejad (« savoir c’est pouvoir » comme disait Machiavel) est un fou de football. Dès lors pourquoi ne pas lui avoir proposé de troquer les 250.000 euros encaissés par l’Iran (comme caution pour Clotilde Reiss) contre le Paris-Saint-Germain ? Bien sûr, il se serait sans doute un peu méfié, surtout s’il connaît tant soit peu le foot français, mais un Usbek aurait su lui faire valoir qu’on pouvait fort bien aménager le Parc des Princes en arène pour y organiser avec les clubs de supporters des « fights » sanglants avec mises à mort au lieu de leurs habituelles et minables séances de baston entre Auteuil et Boulogne . Solution élégante, économique et satisfaisant tout le monde (y compris nos médias) . Bref de l’ Usbek Consulting and Co tout pur !

mardi 18 mai 2010

Clotilde Reiss : Blandine ou Mata Hari ?

Voici, à peine retouché, les retouches y sont entre crochets, le texte que j’ai écrit en aoüt 2009.

Lundi 10 août 2009, dans « C plus clair » (La Cinq à 17 heures 45), le sujet était naturellement le procès de Clotilde Reiss. Bonne émission, comme toujours, mais jesuis resté sur ma faim car on a parlé de beaucoup de choses, sauf de Clotilde Reiss, mise à part l’introduction du sujet où l’animateur a demandé aux participants si Clotide Reiss était une espionne, comme le prétendent les Iraniens.[Hier nouveau « C plus clair » sur C. Reiss et les otages. Rien de bien neuf !]

Un peu naïf tout de même ! Protestations vaguement indignées de tout le monde, comme si les espions affichaient cette honorable profession. Par définition, un espion ne reconnaît jamais cette activité, pas plus que les services et l’Etat qui usent de ses services.

Puisqu’il y avait là des experts, dont une chercheure d’origine iranienne qui avait l’air de la bien connaître, puisqu’elle a même dit qu’elle avait favorisé son envoi en Iran, On aurait aimé en savoir un peu plus sur elle, puisqu’on nous l’a présentée, tout à tour ou en même temps, comme « universitaire » et comme « étudiante » (ce n’est pas la même chose, sauf pour nos journalistes !), comme une « chercheure » (mais en quoi ?), qui envoyait des « devoirs » à son directeu de thèse (ce matin sur RMC!) ou comme une enseignante de français (ce à quoi ne prépare guère la licence d’histoire), puis comme une « lectrice de français à l’université d’Ispahan ». Bref, le flou absolu ! [ça continue !]

Tout le monde a assuré qu’elle n’était pas une espionne, mais nul n’a pu dire ce qu’elle faisait en matière de recherche dans ce pays [on parlé d’une recherche en « histoire et géographie » iranienne, mais « l’histégé » est une spécialité purement française et nul pays ne risque un rapprochement si insolite entre des disciplines si différentes]. On a aussi parlé, d’un mot, très vite et très vaguement , d’un rapport qu’elle aurait fait sur le nucléaire iranien. Ce point, pourtant capital sur lequel T. Guerrier a glissé très vite, disant qu’il allait y revenir durant l’émission, est passé totalement à la trappe dans la suite.

J’ai donc dû mener ma petite enquête personnelle ; j’ai appris qu’elle avait appris le persan avec sa nourrice iranienne devenue, à la mort de sa mère, sa nounou. Elle a fait des études d’histoire (master) pour s’orienter ensuite, mais tout devient alors flou, vers la science politique.

Le relation entre les recherches en sciences politiques et le renseignement ne sont ni une nouveauté, ni un mystère. On a longtemps dit que tous les chercheurs américains dans ce secteur étaient plus ou moins en relation avec la CIA. Qu’un jeune chercheur en sciences politiques en Iran rédige des notes pour l’ambassade de France n’est pas impossible [certains le font même sans qu’on leur demande rien], mais à qui fera-t-on croire qu’il n’y a pas, dans ce domaine et dans un cas si sensible, un service très compétent et hautement spécialisé dans les services français à Téhéran !

Plus curieuse, à mes yeux, est cette affaire de nucléaire, car, pour le coup, on s’avance sur un terrain des plus sensibles. On sait, pour d’autres domaines, que nombre d’étudiants étrangers en France ont, par ailleurs des activités de renseignement en matière d’espionnage industriel et technologique. Serions nous plus bêtes que les autres ?

Dans ma recherche, je suis tombé sur un texte curieux, lui-même reproduit à partir d’un site .dont l’adresse est donnée. Je cite le texte en cause :

« www.jet.efda.org/documents/bulletin/bulletin060314.pdf

Un document intéressant qui confirme le fait que le père de Clotilde, Rémi Reiss, fait partie du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA). Ceci dit, cela ne prouve aucunement la véracité des faits qui sont reprochés à sa fille. Elle aurait "avoué" - mais quelle valeur peuvent avoir des aveux dans un tel régime - qu'elle (qui possède une licence en histoire) avait été envoyé en stage en Iran pour le compte du CEA il y a deux ans et transmis un rapport. Tout cela est troublant. »

Le père de Clotilde, que j’ai entendu lundi à 13 heures, sur France2, a confirmé, en fin d’entretien et en passant très vite lui aussi, qu’il travaillait, en effet, dans le nucléaire, mais il n’a nullement évoqué l’épisode du rapport mentionné ici. Je suis allé sur le site dont l’adresse est mentionnée, mais je n’ai rien trouvé. Le seul point intéressant est que EFDA veut dire « European Fusion Devlopment Agrement » et il me semble qu’il y a là un organisme qui participe du programme ITER de Cadarache.

Bref, en résumé : un historienne, qui parle la langue locale et est tournée vers la science politique, a été envoyée en Iran pour faire un rapport sur le nucléaire local. Même si cela ne prouve en rien sa qualité d’espionne, comme dit l’autre « Cest troublant » ! En tout cas, cela aurait dû être précisé, car cela peut fonder, sans pour autant justifier le procès, une certaine méfiance des Iraniens.

lundi 17 mai 2010

OR-TF1

On croyait en avoir fini définitivement avcc les médias style ORTF, mais voici qu’en y ajoutant simplement un chiffre, on obtient OR-TF1 ; on a le sentiment d’être revenu au bon temps d’Alain Peyreffitte, dans les années 1962-1965. C’est même mieux encore puisqu’il n’y a même plus de pressions à exercer, car les médias se couchent d’eux-mêmes, instruits par quelques précédents, de Genestar, viré de Paris-Match pour une photo, à Stéphane Guillon qui ne fera pas de vieux os à France 2 .

Ce dimanche 16 mai 2010, libération de Clotilde Reiss annoncée par France Infos dès huit heures. Elle revient en France contre 250.000 euros (un vrai cadeau, moins cher que le moindre des journaleux!). Résumé : arrivée à Dubai où un avion gouvernemental ira la chercher pour qu’elle puisse être à 14 heures à l’Elysée. En ces temps de RGPP et de rigueur, on aurait pu faire plus simple et moins polluant et coûteux !

On signale vaguement au passage qu’un ingénieur iranien emprisonné a été libéré et renvoyé à Téhéran, sans que la France ait donné suite à la demande d’extradiction des Etats-Unis. On parle aussi de la libération imminente de l’assassin de Chapour Bakhtiar, rendue possible par ses dix-huit ans de prison. Pures coïncidences. La journaliste de service n’établit pas le moindre lien avec les exigences naguère formulées par l’Iran, dont on croit pourtant se souvenir qu’elles étaient la remise en liberté de ces deux hommeces, ce que des esprits malveillants pourraient regarder comme un échange réalisé aux conditions posées par l’Iran.

Mais le mieux est pour le soir, au JT de TF1 où officie Claire Chazal. Je vous fais grâce du début : avion, retouvailles familiales, etc. Arrivée à l’Elysée, « montée des marches » (c’est la saison !) ; sortie avec Kouchner en cornac de la jeune femme. Remerciements aux milliers de ceux qui ont parlé pour sa libération, pensée émue pour deux de ses co-accusés qui eux ont été exécutés.

Il y a là un problème sur lequel je sollicite des témoignages car j’ai entendu ce matin, à la radio, qu’elle aurait remercié Nicolas Sarkozy ; or, sur OR-TF1, je n’ai rien entendu de tel. Etais-je distrait, sourd où aurait-on, au montage du « sujet », coupé cette partie de son propos? Je n’ai pas entendu de remerciement ni même la plus simple évocation du Président français. Aurait-on poussé le bouchon un peu loin, dans le sens d’une disrétion et d’une modestie inhabituelles, mais qui semble être le nouveau style élyséen? OR-TF1 va même nous montrer Lul en visite à Téhéran et, comble du comble, A. Wade, pas très frais à dire vrai, qui, faute de pouvoir récupérer au Sénégal tous les Haïtiens, a contribué à la libération de Clotilde Reiss !

Tout cela sent à plein nez la mamip et Kouchner est là pour voir si le plan com’ est bien respecté. La pauvre Clotilde, qui ânonne sa leçon sentimentale, est, de toute évidence, clairement mal à l’aise. Rassurez vous, ma chère, ça ira mieux à la deuxième ou troisième télé ou à la promotion du livre que vous avez sans doute déjà écrit, pendant vos longs mois de séjour et de loisir à l’ambassade de France.

Un peu gros quand même comme ficelle pour tenter d’équilibrer un peu et refuser tout rapprochement avec l’ingénieur libéré et le condamné qui va l’être mardi. Nous voilà morts d’inquiétude. Imaginez que Brice Hortegeux refuse et qu’on nous la reprenne, cette pauvre et innocente pauvre Clotide avec son amour de la vieille Perse (chez moi !) et son mémoire sur l’industrie nucléaire persanne que seul a dû lire son cher papa qui fait, chez nous, dans ce genre de business ! Cela n’aurait-il pas joué contre elle dans toute cette affaire ?

Clair Chazal qui tient à donner la parole à la gauche car à OR-TF1, on n’est pas sectaire, nous fait entrevoir Martine Aubry qui de toute évidence s’en fout (elle ne pense plus qu’à DSK !) et la verdoyante Cécile Duflo qui, à juste titre, ne trouve pas très convaincants les propos officiels sur le caractère fortuit de ces trois libérations. C’est bien le moins qu’on puisse dire !

Le dernier mot est pour Kouchner, qui avec la force et la sincérité qu’on lui connaît, écarte d’un geste définitif tout insinuation de cette nature. Nous n’avons rien cédé à l’Iran. La France est comme le papa de Monsieur Jourdain qui n’était pas marchand de tissus, mais donnait de l’étoffe à ses amis contre de l’argent ! Ouf on respire et vive l’OR-TF1 !

dimanche 16 mai 2010

Encore Haïti et son école!

Je me suis rendu compte, un peu tard sans doute, que le raccourcissement final de mon post du 15 mai 2010 (je m’interdis d’être trop long), rendait peu compréhensible ce texte et sa finalité.

En fait, on ne sait pas réellement, je crois, quelles sont les intentions de Paul Vallas et quel sera le contenu de son « plan ». On peut même espérer qu’il ne le sait pas lui-même, ce qui serait, de sa part, une belle preuve de bon sens, qualité dont cet homme ne semble pas dépourvu.

Comment, en effet, concevoir un plan de « construction » de l’école pour un pays dont on ignore tout. Je ne suis même pas sûr que Paul Vallas ait jamais mis les pieds en Haïti. Concevoir un nouveau système éducatif pour Haïti (car c’est, selon les rumeurs du moins, le seul point positif dans le recours à ce « spécialiste ») semble être qu’il ne veut pas « rebâtir à l’identique » l’école haïtienne. Toutefois, un tel choix, si essentiel qu’il soit, ne procède sans doute que du hasard pur et simple et non d’une vraie réflexion prospective. C’est, en fait, je pense, la reprise, un peu machinale, d’un slogan qu’il avait déjà utilisé dans sa mission à la Nouvelle Orléans, dans des conditions et pour une situarion en fait radicalement différentes.

Si l’on regarde de loin et de haut, les actions de Paul Vallas, réformatrices d’abord, à Chicago et à Philadelphie ou rénovatrices, à la Nouvelle-Orléans ensuite, on constate que ces politiques, élaborées dans le contexte de l’école des Etats-Unis, n’ont pas grand chose de pertinent dans la situation haïtienne.
Qu’il y a ait une crise de l'école aux Etats-Unis, les présidents successifs (Clinton, Bush et Obama) l’ont reconnu et les premières actions de P. Vallas s’incrivaient, sans problème, dans le « Plan Bush ». Les choix actuels du Secrétaire d’Etat à l’éducation de B. Obama, Arne Duncan (ancien collaborateur de P. Vallas à Chicago) ne semblent pas marquer de "rupture" : introduire dans la gestion de la carrière des enseignants la notion de mérite, évaluée par la réussite de leurs élèves (d’où les tests et évaluations multiples des résultats et niveaux scolaires, extension de ce principe aux établissements eux-mêmes par le biais des « écoles àc charte », fonctionnant, pour partie, sur des fonds privés, mises en place à côté des écoles traditionnelles. Si ces « écoles à charte » sont gratuites, elles doivent toutefois être gérées de façon à assurer leur autonomie financière, comme une entreprise.

Sans entrer dans le détail, on voit que le principe général est celui d’une privatisation, au moins partielle, des écoles et d’une forme d’autonomisation. En quoi cela peut-il être pertinent en Haïti où l’immense majorité des écoles est déjà privée et où les problèmes majeurs ne sont nullement de cette nature ?

A l’appui de mon propos et pour avoir recours à la source la plus officielle, je citerai le discours de Madame Elisabeth Préval (10 février 2010)

« Il m’a été dit que 77 % des établissements d’enseignement existants (publics et privés confondus) n’étaient pas reliés au réseau électrique. Dans les régions rurales, cette proportion atteint 91 %. 65 % de nos écoles n’ont pas l’eau (et je ne parle pas ici d’eau potable). 74 % d’entre elles n’ont pas de bibliothèque ; 31 % sont situées dans une église, 16 % dans une maison privée et 19 % dans des locaux précaires.

Seuls 29 % des enfants inscrits en première année atteindront la 7ème année. Quel gâchis ! Telles sont les raisons de notre souci de la qualité. Lorsqu’un enfant doit passer 6, 7 ou 8 années à l’école sans être en mesure de lire d’écrire, de calculer, de résoudre des problèmes et de commencer à apprendre par lui-même, c'est un gâchis pour l'enfant lui-même, sa famille et la société dans son ensemble. Nous devons veiller à ce que l’éducation qu’il reçoit soit de qualité.

Je crois savoir que moins de 30 % des enseignants possèdent les qualifications requises pour enseigner. La disponibilité d’enseignants qualifiés est un préalable à une éducation de qualité. Tout en œuvrant pour la reconstruction, nous devons lancer un programme massif de formation des enseignants.3

On peut admettre que Paul Vallas, qui était présent, comme je l’ai rappelé hier, lors de l’intervention de la First Lady haîtienne, a commencé à recevoir, par là même, une forme de première information sur la tâche qui sera la sienne, s’il entreprend de « construire », et non de « reconstruire », le système éducatif haïtien !

Cette remarque me rappelle ce que j’ai dit en conclusion de mon rapport, au terme d’une mission faite pour le Ministère français des affaires étrangères. C’était au moment de la réforme Bernard (introduction du créole pendant les trois première années avec passage progressif au français »). J’ai conclu mon propos en disant qu’à mon sens, la première condition pour réformer un système éducatif était qu’il existât réellement et que cette condition ne me paraissait pas remplie en Haïti.

samedi 15 mai 2010

La « reconstruction » de l’école en Haïti : de Chicago à Port-au-Prince

Comment passer de Chicago (Illinois, USA) à Port-au-Prince (Haïti)?
Vous ne savez pas ?
Facile pourtant ! Il suffit de suivre Paul Vallas.
Vous ne connaissez pas (enfin pas encore) Paul Vallas)? Laissez-moi vous expliquer !

Paul Vallas est un politicien américain qui, jusqu’à une date récente, a fait carrière à Chicago (où il est né en 1953) dans la mouvance démocrate, même si, en 2009, il est passé de façon un peu inattendue au parti républicain. Sans doute a-t-il fait ce choix faute d’avoir vu ses mérites reconnus au sein du parti démocrate, après ses échecs et ses désillusions dans la conquête des investitures pour la candidature au poste de gouverneur de l’Illinois.

La spécialité de Paul Vallas est l’éducation. Non pas comme enseignant ou comme formateur de formateurs ou toute autre activité du même acabit, mais comme organisateur ou réformateur des systèmes éducatifs. A ce titre, il a dirigé de 1995 à 2001, le service municipal de l’enseignement public de Chicago. En 2001, ses conflits avec le maire (qui l’avait mis en place et placé un moment à ses côtés) le conduisent à s’orienter plus nettement vers la politique avec comme cible finale le poste de gouverneur de l’Etat, mais sans succès, comme on l’a vu.
Il s’exile, de ce fait, à Philadelphie, où, fort de la réputation qu’il s’est acquise à Chicago (son action, qui repose sur des formes diverses de contractualisations, a même été louée par Bill Clinton !), il dirige, entre 2002 et 2005, dans quarante écoles, une grande expérience de privatisation du management du système scolaire. En 2005, la minceur de ses chances d’être retenu chez les Démocrates comme candidat au poste de gouverneur le conduisent à accepter, pour deux ans, le poste de « superintendant » du programme « Recovery School District of Louisiana” créé à la suite de Katrina.
En 2008, Vallas est déçu, une fois encore, dans ses visées politiques à Chicago et, du coup, il quitte le Parti démocrate pour les Républicains et décide de poursuivre son action en Louisiane.

Paul Vallas, déjà passé de Chicago à la Nouvelle-Orléans, via Philadelphie, prolongera-t-il son périple de réformes éducatives jusqu’à Port-au-Prince ? Tout le donne à penser !

En effet, mi-février, M. Sneed, correspondantdu Sun Times, a annoncé que Paul Vallas avait été sollicité par l’International American Bank [en fait, l’Inter-American Development Bank] pour planifier la « construction » (« build ») d’un système scolaire en Haïti. Le journaliste ajoute « Il think it’s pretty fair to cringe at the thought of banker paying Paul Vallas to « build a school system ».

Le 10 mars 2010, Paul Vallas était parmi le public de l’intervention faite par Madame Elisabeth Préval, la toute récente « First lady » haïtienne, lors de la conférence sur l’éducation tenue à l’Université George Washington dont elle est une « alumna ». Le thème de son discours était: « Les défis pour l’éducation en Haïti après le tremblement de terre ». Elle a d’ailleurs rendu hommage à Paul Valas et terminé ainsi son propos « C’est la raison pour laquelle l’aide de spécialistes expérimentés, tels que Paul Vallas, qui a joué un rôle essentiel dans la reconstruction de la Nouvelle Orléans, après l'ouragan Katrina, peut nous être utile »

Il y a là matière à des réflexions de natures diverses d’ailleurs.

La position de Vallas, qu’on aurait pu croire affaiblie auprès du pouvoir démocrate en place et de Barrack Obama (n’oublions pas qu’ils sont tous deux de Chicago !) n’en a sans doute pas souffert, car Obama a, on le sait, besoin des Républicains ; on a en a même une preuve puisque les idées de réforme d’Arne Duncan, actuel secrétaire à l’Education, sont proches de celles de Paul Vallas dont il était l’adjoint à Chicago.s

Un point intéressant dans les positions de Vallas est qu’il ne semble pas parler de « reconstruction » (ce qui implique une réfection à l’identique, mais de « construction », selon des principes qui peuvent et même doivent être différents ! Le problème est toutefois de savoir quels sont ces principes et où sont les différences.

Ni l’Illinois, ni la Pennsylvanie, ni la Louisiane ne sont Haïti et il est à craindre que la première des options du Plan Vallas pour cet Etat soit le choix de l’anglais comme médium éducatif !

Par ailleurs, devant l’embauche de Vallas par l’Inter-American Bank of Development, avec la claire bénédiction du gouvernement américain, on peut dire ce qu’on dit des banquiers zurichois, mais aussi de ceux du monde entier : « Si vous voyez un banquier sauter par la fenêtre, sautez derrière, c'est qu'il y a de l’argent à gagner ! ».

vendredi 14 mai 2010

Bruxelles : le Père Ubu une fois !

Terrifiante nouvelle : la Commission européenne, délaissant l’espace d’un moment, les dramatiques problèmes que posent à l’Europe, agitée de gravissimes convulsions monétaires et économiques, l’épaissseur des tranches de mortadelle et le pourcentage de substances autres que le cacao dans notre chocolat, souhaiterait désormais examiner, avant leur vote final, les budgets nationaux des Etats membres pour voir si y sont bien respectées, les inflexibles règles fixées par les accords de Masse-trique.

J’use de cette orthographe un peu dérogatoire ( mais bien moins toutefois que les pratiques budgétaires des Etats en cause !) en mémoire de la prononciation de ce toponyme par le premier de nos duettistes politiques d’un moment, Villiers et Pasqua, tandem comique trop tôt arraché à notre scène électorale. Le second a toutefois récemment fait un retour remarqué au théâtre judiciaire dans un grand classique du théâtre hispanique , la Verdad sospechosa (« La vérité suspecte ») dont Corneille s’était déjà inspiré dans son Menteur.

Les réactions dans les milieux parlementaires ont été aussitôt des plus vives, chacun s’accordant à considérer qu’il y avait là d’insupportables atteintes aux souverainetés nationales, oubliant sans doute au passage que ce contrôle, s’il n’était pas prévu a priori, l’était, en tout cas, a posteriori, ce qui au fond revient exactement au même, du moins dans le cas d’Etats-membres honnêtes, qui respecteraient leur signature, ce qui ne paraît pas être la norme.

On ne saurait, en effet, admettre, en pareil cas, que deux hypothèses hautement aventurées, pour ne pas dire totalement improbables.

La première est que des Etats s’assurent, à grands frais (des centaines de millions de dollars, ce qui après tout est peu de chose, si cela conduit, dans la suite, à encaisser, frauduleusement, des milliards de subventions européennes), les services d’un grand établissement bancaire étranger, expert dans le savant maquillage des documents budgétaires nationaux (ce fut le cas de la Grèce dès son entrée dans l’UE).

La seconde hypothèse est que des Etats, plus considérables que la Grèce sur le plan politique, promettent, chaque année, avec la même sincérité touchante, de ramener au dessous ou, au pire, au niveau des fameux 3% du PIB, leur déficit budgétaire… de l’année suivante, selon le principe, bien connu et quasi universel, des « serments d’ivrogne » et du « Demain on rasera gratis ». Non seulement le premier n’exclut en aucune façon le second, mais il se combine le plus souvent admirablement avec lui, comme le démontre toute l’histoire budgétaire récente de l’Europe, ces déficits censés se limiter à 3% s’échelonnant, en réalité, de l’aveu même des Etats, entre 5 et 10%. De tels pourcentages ne concernent que les déficits avoués, tout le monde sachant bien, à Bruxelles comme à Rome ou à Lisbonne, que ces comptes présentés par les Etats sont aussi tous plus ou moins truqués, sur ces points précis en tout cas. Dans le palmarès des fraudes à l’Europe, il n’y pas que les embrouilles transalpines (les Italiens sont en tête pour la fraude à l’Europe) et les vaches corses !

Si je ne l’avais pas faite déjà (et si j’ai des lecteurs anciens et fidèles, ça va se voir !) , je dirais volontiers que la Commission de Bruxelles est née de l’union burlesque du Père Soupe (mais peut-être avais-je finalement préféré Frantz Kafka pour la noblesse du propos) et de la Mère Ubu, sans que la paternité du Père Ubu puisse être écartée de façon sûre.

Tout cela est à mourir de rire (MDR ou LOL comme vous voudrez) ou à tomber de sa chaise (mais comme je suis déjà beaucoup tombé ces derniers mois, je m’arrime), au moins pour deux raisons évidentes que je formule sous la forme de deux questions.

Première questiion
En quoi un contrôle a priori de Bruxelles est plus scandaleusement attentatoire aux souverainetés nationales qu’un contrôle a posteriori, si cette procédure a été admise par l’adhésion au traité et si les règles de ce traité sont appliquées, comme cela devrait être le cas, avec rigueur et si sont prises réellement, en cas de manquement, les sanctions sévères qui s’imposent ? La Masse-trique de Monsieur de Villers ne serait-elle, au mieux, qu’un léger plumeau ?

Deuxième question
Si les censeurs de Bruxelles se sont laissés si facilement berner depuis huit ans (accord de Maastricht) par les documents comptables et budgétaires que les Etats leur fournissaient, pourquoi ne pourrait-on pas continuer à le faire, la falsification étant, de toute évidence, encore plus facile, à réaliser avant qu’après le vote des budgets nationaux et les décisions budgétaires modificatives donnant encore un peu plus de latitude aux Etats ?

jeudi 13 mai 2010

Francophony?

La Francophonie, comme l’Union Européenne, est obligée de ratisser de plus en plus large pour trouver de nouveaux clients ; de ce fait, ils sont de plus en plus curieux. L’Estonie, contre l’avis de la Bauque centrale européenne qui, en la circonstance ne manque pas de bon sens, devrait intégrer la zone euro dès 2011, avec la bénédiction de Bruxelles. Bonne affaire pour les Grecs qui n’auront plus la honte d’être la lanterne rouge europenne .

La Francophonie voudrait trouver de nouveaux adeptes, avec ou sans locuteurs francophones réels ; l’ennui est que les deux seuls Etats du monde qui pourraient être des recrues sérieuses en la matière, restent sur le pas de la porte pour des raisons bien différentes toutefois. Israël (avec dix pour cent de sa population réellement francophone) a déjà manifesté son désir d’appartenir à cette communauté, mais se heurte au veto d’Etats arabes, dont le plus résolu est assurément le Liban. L’Algérie, qui est sans doute l’Etat du monde qui, après la France elle-même, compte le plus grand nombre des locuteurs du français, souffle tour à tour le chaud et le froid. Favorable à la Francophonie sur le plan extérieur, comme le montre sa présence sporadique à des Sommets francophones (comme visiteur !), le Président Bouteflika se montre volontiers hostile au français sur le plan intérieur pour tenter d’amadouer les Islamistes.

Grande et bonne nouvelle toutefois avec les rumeurs autour de l’entrée à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) de la République dominicaine qu’a confirmée la fête donnée à l’Hôtel de ville de Paris pour le quarantième anniversaire de la réunion de fondation de Niamey en 1969-1970). Si l’on est assez habile pour solliciter les bons historiens (mais pas les chantres du 10 mai, journée d’abolition de la traite négrière !), on pourrait même arriver à justifier cette entrée par le fait que cet Etat (la partie orientale de l’ancienne île d’Hispaniola, dont Haïti est la partie occidentale) a été annexée durant quelques décennies au XIXème siècle, par son voisin ha£itien qui est, lui, l’un des Etats fondateurs de la Francophonie.

Les relations entre Haïti et son voisin, la République Domincaine n’ont pas toujours été des meilleures ; le premier se voulait une « République noire », tandis que la seconde se rêvait blanche ! A ce propos, il est amusant de constater qu’une conférence donnée, le 20 mars 2010, à Paris, pour la fête de la Francophonie, par Rene Erez Uerra avait pour titre « L’influence du créole haïtien et du français sur l’espagnol dominicain ». C’est oublier ou vouloir ignorer qu’ou trouve dans cette zone l’un des exemples les plus sinistres du « shibboleth ». Le shibboleth, dans le Livre des juges, est un mot que les Giléadites faisait prononcer aux Ephraïmites, pour les identifier, car, s’ils ne pouvaient prononcer ce mot comme les Giléadites, ils étaient par là-même démasqués et, comme tels, exécutés sur le champ!

En République dominicaine, dans les années trente, les Giléadites étaient les Dominiquais et les Ephraïmites les Haîtiens (venus travailler dans les plantations de canne à sucre), le shibboleth étant, en la circonstance, le nom du persil. Les Haïtiens, qui ont déjà des problèmes avec le « r » du français, ne parvenaient pas, à la différence de leurs voisins hispanophones, à prononcer correctement, le nom espagnol de cette plante « Perejil » et la « jota » qu’il comporte !. Les soldats de Santo-Domingo présentaient donc à ceux qu’ils soupçonnaient d’être Haïtiens, un brin de persil ; si le suspect ne pouvait pas prononcer le nom espagnol, on le tuait. L’affaire fit des dizaines de milliers de victimes haïtiennes.

Ironie de l’histoire encore, au moment où la République Dominicaine va faire son entrée dans la Francophonie institutionnelle (l’OIF en la circonstance), la malheureuse République d’Haïti, terriblement éprouvée par le séisme du 12 janvier 2010, voit sa francophonie historique menacée par le plan de reconstruction sur lequel les Etats-Unis ont la haute main, assez logiquement au plan géopolitique et financier.

La reconstruction du système éducatif haïtien, rendue indispensable par le séisme, devrait être l’occasion d’une véritable refondation /rénovation du système en place dont tout le monde reconnaissait l’inefficacité. Le problème majeur de ce système est que le médium éducatif y est le français que l’on ne parvient pas à enseigner à des enfants qui, pourtant, parlent un créole issu du français et qui, quoiqu’il soit une langue autonome par rapport à elle, présente avec cette langue de nombreuses analogies sur lesquelles devrait naturellement se fonder une didactique du français adaptée aux réalités linguistiques et culturelles haïtiennes.

La refondation de l’école haïtienne, pourrait pourtant être l’occasion d’une vraie rénovation de l’enseignement du français qui est la clé de la réussite des enfants. paradoxalement, elle risque de marquer, en fait, le commencement de la fin de la francophonie d’Haïti, si, faute d’une vraie initiative française et francophone en la matière et comme certains le souhaitent, aux Etats-Unis en particulier mais aussi en Haïti, on en vient à tenter de choisir comme medium éducatif l’anglais en remplacement du français, ce dernier n’étant plus qu’une langue étrangère, en option avec l’espagnol. Vu la situation d’Haïti dans l’espace économique et géopolitique américano-caribéen, une telle solution paraît assez logique, vu le rôle de ces trois langues dans cet espace.

Toutefois, le français tenant une place majeure dans le créole haïtien qui a reçu de lui 90% de son « matériau linguistique », ce que nombre d’Haïtiens ne soupçonnent même pas, car on le leur cache souvent, il y aurait là, en même temps, une rupture profonde dans l’univers culturel local et une transition éducative quasi impossible à réaliser, mais qu’il deviendra indispensable d’affronter si la France et Francophonie (le Québec devrait être encore plus préoccupé que la France par ce problème) ne sont pas en mesure de proposer une véritable refondation du système éducatif qui est (mais pour combien de temps encore ?) la seule véritable alternative.

mercredi 12 mai 2010

« J’vais vous dire un truc !… « En exclu », bien sûr ! »

Sur TF1, mardi 11 mai 2010, jour de la SainteEstelle, au soir tout TF1 pensait ou feignait de penser que la France était face à Laurence Ferrari qui, jugeant que la majorité des télépsectateurs du jour était masculine, avait travaillé son decoletté : veste de tailleur noir, très ouverte (mais l’intendance du bas ne suivait pas, à en juger par ne ou deux inadvertances des techniciens). Le gros problème était celui des cadreurs, il fallait ne pas cadrer trop bas (on n’est pas quand même à la RAI), tout en donnant à penser, sinon à voir.

Bref, double suspense : d’une part jusqu’où allait-on descendre dans l’exploration des appas de Lolo Ferrari, qui ne sont tout de même pas de l’ampleur de ceux de feue son homonyme et, d’autre part, quand allait-on enfin voir et entendre Raymond Domenech, venu annoncer, en direct et surtout « en exclu » (l’exigence désormais majeur dans tout système d’information) la liste des 23 sélectionnés pour l’Afrique du Sud.

Comme on dit dans les rédactions de CM2 « Enfin arrive le moment tant attendu »…on découvre « le boucher » (surnom de Domenech , quand il jouait défenseur à l’OL, avec la délicatesse que fait pressentir l’épithète) qu’on avait à peine entrevu à son arrivée.

Le bougre découvre d’entrée sa grosse ficelle ; « l’exclu » part en quenouille et le tuyau magique est crevé ! Annoncé comme venant révéler, de la façon la plus solennelle, la liste des 23 joueurs retenus, Domenech entame son propos par sa formule favorite « ‘J’vais vous dire un truc… » . Le truc c’est qu’il n’a rien à dire en fait, puisque sa liste comprendra trente noms et non pas vingt-trois. De plus, on pourra, dans la suite, y ajouter des noms ou en retirer. Autant dire qu’il n’annonce en fait rien du tout !

Non seulement il n’annonce rien puisque les Benzema ou les Nasri, dont les uns ou les autres des afficionados déplorent l’absence pourront tout à fait revenir dans la liste.

J’vais vous dire un truc ! Il fait rebondir car le coup, clairement monté par la FFF et TF1, a lamentablement foiré ! Ils ont investi gros dans l’affaire et tentent par là de ranimer un peu l’intérêt des Français pour une Coupe du monde, dont tout le monde se fout et une équipe de France au sein de laquelle la motivation des joueurs, hors des contrats publicitaires, est des plus modestes, à les voir se comporter dans les prestations de ladite équipe.

Il faut donc une fois de plus faire appel à Usbek Consulting and Co, dont les services, en la circonstance, ne seront naturellement pas gratuits !

Petite idée comme échantillon.

Jusqu’au début de la Coup e du monde, au JT du soir de TF1, on installera une cabine fermée d’un rideau cramoisi, style cabaret, face au présentateur. Derrière le rideau pourra se tenir, sans qu’on sache à l’avance s’il est là ou non, Raymond Domenech. Ce dernier pourra donc ne pas être présent (comme les valises au trésor sont souvent vides !). Le rideau cramoisi ne sera tiré naturellement qu’en fin de journal, suspense oblige. S’il est présent, en fonction d’un vote par SMS des téléspectateurs (il n’y a pas de petites profits. Bling !Bling du tiroir caisse de TF1), Raymond annoncera, conforment aux vœux de la majorité des votants, l’ajout d’un joueur à la liste fatidique ou, au contraire, son retrait.

La logique du système interactif ainsi mis en place voudrait que le journal soit public, pour que les spectateurs, préalablement chauffés, puissent scander « Le rideau ! Le rideau ! » ou « Raymond ! Raymond!’La logiqsue voudrait même que Lolo Ferrari et Claire Chazal soient remplacée par Lagaff, plus habitué qu’elles à ce genre de prestation.

On pourrait ainsi avoir des JT plus animés jusqu’au mois de juillet et entretenir une flamme footballistique un peu vacillante ; si les audiences venaient à faiblir, on pourrait, ultime recours, piumenter la chose et imaginer des soirées où les rôles seraient inversés. Raymond le boucher présenterait les infos, la cabine mystère étant alors occupée par Lolo, Claire ou, pourquoi pas Zahia, en tenues affriolantes et qui esquisseraient quelque saynète libertine.

On risque toutefois de voir alors Berlusconi racheter TF1 !

mardi 11 mai 2010

La galère de l'école

Un des marronniers de la presse a été récemment sollicité à nouveau : les rythmes scolaires avec production des élements habituels. Nos bambins sont parmi les plus mal classés en Europe pour leurs résultats et leurs niveaux de savoirs, alors qu’ils vont en classe au moins autant que les autres. La répartition de leur travail au long de l’année est sans doute en cause, puisque, s’ils ont le moins de jours de classe en un an, les horaires quotidiens français sont les plus lourds. Pas très nouveau en effet !

J’ai été hier confronté à la dure réalité scolaire quotidienne, en m’employant à aider ma petite fille, en sixième depuis la rentrée, à faire ses devoirs du jour. Lourde tâché d’ailleurs quand, étant entré en classe à huit heures du matin, on n’en sort qu’à dix-sept heures avec des leçons à apprendre et des devoirs à faire en français, en sciences naturelles et en histoire !

Je passe sur le français car le morceau n’est pas toujours de la même taille. Dur !Dur en la circonstance ! L’impératif et le subjonctif ! Je ne ferai pas sur vous la vérification des subtilités grammaticales en cause, ne serait-ce que pour notre modeste et populaire impératif, qui, même pour les verbes du premier groupe, en principe les plus simples, a d’étranges complications (« chante » versus « chantes ») et exige toujours les traits d’union (« chante-la » ou "vas-y") que la réforme Rocard (que seuls certains Belges suivent) a , en principe, supprimés ! Le subjonctif présent, très fréquent, n’est pas des plus simples avec ses changements de radical (« vaille » vs « valons » ou « prenne » vs « prenions »). J’observe, au passage, que le procédé mnémotechnique, proposé par le professeur sur un document photocopié, pour la première personne du pluriel qui, à l’en croire, serait identique à la même personne de l’indicatif imparfait, n’est pas vrai pour tous les verbes (à commencer par « être » et « avoir » !). Passons ! Comme pour le genre, ces mystères grammaticaux sont inexplicables et la seule solution est d’acquérir ces formes par l’usage !

En sciences naturelles, je ne brille guère, comme le montre, d’emblée, l’emploi même de cette formule désuète, alors qu’au niveau universitaire, on dit « SNV » pour « sciences de la nature et de la vie » et, au collège, « SVT » pour « sciences de la vie et de la terre »). Ce qui est présenté à propos du sol est bien compliqué avec de subtils distinguos entre la « litière » (?)et « l’humus ». Je connaissais quelques emplois du mot « litière », mais, honte à moi, j’ignorais son sens spécifique en pédologie. Il est, en effet, regardé comme récent (1977) par le Trésor de la langue française que je vous cite : « La litière est la couche superficielle qui couvre le sol en regroupant les horizons dits « holorganiques ». Elle est constituée de matière organique. ; Résidus végétaux (feuilles et brindilles) encore inaltérés ou peu altérés qui couvrent le sol (d'apr. Agric. 1977) ». Nous avons tout de même échappé à « holorganique » et nous ne devons donc pas trop nous plaindre !

Le passage à la leçon d’histoire est encore plus rude. Pour des enfants, qui n’ont qu’une très vague idée des 25 derniers siècles de la simple chronologie du monde, le sujet du jour est « la bible hébraïque ». Elle se voit consacrer au moins quatre pages dans un ensembler plus vaste sur le passé ancien du judaïsme (N’allez pas en conclure que je suis antisémite ! Je ne suis qu'étonné). Ces développements sont fort intéressants pour moi. Je confondais, dans mon ignorance, la bible hébraïque avec la Torah qui n’en comprend que cinq premiers livres sur les vingt-quatre du total ; on ne nous en épargne pas le détail, avec les Prophètes et les écrits, dont on ne nous donne pas pourtant les noms hébreux ! Tout cela est fort bien fait et très précis, mais que peuvent en retenir des enfants de onze ans !

Au-delà de ces remarques, se pose un très grave et permanent problème qui est l’une des plaies majeures de notre système éducatif ; ce n’est là au fond que l’application d’un trait fondamental de l’esprit français. Toute réforme est bonne et souhaitable, à condition qu’elle ne touche que les autres et ne nous concerne pas. Toutes les fois que se pose le problème d’une réforme des programmes scolaires dans le sens réaliste d'une réduction, chacun s’y déclare favorable… sauf dans sa propre spécialité !Le résultat est ce que je viens de décrire par des exemples vécus et offerts par le pur hasard. Tout le reste est à l’avenant. Quelle galère !

lundi 10 mai 2010

Alain Minc 2 "Comment s'en débarrasser?"

Dans des registres différents, Cimabue et Expat ont prolongé mon propos d’hier qui concernait Alain Minc et son « cher » Papa. Cent mille euros pour deux semaines d’hospitalisation, si toutefois Alain Minc est allé, pour ce qui le concerne personnellement, au bout des perspectives qu’il ouvrait.

Sauf à créer, comme l’a un moment imaginé Martin Hirsch, un « bouclier sanitaire » (l’expression n’est pas très heureuse dans le contexte actuel), comme le souligne Cimabue, il est clair qu’« en deux générations, les liquidités et le patrimoine de certaines familles vont y passer ». Elle soulignait aussi un point essentiel en matière de santé en ajoutant « Quid des mutuelles, qui dorment sur leurs deux oreilles, avec les cotisations des malades pris en charge à 100¨% par la Sécurité sociale, les pathologies lourdes, les hospitalisations de plus de trente jours, les soins et actes lourds en chirurgie et réanimation, n'étant convoquées, en cas d’hospitalisation, que pour le forfait journalier »

Cimabue s’interroge aussi, à juste titre, sur l’exemple patefnel choisi par Minc qui n’a certainement pas tenu de tels propos au hasard ; le voilà par cette déclaration dans la position d’un bon fils, à la fois aimant, progressiste et soucieux des deniers de l’Etat, car je ne suis pas tout à fait certain qu’il ait vraiment envoyé à la Sécu le chèque de 100.000 euros que j’évoquais ; il y aurait portant eu là un superbe geste de conclusion à a sa réflexion.

Comme j’ai de (mauvais) points communs avec Expat, ma première idée, hier, a été celle par laquelle Expat lui-même entamé son commentaire, en disant « Ce genre d'idée, c'est un appel au meurtre. » Je suis tout à fait d’accord avec lui et c’est sur ce point que je pensais poursuivre mon premier post.

Notre société offre, avec ses seniors (je n’ose dire ses « vieux ») un rapport très paradoxal. On se plaint qu’ils ne travaillent pas assez longtemps (le pourcentage d’actifs est, pour les plus de 55 ans, très inférieur à ce qu’il est ailleurs en, Europe), mais on s’emploie, depuis un quart de siècle, à favoriser et à multiplier les retraites anticipées. Nous sommes aussi, depuis les récentes réformes de la Grèce, le pays où l’on peut partir en retraite le plus tôt (60 ans quand ce n’est pas 55 ans pour nombre de régimes dits « spéciaux » !)

Le vieillissement naturel de la population et le obligations légales de prises en charge font que les « seniors » sont, désormais, le nouvel eldorado de la spéculation individuelle. On investit dans les maisons de retraite, comme on le faisait naguère dans les laveries automatiques ou les containers. Vous pouvez désormais, à la limite, devoir payer la maison de retraite de votre mère et même de votre grand-mère pour peu qu’elles soient du bois dont on fait les centenaires !

Pire encore, vous pouvez même devoir payer pour des gens que vous ne connaissez même pas, si vous avez, par exemple, épousé, en toute innocence, à un âge déjà quelque peu avancé, une femme plus jeune que vous, qui était brouillée avec sa mère depuis l'enfance. Un beau jour, la belle-mère indigne que vous n’avez jamais vue et dont vous ignoriez jusqu’à l’existence, resurgit du néant, pour s’installer, pour une bonne part à vos frais, dans une maison de retraite très au dessus de ses moyens personnels. Vous voilà contraint par la loi de compléter ses ressources durant vingt ans ou plus, si Dieu lui prête vie.

Entrons dans le système Minc. Cette même mégère, qui avait été une marâtre pour se fille légitime (d’où la brouille définitive), s’offre une hospitalisation dans le style du « cher » papa d’Alain Minc ; vous allez devoir liquider pour elle le peu de biens que vous a laissé son entretien préalable ? Voyez-vous à de telles situations une autre issue que l’assassinat de la rombière en cause ?

Expat anticipe un peu sur ce genre de solution, par une mésure législative relativement douce. « Une idée encore plus progressiste, suggère-t-il, consisterait à faire payer aux personnes âgées, un droit à la vie, une taxe qui pourrait être équivalente à la retraite perçue, moins l'argent pour les cigarettes et l'alcool. On pourrait fixer l'âge d'application de cette taxe à celui qui correspond à l'espérance de vie du moment. Les effets mécaniques de la mesure seraient une baisse rapide et continue de cette dernière, si bien que le problème des retraites s'en trouverait résolu par manque de retraités ».

Comme toujours, je suis partisan de mesures plus radicales que certains jugeront sans doute scandaleuses, comme par exemple, l’euthanasie systématique à un âge donné, 75 ans par exemple (à la probable différence d’Alain Minc, je suis tout à fait d’accord pour que cette mesure me soit appliquée !).

On réglerait ainsi d’un coup bon nombre de problèmes. Celui des retraites d’abord, si préoccupant à l’heure actuelle. Le raccourcissement de la période où seraient versées ces retraites permettrait, pour les plus modestes, une très substantielle revalorisation. Sur le plan social, on éviterait les assassinats familiaux, doux ou violents, et, aussi par là, les inévitables frais de justice que laissent présager les suggestions d’un Alain Minc. Sur le plan humain, on retirerait des maisons de retraite des octo- ou des nonagénaires dont, à les voir, on peut se demander l’intérêt qu’ils peuvent trouver à ce genre d’existence, si toutefois il leur reste encore un peu de conscience. Est-il socialement raisonnable, dans une période de crise et de chômage, de consacrer 100.000 euros (soit deux ans d’un salaire moyen) à hospitaliser, deux semaines durant, probablement en soins intensifs et en vain sans doute, un centenaire égrotant, fût-il le papa d’Alain Minc ? Il est vrai que ce peut-être considéré aussi comme une forme déguisée de subvention au secteur hospitalier qu’on dit en crise!

Pour éviter de m’entendre traiter de nazi, dois-je préciser que le titre de ce post est une citation et que je plaisante (à moitié toutefois car le sujet est sérieux !)

dimanche 9 mai 2010

Alain Minc : "Cher" Papa!

Samedi 8 mai 2010 au matin sur France Infos, Alain Minc a fait le buzz du jour en nous parlant de son vieux papa et en évoquant à son propos (le sien, celui d’Alain Minc, pas de son papa) son côté « progressiste », ce qui est encore plus inattendu. Faites-moi penser, un jour où je serai absent ou à court d’idées, à vous ressortir un ancien post sur le personnage, car il vaut le détour (le personnage pas le post !).

Nous avons donc appris de la bouche d’Alain Minc lui-même, d’une part que Monsieur son père avait 102 ans (la génétique nous donne donc à craindre que nous n’ayons encore à subir les conseils d’Alain de longues décennies durant) et, d’autre part, que ce bon vieillard avait passé à l’hôpital deux semaines qui avaient été facturées, non pas à l’Etat, comme l’a dit, un peu rapidement, le fils Minc, mais à la Sécurité sociale. (sans qu’on sache si cette somme incluait ce qui reste à la charge du patient, mais qui, eu égard à la somme elle-même, est de peu d’importance).

Alain Minc a donc conclu son propos par une proposition un peu inattendue de sa part (c’est là que se situe le côté « progressiste » qu’il n’a pas manqué de souligner, en faisant appel au témoignage d’un « ami syndicaliste », hélas anonyme. Ne froncez pas le sourcil ! Oui, Madame, Monsieur, vous n’en croyez pas vos oreilles, mais Alain Minc a des amis syndicalistes; personnellement, la chose ne m’étonne guère, car, au bon temps du triumvirat du « Monde », Minc, comme je l’ai montré aussi dans un post (un de plus mais j’en ai commis plus de mille !), fraternisait avec Edwy Plenel, auprès de qui tous les syndicalistes français, sauf peut-être l’étrange grand chef de Sud-Rail, Christian Mahieux, sont de sinistres réactionnaires !).

La proposition, effectivement progressiste, est que, que les grosses dépenses de santé des personnes très âgées soient prises en charge par elle-même et/ou leur famille, s’ils disposent d’un patrimoine qui le permet ou si les enfants du ou de la malade sont en mesure de les prendre en charge. L’usage du terme « ayant droit » par Minc donne à penser que le remboursement de ces frais pourrait s’opérer sur les successions, ce qui, au-delà du progressisme de la mesure, ne témoiigne pas d’un grand optimisme quant aux soins ainsi facturés à leurs héritiers !

Cette mesure rappelle une des idées de Martin Hirsch, à ses débuts, qui suggérait de faire payer une partie des soins, selon des modalités un peu analogues, mais en créant « un bouclier sanitaire », ce qui, il faut le reconnaître, n’était pas une très bonne formulation, en dépit du fait que si le « bouclier fiscal » était destiné à ménager les riches, le « bouclier sanitaire » aurait eu pour fonction de protéger les pauvres, en limitant les remboursements imposés aux malades ou à leurs familles !

Je ne peux pas m’étendre (c’est dimanche et je ne suis même pas certain d’avoir l’autorisation d’ouvrir le dimanche !), mais je reviendrai demain sur cette proposition dont je ne suis pas sûr qu’Alain Minc ait mesuré tous les effets et toutes les conséquences.

J’espére, en tuut cas que, pour donner le bon exemple, Alain Minc a, d’ores et déjà, adressé un chèque de cent mille euros à la caisse de Sécurité sociale de son « cher » papa.