Je ne dirai décidément jamais assez combien le hasard est malicieux !
Je m'étais réjoui bruyamment (mais sottement on va le voir !) de mon retour sur le blog du Nouvel Observateur et j'avais reçu avec plaisir les bienveillantes paroles d'accueil de nombre de mes anciens correspondants en ce lieu d'où je vais être contraint de m'exclure à nouveau moi-même, suite à une affaire tout à fait caractéristique l’ère Sarkozy qui s’y perpétue. Comme la tente d’Holopherne chez Giraudoux avait été exclue du péché originel, le blog du Nouvel Observateur l’est de la liberté de la presse, même après la fin du règne de D. Olivennes !
J'ai narré dans son détail, il y a juste deux jours, dans mon dernier billet publié, sous le titre désormais bien inexact : « Usbek : le retour ! », les circonstances de mon éviction du NO olivennien en raison d’un procès pour « diffamation » que m’avait intenté en 2010, René Ricol, sévèrement débouté par une justice restaurée au bout de trois ans. En fait, il n'y a pas eu de vrai retour d’Usbek, aussitôt muselé, et il n'y en aura pas ; mon blog suivant, dont j’avais demandé la publication le 1er juillet 2014 et qui avait pour titre « Immigration et émigration », a été purement et simplement rejeté par la censure du NO.
On m’a adressé, en cette circonstance, le message suivant, d’une hypocrite cordialité, que je reproduis exactement ci-dessous, y compris les fautes d'orthographe :
« Bonjour usbek Après lecture et analyse attentive [ tu parles ! ] de votre article du 01.07.14 11h38 par notre équipe de modération, celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte díutilisation du NouvelObservateur. Nous tenons à vous assurer que nous faisons tout notre possible pour accepter le plus grand nombre de messages et que tous nos modérateurs sont tenus à une stricte obligation díimpartialité. La neutralité de leur analyse est díailleurs régulièrement vérifiée par un superviseur. Toutes les opinions sont acceptées dans la limite des règles définies dans la charte éditoriale et sous réserve de les exprimer de manière courtoise, argumentée, et sans agressivité. Le motif de retrait de votre participation est : Propos potentiellement [J’adore le « potentiellement » ! ] racistes Les propos racistes, xénophobes, ou de façon générale, étant de nature à inciter à la haine raciale ou à rejeter une personne en raison de ses origines, sont interdits par la charte du site. Il níest également pas permis de stigmatiser, díattaquer ou de faire des insinuations sur une personne ou une communauté, en raison de son appartenance ethnique, culturelle ou religieuse. Sont également considérés comme racistes les propos dégradants ou injurieux basés sur le sexe ou les orientations sexuelles díune personne (homophobie). Cordialement [le « cordialement » me plait aussi beaucoup !], Líéquipe de modération
En réponse à Marc, un commentateur, qui avait pu voir ce même blog sur Mediapart où j’avais aussi mis ce même texte mais qui, faute d’être abonné, ne pouvait le commenter (une erreur de marketing que j’ai déjà signalée), j’ai envoyé un commentaire qui a été censuré en ces termes par le NO qui a précisé que ce bref commentaire était « insultant ». Jugez en :
« Bonjour usbek Après lecture et analyse attentive de votre article du 01.07.14 16h27 par notre équipe de modération, celui-ci a dû être retiré de la publication en raison de sa non-conformité vis-à-vis de la charte d’utilisation du Nouvel Observateur. [je coupe la suite, identique au texte pécédent, jusqu’au si délicieux « cordialement » ; il ne s’agit pas là d’un « article » mais d’un « commentaire », mais une feuille essentiellement publicitaire comme le NO ne va pas s’arrêter à de tels détails !). Cordialement, L’équipe de modération Ps : pour rappel, le texte de votre article était: --------------------------------------- "Une telle censure qui a conduit à faire censurer mon billet "immigration et émigration" dont je maintiens tous les termes qui ne sont en rien racistes, ne témoigne que l'inculture anthropologique et historique des censeurs du NO car je suis sûr que nombre de Musulmans cultivés ou même simplement instruits partagent, en gros, cette analyse. Le malheur de l'Islam est le pétrole tombé aux mains exclusives de roitelets stupides et ivres de leur pouvoir plus familiers de Partouche que d'Averroès ! "
Je soupçonne la si cordiale Anastasie du NO de ne pas avoir compris mon commentaire jugé « insultant », sans doute pour Monsieur Averroès, fidèle lecteur du Nouvel Observateur !
Si j'avais séjourné sans problème près de quatre ans dans l'ancien blog du Nouvel Observateur, je n’aurais guère passé qu’une quinzaine cette fois-ci ! Je dois dire d'ailleurs que je suis quelque peu étonné (mais je l'avais déjà été la première fois) de voir utiliser de pareils procédés dans un hebdomadaire que j'ai vu autrefois naître et dont je n'arrive pas à comprendre comment Monsieur Jean Daniel, qui était déjà là lors de cette naissance, peut accepter de demeurer !
Mais ce point est au fond sans importance ; si j'avais eu un peu plus de clairvoyance et lucidité et si je ne m’étais pas laissé porter par les sentiments nostalgiques envers des amis que j’y avais laissés, je n'aurais pas fait pareille tentative.
L'amusant de la chose et c'est là où la malice du hasard intervient est que dans Mediapart où il y a eu aussi, à un degré moindre, des problèmes de censure ou de rejet, Géraldine Delacroix publie précisément ce 1er juillet 2014 (le jour même où je subis la censure du NO et c’est en cela que réside la vraie malice du destin) un texte sur la nouvelle charte de Mediapart qui traite surtout de ce point. Je reproduis ci-dessous, sans autorisation, les premiers paragraphes de son article.
« Mieux vivre ensemble, expliquer la façon dont la modération se pratique sur notre site, décrire les pratiques mises en œuvre au quotidien, les attentes de Mediapart, ses obligations aussi: pour rédiger cette nouvelle Charte, nous nous sommes appuyés sur notre expérience, avec un souci permanent de clarté. Nous la mettrons en ligne ce vendredi 5 juillet.En voici aujourd’hui la partie principale, c’est-à-dire celle qui concerne la vie de tous les jours sur Mediapart. Il va sans dire que si nous la rendons ici publique, c’est pour en discuter, la préciser, l’amender si besoin.Un second point, celui qui concerne vos responsabilités juridiques et les nôtres – notamment les demandes de modification ou suppression de billets adressées à Mediapart depuis l’extérieur, le plus souvent par des personnes se considérant diffamées, mais aussi par des entreprises se disant atteintes d’un préjudice, et enfin les réquisitions judiciaires – sera abordé d’ici vendredi. » , Géraldine Delacroix, 1er juillet 2014.
Je dois confesser que si certains se plaignent, à Mediapart, du rejet de textes par la rédaction, l'atmosphère est tout de même très différente de celle du Nouvel Observateur. D'ailleurs, ce même 1er juillet, jour de la censure de mon blog par le Nouvel Observateur, j'avais aussitôt, aux fins d'expérience et de comparaison, publié dans Mediapart, ce blog jugé raciste et même insultant ! Il est paru dans le Club sans aucun problème et je dois dire dois dire qu'il n’a suscité de la part des lecteurs éventuels aucune réaction.
Si vous voulez juger de son contenu, il suffit de revenir, dans le Club et dans mon blog au 1er juillet, pour voir ce texte dont je maintiens, comme je l'ai dit, tous les termes. J'avais pensé un moment revenir, surtout pour me simplifier les procédures, aux « errements antérieurs » (Que René Ricol ne se trompe pas sur le sens de cette expression !). Hélas, le comportement de l'Anastasie du Nouvel Observateur me contraindra, une fois de plus, à quitter cette maison avec d'autant moins d'amertume que j'ai le souvenir de ce que fut autrefois le Nouvel Observateur, ce qui est aussi à vrai dire le triste lot de l’Express ! Je n'y regretterai que les quelques amis que j'y ai, ils y étaient avant mon retour eta et ils y seront encore après mon second départ.
Je leur rendrai visite de temps en temps, à charge de revanche. Amitiés à
toutes et à tous.