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jeudi 30 janvier 2014

Dieudonné et la théorie du genre

Je vous jure que ce titre étrange ne doit rien à une volonté perverse de ma part mais relève du hasard pur et simple et, en ce 30 janvier 2013, des deux sujets qui préoccupent toute notre presse écrite et audiovisuelle depuis deux jours.
Il s'agit à la fois du magot en liquide retrouvé par la police chez Dieudonné M’Bala M’Bala (on a parlé de 650.000 €, mais je préfère, de beaucoup, le chiffre de 666.666 € qui a été mentionné sur l’une de nos chaînes d'information en continu, par une présentatrice, peut-être bègue hélas, car un tel nombre est à lui seul tout un programme maléfique) et de la théorie du genre que des esprits pervers s'efforceraient d'introduire en douce dans nos maternelles et nos écoles primaires.
 Je passerai très vite sur le pactole planqué sous le matelas de Monsieur M’bala car, mis à part la précision inquiétante des 666.666 €, je ne vois pas bien pourquoi, quand tout le monde fraude sur les recettes de spectacles, on pourrait empêcher un honnête commerçant (fût-il antisémite) de faire du black, comme tout le monde, ce qui dans son cas particulier est quasiment inévitable !
 Je consacrerai donc plutôt la seconde partie de ce billet à la « théorie du genre », dont on nous abreuve depuis 24 heures et dont Monsieur le ministre de l'éducation nationale s'est lui-même ouvert sur tous les médias, en s'abstenant toutefois de donner, sur ce point, quelques précisions qui auraient été bien utiles et même, je pense, indispensables. Sans prétendre me substituer à Monsieur Vincent Peillon, j'essayerai donc d'éclairer quelque peu la lanterne de nos journalistes et, par là même, de l'happy few qui fréquente ce blog.
 Je suis d'autant plus enclin à éclairer quelques lanternes qu'il existe un très beau livre, peu connu, d’Ivan Illich (il me semble que Le Seuil devrait le rééditer s'il n'a pas déjà songé à faire) qui s'intitule précisément Le genre vernaculaire et dont la traduction est parue chez ce même éditeur en 1983. Le titre même de cet ouvrage appelle deux éclaircissements qui portent, le premier sur le nom, le second sur l'adjectif.
 Le mouvement qu'on observe autour de la notion même de genre n'est pas pour m’étonner, car je constate, depuis une bonne dizaine d'années, que le mot « sexe » que l'on doit juger équivoque voire obscène, tend à disparaître du lexique officiel de l'éducation. Je ne la citerai pas ici dans son détail mais j'ai même vu une étude sur un bazar dénommé IFADEM. Il s’agit  de l’Initiative francophone pour la formation des maîtres qui prétend apporter une aide à l'école du Sud par les NTIC, coûteux projet, grotesque quand on voit l’état de cette pauvre école du Sud ! (allez donc voir le site ifadem.org !) Figurait dans ce site une enquête faite en Haïti où l’on ne séparait pas les femmes et les hommes (les enseignants interrogés) sur la base du « sexe » mais sur celle du genre ! Cette étude, émanant d’un prétendu chercheur de l’Est de la France, était financée par la francophonie et une simple approche du texte montrait déjà l'étendue de l'ignorance de l'expert français venu en Haïti à cette fin.
 On constate d'ailleurs que les divers organismes internationaux tendent quasi systématiquement à rejeter la notion de sexe au profit de celle de « genre », ces deux termes étant à leurs yeux synonymes mais le  second étant sans doute à leurs yeux plus décent. C'est dire l'étendue des ignorances dans ces milieux internationaux et , pire encore, chez leurs « experts » surtout avides de voyages, de per diem et de contrats juteux !
 L'examen rapide de l'adjectif « vernaculaire » conduit d'ailleurs aux mêmes conclusions. Pendant très longtemps, on a utilisé, en Afrique en particulier, le mot « vernaculaire » (à peu près au sens que lui donne Ivan Illich à quelques nuances près) pour désigner les langues locales en usage dans un groupe ethnique, en particulier pour les distinguer des langues dites « véhiculaires » qui servent à communiquer entre locuteurs appartenant à des groupes ethniques différents et donc de « vernaculaires » divers. Cette distinction assez juste et commode permettait une description convenable des situations linguistiques de l'Afrique qui faut-il le rappeler abrite des milliers de langues, la plupart des Africains étant par nécessité polyglottes!
 Le problème est venu de ce que, un beau jour, un fonctionnaire de l'Unesco précisément, un peu moins ignorant et inculte que les autres, a découvert, sans doute dans son vieux Gaffiot, que le mot « vernaculus » était, en latin, utilisé pour désigner « l'esclave né dans la maison ». Horreur, car le bougre ne savait évidemment pas que ce terme n'est pas réservé aux ! Le mot « vernaculaire » a donc été aussitôt banni du vocabulaire officiel de l'Unesco et dans les officines qui en dépendent, sans qu’on sache trop d’ailleurs par quoi le remplacer. 
Fort heureusement pour Ivan Illich son beau livre ne s'intitule pas « le sexe vernaculaire », ce qui est d'ailleurs impossible vu les idées qu’on y trouve. Si le mot vernaculaire a été banni des lexiques officiels internationaux depuis deux bonnes décennies, le terme sexe était toujours présent ; fort heureusement depuis deux décennie, l'apparition de son prétendu synonyme  « genre », que dans leur ignorance, ces fonctionnaires croyaient de même sens, a permis d'écarter des documents officiels, ce vocable obscène.
 Comment faut-il comprendre le titre du livre d’Illich, point essentiel ici ? Je serai évidemment bref sur cette question ;  je me limiterai à la définition qu'il donne du « genre », même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui sur cette question. Les sociétés pré-capitalistes dit-il « sont fondées sur le genre », les sociétés capitalistes sur le sexe. Le genre, concret dans les comportements et abstrait dans la pensée, permet que la famille et la maisonnée subsistent dans une répartition des tâches accomplies, en leur sein, par l'homme et la femme dont les rôles ne sont pas interchangeables.
 Il est d'ailleurs intéressant de constater (ce qui me ramène à mon point précédent) que l'école et plus généralement l'instruction conduisent à des formules de modifications, voire de disparition, du parler vernaculaire au profit de langues véhiculaires ou même étrangères. Et on retrouve là le sens originel de « vernaculaire » que je signalais précédemment (« Quidquid domi nascitur » = tout ce qui nait ou est produit à la maison). Le genre est donc vernaculaire en ce sens que, même s'il ne se limite pas à l'usage domestique, il est en effet le produit d'une culture spécifique d'un ensemble de traits et de comportements culturels que les enfants acquièrent par l'imitation de ceux en usage dans les groupes auxquels ils appartiennent (famille, pairs, société). Il en résulte qu’il  est aisé (et classique) de montrer que, dans certains groupes humains, on trouver des femmes qui ont des comportements à nos yeux masculins comme, ailleurs,  des hommes qui ont des mœurs pour nous féminines.
 Ce que l'on désigne habituellement du nom de « théorie du genre » est tout autre chose. Il s’agit une théorie sociologique, récente et très discutée, née dans les années 90, qui met en avant l'idée que le genre et l'orientation sexuelle ne sont pas déterminés (Aïe !  Voilà que je me démasque et qu’en affreux mâle dominant, je fais que le masculin l’emporte sur le féminin !) exclusivement par le sexe, mais srtou  par l'environnement socioculturel et donc, pour partie, par l’éducation ! C'est déjà la fameuse formule de Madame Sartre selon laquelle "on ne naît pas femme, on le devient".
On aura donc déjà deviné naturellement que les féministes ont fait leurs choux gras de cette « queer theory », pourtant quelque peu en perte de vitesse. Il suffit, pour s’en convaincre et le prouver, de relever simplement les prénoms des théoricien(ne)s majeures de cette école (Anne, Eve, Gloria, Judith, etc.).
 Dans la manœuvre mise en œuvre dans les écoles parisiennes (indice sociologique intéressant), on distingue d’ailleurs un élément de forte  contradiction puisque, dans la revendication actuelle, se rejoignent, semble-t-il, féministes et adversaires du mariage pour tous, ce qui ne les réunit clairement  que dans l’ignorance et l’opportunisme!

mercredi 29 janvier 2014

De notre justtce

J'entendais ce matin 29 janvier 2014, à 8h15, sur France Culture, une émission sur la justice qu’ouvrait, comme souvent, un excellent éditorial de Brice Couturier. Jusque là, rien à dire ; on a entendu, dans la suite, les sempiternelles et vaines remarques sur notre justice toujours débordée par le manque de magistrats, son encombrement qui retarde à l'infini les décisions ; c’est là tout ce qu'on entend partout et quotidiennement et qui est tout à fait vrai et pertinent, sans, pour autant que, comme souvent chez nous, soient envisagées et moins encore conduites les réformes aussi évidentes qu’indispensables.
J'ai appris au passage, mais je m'en doutais un peu, qu’en une dizaine d’années, nous comptons 10 000 avocats de plus en France ! Pour la plupart, ce sont sans doute d'anciens hommes politiques qui, naturellement, n’ont pas été soumis aux procédures habituelles d’intégration comme le CAPA (Certificat d’aptitude à la profession d'avocat). Beaucoup n'exercent d'ailleurs pas dans sa réalité cette profession, se bornant à la figuration et au « conseil » rémunérés à d’autres titres.
 Ce point est adjacent ; il est bien plus fâcheux que les simples citoyens ne comprennent rien au discours de la justice et aux textes qu'on leur adresse sur les affaires qui les concernent. Pourquoi ne pas affecter plutôt ces « has beens » politiques sur des emplois de magistrats dont on manque plutôt que d’avocats dont on ne sait que faire. Je vous entends déjà protester et alléguer leur incompétence ! Sont-ils plus compétents pour être avocats que magistrats ? On pourrait même dans ce dernier emploi les munir des dés qui chez Rabelais étaient l’outil de travail quotidien du juge Bridoye.
 Je crois que la principale cause de la lenteur et de l'inefficacité de notre justice, où la moindre affaire met des années à être tranchée et où nos prisons surpeuplées sont pleines de prévenus présumés innocents (ce qui nous fait régulièrement condamner par la Cour européenne) tient à diverses causes, dont on pourrait envisager les solutions mêmes si elles sont toutes de la même nature.
 J'ai  eu, dans les dernières décennies de ma vie, par trois fois, affaire la justice dans des procès où j'étais moi-même attaqué.
 La première fois, ce fut par une romancière à succès qui m'accusait de l'avoir calomniée pour avoir dit qu'elle avait copié un ouvrage ancien dont j’avais moi-même assuré une nouvelle édition après en avoir trouvé le manuscrit inédit . Le pittoresque de la chose tient à que c'était la plagiaire elle-même qui m'accusait de l'avoir calomnié, en révélant, d'ailleurs sans la traîner moi-même en justice, son larcin. Alors qu'il suffisait de comparer les deux textes mis en parallele pour être convaincu. Les juges ont sans doute procédé autre ment car j'ai été condamné en première instance. Il m'a donc fallu faire appel, sur la base d'un vice de forme juridique, pour que je sois acquitté en appel. Mon avocat était parfaitement au courant du défaut de la plainte dès la première instance, mais il ne l'avait pas invoqué tant nous étions sûrs de gagner.
 Les deux autres affaires sont tout aussi ridicules que la précédente.
 Dans le premier cas, j'ai été accusé par une de mes anciennes étudiantes dont j'avais dirigé la thèse d'avoir empêché sa carrière ultérieure, alors que je l'avais bien prévenu dès le départ que je ne la soutiendrai pas dans une telle démarche, vu la médiocrité de son travail. Je dois préciser qu'étaient accusés par cette même étudiante, devenue sans gloire particulière, docteur et candidate à un poste, onze de mes collègues plus un étudiant qu'elle accusait d'avoir rejoint les rangs de cette machination. Condamnée deux fois (en première instance puis en appel) pour « abus de procédure », elle nous a amenés maintenant en cassation !
La dernière affaire est du même tonneau, mais plus pittoresque encore, puisque, en cette circonstance, un haut dignitaire de la Sarkozie me reprochait d'avoir souligné, dans un de mes blogs anciens, qu'il ignorait le sens du mot « errement » (à qui il prêtait le sens d'erreur), ce qui l'a conduit à me faire mettre en examen pour « diffamation », bien entendu aux frais de l'État et de nous-mêmes, puisque ce personnage, mieux introduit dans la Sarkozie que dans la lexicographie française, était porteur d'un mandat officiel de je ne sais quoi. Commencée en 2009, l'affaire s'est résolue fin 2013 ; les magistrats pour finir (j'avais été mis en examen, sans avoir jamais été entendu par le juge d'instruction, ce qui est un manifeste abus d'autorité) ont eu le bon sens et le courage de débouter mon adversaire, en soulignant, non sans pertinence, l'inanité de ces accusations et l'absence totale de diffamation.
Où veux-je donc en venir. ? Je veux simplement dire qu'à en juger par ces trois cas, la justice est encombrée de tas d'affaires qui durent des années et qui auraient dû être écartées, dès le départ, vu le vide et l'inanité des dossiers qu'elles mettent en œuvre. Serait-il donc impossible, comme cela se fait dans d'autres pays moins procéduriers et conservateurs que le nôtre, d'avoir une instance judiciaire, spécifique et préalable, qui écarte d'emblée ce type d'affaires ? Il serait tout à fait possible de maintenir le droit à la justice pour tout citoyen, tout en assortissant le recours à la justice contre l’avis de cette instance, de lourdes pénalités à régler préalablement par le plaignant qui voudrait passer outre cette fin de non-recevoir liminaire !
 Notre adversaire, dans l'affaire de l'étudiante que j'évoquais ci-dessus, a été déboutée deux fois pour « abus de procédure » (ce qui est rare !) et elle persiste en allant en Cour de Cassation où l’on peut espérer que son dossier ne sera pas transmis. Une telle obstination contre des décisions de justice successives sur une plainte jugée abusive ne devrait-elle pas être sanctionnée, d'autant plus qu'il est clair que, comme Dieudonné,  elle poursuit dans cette voie, pour ne pas payer les amendes et les frais auxquels elle a été déjà condamnée ?
Dernier point, et à mes yeux le plus important et le plus urgent sans doute.
Combien de siècles faudra-t-il attendre encore pour que la justice s'exprime enfin dans une langue intelligible pour les justiciables, au lieu d'user de ce grotesque latin de cuisine et pire encore de ce fichu lexique prétendument médiéval qui est censé être celui des chats fourrés du Moyen-Age?Je sais bien les effets qu'on cherche à obtenir par là. On veut ainsi à la fois empêcher les justiciables de comprendre ce qui se passe et perpétuer un privilège professionnel ridicule, mais aussi  se donner un langage particulier, un argot en somme, inintelligible aux autres catégories sociales, donc assimilable au « louchebem » des bouchers d’antan ou au verlan des voyous de nos « quartiers ». Mettre fin à ces pitreries lexicales serait, à n’en pas douter, la réforme la plus nécessaire, la plus utile et la plus facile, même si les résistances seront assurément fortes !

vendredi 24 janvier 2014

Mot-dièse ou mot-clic ?

Je me suis aperçu avec horreur que, tout en annonçant pour le lendemain, la suite de mon blog du jour (« Arbeit macht frei »), j'avais complètement oublié de traduire ce titre qui est hélas bien connu, mais qui l’est sans doute, fort heureusement, bien moins dans les jeunes générations. Il s'agit en effet de l'inscription qui figurait à l'entrée d'Auschwitz et je crois de quelques autres camps de concentration ; elle reprenait, sans ironie, une devise  qui figurait à l'entrée des usines de l'IG Farben , et soulignait, en allemand, que « le travail rend libre » ! Toutes mes excuses pour cette omission et j'en viens maintenant au propos du jour.

Comme je le disais, mais peut-être cette mention est-elle passée inaperçue, la France, avec deux ans années de retard, s'est décidée à proposer une traduction française officielle du terme « hashtag », mais cette traduction par « mot-dièse » cumule les bizarreries, ce qui n'est pas pour étonner quand il s'agit de décisions officielles concernant notre langue.

Pour faire vite et régler ces points, je mentionnerai simplement trois bizarreries ou erreurs :
1. Le « croisillon » ou « carré » (au Québec et en Belgique) est un signe typographique « # » qui ne doit pas être confondu avec le dièse « ♯ ».



2. Deuxième point bizarre dans le terme proposé « mot-dièse » ; le prétendu dièse est placé après le mot-clé (« tag ») alors que, dans l'usage ordinaire, il est placé placé avant.

3. Troisième remarque et non la moindre ; le trait d’union pose un problème à l'ordinateur ; je rappellerai simplement que le trait d’union a été, en principe supprimé, sauf dans quelques cas précis, par la loi Rocard.

Dernière curiosité et non la moindre ; l'usage du terme « mot-dièse » est recommandé à tous les scripteurs français mais (et je cite ici le Journal officiel du 31 janvier 2013), « il s'impose dans l'administration » ! Pour reprendre ici une des traditions de mon blog, si vous trouvez une attestation de « mot-dièse » dans un document administratif, vous avez gagné, comment au bon temps de Coluche, une tringle à rideaux !

Nous faudra-t-il, pour éviter ces fâcheuses entorses à la loi, marcher sur les brisées de nos amis québécois, grands spécialistes de la terminologie, et qui, deux ans avant nous, se sont penchés sur ce problème et ont proposé de pourvoir le français, par l'entremise de l'Office québécois de la langue française, d’un équivalent de l’affreux « hashtag » par « mot-clic » ? L’OQLF, dans le même texte, donne  la définition suivante du terme : « Série de caractères précédée du signe #, cliquable, servant à référencer le contenu des micromessages, par l'indexation de sujets ou de noms, afin de faciliter le regroupement par catégories et la recherche thématique par clic.  
[…]
Un mot-clic prend la forme suivante : #motclé. Il s'agit d'un mot-clé sur lequel on clique; c'est par le clic, associé à un hyperlien, qu'il devient utile et intéressant. Ajouter un # avant un mot le transforme automatiquement en lien cliquable menant à une page de recherche contenant tous les messages... ».

Cette proposition de « mot-clic »  par l’OQLF (meilleure au plan sémantique) n'a pas fait l'unanimité dans la Belle Province et le débat continue là-bas comme le montre différents textes récents dont celui produit par Bruno Maltais et qu'on peut trouver dans le site de Radio-Canada.

« Mot-clic » ne plaît pas plus à tous que « mot-dièse », mais une fois de plus, s’illustre ici, la tendance fâcheuse des Français à considérer que la langue française est leur propriété personnelle et qu'ils en sont les uniques propriétaires.
Cette idée a conduit à ne pas retenir, une fois de plus, la proposition québécoise émise pourtant deux ans plus tôt et qui, somme toute, n’est pas plus mauvaise.

La chose n'est pas pour étonner, quand on a vu le temps que les commissions de terminologie et les autorités françaises ont mis à écarter l'absurde néologisme « mél » au profit de « courriel » que les Québécois avaient proposé bien avant et qui est infiniment meilleur. On a fini par se rendre, en trainant les pieds, à cette proposition de bon sens, mais les contorsions et les délais pour l’admettre de la part des autorités françaises sont des plus comiques !

N'étant personnellement ni familier ni amateur de Twitter et résistant donc aisément à la vogue de « hashtag », je n'ai guère de raison d'utiliser ce terme dont je ne vois pas d'ailleurs la nécessité, puisque la simple recherche par mot-clé, dans Google ou ailleurs, donne des résultats qui sont tout à fait satisfaisants, sans qu'on ait à se poser le problème de la traduction de cette épouvantable « hashtag ».


jeudi 23 janvier 2014

« Arbeit macht frei »


 Ne vous interrogez pas trop longtemps sur le titre de ce blog, car il traduit simplement l'impression pénible que me donne, à chaque fois que je l’entends, le mot « hashtag » qui fait désormais partie du lexique quotidien de toute personne qui aspire à être dans le vent ou du moins à le donner à penser.

C'est évidemment le cas en particulier de toutes celles et de tous ceux qui causent dans nos postes ou se montrent sur nos écrans. Ce que l’on sait moins, car eux-mêmes ne le comprennent pas nécessairement,  c’est qu’au-delà du plaisir quasi orgasmique que leur procure l’usage répété de ce terme, c'est évidemment la façon la plus commode et la moins coûteuse de faire de la publicité pour leur employeur, en recommandant, par cette voie la lecture ou la consultation,  de tout ce qui peut être pour le « hashtag » en cause sur le site de cet employeur ; dont ils ne cessent par ailleurs de répéter inlassablement le nom.

Je sais bien que l'immense majorité des Français n'éprouve pas le même sentiment que moi, mais je fais hélas partie de celles et de ceux qui, si peu que ce soit, ont connu la dernière guerre mondiale et l'occupation de la France et pour qui le mot « hashtag » sonne hélas, à tort ou à raison, comme « stalag » ou « oflag », termes qui me furent familiers dans ma petite enfance pour avoir servi de résidences à des membres de ma famille. On me  pardonnera donc la référence peut-être un peu excessive que j'ai faite à ces sonorités en donnant ce titre à ce billet.

Elle est d'ailleurs passablement inexacte, puisque, assez curieusement (la chose est rare et mérite d’être signalée), en dépit de quelques recherches rapides, je n'ai pas réussi à trouver la véritable étymologie de ce terme, qui pourtant à chaque jour se multiplie dans nos médias.

Il faut constater hélas que, comme la plupart du temps, nos informaticiens et nos multiples commissions de terminologie n’ont même pas été capables de trouver un équivalent français convenable. S’en sont-ils même souciés, tout à leur joie d’user d’un américanisme de plus ? Vous n’avez sans doute même pas noté que le Journal officiel de la République française, dans sa page 1515 du 23 janvier, a admis dans notre langue l’étrange «mot-dièse» (avec, en outre, un trait d’union proscrit par la loi Rocard !) et s’est risqué à en donner une définition : « Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage», en précisant même qu’au pluriel, on doit écrire «des mots-dièse ».

Peut-être faudrait-il mettre en concours l'innovation néologique en cette matière, comme on l'a fait, autrefois, lorsqu'il s'est agi de trouver un équivalent français au mot « computer » qui était en train d'envahir le lexique informatique français. Si je me souviens bien, ce fut l’éminent latiniste Jacques Perret, spécialiste de Virgile, qui, à la demande d’un de ses anciens étudiants, devenu un haut cadre chez IBM, qui proposa le mot « ordinateur » qui s'est imposé dans la suite.

Au cas où vous ne seriez pas exactement informé, (comme moi avant de rédiger ce billet), le sens exact et de l’origine du mot « hashtag » qui est d'ailleurs intraduisible en français, pour le moment du moins. C’est sans doute ce qui conduit à en faire un abus d'autant plus insupportable que la plupart de ceux qui utilisent ce terme en ignorent la véritable définition qui est passablement complexe et souvent inexacte en outre comme nous le verrons demain car je ne viendrai pas à bout de cette affaire aujourd’hui.

Je me permets ici de vous donner quelques informations plus précises que j’ai purement et simplement empruntées, sans « hashtag », via Google, à Wikipedia qui s’avance sur ce terrain avec beaucoup de prudence, en faisant appel à ses lecteurs pour compléter ou corriger son propre texte :
« Le hashtag (ou encore mot-dièsemot-clic) est un marqueur de métadonnées couramment utilisé sur internet où il permet de marquer un contenu avec un mot-clé plus ou moins partagé. Composé du signe typographique croisillon « # » (appelé hash en anglais), suivi d’un ou plusieurs mots accolés (le tag, ou étiquette), il est particulièrement utilisé sur les IRC et réseaux sociaux ».

Autre définition : « Le principe du hashtag mérite donc une petite explication : tout d’abord, d’un point de vue étymologique, il se compose de hash (une sorte de dièse, que les Anglo-Saxons ont souvent l’habitude d’utiliser en substitution au terme « number ») et de tag. Ce dernier signifiant « mot-clé » [dès lors pourquoi ne pas en user ]. Voilà, un hashtag c’est un mot-clé précédé d’un dièse. [ un dièse qui n’en est d’ailleurs pas un !  ] ».

Tout cela n’est pas très clair et on se prend à rêver quand on apprend que le « faux dièse », signe conventionnel qu’on place devant un mot pour le rechercher,  aurait pu être notre charmante « esperluette », représentée typographiquement par &, qui figure elle sur tous les claviers et qui même fut longtemps la 27ème lettre de notre alphabet français !

Il y a sans doute parmi ceux et celles qui par hasard liront ce blog des gens qui auraient la capacité de se livrer à une réflexion à ce sujet et de nous proposer un terme qui fleure un peu moins la « quenelle » que ce détestable et indéfendable « hashtag ».

mercredi 22 janvier 2014

Les conférences de presse ne se suivent pas mais se ressemblent !


L'avantage de la polygraphie et de la production intensive de blogs est que le hasard ou la nécessité vous amènent fatalement, un jour ou l’autre, à retrouver, dans le stock de vos milliers de blogs, un texte dont la nécessité de le reprendre éclate soudain à vos yeux.

 Dans le présent cas, c'est un pur hasard qui m'a conduit, dans la préparation de mon cinquième recueil de blogs (une « cronique » placée sous le signe de Rabelais de l’ « horrifique » présidence de Nicolas Sarkozy), à retrouver un texte que j'avais écrit, six ans plus tôt, juste après la conférence de presse de Nicolas Sarkozy en janvier 2007.

 Le hasard avait prévu le moindre détail. En effet, si je n’avais pas été un peu paresseux (mais il était tard), j’aurais pu reprendre le premier texte, publié dans le blog du Nouvelobs le 20 janvier 2008, dans mon blog de Mediapart du même jour de 2014. Vous ne me direz pas que tout cela n’était pas écrit ! La chose est d’autant plus éclatante d’évidence que dans un cas comme dans l’autre, la première et seule question était celle des amours présidentielles. La complaisance ou la servilité de nos journalistes est la même  et, comme on le verra, la seule différence a tenu à la mise en scène et à la distribution des rôles mais je n’en dis pas plus et vous livre dans son état initial mon texte du 20 janvier 2008. 

« France 24 : Roselyne et Christine sont dans un bateau

Dans un précédent post, sur la conférence de presse élyséenne, je m’étais étonné de voir que nul commentateur ne semblait avoir pris en compte ni la manoeuvre qui a conduit à poser à Nicolas Sarkozy la question de son mariage, ni surtout la personnalité de la journaliste chargée de la poser. Tout cela était, bien entendu, cousu de fil blanc, ce que nul n’ose dire, du moins dans les nombreux commentaires que j’ai pu consulter.



Dans une assemblée de plusieurs centaines de journalistes, où les micros ne sont pas distribués au hasard, nul ne s’est apparemment étonné de voir une certaine Roselyne Febvre recevoir un micro dès le début de la conférence de presse.Ce n’est pourtant ni Arlette Chabot, ni Christine Ockrent, ni Christine Clerc, ni Michèle Cotta, etc.. Obscure bouche-trou de France 3, naguère encore doublure dominicale ou estivale de Marie Drucker dans Soir 3, elle est passée à France 24, ce qui n’est guère mieux. Ses loisirs, sans doute nombreux, vu ses fonctions, lui ont laissé le temps d’écrire un livre, « Le cœur des femmes », sous-titré « Les cinquante femmes du vingtième siècle ». Tous les grands éditeurs de Paris ont dû se le disputer, mais elle a choisi de le donner à Timée-Edition. Ce Timée n’est pas celui de Platon, mais un éditeur dont la collection-phare, « Les Plus Belles Histoires », se veut « divertissante et pédagogique » et offre « une invitation à découvrir d'une manière originale un domaine spécifique de la connaissance ».


 Autant dire que les commentaires de Roselyne Febvre, après la conférence de presse, ne m’ont pas convaincu. Il ne s’agissait pas seulement de « se jeter à l’eau », selon ses termes (ou à peu près), mais de se voir opportunément offrir un micro par l’un des gardes républicains chargés de les distribuer, avec autant de parcimonie que de discernement. Tout cela ne pouvait relever du hasard !

La question devait être posée par une femme, et, en la circonstance, la position de R. Febvre vis-à-vis de l’Etat ne pouvait que la rendre des plus dociles aux consignes qu’on n’a pas manqué de lui donner. Espérons pour elle que cela lui sera compté !



 Les choses étaient d’autant plus simples que rares sont, sans doute, ceux qui savent ce qu’est France 24 et plus rares encore ceux qui ont déjà regardé les émissions de cette chaîne récente qui n’émet que depuis décembre 2006. France 24 est l’avorton médiatique né des rêveries de Jacques Chirac, qui, vers 1987, s’était pris à rêver d’un CNN à la française, ce qui, ainsi formulé, vous avait une autre gueule que ce France 24, tiré d’un chapeau parmi cinq ou six noms possibles, par la main, forcement innocente d’un Patrick de Carolis, quelques années plus tard.



 L’audiovisuel international français est l’un des plus beaux spécimens de nos serpents de mer nationaux ; ce monstre effrayant habite, non le Loch Ness, mais le Quai d’Orsay et nous coûte, à la louche, 300 millions d’euros par an (mais France Télévision revient dix fois plus cher !). Si vous êtes sages, je vous raconterai un jour cette belle histoire, mais tous les petits enfants de France seront endormis bien avant que j’en atteigne la fin.



Toujours est-il que voici que France 24 se voit cité, non à cause de la question posée par Roselyne Febvre, qui a battu tout le monde sur le fil, mais de Christine Ockrent. Le Point a révélé, en effet, qu’elle aurait signe un contrat avec France 24 pour assurer une chronique hebdomadaire de six minutes en deux versions, français et anglais, moyennant une rémunération annuelle de 120.000 euros. Il y aurait en plus, en ouverture, une pub pour la « Closerie des lilas », mais elle est peut-être payée en nature, par une table ouverte..

Que nos journalistes se fassent tous des petits suppléments par des « ménages », tout le monde le sait et la plupart en font. Comme les autres, C. Ockrent en a fait (au MEDEF et ailleurs) et elle continue à en faire, à des tarifs souvent, en proportion, plus rémunérateurs encore que les piges à France 24 (Si vous saviez combien je touche pour ce misérable blog ! C’est indécent comme dirait notre Président). 



 Ces détails, un peu sordides, expliquent, pour une part, les infinies prudences des journalistes français à l’égard de toutes les formes de pouvoir et, au premier chef, du pouvoir politique. Imaginez que Laurent Joffrin, ne cédant pas aux injonctions du Président-Magicien, ait refusé publiquement de revenir lui serrer la main, son avenir d’enquêteur-historien sur la Cinq, chaîne d’Etat, (avec une émission, assez faiblarde d’ailleurs, « Détective de l’histoire », le dimanche) ne serait-il pas compromis ? Je ne connais pas le tarif, mais prudence ! Mieux vaut avaler une petite couleuvre, vite digérée et oubliée, que de se faire étouffer, pour des bêtises d’amour-propre de ce genre, par un gros boa ! 



 Pour la pigiste Christine (au fait est-ce un CDD ? ), le plus gênant, peut-être, est que France 24, qui dépend actuellement, de Matignon, risque de passer sous la tutelle du Quai d’Orsay, ce qui conduirait Madame Kouchner à travailler pour son mari . La chose est encore compliquée par le fait que les piges de Christine sont bilingues (français et anglais), alors que le vent souffle plutôt, du côté élyséen, en faveur d’une refrancisation de France 24. 

Tout cela n’est-il pas capital pour le sort de notre planète ?
 Comme dirait notre Marquis [message personnel à une des figures du « blog des internautes »  ] : Quand on a déniché Roselyne. On voit arriver Christine. ».

mardi 21 janvier 2014

Méli-mélo politico-historico-diplomatique.


Occupé à autre chose, j’ai fort heureusement interrompu mon blog depuis une bonne quinzaine de jours ; je n’ai pas eu, de ce fait, à prendre position ni à intervenir dans les débats passionnés (à défaut d’être passionnants) qui ont agité la France depuis une quinzaine autour des amours présidentielles « normales ».

Il est vrai que quand on se tourne vers le passé, si l'on excepte la génération du passé (Auriol et Coty) et le général De Gaulle, nos présidents ont souvent eu, quel que soit leur âge, une vie familiale et sentimentale assez agitée. François Hollande qui se voulait en rupture avec son prédécesseur, ne fait pourtant que reprendre, sans le dire, une tradition plus ancienne encore.

Je ne sais pas quelles furent les intentions, réelles et/ou secrètes, de Closer en sortant son numéro et en dévoilant le pot-aux-roses au moment précis où il l’a fait. Aurais-je été à la place des rédacteurs de ce magazine que j'aurais bien plutôt attendu au moins le 25 janvier 2013 pour sortir ce numéro et déclencher le scandale de façon à laisser le Président de la République amener sa compagne à Rome pour y baiser l'anneau papal. Toute cette affaire aurait alors pris beaucoup plus de piquant, même si François a l’esprit large et le trio constitué par Valérie entre les deux François, aurait fait à coup sûr la une de la plupart des magazines du monde.

Comment a-t-on pu laisser passer une occasion pareille, même si on voulait jouer un tour à notre président, quelques jours avant sa conférence de presse. J'ai peine à croire qu'entre la conférence de l'Élysée et le Vatican, on ait choisi la première, ce qui est en tout cas une énorme erreur sur le plan de la communication et du « buzz »..

« Valérie à la lanterne ! »

Rassurez-vous ! L’absence de majuscule au mot lanterne est, ici, une faute d’orthographe, mais qui se soucie désormais de pareils détails ! Ce n'est ici en effet qu'une exclamation de stupeur devant le lieu de convalescence de Valérie tandis que,  lors de la période révolutionnaire, cette formule aurait pu prendre un tout autre sens, de justesse d'ailleurs, puisque, sauf erreur de ma part, le Pavillon de la Lanterne a été construit en 1787, juste pour la Révolution.

La formule « Valérie à la lanterne ?/! » peut donc avoir soit son sens révolutionnaire (mais elle ne pourrait émaner alors que d'une ennemie farouche de Madame Trierweiler qui, à vrai dire, n’en manque pas) soit exprimer une simple stupeur de voir celle qu'on désigne, si sottement et si abusivement, comme la Première Dame quitter l'hôpital public, pour se rendre, non dans l'aile de Madame à l'Élysée, mais, à la Lanterne qui est aussi une résidence d'État du Président de la République et du Premier Ministre et qui pose par conséquent exactement le même problème. L’usage qu’on pourrait se risquer à dire « morganatique » de la Lanterne est-il réservé aux Présidents de la République socialistes prénommés François, puisque Tonton y faisait faire du cheval à Mazarine ?

Je laisse de côté ce point, faute de m'intéresser à cette question de vie privée dont notre président ne veut pas entendre parler, comme il l’a répété sans cesse depuis le début de cette affaire. Comment ne pas voir et lui répondre qu’il est le seul et unique responsable du fait que cette question se trouve posée. Nul n’a exigé de lui ses déclarations sur « le seul grand amour de sa vie » et l’officialisation immédiate et permanente (aux frais de l’Etat, autre point commun avec Tonton !) de sa compagne du moment !

Hollande en Hollande ! Le destin, malicieux comme toujours,  a envoyé en effet notre président en voyage officiel aux Pays-Bas ; fort heureusement l’hospitalisation opportune de sa précédente compagne (peut-être toujours actuelle en fait puisque nous serons tenus dans une cruelle angoisse une bonne quinzaine encore) lui a permis de différer, une fois de plus, la décision finale. On s’est borné àenlever uneassiette à la table officielle.

Il semble d'ailleurs qu'en allant s'installer à la Lanterne, Valérie a pris cette étrange décision à sa place mais avec son accord tacite, puisqu'apparemment le Président de la République ne lui a pas fait refuser l'accès à cette résidence officielle de l’Etat, comme il aurait pu ou dû le faire, fût-elle convalescente.

A-t-on là une forme nouvelle du principe du voleur chinois, la Lanterne éloignant quand même Valérie de l’Elysée ?