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vendredi 8 novembre 2013

Vivre en France et mourir à l'étranger


 Parmi les "marronniers" de l'automne 2013 figure l'expatriation des Français dont le l'usage intensif ne semble pas tout à fait innocent, même s'il n'est pas nécessairement aussi pertinent et fondé qu'on veut nous le donner à croire. Les chiffres montrent, en effet, que l'accroissement du pourcentage d'expatriés français a déjà eu lieu, pour une bonne part, entre 2007 et 2012, c'est-à-dire avant l'arrivée aux affaires de ce pauvre Monsieur Hollande à qui on fait porter ce chapeau un peu vaste pour sa tête.

Je n'en parle pas davantage quoique j'aie entendu, l'autre jour, sur ce sujet de l'exil français, les sottises habituelles qu'on égrène dans nos médias ; il y était question, en particulier, de toutes les raisons de cette expatriation, toutes plus marginales les unes que les autres, alors qu'on n'a fait aucune mention de la principale qui est évidemment le fric. Il est toujours la raison majeure, qu'il s'agisse de fonctionnaires (payés deux ou trois fois au tarif français, selon les zones où ils se trouvent) ou du privé ou assimilé où il en est à peu près de même et auquel s'ajoutent, plus facilement encore dans ces cas, les avantages fiscaux sans parler des transferts, directs ou indirects, d'une partie de ces copieux salaires dans les paradis fiscaux.

Même si, en France, les perspectives d'avenir plus ou moins lointain ne sont pas très roses (en dépit de la présence aux affaires du parti socialiste), les conditions de vie ne sont pas les plus mauvaises ; pour ceux qui comme moi approchent du terme de leur existence, il est frappant de voir que nombre de gens qu'on considère comme de condition modeste, voire comme des pauvres, vivent plutôt mieux que les riches du milieu du siècle précédent. Je voyais, il y a quelque temps, à la télévision, une émission où l'on mettait en scène une famille de condition manifestement modeste et même dans une misère censée apitoyer le téléspectateur. J'y ai observé que les enfants jouaient sur des jeux électroniques coûteux ou avec leur iPad ou leur iPhone (je sais pas trop la différence) qui ne le sont pas moins, que la cuisine y était meublée fort joliment et comportait tous les appareils électroménagers modernes, tandis que trônait dans le fond un magnifique écran plat de grande dimension. Tout cela n'indiquait pas une condition trop misérable, me semble-t-il.

Mais comme toujours je m'écarte de mon sujet.

Une expérience familiale douloureuse m'a inspiré toutefois une réflexion et ce blog qui choqueront sans doute beaucoup de lecteurs (s'il y en a). Je pense en effet qu'il vaut mieux vivre en France et mourir à l'étranger !

J'ai eu à subir récemment l'épreuve qui consiste à assumer le deuil d'un proche et j'ai pu constater quelques points qui m'avaient jusqu'à présent largement échappé.
Alors qu'il vous est possible et même indispensable d'aller à la mairie faire la déclaration de la naissance de vos enfants, il vous est impossible de faire de même dans le cas du décès d'un proche parent. Vous devez passer d'abord sous les fourches caudines (qui prennent alors la forme d'un tiroir-caisse) des Pompes Funèbres dont le nom même prend alors doublement sa signification. La "pompe funèbre" est, en effet aussi et avant tout (on vous propose le recours tarifé bien sûr à un "maître de cérémonie") une "pompe à phynances" ! Cet indispensable recours administratif vise uniquement à vous alpaguer de sorte à vous infliger ensuite le supplice ignoble d'un parcours mercantile à travers toutes les prestations qu'on est en mesure de vous vendre.
Dans le cas d'une crémation qui était, celui que j'ai dû subir (non pas la crémation hélas, mais les épreuves commerciales), on vous proposera le choix entre divers cercueils dont le plus modeste coûte 1000 €, alors que ce cercueil sera brûlé dans la demi-heure qui suit la mise en bière. Vous serez amené ainsi à choisir entre le pitchpin polychrome du Zambèze (...comme disait Pierre Dac) et l'acajou du Gabon, avec ou sans moulures, comme entre les diverses nuances du capitonnage qui naturellement constitue un choix tout à fait indépendant et aussi indispensable, tant dans les coloris que dans la matière. J'ai d'ailleurs appris dans la suite que, vu la fréquence des crémations existe maintenant des cercueils en carton, mais naturellement cet article ne figure pas sur les catalogues de l'officine j'ai été reçu.

Je dois dire d'ailleurs que le prix n'était pas pour moi une raison de choix impératif, mais j'aurais infiniment préféré qu'on m'épargnât cette épreuve immonde et qu'on me demandât tout bêtement et tout simplement un chèque de 4000 € plutôt que de m'infliger ces deux heures de mercantilisme autour de ce deuil. Je dois dire qu'ayant assisté à une cérémonie du même ordre à Tokyo, j'ai infiniment préféré les usages japonais à ceux de la France et c'est là précisément la raison qui m'a conduit à suggérer à ceux qui veulent partir vivre à l'étranger d'aller plutôt y mourir.

Non seulement ce mercantilisme est ignoble (et je pèse mes mots) mais il est en plus pesant jusqu'au grotesque par l'accumulation des procédures administratives, qui n'ont sans doute pas d'autres causes réelles que de fournir de modestes revenus aux municipalités et de substantielles prébendes aux Pompes Funèbres (majuscules de rigueur) ; cela permet aussi d'occuper quelques milliers de ces fonctionnaires dont nous ne savons que faire et que nous avons en nombre infiniment plus grand que tousles autres Etats d'Europe et du monde.

Ces quelques jours m'ont aussi inspiré une idée simple à ce sujet. Puisque, selon la Cour des Comptes, il y a en France 200.000 fonctionnaires de trop, pourquoi ne pas les mettre dès maintenant tous en retraite, puisque, de toute façon, il faudra les entretenir, sinon dans l'oisiveté du moins dans l'inutilité, en leur offrant entretien, gite et matériel jusqu'au moment de leur retraite, pour continuer les payer ensuite en leur versant ce qui d'ailleurs pour eux n'est pas une retraite mais une pension. La retraite impliquant une diminution de salaire, sur 20 ou 30 ans, l'Etat y gagnerait sans doute beaucoup (ça peut se calculer facilement) et Ils seraient sans doute eux-mêmes ravis d'être en retraite à 30, 40, 50 ans puisque travailler deux ou trois ans de plus fait descendre me peuple dans la rue. Conseil, gratuit comme toujours à F. Hollande !

Comme dans les jours derniers que je viens d'évoquer, les forces de police réclamaient à nouveau avec force des emplois, je terminerai par le grotesque. Les Pompes Funèbres m'avaient en effet précisé que je ne devrais pas m'étonner de la présence de policiers à la cérémonie de la mise en bière. Il s'agissait en effet pour elles de poser des scellés sur le cercueil une fois clos avant, à nouveau, de vérifier ces scellés au crématorium avant la crémation proprement dite. On ne saurait être trop prudent, car le mort pourrait tout à fait s'échapper dans les 5 km qui séparent le lieu de la mise en bière de celui de l'incinération.

Nous avons dû donc eu le privilège que se joignent à la famille et aux quelques amis présents, outre deux paires de chaussettes a clous de la police locale (ils n'avaient même pas mis, comme on le fait parfois paraît-il, leur tenue de gala) et un individu "en bourgeois", de rang et de statut manifestement supérieurs, avec leur fils de scellés, leur lumignon; leur cirer et leur cachet. L'un d'entre eux a même jugé bon, au terme de la procédure, de gratifier le cercueil d'un salut militaire tout à fait intempestif ; à ma connaissance de seconde classe de réserve, la police municipale n'est pas composée de militaires et un tel geste de salutation est réservé exclusivement à l'armée. Pendant cette heure, il y a bien dû y avoir, dans le coin, deux ou trois agressions ou cambriolages nettement plus fréquents que les substitutions de corps qu'on s'efforce de prévenir !

Bref pour résumer et conclure, allez mourir à l'étranger plutôt que de songer à vous y expatrier pour y vivre

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