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lundi 30 juin 2014

Usbek : le retour !

 

Il y a quelques semaines que je veux faire une mise au point sur les différents blogs entre lesquels je suis désormais partagé (Blogspot.com, Mediapart et désormais, à nouveau, Nouvelobs.com) ce qui n'est pas des plus confortables, ni pour moi ni pour mes éventuels lecteurs qui ne sont pas nécessairement informés de la singularité de ces localisations diverses. Le mieux est toutefois, pour l’expliquer, de reprendre les choses par ordre chronologique.
Je suis entré en « bloguerie », en 2004 me semble-t-il, dans le blog des « internautes » duNouvel Observateur où j'ai écrit, dans la suite, près de 1500 billets. J'avais pris un pseudonyme car on le demandait dans la formule d'inscription. Sans y avoir trop réfléchi, j'avais choisi celui d’Usbek, en intitulant mon blog « Nouvelles persâneries », avec un accent circonflexe de modestie que notre graphie informatique  a refusé sans explication, en écartant par là même la note d'humilité que comportait cet accent circonflexe à l’égard de mon auguste prédécesseur en la matière et du caractère souvent peu sérieux de ce blog. Je dois dire que je n'avais fait le choix d'un pseudonyme que parce que je croyais qu’on me le demandait. En fait, je n'envisageais nullement de me dissimuler derrière ce pseudo. Il a toutefois maintenu le mystère de ma véritable identité suffisamment longtemps pour qu'un certain nombre d'hypothèses soient formulées sur ce point ; certaines d'entre elles étaient particulièrement  réjouissantes et je crois me souvenir en avoir fait un billet amusant qu’il me faudrait rechercher, non sans mal hélas, comme on le verra dans la suite.
J'ai séjourné dans le blog du Nouvel Obs de 2004 à 2010 ; je n'en suis parti que parce qu’on m’a, au fond, amené par la voie d’une forme discrète de censure à me soumettre ou à me démettre ;  j'ai alors choisi de me démettre, mais je n'ai compris que beaucoup plus tard la manipulation dont j’avais été l’objet.
En effet, début août 2009, j'avais écrit un blog sur un auguste personnage de la Sarkozie, Monsieur René Ricol, qui occupa successivement des fonctions un peu curieuses pour un homme de sa formation (expert comptable) . Je ne le connaissais en rien et ses activités n'étaient en rien le sujet de mon blog. Sous le titre « Les errements de René Ricol », j’y soulignais, simplement et avant tout, que Monsieur Ricol avait une affection débordante et inopportune pour le mot « errement » ; ce terme lui paraissait à la fois distingué et précis (à la différence du prosaïque « erreur » dont use le bon peuple), quoiqu'il en ignorât le sens exact comme beaucoup d'autres personnes qui usent de la même impropriété.
Se jugeant diffamé par cette remarque et la mention de quelques détails de sa vie et de sa carrière repris dans des textes à son propos qu’il avait lui-même rédigés (style Who’s Who) ou dont il avait approuvé les termes (publications hagiographiques), il m’a intenté un procès en diffamation en tant que porteur d’un mandat public qu’il avait d’ailleurs dû abandonner en raison des risques évidents de conflits d’intérêts.
Dans des conditions dont je vous épargnerai ici le détail, mais qui sont une longue succession d'abus d'autorité et de manœuvres illégales, R. Ricol m'a donc traîné en justice pour diffamation (aux frais de l'État sans doute car il n'était pas homme à se priver de cet avantage), ce qui m'a conduit à être poursuivi d’abord (de façon tout à fait légale sans doute mais rocambolesque) par la « Brigade financière de la Préfecture de Paris » afin de retrouver ma trace et se procurer mon numéro de téléphone (en liste rouge) et mon adresse, tous détails que naturellement l'administration du Nouvel Observateurconnaissait parfaitement.
Bref, je passe sur le monceau d’illégalités qui ont caractérisé cette procédure durant ces deux  années ; toujours est-il que, sans avoir jamais été entendu par un juge d'instruction (autre abus évident) et sans même savoir au juste ce qu’on me reprochait, car le ridicule de la procédure a conduit la partie adverse à changer en douce les dates et les motifs de la plainte (qui au départ concernait l’ensemble de mon texte), j'ai été mis en examen et traduit devant le tribunal correctionnel à une date que j'ai toujours ignorée d'ailleurs, car on n'a pas jugé bon de me la faire connaître exactement. J’ai tenté, en vain, de m’expliquer sur le caractère humoristique de mon blog (clairement et toujours affirmé) comme sur son contenu réel par des lettres successives à une juge d'instruction parisienne que je n’ai jamais rencontrée et qui ne m'a jamais fait l'honneur de répondre à mes multiples courriers.
Dans de telles circonstances, j’ai naturellement refusé de prendre un avocat ! Toujours est-il que fort heureusement pour moi, l'élection présidentielle ayant conduit Monsieur Ricol à se démettre en toute hâte de ses fonctions avant d'en être viré ; le vent ayant cessé de souffler dans le sens de l'abus d'autorité et de l'illégalité aux mains d’une justice aux ordres, mon affaire a été enfin jugée et, sans même que j’ai pris un avocat, Monsieur René Ricol a été débouté de sa plainte d'une façon et dans des termes que je juge personnellement assez sévères mais parfaitement fondés et justes.
Mais c'est seulement dans cette période, entre 2010 et 2012, que je me suis rendu compte qu'en fait ce qui avait conduit à mon éviction provoquée du blog du Nouvel Observateurest le fait que dans la procédure entamée par R. Ricol et dans la structure éditoriale d’alors,  la responsabilité de Monsieur Denis Olivennes s’était trouvée engagée car il y était « témoin assisté » ! Le directeur du NO, dont les liens avec les Sarkozy sont bien connus,  avait donc dû faire savoir à l’Anastasie de l’époque affectée à ce genre de tâches qu'il serait bon de manoeuvrer pour me pousser discrètement vers la sortie.
Ayant quitté le NO, j'ai alors recherché l’hospitalité d'un premier hébergeur (dont je me suis aperçu ensuite qu'il était plus ou moins aux mains de TF1) ; l'ayant quitté peu après, je me suis mis chez Google sous la protection du Premier Amendement et pour finir tout en restant chez « Blospot.com », j'ai cherché refuge, d'une façon un peu inattendue dans le blog de Mediapart auquel j’étais abonné et qui m’a fait bon accueil en dépit de quelques échanges un peu vifs avec Edwy Plenel au début de 2010 si je me souviens bien. Je n'étais évidemment pas, au point de vue idéologique, dans la ligne archéo-trotskiste de Mediapart, mais je m'en suis accommodé. E. Plenel quant à lui n'a sans doute jamais eu connaissance du blog que j'avais fait à son sujet (partiel) dans le Nouvel Obs. Ce billet est l'un de ceux dont la rédaction m'a le plus amusé. Je l'ai fait, en effet, au moment de l'affaire du livre de Pierre Péan sur le Monde  je m'étais beaucoup diverti alors à décrire et étudier ce si singulier (et pourtant durable) ménage à trois journalistique, « la Trinité du Monde », où sous la haute direction de Jean-Marie Colombani voisinaient, de la façon la plus inattendue quoique la proximité ait duré longtemps, Alain Minc… et Edwy Plenel !
Me sentant me sentant de plus en plus étranger, dans  Mediapart quoique j’y ai eu des échanges intéressants avec certains commentateurs, j'ai décidé, tout en gardant mon abonnement, de quitter le blog, pour regagner mon hébergeur d'origine c'est-à-dire leNouvel Observateur.
J’abandonnerai donc de ce fait ma pratique actuelle, inutilement compliquée, de mettre mes blogs sur trois hébergeurs différents (Mediapart, Blogspot.com et Nouvelobs.com). Désormais et comme disaient nos crieurs publics d’antan (Roulement de tambour… « Avis à la population ! Qu’on se le dise… ») : tout en gardant mon ancien pseudo (Usbek) et mon titre « Nouvelles persaneries », je ne publierai plus (peut être jusqu’à ce que j’en sois à nouveau viré) mes blogs que dans le « Blog des internautes » du Nouvel Observateur (adresse électronique : nouvelobs.com.blogs). « Avis à la population ! Qu’on se le dise… »). Fermez le ban ! 
Comme je l’ai écrit à quelques uns, j’avais la nostalgie des échanges courtois avec nombre d’internautes du NO dont quelques uns m’ont d'ailleurs adressé, à mon retour, des messages de sympathie auxquels j'ai été particulièrement sensible. Ce qui m'a retardé dans cette  démarche de retour a été toutefois la nécessité, apparemment inéluctable d’ouvrir un nouveau blog et donc de perdre, en dépit de mes efforts pour pallier cet inconvénient, toute la mémoire et l'archivage des très nombreux  textes que j'avais mis dans ce blog entre 2004 et 2010 ; mon désordre naturel m'a empêché de les conserver tous ainsi que les commentaires souvent intéressants qu’ils avaient suscités et plus encore avec le classement et l'archivage rigoureux et bien commode qu’avait apporté à cet ensemble l’équipe technique du Nouvel Observateur.
Même si j'ai été un peu surpris, à mon retour, de l'alacrité voire de la violence de certains échanges entre des internautes du Nouvel Observateur, je m’y résignerai et j'essayerai, aussi et surtout, de m'habituer aux nouvelles formules de cet hébergeur, car je dois dire que je suis parfois quelque peu déconcerté.

Merci encore à celles et à ceux qui m'ont adressé des messages mais aussi à tous les autres, car je suis bien moi-même bien loin d'avoir songé à les remercier tous et toutes. 

jeudi 19 juin 2014

« Pères-mi-temps » et « permittents » ?


 N'allez pas croire, à lire ce titre, que je vais encore vous parler de la Coupe du monde de football 2014 !  Pour avoir vu quelques matches et en particulier, hier, la rencontre de qualification entre l'Espagne, championne du monde en titre, et le Chili, je pourrais songer à qualifier les footballeurs espagnols de « Pères-mi-temps ». En effet, comme les Français en Ligue 1, ils ont pour habitude de jouer une mi-temps en « pères tranquilles » et de faire la sieste durant l’autre. C'est en général plutôt à la seconde qu’est réservée la sieste, car évidemment il faut tout de même, durant la première, faire semblant de se bouger un peu pour ne pas trop encourir les foudres de la presse spécialisée.
En réalité, ces braves « intermittents du football » (car ces professionnels du sport ne peuvent assurément pas jouer plus de 45 minutes sans être « cramés »!) sont aujourd'hui éclipsés par les « permittents », non des terrains… mais du spectacle. Ce « mot-valise » apparu, vers 2010-2011, est fabriqué, selon la recette bien connue, à partir du début de « perm-anents » et de la fin de « l'inter-mittent ». Il désigne désormais, dans le vocabulaire français qui doit sans cesse s’enrichir pour nommer les innovations de tous ordres, les pseudo intermittents du spectacle qui sont en général sont en réalité des employés à plein temps mais que les sociétés (et en particulier, contre toute attente,) les sociétés qui dépendent de l'État,  engagent, sous le régime de l'intermittence (vraie ou fausse) pour le bénéfice commun de leurs propres finances et parfois aussi de travailleurs qui devraient avoir des CDI, puisqu’ils travaillent en fait à temps plein.
Dans le désert informatif de la presse française, on trouve toutefois une information durable et étendue dans le site d’ACRIMED (entre 2003 et 2013) ; j'ai lu aussi avec le plus grand plaisir un article, un peu ancien (Le point.fr du 27 avril 2011) d'Emmanuel Beretta qui (comment résister à la tentation ?) révolvérise un problème que le reste des journalistes s'emploient à présenter sous des jours divers, mais souvent insatisfaisants.
J’en cite ici le début qui présente bien les choses et fait apparaître, un peu trop discrètement à mon goût, que le cœur du problème n’est pas là où on le fait croire :
« Collusions d'intérêts, fraudes, démission des politiques, injustice sociale... Le scandale des "permittents" du spectacle coûte chaque année 1 milliard d'euros aux salariés du privé, qui se voient ainsi chargés de porter sur leur dos le poids social de "l'exception culturelle française". Par "permittents", on désigne ces intermittents du spectacle qui n'en sont pas vraiment, car leur emploi - en réalité permanent - ne justifie pas qu'ils jouissent du statut protecteur des artistes et techniciens du spectacle inventé à l'origine pour protéger les comédiens et danseurs d'une carrière, par nature, aléatoire ».
Je signale d'ailleurs, quoiqu’on ne fasse guère mention de ce détail que le statut de l'intermittence du spectacle n’est nullement récent puisqu'il date des années 30 où il n'avait évidemment pas la place qu'il occupe  aujourd'hui pour les raisons qui apparaitront dans la suite.
Si j'en juge par l'information que j'ai eue personnellement de la meilleure source (le festival d'Aix-en-Provence), ce qui touche en réalité le plus de cette affaire et dans l'immédiat, les « vrais » intermittents du spectacle est que la période de « carence », pendant laquelle ils ne seraient pas encore indemnisés, passerait à 30 jours (un mois) pour les intermittents, dont l'indemnisation serait inférieure à 3.000 € par mois, les autres conservant les privilèges antérieurs ! La chose me paraît si ahurissante que je ne l'ai pas crue d'abord, à la fois parce que nul n'en parle, et surtout parce que cette mesure me paraît tellement antisociale, qu'elle ne pourrait être, en bonne logique, qu'antisocialiste, donc devrait n’avoir que peu de chances d'émaner d'un gouvernement socialiste et cela d’autant que l’incidence budgétaire est des plus minimes !
On parle bien entendu de la fraude qui est chez nous un sport national car, à la louche, un « permittent » coûte deux fois moins cher qu’un permanent même s’il l’est en fait! Après le travail noir (clandestin et sans le moindre document !), largement dépassé, nous avons, dans nombre de secteurs, le « travail gris » qui repose sur de faux documents établis par accord des deux parties (surtout dans la restauration et l’intermittence ou la « permittence » du prétendu spectacle, sans parler de la Sécu) ! En la circonstance, la fraude est très difficile à traquer puisque le système repose sur les déclarations conjointes des dits « intermittents » et de leurs employeurs, lesquels peuvent avoir tous les deux intérêt à détourner le système. Cela se passe donc comme désormais, de plus en plus, pour la procédure des « ruptures conventionnelles » qui deviennent des moyens de faire payer par l’Etat (désormais 4 milliards par an) des mises en retraite anticipée, au bénéfice commun des employeurs comme des pseudo-retraités à partir de 58 ans !
Je vous conseille très vivement de lire l'article d'Emmanuel Beretta même s’il n’est pas tout récent. Il présente de nombreux exemples très savoureux qui vont de celui des  décorateurs qui refont la cuisine du producteur en échange d'un emploi sur le tournage aux combines qui permettent d'enchaîner les montages d'une production à l'autre, sans prendre les jours de congés qui s'imposeraient pour le travailleur à plein temps d'une entreprise. « Travailler plus pour gagner plus » ça ne vous rappelle rien ? C’est encore mieux en grugeant l’Etat et les exemples, de plus en plus nombreux, viennent de haut !
Un « permittent » arrive ainsi à augmenter de 30 à 50 % sa rémunération mensuelle par rapport à ses collègues en CDD ou en CDI ! Qui s’en plaindrait ?  Les « permittents » enchaînent ainsi, par exemple, les montages et les décors, alors qu'ils ne pourraient pas travailler autant en CDI !
Comme toujours, en France, l’édiction de nouvelles mesures, qui grossissent à l'infini le code français du travail, ne conduit qu'à faire imaginer et mettre en œuvre, sans cesse, de nouvelles mesures et techniques de contournement ou de fraude. La Cour des Comptes a limité en 2005 le nombre des intermittents, pigistes et vacataires de tous poils de France-Télévision. Cette société, championne de France ou même du monde de la « permittence », surtout grâce au jeu de ses multiples filiales de production dont le nombre n’est même pas connu,  parvient à maintenir, dans les faits, son taux de personnel non permanent, en utilisant des filiales qui échappent au champ d'application de la restriction légale. Voilà qui rappelle un peu la technique des grandes entreprises du BTP qui n’ont jamais employé un seul travailleur dans les grands chantiers nationaux, se bornant à sous-æ avec sociétés qui s’en occupaient et disparaissaient, avec leurs clandestins et leurs casseroles éventuelles, aussi rapidement qu’elles étaient apparues !
Je me permettrai encore une fois de citer l'article d'Emmanuel Beretta pour illustrer la « permittence » par un cas dont tout le monde connaît le héros : Stéphane Guillon. Je cite  donc Emmanuel Beretta :
« L'affaire Guillon, qui vient de frapper Radio France au portefeuille, est une illustration des excès du système. Stéphane Guillon était chroniqueur sur France Inter depuis 2003. Chaque saison, il était donc reconduit depuis 7 ans quand Jean-Luc Hees décide de se séparer de lui. Naturellement, le conseil des prud'hommes de Paris a requalifié ses contrats en CDI. Et il en a coûté 212 011,55 euros à Radio France. On comprend que la première saison, la collaboration de Guillon pouvait être conçue comme temporaire puisqu'elle dépendait de son succès. Mais en renouvelant systématiquement ses contrats durant 7 ans, forcément, Radio France a fait peser sur la collectivité des salariés du privé les vacances de Stéphane Guillon... »


Le français est décidemment une belle langue, élue entre toutes ; il permet de faire si heureusement si opportunément face à des situations toujours nouvelles comme la défaite soudaine et inattendue au Brésil de l’Espagne, championne du monde aussi bien qu’à diversité infinie des champs inexplorés que nos lois offrent à l'entourloupe et à la fraude.

mercredi 18 juin 2014

Grèves à la SNCF ? RTL ou France Cu ?

Même si France Cu (entendre par là France Culture) est parfois insupportable, tant par les propos qui s'y tiennent et le pédantisme qui les marque que par le ton sur lequel ils nous sont infligés (je pense ici surtout à Alain Finkielkraut, désormais académicien-people, mais toujours pas agrégé de philosophie (même s’il le laisse dire) et simplement de lettres modernes, modeste « cloutard » qu'il est pour ne pas avoir réussi à intégrer la rue d’Ulm !). Cette chaîne gagne pourtant à être fréquentée plutôt que les radios-bignoles du matin comme RTL, Europe1 ou, la pire de toutes, RMC où règne l'ineffable Bourdin, qui se prend désormais pour le sel de la terre journalistique alors qu'il est qu'un modeste sous-produit de l'Equipe ! Sur France-Cu évitez néanmoins les dimanches matins où, bizarrement dans une radio d’un Etat réputé laïque, on n’entend que des curés, des imams ou des rabbins (j’ai choisi pour les citer, vous l’aurez noté, un ordre alphabétique prudemment républicain).

Bref !  Nombreux sont les sujets qui me sont offerts car j'écoute souvent les « matins de France Culture », aux alentours de 8h30 ;  je l'ajoute, pour ma défense, que je le fais en promenant mon chien, si toutefois le ciel provençal, aussi capricieux que Sud-Rail,  m’en offre la possibilité, ce qui devient de plus en plus rare, en ce mois de juin qui prend des allures aoûtiennes par les pluies et les orages (aux champignons près !).

J'ajoute avant de l'oublier que, dans le site de France Culture, il y a souvent des commentaires extrêmement drôles, ce qui donne à penser que si ceux qui écoutent France Culture et en commentent les émissions sont plus marrants que ceux qui y  causent. Je vous recommande en particulier les commentaires sur  Brice Couturier, pilier des « Matins » comme des émissions de Calvi sur la Cinq. À propos de l’émission qui s'intitulait je crois « La SNCF, vers quel aiguillage ? », ce 17 juin 2014, ce brave sondeur est habillé pour l'hiver et je ne résiste pas au plaisir de vous citer deux brefs extrait de ces savoureux commentaires :
« Fidèle auditeur de l'émission matinale de France Culture depuis 1992 (année de création de Culture matin par Jean Lebrun) j'ai mis fin à ce compagnonnage il y a près de deux mois. L'écoute des éditoriaux de Brice Couturier et sa participation aux "débats" me sont devenues proprement insupportables : omniscience revendiquée outrecuidante, manque de courtoisie, amour immodéré des think tanks anglo-saxons présentés comme autant de Saints-Jean bouche d’or, sans oublier le catéchisme néolibéral, et j'en passe…
 » ( jmajb 17)   
 « Inénarrable Brice Declosets qui mérite bien son fauteuil de vieille ganache antisyndicale insufflant la haine entre les salariés pour mieux nous détourner des confortables piscines remplies d'euros dans lesquelles baigne une bourgeoisie française de plus en plus riche et qui, frappée d'impuissance industrielle, n'investit plus. Remercions-le de nous prévenir du futur choc de la privatisation du train. Nous nous tenons prêts à voir exploser les prix de notre billet de train comme ce fut le cas du marché des télécoms. » (Anne 17)

Mais venons en au second et vrai sujet du jour. J'ai entendu surtout dans cette émission ce qu'indiquait sur la SNCF et ses grèves, Monsieur Alain Bonnafous,  professeur d'économie émérite à l'université de Lyon 2 (et non Lyon 3, comme pourrait le faire craindre ce titre). Cet universitaire est apparu particulièrement informé sur les problèmes du chemin de fer français, moins en raison directe de sa spécialité que  dans la mesure où il avait été (dans des conditions que j'ai oubliées et qui importent peu ici) membre d'une commission d'experts chargée de l’étude de ces sujets. Je ne retiendrai de son propos qu'un seul détail car il me paraît significatif et essentiel.

Après avoir rappelé que la précédente réforme (création de RFF qui avait, pour but principal, de respecter, au moins en apparence, les exigences bruxelloises d’exercice de la concurrence et de planquer sous le tapis de RFF la quarantaine de milliards de dettes de la SNCF qui ne sont d’ailleurs qu’une goutte d’eau dans l’océan de notre ardoise globale), A. Bonnafous a surtout souligné le caractère fallacieux des motifs invoqués par les cheminots pour cette grève. Le « statut » n’est (hélas !) en rien menacé et le projet tendrait même plutôt à le conforter. Le point important dans les revendications syndicales de la CGT et de Sud Rail réside en fait, pour que la concurrence puisse exister réellement en Europe, dans l'élaboration de conditions et de coût du travail identiques pour les conducteurs de train de toute l'Europe puisque, en théorie du moins, toutes les compagnies européennes y feront librement circuler leurs trains. En fait on devine déjà aisément que les réseaux nationaux de voies ferrées ne faciliteront pas les choses aux compagnies étrangères !

Pour faire simple et grossier, la CGT et Sud-Rail veulent évidemment que les autres Etats européens alignent les conditions de travail de leurs conducteurs de train … sur celles des conducteurs français et non l’inverse !

La chose pourrait sembler logique (ici comme dans tous les autres domaines où l’on n’y songe pourtant guère) et ne pas paraître excessive si les études que Monsieur Bonnafous a faites n'avaient pas fait apparaître que les « roulants » français doivent chaque année 160 jours de roulage (qui, de leur propre aveu et sans réelle contestation possible, « les yeux dans les yeux », en sont plutôt 130), alors que, dans les autres pays, le nombre des « jours de roulage » est de 210 ! Selon les termes employés durant cette émission, la grosse question, dont personne ne parle, et surtout pas à la CGT et à Sud-Rail, est donc celle de savoir où sera mis « le curseur » pour le nombre de « jours de roulage », à 130, à 160 ou à 210 ?

On devine aisément quelle est, sur ce point, la position des syndicats français en grève, mais il apparaît douteux qu'elle soit partagée par les compagnies de chemins de fer des autres Etats européens. La discussion sera donc rude vu l’énormité de l’écart.

mardi 17 juin 2014

De militaribus rebus,

De militaribus rebus,
Je vais faire mon cuistre ou mon Jules Cesar, pour tenter de faire oublier un instant ma modeste condition de deuxième classe de réserve de l’infanterie de marine (corps d’élite faut-il vous le rappeler ?) et citer le commentaire que j’ai reçu.
"Cher Usbek,
Je suis d'accord avec vous quand vous mettez en cause la gestion des armées, voyant davantage sous ce terme un problème de structures que vous jugez inadaptées. Mais sans doute pas pour les mêmes raisons. J'ai l'impression que vous jugez les structures figées, tandis que mon expérience me ferait dire qu'elles sont au contraire trop mouvantes.
En une trentaine d'années de carrière, j'ai toujours vu l'armée (de terre) en perpétuel changement, ballotée entre les contraintes liées aux budgets et aux effectifs (c'est en général dans le même paquet), aux copinages politiques qui parvenaient à placer des régiments loin de où, au regard de leur mission et de leurs moyens, ils auraient dû être implantés, aux choix politiques majeurs (fin de la conscription par exemple), et aux variations de la définition des menaces.
Chacun de ces points pourrait être développé longuement, mais en y regardant bien, vous verrez que tout vient du politique, même le dernier point mal intitulé, puisqu'il faut inclure ce qui est sans doute l'essentiel à savoir les objectifs de la France en matière de politique étrangère.
Pour tenter d'illustrer mon propos, je vais tenter, en quelques lignes, ça va être difficile, de vous brosser ce qui s'est passé entre la guerre du Golfe, quand Mitterrand envoya nos militaires faire de la figuration dans la grande coalition qui avait bien plus valeur de symbole en tant que coalition que d'effets militaires. Je dois avouer que je comprends très bien la position de Chevènement à l'époque même si par ailleurs il est difficile de lui pardonner un abandon de poste au moment crucial.
Donc en 90 l'armée est encore structurée pour la guerre froide qui vient de s'achever, même s'il existe des éléments dédiés à nos interventions en Afrique. La décision, mais qui s'en étonnerait, de ne pas envoyer le contingent dans le Golfe amène à un bricolage assez extraordinaire que bien évidemment ceux qui ne sont pas dans l'institution ne peuvent voir, mais qui montre aux militaires une énorme faille (on était à peu près incapables de faire une relève).
Le problème devient le service national qui empêche une restructuration en profondeur et oblige encore pendant quelques années à des contorsions et des contournements du règlement pour envoyer des appelés en Yougo par exemple (il suffisait qu'ils signent un contrat de 2 mois dans le cadre d'un service long volontaire et qu'ils veuillent évidemment participer à ces opérations de maintien de la paix. Les volontaires ne manquèrent pas). En fait, c'est Chirac qui prend une décision cohérente en supprimant le Service National  qui permet donc d'opérer une réforme en profondeur des armées et surtout de l'armée de terre qui était la moins professionnalisée.
Mais le politique s'arrête aux grandes décisions : budgets, effectif (loi de programmation), définition des objectifs en termes de mission (livre blanc). C'est ensuite aux militaires de mener la réforme dans les détails, grands et petits. Pour y avoir participé (on appelait ça la refondation), je peux vous affirmer que le critère central restait l'opérationnel, donc la capacité opérationnelle et la satisfaction des objectifs du livre blanc.
Evidemment ça a été pollué par les habitudes prises, surtout les mauvaises, et, dois-je le dire, surtout par des généraux devenus trop nombreux eu égard à la nouvelle donne (mais je pourrais éventuellement expliquer pourquoi le nombre de généraux, 1ère section évidemment, ne diminue jamais ou peu, quelles que soient les réformes) qui s'accrochaient à leur pouvoir ou aux signes de celui-ci (je me souviens, parce que c'était mon job avoir fait des propositions qui m'ont valu un violent renvoi da mes buts, mais qui néanmoins furent adoptées quelques années plus tard quand les vieilles badernes qui ne voulaient pas en entendre parler finirent par partir.)
En fait les lieutenants-colonels et les colonels étaient sans doute les plus aptes à mener une vraie réforme de fond. Enfin finalement la refondation eut lieu et l'armée de terre, 5 ans après la décision de professionnaliser, avait un tout nouveau visage avec en termes d'organisation, sous-tendu par les principes de recentrage sur le métier et de modularité, les structures pour répondre aux objectifs fixés par le politique.
Sauf que celui-ci n'a pas tenu les siens en amputant pendant ces 5 années la loi de programmation de 20% de ses moyens avec un impact évidemment amplifié sur le matériel, le reste étant plus difficilement compressible (fonctionnement courant, soldes par exemple). Cela pour vous montrer qu'en matière de défense, on marche sur deux pattes et qu'en l'occurrence c'est bien le politique qui a failli et qui continue. Mais c'est quand même lui qui tient tout. Il pouvait décider de faire un effort pour que l'équipement soit adapté aux missions qu'il a lui-même fixées. Ou alors reformater l'armée en fonction des équipements qu'il voulait bien lui offrir et en même temps reconsidérer les missions.
C'est la seconde solution qui a été choisie. C'est son droit. Mais en même temps il doit comprendre qu'on ne fera plus ce qu'on faisait, qu'à la fin de la loi de programmation actuelle il serait impossible à Hollande, si le destin s'acharnait sur la France et le reconduisait à son poste, de fêter le plus beau jour de sa vie à Bamako avant d'aller faire un tour à Bangui.
Bon je vais m'arrêter là car j'ai déjà été trop long. Mais il y aurait beaucoup à dire notamment sur les conditions d'exercice du métier militaire notamment en opération. Rappelons-nous par exemple que le premier militaire mort au Mali était pilote de Gazelle, touché par balle. Or selon les lois de programmation, ça fait belle lurette qu'il aurait dû piloter un Tigre disposant d'un blindage. Pour l'anecdote on a quand même réussi à ouvrir il y a une dizaine d'années l'école de pilotage franco-allemande du Tigre alors même que le premier exemplaire ne serait pas livré avant un an."

lundi 16 juin 2014

Lettre ouverte à mon commentateur Expat

16/06/2014


Cher Expat
Comment vous dire le plaisir que j'ai eu à retrouver les commentaires et les débats, éclairés mesurés et informés, du Blog des internautes du Nouvel Obs.com après les vitupérations et les invectives qui sont trop souvent l'ordinaire de Mediapart quand Anastasie n'y a pas porté ses ciseaux vigilants ? Vous m'avez adressé plusieurs commentaires ; tous sont intéressants sur des plans divers ; les uns, sur le sujet général que j'avais traité (« les experts !? ») ; les d'autres, plus personnels, sur lesquels je me montrerai plus discret tout en vous répondant néanmoins.
Réglons d'abord le problème des « experts », militaires en particulier,  car votre contribution est décisive sur ce point (je précise, pour éclairer le lecteur, que vous êtes vous-même un ancien militaire de grade élevé, sans en dire plus pour ne pas trahir votre anonymat) ; vous nous apportez en effet une  information, décisive à mes yeux, sur le cas de Pierre Servent qui occupe abusivement nos écrans en tant que spécialiste universel de tout ce qui peut avoir un rapport très lointain avec la chose militaire et la géostratégie. Je me bornerai ici à vous citer :
« 15 juin 2014
Mon cher Usbek [C’est là mon pseudo dans certains de mes blogs intitulés « Nouvelles persaneries »],

je ne voudrais pas vous décevoir, mais Pierre Servent n'a jamais été militaire d'active. Il a juste un grade dans la réserve qu'il a acquis je ne sais trop comment, mais pas en tant qu'officier d'active retraité.
Les militaires qui ont une expertise à vendre vous aurez davantage de chances de les rencontrer dans des officines comme Geos que sur les plateaux télé. D'ailleurs ça paie beaucoup mieux.
Servent est d'abord un journaliste qui a ses entrées au ministère, et qu'on peut donc soupçonner de porter une certaine parole.
C'est un peu un Merchet ou un Guisnel qui se servirait d'un grade dans le réserve pour s'autoproclamer expert dans les questions de défense et en géostratégie. Les deux autres restent à un niveau bien plus crédible. »
Dois-je vous redire, cher Expat,  le plaisir, à vrai dire un peu sadique, que j'ai pris à voir enfin démasqué ce personnage qui encombre sans cesse de sa suffisance pseudo-guerrière nos écrans et nos micros. Encore merci de cette information !

Je dois dire, et là j'exprime des points de vue plus personnels, que je me suis amusé à nouveau, comme il m’arrivait de le faire autrefois lorsque nous échangions, plus fréquemment, sur le blog du Nouvel Observateur, à vous titiller (car curieusement j’ai alors, contre tout bon sens et Dieu seul sait pourquoi, pensé à vous !) par quelques pointes sur la chose militaire à laquelle je vous sais, fort légitimement et fort honorablement d'ailleurs, attaché par votre passé.

C'est là le point qui nous sépare, car sans être un vrai antimilitariste, quelque diable me pousse néanmoins de ce côté, quoique ou parce qu’étant « deuxième classe de réserve de l'infanterie de marine » où je n'ai pas réussi à pousser jusqu'à la première classe !) Du moins un peu rétif à la chose militaire, bien antérieurement d'ailleurs à l'accomplissement de mon service militaire lui-même. Je dois dire que la fin de la Guerre froide et de l'Union soviétique m’ont renforcé dans la conviction que, contrairement à ce que j'entendais dire par un de nos généraux récemment à la télévision, je ne distingue pas de menace précise  d'envahissement de notre territoire national par quelque puissance que ce soit, même si sont proches de nos frontières Monaco et la principauté d'Andorre !

Ce que je reproche surtout à notre armée est sa gestion et c’est là, je crois, un reproche partagé par nombre de militaires. Comme trop souvent, nous maintenons une structure depuis longtemps dépassée, au lieu d'avoir une force militaire adaptée moins aux menaces éventuelles que surtout aux besoins qui sont ceux de notre pays ou plutôt aux modes d'intervention auquel nous sommes appelés. Nous inventons plus ou moins les drones mais nous n’en avons pas ! Toutes nos interventions récentes montrent aussi que si nous avons des avions remarquables dont personne ne veut (sauf Mr. Dassault !) et des forces qui peuvent intervenir sur le terrain, nous somment totalement incapables de les y transporter faute d'avions gros-porteurs que nous ne fabriquons pas en revanche et que sommes obligés de louer à grands frais aux Américains ou aux Russes.

La force nucléaire, fort coûteuse, a sans doute été utile en son temps et considérée comme telle par le général De Gaulle (que je considère comme le plus grand voire le seul de nos vrais hommes d’Etat du siècle) ; elle est sans doute désormais désuète et dépassée techniquement, car nous sommes probablement hors de mesure de faire dans ce domaine les investissements technologiques et scientifiques qui seraient probablement indispensables si l’on entend la garder !

Je vais citer ici vos commentaires qui s'insèrent dans cette problématique.
«15 juin 2014 16:59
Par ailleurs quand vous parlez de l'influence des militaires sur le pouvoir politique et je cite cette phrase d'anthologie "les militaires s'en foutent pas mal car les Présidents de la République passent, tandis que la Grande Muette et ses intérêts demeurent et prospèrent(dommage que je ne puisse pas souligner ce dernier mot [ je le fais pour vous !]), même sous la Gauche" (j'ai viré Servent car hors sujet), j'ai quand même un peu de mal à vous suivre.
Vous qui fûtes et êtes peut-être toujours un membre éminent de notre système éducatif, ne pensez-vous pas qu'à l'aune de l'évolution des budgets et des effectifs, on pourrait considérer que les membres de l'EN ont davantage d'influence sur les politiques que les militaires.

Par ailleurs quand vous écrivez que les militaires se disputent les opérations, il y aurait tout lieu de s'en réjouir (je mets le conditionnel parce que ce n'est pas toujours vrai) car c'est quand même, il faut du moins l'espérer, le but de leur présence sous l'uniforme. De même qu'on est en droit d'espérer qu'un prof ait envie d'enseigner.".
Vous me mouchez si gentiment que je pense inutile de vous répondre, en particulier sur la question du budget, même si je crois me souvenir que, si il y a 40 ou 50 ans, le traitement d'un agrégé de nos lycées correspondait à peu près à celui d'un colonel de notre armée, mais que les choses ont beaucoup changé depuis et pas dans un sens favorable pour les membres du corps enseignant !
Mais passons et laissons de côté la question du budget au profit de celle de la politique. Je crois que celle qui est conduite dans nos armées n'est par meilleure que celle de la gestion de notre système éducatif ; les résultats le prouvent dans un domaine comme dans l'autre, même s'ils sont fort différents. J'ai écrit sur notre école un petit livre critique que je serais heureux de vous envoyer (il est tout récent puisque paru en 2014) et je pense que vous pourriez tout aussi bien en écrire un de la même veine sur notre armée.
Je vais conclure car je reste attaché au blog comme une forme d'expression brève et là encore je vous donnerai la parole car nos échanges ont été nombreux pour ce week-end de la Fête des Pères :
« 15 juin 2014, 21:58
Je vais vous rapporter ce qu'un des mes amis, officier également, avait l'habitude de dire « Il y a deux types d'antimilitaristes, les civils mais qui ne sont pas dangereux parce qu'ils ne savent pas, et les militaires, bien plus dangereux parce qu'ils savent".
Mais merci quand même de penser à moi quand vous écrivez des vacheries sur l'armée.
 Amitiés.
15 juin 2014 22:13
Au fait j'ai posté une vidéo de Lugan sur l'Afrique qui devrait vous intéresser et qui en tout cas est assez en phase avec vos propos habituels au mois sur le Mali.15 juin 2014, 22:16 »


dimanche 15 juin 2014

Les "experts" !?

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les « experts », tous parisiens et toujours les mêmes, commencent à me fatiguer ! Je l’ai déjà écrit, le 26 décembre 2013 pour être tout à fait précis mais je puis bien,  par paresse, me refaire pour la fête des Pères, le cadeau que je m’étais offert moi-même pour le précédent Noël ! J’ai d’autant moins de scrupule à le faire que Mediapart dort à poings, non levés mais fermés, durant les weeks-ends !
Ainsi, alors que j'étais relativement familier de l’émission du « cumulard »,Yves Calvi, « C’est dans l’air » (sur la Cinq à 17h45, toujours retardée par des publicités, intempestives et illégales mais une mine d’or que le CSA se garde bien de chronométrer à des fins de vérification voire de sanctions), je l’ai à peu près abandonnée car on y voit toujours les mêmes tronches d’ « experts », à commencer par celle de l'ineffable Christophe Barbier, le « crieur » de l’Express, avec son écharpe rouge pseudo blondelienne ou mitterrandienne (selon les jours !) ; vu son insuccès commercial et journalistique et ses présumés talents de bateleur, il envisagerait  une carrière dans le showbiz ; je lui recommande vivement ce choix, ne serait-ce que pour nous débarrasser enfin de son piteux spectacle et de ses filandreuses analyses.
Il en est de même pour la plupart des autres, en particulier dans le genre « expert économiste », où nous sont invariablement proposés le bellâtre à la mouche cardinalice (de l'OCDE ou de quelque organisme de semblable farine) et, son compère antagonique, le marchand florentin d'espoirs et d’escroqueries boursières, qui vient faire la pub de son obscure officine, sans oser pourtant ne pas avancer masqué.
Je pense qu'une des raisons de ces choix permanents est que ces gens-là sont à la fois parisiens et largement oisifs (même s’ils sont censés avoir un emploi), mais justifient sans doute leurs divers salaires par les « piges » de cette présence médiatique ; leur « expertise » ne relève en fait que l’inculture et de la paresse intellectuelle et physique des producteurs de telles émissions ; le record en la matière est détenu par le quasi-octogénaire Elkabach (Chaîne parlementaire, Europe 1, etc.) qui devrait envisager une procréation assistée avec Michelle Cotta, à qui je suis heureux de souhaiter aujourd’hui son soixante-dix-septième anniversaire, mais qui ne songe pas pour autant à « lâcher la rampe » !
Il en est de même pour ce sujet nouveau qu’est l'Afrique ; entre le Mali, la RCA, le Soudan et le Nigéria, en pimentant de temps en temps son quatuor d'invités caucasiens (dont je ne suis pas sûr que ces « experts » sachent situer les Etats en cause sur une carte) par quelques blacks parisiens plus ou moins journalistes, on nous inflige de prétendus spécialistes à la fois de l'Afrique et de la géopolitique, dont le pire est le sinistre et inévitable Boniface (pape de la géopolitique et du football, donc doublement qualifié), dont on peut pas dire que la carrière universitaire à laquelle il a aspiré, ait été  aussi brillante qu'il pouvait le souhaiter  et qu’il tend à le faire croire, alléguant, comme toute le monde, des enseignements à « Sciences Po ».
Fort heureusement pour ce domaine, il y a de temps en temps l'ancien directeur de la Lettre du continent, Antoine Glaser, qui lui est, pour le coup et depuis longtemps, un fin connaisseur et un vrai spécialiste de l'Afrique. Fine mouche et courtois, il se borne malheureusement trop souvent, par modestie, à des propos rares et limités (les autres ont toujours la gueule ouverte sans avoir rien à dire), tout en souriant discrètement et poliment aux sottises qu'il peut entendre, hélas sans jamais les relever comme telles.
Il est toutefois un « expert », qui m'insupporte tout particulièrement et qui se donne pour le spécialiste de la géopolitique, de la stratégie et de l'armée, ce qui lui garantit une présence quasi permanente sur nos écrans, le colonel de réserve Pierre Servent ;  il doit être, en fait, lieutenant-colonel, mais a bénéficié de cette promotion en partant à la retraite, comme on promeut les vice-amiraux, dits de ce fait « amiraux quart-de-place », pour qu’ils aient, grâce, à ce grade bidon et durant une retraite aussi longue qu’oisive, le bénéfice du quart-de-place à la SNCF !
Je ne m'attarderai pas sur le cas de ce Pierre Servent qui est fort occupé, en ces temps de conflits divers, à passer des plateaux de télévision aux studios des diverses radios-bignoles où il officie, car j'ai découvert que le 4 avril 2011 il avait été habillé pour l'hiver par Nicolas Gaudreau dans un article intitulé « Média et Libye - Des experts militarisés déguisés en civil : le cas de Pierre Servent », texte très informé que vous retrouverez sans problème, comme moi-même, grâce à Google. L'auteur de cet article confirme ce que j'avais moi-même constaté depuis longtemps et montre que les liens, nombreux et multiples, avec les institutions militaires et le ministère de la défense, expliquent la faveur dont jouit ce VRP multicartes de notre belle armée, ce que souligne avec humour l'auteur de cet article en le baptisant : « Pierre Servent spécialiste de l'expertise ou expert en spécialité ? ». À lire absolument !
Bien entendu ses liens avec le ministère de la défense sont soigneusement dissimulés, de façon à lui donner toute l'apparence d’un journaliste (dont je vois mal comment il pourrait avoir la carte, même s’il peut trouver dans ses « piges » le minimum financier nécessaire) et d’un « expert » objectif, vêtu de probité candide et de lin blanc. Tu parles. C’est en tout la voix de son maître !
Je me limite donc ici à quelques remarques personnelles qui tiennent d’abord à ce que un lieutenant-colonel, fut-il promu colonel dans la réserve, ne peut guère passer pour un expert en « stratégie militaire », car on peut espérer que ce n’est pas à un si modeste niveau de responsabilité et de commandement (Celui de « La soupe est bonne ? ») que se définit la « stratégie » de la France, encore que nos insuccès militaires, successifs et répétés, puissent donner à penser que les choses se passent ainsi.
Pierre Servent est-il expert en stratégie militaire, j’en doute fort ? Il est en revanche expert en « ménages » et en « piges » de toutes sortes comme en stratégie commerciale à en juger par la multiplicité et la diversité de ses interventions comme des lieux où elles s'opèrent ; tout cela donne à penser qu'il est en fait plutôt chargé de communication au ministère de la défense où il  a pour fonction essentielle de faire passer, subliminalement, les messages officiels sous couvert d’information.
Sans parler du commerce des armes, le seul où nous sommes en bonne place, les opérations militaires sont, d’abord et surtout, de bonnes affaires pour les militaires eux-mêmes, tant sur le plan de la rémunération (les soldes doublent ou triplent) que sur celui des états de service et de la retraite (il en est de même pour les années dans son calcul). Tous se les disputent d’ailleurs !
Dès le début de l'opération malienne, j'avais pensé et écrit dans mes blogs que François Hollande avait été totalement manipulé par les militaires, de façon à lui donner à penser qu'il allait redorer son blason en Afrique. C'est ainsi que les choses se sont passées au début et, comme Joseph Prudhomme, il a déclaré que son séjour triomphal à Bamako était le plus beau jour de sa vie, comme le sabre du précédent. Les choses se sont un peu moins bien passées à Bangui et de toute façon nous ne sommes pas encore sortis, très loin de là, de l'auberge sahélienne
Il est certain que l’Etat-Major a mis le pain noir des accusations anticolonialistes et les problèmes de la suite sous les croissants et les pains au chocolat de l'accueil triomphal du départ. Mais Monsieur Pierre Servent et les militaires s'en foutent pas mal car les Présidents de la République passent, tandis que la Grande Muette et ses intérêts demeurent et prospèrent, même sous la Gauche ; les « experts » pourront donc tranquillement continuer à faire « des ménages » et à en vivre largement !

Quant au Mali, les choses y ont bien changé, Kidal est tombé et on est revenu au point de départ, sauf pour les petits drapeaux français qu’on ne trouve plus que dans les fossés avec les belles images désormais boueuses de notre Président qui devra aller chercher ailleurs le plus beau jour de sa vie !