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lundi 31 mars 2014

Table présidentielle : menus de remaniement

e choix du titre de ce billet se révèle bien hasardeux depuis que des micros indiscrets ont enregistré les remarques postprandiales d’une invitée. Nous avons ainsi, entendu, sur le perron de l'Élysée, Madame N. Bricq (Ministre du commerce extérieur, ce qui aggrave singulièrement son cas) déclarer que la bouffe (poularde et foie gras) était « dégueulasse ». Il est vrai que lorsqu'on se nomme Bricq, quoique née à la Rochefoucauld, on peut préférer  la cuisine maghrébine et ses « briks », à moins qu'à défaut de pavé, on ne choisisse de manier la brique de l'ours. En tout cas, cette déclaration publique, n'a pas été du goût de  tout le monde et elle a dû présenter au chef des excuses qu’il a d’ailleurs refusées ! Bref ça barde en cuisine et les prochains convives, futurs commensaux de François Hollande, feront bien de tenir leur langue. Prudence et silence seront de rigueur, quel que soit le menu, d’où l’importance de ce billet.  Je suis toutefois bien imprudent de me risquer sur le sujet, alors que nous n'en sommes qu'aux bruits, moins de couloirs que d’office, car le choix des menus comme des convives est ici capital et significatif.
La seule chose qu'on sache de source sûre est que le Président de la République a annulé le  déjeuner de lundi qu'il avait prévu avec le Premier Ministre. Il a sans doute jugé inutile de devoir «  in presentia » remplacer la bouffe que Madame Bricq jugeait « dégueulasse » par une « soupe à la grimace » d’un effet identique, mais plus pénible encore à avaler. Le Président et le Premier Ministre se sont, semble-t-il, rencontrés néanmoins et le second a assuré le premier de sa « loyauté ». On le croit volontiers car, pour se vendre à autrui, encore faut-il trouver quelqu'un qui veuillez bien vous acheter !
Il y aura sans doute moins de problèmes en cuisine ; si, ayant pris sa décision et fait son choix, le Président de la République se décide à inviter à déjeuner son futur Premier Ministre, il pourrait marquer l'événementet honorer le précédent , in memoriam,  par une préparation gastronomique dite « à la nantaise ». Il en existe de multiples variétés qui toutes se caractérisent par la coexistence du beurre et d’un vin blanc, du muscadet de préférence.
Reste bien entendu le casting de la viande ou du poisson qui subiront cette préparation « à la nantaise » ;  le plus classique est sans doute le cabillaud, mais un cuisinier facétieux pourrait imaginer de le remplacer, en la circonstance, comme cela se fait parfois, par la morue. Si Manuel est retenu par le Président, il pourrait apprêtre dans cette recette une ministre devenu oisive et, en outre, peu susceptible de convenir, sous une autre forme, au futur Premier Ministre ; ce pourrait être Madame Cécile Duflot qui présenterait en outre l'avantage certain de ne pas avoir à être dessalée !
On pourrait songer aussi (et je vous jure que la recette est authentique car je l’ai prise dans un ouvrage réputé en la matière intitulée Salines en cuisines, « le cul de lapin à la nantaise ».
Je ne me risquerais pas à choisir une victime par les multiples ministres qui feront sans doute les frais du remaniement. Quel que soit le choix, resteront sur le carreau (des Halles ?) bon nombre de celles et de ceux qui composent feu le gouvernement. Les choix seront sans doute difficiles à faire, car ils dépendent à la fois de la recette retenue et des convives invités. Toutefois, on ne risquera pas grand-chose à prévoir, pour les invités sobres, de l'eau de Vals, un cru d’eau minérale ardéchoise, qui mériterait bien cette promotion aussi opportune que discrète.
Aux dernières nouvelles, je lisais, sous une ou plusieurs plumes parisiennes, que Manuel tenait la corde, mais nul ne nous dit qui est attaché(e) au bout ! Je crains pour elles que ce soit Christiane Taubira et/ou Cécile Dufflot, même si de telles cordes passent toujours pour des porte-bonheurs !


Lendemain d'élections :

Je suis un peu étonné de constater que les Quatari et les innombrables margoulins des jeux de hasard du « Paysage Audiovisuel Français » qui nous inondent de leurs publicités, aussi racoleuses que mensongères, sur les paris et autres entreprises de brigandage audiovisuel avec la complicité cupide de nos ex-vedettes sportives, n'aient pas songé à ajouter au poker et aux matches de foot les élections. Pensez à la fin de ce billet, où je me sens un peu à court d'inspiration vu le caractère répétitif de nos élections, à me faire vous raconter la blague de Monsieur Littré sur cette distinction oubliée entre  « étonné » et « surpris » que ne fait pas, à l’instant même sur RMC, Monsieur O. Truchot, à moins que ce ne soit son alter ego dont je ne le distingue pas vu la vacuité des leurs communs propos.

Nous n’en manquons pas d’élections en France et on en aura au moins trois ou quatre cette année j'ai bien compté. On pourrait même, avec une grande mauvaise foi (mais nous n’en manquons pas non plus !), ajouter que la création de tels paris seraient un moyen efficace de lutter contre l’abstention. À la glorieuse incertitude du sport, qui est le fondement même de ce genre d'activité, s’ajouteraient, outre le civisme comme on vient de le voir, l'incertitude et l’illogisme qui sont susceptibles de procurer les plus gros profits. Qui en effet aurait risqué, à Marseille, le moindre sou sur la déculottée de Monsieur Menucci qui fanfaronnait depuis des semaines ou sur le tsunami bleu évoqué, ce matin, par Monsieur Jean-François Copé lui-même, réélu maire de Meaux au premier tour, alors qu'il est perdu de réputation et au plus bas dans tous les sondages ?

Bref il y a là une belle occasion se remplir les poches, non pas tant pour les organisateurs de ces paris, dont c’est la pratique courante, mais pour quelques heureux et rares mortels de base qui auraient prévu des résultats imprévisibles.

La chose est d'autant plus intéressante qu'on peut ne pas se limiter aux élections, mais ouvrir également aux paris leur suite et leurs conséquences souvent tout aussi imprévisibles. Ainsi le peut-on sur le choix final de François Hollande, toujours porté à différer et à hésiter, parmi les candidats au poste de Premier Ministre, si toutefois il s’y résout ! Le pauvre doit naviguer entre les diktats de Madame Duflot, les ambitions secrètes d’un Delanoë au chômage et le retour d’âge ministériel de son ex.

Belle occasion de lancer des paris, sans compter qu'on pourrait les étendre aisément à la courbe du chômage qui prend toutes les allures d'un mirage pour la ceux qui distinguent sans cesse sans la voir jamais ou au déficit public toujours hésitant entre les exigences de Bruxelles et les réalité de nos finances. Bref je fais court, car il n'y a pas grand chose de plus à dire et surtout je vous ai promis une jolie anecdote sur ce brave Monsieur Émile Littré. Elle est aujourd'hui d'autant plus nécessaire que le résultat même de ce scrutin fait, on l’a vu, dans le discours des commentateurs, l'objet d'une regrettable mais permanente confusion entre les participes passés « étonnés » et « surpris ».

Adonc Monsieur Littré, le génial auteur du dictionnaire qui continue à faire référence pour notre belle langue, était un jour au lit avec la bonne durant une absence prévue de Madame Littré. Cette dernière, revenue plus tôt que convenu, pénètre de façon inopinée dans la chambre du couple et découvre Monsieur Littré et la bonne fort occupés dans le lit conjugal. Madame Littré de s'indigner : « Monsieur, je suis surprise… ». Monsieur Littré, s'interrompant alors sans perdre pour autant sa conscience lexicographique, interrompt également le propos réprobateur de son épouse par cette remarque de bon sens et fort opportune : « Non, Madame, vous n'est pas surprise, vous êtes étonnée ! En revanche, c’est nous qui sommes surpris ! ».

samedi 29 mars 2014

Élections municipales 2014 et intercommunalité : ça sent si bon la France !

Élections municipales 2014 et intercommunalité : ça sent si bon la France !
J'ai passé, chère lectrice, distingué lecteur, une fort mauvaise nuit en pensant que vous alliez affronter le second tour des élections municipales sans être suffisamment informé(e) de l'importance de ce scrutin qui fera date dans l'histoire des élections françaises, une importante réforme ayant  été faite, sans tambour ni trompette, pour le 1er janvier 2014.
Vous avez en effet voté dimanche dernier, pour la première fois et sans doute sans y prendre garde et sans le savoir, non seulement pour élire un conseil municipal mais également un conseil « com-mu-nau-taire », ce qui est une considérable innovation !
« L'intercommunalité » désigne en effet, en France, le regroupement de communes, structure administrative légale, chargée d'exercer des compétences qui lui sont déléguées par les communes qui en sont membres. Or, pour la première fois, vous avez pu ou vous allez pouvoir élire les conseillers des communautés de communes sur une liste spécifique dont vous avez connaissance, cette procédure étant substituée aux cuisines internes précédemment en cours au sein des mairies. Toutefois n'allez pas croire, naïvement, que vous avez apporté véritablement des mesures salvatrices aux problèmes que pose le fameux  millefeuilles administratif français qu'il est de bon ton de dénoncer, sans y changer quoi que ce soit sauf à le compliquer encore. Aussi ai-je jugé de mon devoir de vous éclairer lors de ce scrutin.
Faisons d’abord le point. Au 1er janvier 2014 existaient en France, regroupant 98,8 % des communes, 2.145 « Etablissements publics de coopération intercommunale » (EPCI). Ça ne fait guère, par EPCI de ce tonneau, en moyenne,  qu’une quinzaine de communes ! 
On relève, dans cet ensemble, 1903 « communautés de communes », 222 « communautés d'agglomération » (singulier singulier ! La curiosité est ici d’ordre orthographique, puisque les textes officiels mettent au singulier le mot « agglomération », ce qui en rend très problématique la mise en « communauté »). Jusque-là rien de très remarquable … à ce détail orthographique près ! S'y ajoutent 15 « communautés urbaines » (déjà plus étrange dans leur importance puisque Alençon y voisine avec Marseille et le Creusot avec Toulouse !), quatre « syndicats d'agglomération »(même remarque sur ce singulier singulier), une « métropole » : Nice (va savoir pourquoi ?) et surtout quatre communes dont je ne vous donnerai pas en mille de découvrir les noms car nous n'en avons pas le temps et vous n’y parviendriez pas même, si je vous le donnais en dix mille, puisqu’il y a plus de 36.000 communes dans notre beau pays. Or ce sont en effet, et  seuls Dieu et le Père Ubu administratif français savent pourquoi : Saint-Loup-Géanges et Change (Saône-et-Loire)Nalliers (Vendée), et Quincieux (Rhône). Après cet inventaire à la Prévert, où seul manque à l’appel l’indispensable raton-laveur qu’on attendait,  je pense qu'on peut retirer l'échelle administrative !
Vous savez comme moi (et comment ne pas le savoir tant on nous l’a répété) que la France compte plus de 36 000 communes, dont 10 000 ont moins de 200 habitants et 32 000 moins de 2000. Voilà plus d'un demi-siècle qu'on trouve que cette structure, qui nous vient des siècles passés, est devenue de plus en plus inadéquate, puisque la France rurale, à laquelle correspondait cette multiplicité, n'existe plus guère ; on essaye donc, en vain, depuis plus d'un demi-siècle, de porter remède à cette situation, sans oser le faire et si on le fait, comme toujours, on agit avec cette lenteur et ces incohérences qui nous caractérisent. Un des initiateurs de ces réformes a été Jean-Pierre Chevènement qui, visant, comme souvent à la « simplification de la coopération intercommunale » a surtout, semble-t-il, respecté la loi constante et  générale de l’incohérence et de l'inefficacité que je viens d’évoquer.
Depuis les années 50, on a accumulé les réformettes en créant d’abord, des « districts urbains » en 1959, puis des « communautés urbaines » en 1966, un autre pas étant franchi avec la « communauté de communes » créée en 1992 (pour les zones rurales et les petites villes) et la « communauté d'agglomération » en 1999. Je vous passe les détails de la progressive et inexorable mise en place de cette vaste mais incohérente usine à gaz !
Et c'est là où intervient la date fatidique du 1er janvier 2014, moment historique  que nous avons vécu sans y prêter suffisamment attention ; cette date mémorable avait été fixée de façon définitive par la réforme des collectivités territoriales de 2010, qui a rendu obligatoire pour les communes l'adhésion à une intercommunalité. Comme tout cela était encore un peu trop simple, on a aussi mis en place de nouvelles formes d'associations, la « métropole » et le « pôle métropolitain ». On ne saurait  être plus incohérent en matière de simplification ; la seule satisfaction que peuvent avoir les « penseurs » de cette réforme tient à une meilleure définition du « périmètre » et une simplification de la « carte intercommunale » qu’il fallait bien finir par établir.
Comme le disait, avec sa prudence et sa précision habituelles, feu Philippe Seguin « la situation de l'intercommunalité est un indéniable succès quantitatif mais la situation n'est pas pleinement satisfaisant sur le plan qualitatif ». Ah qu’en termes galants… ».  Au 1er janvier 2013, on comptait 14. 800 syndicats communaux ce qui est encore beaucoup, même si on se félicite d’une diminution de 3% de ce nombre !
De la logique profonde qui a présidé à ces réformes, je ne citerai que deux points essentiels car, si peu originaux qu’ils soient, ils ont été fixés après mûres réflexions : d’une part, le périmètre d'une communauté doit en effet respecter un principe de « continuité territoriale » (ce qui empêche, hélas, de mettre dans la même communauté, une commune du Pas-de-Calais et une autre des Alpes-Maritimes) , d’autre part, le fait qu’une commune ne peut appartenir qu'à une seule communauté, ce qui paraît aussi relativement logique, même si ce principe n'est pas une puissante originalité.
La principale nouveauté de ce scrutin de mars 2014 est que, comme vous l'avez constaté au premier tour, si toutefois vous avez été dans la minorité d'électeurs qui se sont rendus aux urnes et on regardé le bulletin, vous avez eu en mains la liste des candidats pour le « conseil communautaire », alors qu'auparavant cette liste était mystérieusement concoctée à l'intérieur de chaque commune ; en réalité, cela ne change pas grand-chose puisque cette liste vous est imposée lors du vote et que le panachage est interdit. Vous voyez donc une fois de plus le caractère totalement bidon de ce type de prétendue réforme majeure visant à plus de « démocratie ». « Démocratie mon cul ! » comme dirait Zazie !
Deux points essentiels sur lesquels il faut que vous soyez éclairés ; d'une part, le financement de l’intercommunalité et d'autre part ses compétences. Pour le financement, les communautés de communes sont dotées d'une fiscalité propre qui peut être « additionnelle aux taxes perçues par les communes » (d'où, en clair, une probable augmentation de l'ensemble de ces taxes) ou prendre la forme de la « taxe professionnelle unique » (TPU) dans le cas des communes qui ne la perçoivent plus.
La question des compétences est plus épineuse puisque les collectivités territoriales ont une compétence générale, alors que les communautés possèdent une compétence spécialisée ; les communes se sont donc dessaisies de toute capacité d'intervention dans les domaines de compétence transférées selon le si joli principe de l'exclusivité (en clair chacun son truc). En théorie, les choses sont simples mais en pratique elles le sont bien moins car très souvent une compétence spécialisée a des incidences sur une compétence générale et inversement.
On s'engage dans la voie de cette réforme, alors que, depuis plus de dix ans, dans de multiples études officielles de très nombreuses et sévères critiques ont été formulées à son endroit : soyons bref, là encore. En juillet 2005, rapport d'Hervé Mariton, qui montre que la coopération intercommunale « sera un facteur significatif d'augmentation des taux des impôts locaux en France » ; cette augmentation de la pression fiscale s'accompagne en outre (on le devinait), hélas d'une inflation des personnels administratifs, en raison en particulier du houblonnage des postes entre communes et intercommunalité. Un autre rapport parlementaire, au titre aussi significatif qu’inquiétant,  Le livre noir de l'intercommunalité (septembre 2005), préparé par les députés Beaudouin et Pernezec affirme que cette réforme comprend, outre les doublets dans des  personnels pléthoriques signalés par H. Mariton, une « insécurité juridique » manifeste, la différence entre les compétences communales et intercommunales n'étant jamais clairement définie, comme on vient de le voir. Ces conclusions sont, en gros, les mêmes que celles du rapport, exactement contemporain, de la Cour des Comptes a propos de l'intercommunalité en France (23 novembre 2005) déjà évoqué ci-dessus lui aussi. Pour en faire un tel usage, on aurait pu au moins faire l’économie de ces rapports qui, d’une façon spectaculaire, vont tous dans le même sens (et finissent dans la même poubelle !).
On voit donc que, comme toujours en France, lorsqu'on entend simplifier, dans les meilleures intentions, un ensemble trop lourd et complexe, on en accroit encore les défauts, en se bornant à ajouter une assiette sur la pile, sans songer un instant à retirer, dans le dessous, une ou deux de celles qu’elle est censée remplacer !

jeudi 27 mars 2014

L'art francophone du ricochet pédagogique

En octobre 2012, encore toute récente nouvelle ministre de la Francophonie et sans doute encore peu au fait des réalités du domaine,  Yamina Benguigui avait-fait adopter, en conseil des ministres, un vaste plan d'action pour la francophonie doté de 15 millions d’euros sur trois ans.
Le plus simple est de citer la ministre : « Pour renforcer notre soutien aux systèmes éducatifs des pays en développement [fort heureusement pour nous beaucoup de ces Etats ne sont pas membres de la Francophonie !], je lance le projet intitulé « 100.000 professeurs de français pour l’Afrique ». Ces professeurs seront formés par le biais du réseau culturel français en Afrique [ Je m’interroge sur un tel propos puisque ce réseau ne cesse de se réduire ] et deviendront eux-mêmes formateurs [ !!!!]. Pour financer cette action, la France engage 15 millions d’euros sur 3 ans. Je propose aussi de développer, en lien avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le rayonnement de la francophonie dans le monde et de renforcer nos actions dans le domaine de la gouvernance démocratique, de l’Etat de droit, des droits de l’homme et des libertés fondamentales. On est loin de la Françafrique… [nous sommes en octobre 2012, ce qui explique la remarque finale qui se veut perfide ]».
En somme, rien de très nouveau sous le soleil africain ; on poursuit selon les errements antérieurs et le seul élément saillant est le caractère dérisoire des moyens affectés à ce prétendu projet dont les ambitions, aussi étranges que démesurées («  la gouvernance démocratique, de l’Etat de droit, des droits de l’homme et des libertés fondamentales ») ne sont qu’une simple recherche de connivence ave l’OIF, qui prétend, sans effet visible, intervenir dans ces domaines. Quant à la Françafrique, il faut toute l’innocence juvénile (dans la fonction de Y. Benguigui ) pour oser y faire référence !
Aimable lectrice et cher lecteur sans doute vous interrogez-vous déjà, comme souvent, sur le titre insolite de ce billet, en vous demandant ce que vient faire dans cette affaire « le ricochet pédagogique » ? Je vais d'emblée satisfaire votre légitime curiosité, puisque, au cas où cette information majeure vous aurait échappée,  Monsieur François François Jarraud, dans la rubrique « Expresso » du Café pédagogique, le 21 mars 2014, donc près de deux ans après l’annonce du projet de Madame Benguigui, nous annonce triomphalement que le ministère des affaires étrangères et l'Institut de France « lancent » un grand projet intitulé, lui aussi, « 100 000 profs pour l'Afrique », avec l'intention affirmée grâce à cette action nouvelle, de « consolider la place du français en Afrique » et par là d’assurer « l'avenir de la francophonie ».
Naturellement, vous aurez compris, vu la date choisie,  que cette nouvelle présentée le 20 mars 2014, s’inscrit  dans le cadre de la « Semaine de la Francophonie » qu’on entend célébrer à moindres frais. Vous aurez évidemment compris qu'il y a là une simple resucée du projet 2012 que Madame Benguigui, sans doute actuellement trop occupée par ses affaires financières en Belgique, a sans  doute oublié, à moins qu'elle n’ait simplement repris son discours d'octobre 2012 sur le même sujet. Le Café pédagogique, qui rend compte de ce discours, a semble-t-il lui aussi oublié le projet de 2012 à moins qu’il n’en ait jamais eu connaissance, ce qui n’est pas trop grave puisqu’il n’a jamais eu le moindre commencement réel d’exécution. Le projet pédagogique, lancé d’une main adroite mais sans force, a simplement ricoché sur les eaux du marigot, dans la boue duquel il s’enfoncera très vite, comme tant d’autres avant lui.
Il est clair que le Café pédagogique et son rédacteur en chef, grand amoureux du numérique,  mentionnent surtout ce projet avec l'espoir de voir entrer en faveur  avec lui les projets numériques (naturellement aussi chimérique que le reste) qui accompagnent le projet « 100 000 profs pour l'Afrique ». Tous ces braves gens ne voient pas que le problème n’est pas le numérique, mais l’Afrique !
Je l’ai dit et montré cent fois et je serai donc bref ! Je ne retiendrai de la réflexion de François Jarraud que la formule finale de ce paragraphe sur l'usage d'une « déclinaison de Wikipédia adoptée aux conditions locales » ;  l'auteur ajoute : Wikipédia est « proposé sur clé USB ou sur serveur Wifi permettant ainsi de se passer des connexions Internet fluctuantes ». Il pourrait ajouter «  et surtout fort coûteuse pour la plupart des utilisateurs qui sont hors d’état de se les offrir quand elles existent ». Il ne reste plus en effet aux écoliers africains ou haïtiens (car on mentionne Haïti !) qu'à s'acheter un ordinateur et à prier Dieu, Allah ou les esprits locaux pour qu'il y ait de l'électricité… moyennant quoi naturellement, le numérique triomphera de toutes les difficultés, y compris la formation des enseignants africains. Que ne met-on L. Fabius, Y. Benguigui et F. Jarraud pendant un mois au fin fond du Tchad ou des « mornes » , eux qui ne connaissent de l’Afrique que les salons VIP des aéroports, les Hyatt et les Sheratons !
Je ne retiendrai de ce texte , car je répugne à tirer sur les ambulances et plus encore sur les corbillards, que  l'interrogation finale de François Jarraud qui se demande : « ce projet ambitieux très ambitieux, présenté par pas moins de deux ministres [Foutre !] tiendra-t-il ses promesses ? ».
On commence à comprendre le but poursuivi par F. Jarraud quand on lit la suite : « Les projets sont dirigés par l’Institut français et financés par les affaires étrangères, avec le soutien de l’OIF, du CIEP et de partenaires privés comme TV5monde et la Fondation Orange. L’expertise du CIEP et de la CCI sont des appuis importants ».
Nous y voilà enfin et François Jarraud passe la brosse à relire à tout ce petit monde dont il quémande sans doute l’appui et les moyens ; j’espère qu’on n’a pas oublié d’inviter le « Café pédagogique » au grand colloque (un de plus !) du CIEP qui se tient actuellement en ces lieux, les 27 et 28 mars 2014 ; à lire le programme, on aurait pu assurément en faire l’économie pour augmenter un peu les maigres ressources de ce projet !

Le pire de tout est que ces chimères sur la Francophonie et l’avenir du français se nourrissent désormais, grâce à R. Marcoux et nos amis démographes québécois de l'institut de démo-linguistique de l'université Laval, des données aberrantes mises sur le marché, pour des raisons inavouables ou, en tout cas, inavouées par cette officine.
Très préoccupés, comme tous les Québécois francophones, à juste titre et légitiment (mais ne devraient-ils pas balayer aussi devant leur porte ?), les membres de cet Institut de Laval, récemment créé par un co-financement du Québec et de l’OIF), croient nécessaire (alors que ce n’est qu’absurde) de renvoyer l'ascenseur à l'OIF donc à la Francophonie, en produisant des chiffres mirifiques sur la diffusion et l’avenir du français ; j’hésite à les reproduire ici tant ils sont aberrants. Selon ces données québécoises, reprises naturellement par l’OIF comme par la France, « le nombre des francophones double tous les 25 ans et en 2050 il devrait être plus de 700 millions et environ 600 millions d'Afrique [ce qui, entre nous, n'est pas très aimable pour les francophones d’Europe ou des autres zones du monde dont le nombre tomberait dès lors au-dessous de 100 millions].
Tout cela est évidemment absurde et, en particulier, pour l’Afrique démontre, d »abord et surtout, une totale ignorance des réalités du terrain, travers courant chez les démographes que sont, en fait, R.Marcoux et les siens. Si ces perspectives avaient la moindre validité, je ne vois pas pourquoi il faudrait s'occuper, dans le monde, de la diffusion du français qu'il conviendrait plutôt de modérer. L'article du Café pédagogique manifeste à peine quelques doutes sur ces aspects ; pour ne pas être taxé de travestissement de sa pensée (dans la mesure où on peut appeler ces élucubrations des « pensées »), on lit : « les francophones devraient être plus de 700 millions en 2050… À condition que la transmission du français soit assurée dans des pays où le corps enseignant est vieillissant, qui ont beaucoup d'urgence et peu de ressources humaines ou financières. Laurent Fabius évoque une course de vitesse entre les croissances démographiques éducatives. La France espère que le numérique permettra de la gagner ». Fermez le ban !
Ces propos mériteraient plus attention et surtout de critiques, car ils sont évidemment absurdes ; tout le monde, sans la moindre exception,  constate que la situation de l'enseignement africain ne cesse de se dégrader, quoique la plupart des Etats sacrifient, pour l’école, une portion considérable de leurs budgets nationaux (le quart en général) avec des résultats extrêmement médiocres, pour ne pas dire nul ! Il y a trois ou quatre ans, dans ce même CIEP à Sèvres, on a tenu (déjà) un grand colloque international pour savoir si on ne pouvait pas employer , dans le Sud, des enseignants sans aucune formation ! La course de vitesse entre les croissances démographiques et éducatives qu'évoque Laurent Fabius n’existe que dans les absurdités des démographes québécois qui sont reprises par la France qu’elles arrangent (elles sont même faites pour ça !). Dans cette prétendue course, l'accroissement des populations est déjà sur la ligne d'arrivée voire sous la douche, tandis que l'amélioration du système éducatif n’est même pas encore dans les starting-blocks, faute d’être jamais sortie des vestiaires !
La dernière blague à la mode est le recours aux « langues nationales », (le projet ELAN « Enseignement en Langues Nationales ») que, depuis un demi-siècle, l’immense majorité des Etats d’Afrique se gardent bien d’utiliser quoique, pour la plupart, ils possèdent des dispositions officielles qui permettraient de le faire. En fait, ces Etats, qui ne parviennent même pas à se doter de systèmes éducatifs unilingues, seraient bien incapables, même s’ils le voulaient de les rendre plurilingues ! Or, vu leur histoire et leur mode de formation, ces Etats sont à peu près tous hautement multilingues (de 4 à 400 langues pour schématiser !). Comment choisir parmi ces langues, celles qui seraient celles de l’école et sur lesquelles on devrait faire les immenses investissements indispensables à leur usage éducatif. Des expériences, comme celles du Mali (toujours cité car vu de loin), de la Guinée de Sékou Touré (à la mort duquel le modèle guinéen devient un repoussoir !), de la Côte d’Ivoire (avec le ministre Kipré !) et même de Madagascar (pourtant le cas le plus favorable qu’on puisse imaginer) montrent les immenses risque politiques de telles entreprises qui sont de véritables bombes politiques pour les Etats !

mardi 25 mars 2014

Sarkozy et Berlusconi

Lundi 24 mars 2013, durant l'après-midi, cherchant désespérément un moyen d'échapper aux inévitables et sempiternelles considérations, répugnantes à souhait, indéfiniment répétées sur tous nos médias, à propos du premier tour des élections municipales, je me suis réfugié par hasard sur la Chaîne parlementaire où j'ai eu la chance de tomber sur un documentaire consacré à Silvio Berlusconi que j'ai regardé avec beaucoup d'intérêt jusqu'à son terme, avec même de ma part, à certains moments, une sorte de fascination.
Renseignements pris (après !), ce film documentaire de 52 minutes d’Anne Véron et Gadh Charbit date de 2013 ; il n’est donc pas possible qu'il ait été inspiré à ses auteurs par un parallèle, pourtant tentant, entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi, puisque la chute du premier était encore trop récente et les scandales non révélés et que celle du second n'avait même pas encore eu lieu. C. Bartolone, il y quelques jours, dans une prétérition récente, dont on comprend mal la prudence (solidarité transalpine ?), n’a même pas osé s’y risquer et mettre notre ex-Président aux côtés de S. Berlusconi qui, à ses yeux, étrangement myopes pour le coup, serait le seul et unique chef de gouvernement (ou d’Etat) à avoir osé tenter d’influencer la justice ! MDR !
Il est difficile désormais, au vu des dernières affaires, de ne pas faire un tel rapprochement, mais sans doute pas pour les raisons qu’on pourrait imaginer, comme on va le voir.
Un mot du projet tel que l’évoquait le Monde dans sa présentation du documentaire en cause, dont je n’ai vu que la rediffusion, le 24 mars 2014 à 17 heures 15 sur LCP, : « Pour tenter de comprendrecomment l'Italie était tombée si bas, les deux auteurs sont allés à la rencontre des proches collaborateurs de Silvio Berlusconi, de journalistes, politologues et intellectuels italiens. Le constat est accablant. Seuls les proches du Cavaliere, comme Marcello Dell'Utri, son homme de confiance depuis l'université, et poursuivi par lajustice à de nombreuses reprises pour ses liens supposés avec la Mafia, louent encore sa démarche politique. En contrechamp, on retiendra le témoignage de Carlo Freccero, qui aida, à ses débuts, Silvio Berlusconi à monter son empire médiatique avant de lecombattre, et celui de Vittorio Sgarbi, critique d'art, écrivain et polémiste, qui, dans un langage direct [ c’est le moins qu’on puisse dire vu ses obsessions sodomites ], analyse les dérives inquiétantes de la société italienne ».
Je ne suis évidemment pas le premier à faire le rapprochement entre ces deux hommes politiques ; à leur propos, je devrais plutôt dire « politiciens », puisque je suis l’un des rares Français à faire la différence entre « hommes politiques », terme que je juge purement dénotatif, et « politiciens » mot qui, dans notre langue, est clairement péjoratif ; cette évolution sémantique tient sans doute à la raréfaction de la seconde espèce et à la prolifération de la première, celle des « hommes d’Etat » ayant totalement disparu.
La vue de ce film m'a proprement fasciné en raison des rapprochements évidents qu'on peut y faire. Ce rapprochement, je le dis d’emblée, ne porte en  rien sur le fond des choses. Berlusconi et Sarkozy sont des politiciens ; ils ne sont donc ni l'un ni l'autre d'une rigueur et d'une honnêteté moyennes et ils ont tous les deux aux fesses (celles de Silvio étant « molles » aux dires expérimentaux de ses partenaires de « bounga-bounga ») quelques casseroles ; la batterie de cuisine de Silvio Berlusconi, qui a été condamné en tout à des années  de prison sans en faire jamais un seul  jour et dont on soupçonne que la fortune vient initialement, pour Milano 2,  de la mafia est bien plus impressionnante que celle de notre Nicolas où ne tintinnabulent que quelques marmites sans grande importance comme l'achat de son appartement et l’apparition fugace de quelques valises libyennes)
Toutefois ce sont des détails, tout à fait autres de ce film, en apparence insignifiants qui m'ont intéressé et ont suscité ce billet.
Le premier est l'utilisation massive de l'image dans une carrière politique. La paternité de cette démarche est évidemment à porter au compte de Berlusconi, dont la stratégie de communication a été en réalité conçue, pour « Forza Italia », par Carlo Freccero, très présent dans le film. Berlusconi se contentait pas, lui,  de se faire photographier au Fouquet's (ce qui n'a pas constitué la plus habile des manoeuvres de notre Nicolas), d’aller au Parc des Princes, de fréquenter les actrices, de flatter la croupe de Madame Merkel (ce qui n'est pas un privilège des plus enviables) ou de tenir la taille de B. Obama (à défaut de pouvoir, même sur la pointe des pieds, le saisir les épaules).
Je savais déjà depuis longtemps comment Berlusconi avait peuplé ses chaînes de télévision italiennes de jeunes et accortes blondasses dénudées aux poitrines inévitablement généreuses. Cela lui a certes permis une carrière politique rapide mais, sur le plan culturel, a involontairement  constitué, sans bourse délier pour l’Etat italien, un formidable moyen de diffusion de sa langue !  De l'Albanie à la Tunisie, toutes les télévisions nationales  étrangères, dans les zones périphériques de l’Italie, ont été, en raison de leur pudibonderie et de l’absence de blondes opulentes tous seins au vent, abandonnées au profit des chaînes italiennes, ce qui a entraîné, de facto et in vivo(comme dirait l’autre !) une promotion fulgurante de la langue italienne dans ces pays. On ne saurait faire grief au lobby gay, tout puissant au Quai d’Orsay, de ne pas avoir vu venir le coup ; en tout cas, cette évolution radicale s’est faite, en particulier, au détriment notre pauvre langue française, dont les Instituts Victor Hugo et les « docu-cumentaires » culturels ne faisaient assurément pas le poids face aux appâts lollobrigidesques des télés berlusconiennes.
Ce film m’a permis de découvrir, car la France en a été privée, l'histoire richement illustrée de la publicité politique berlusconienne ; elle jouait exclusivement, sans cesse et sans vergogne, sur tous les registres de la sensibilité transalpine, depuis les jeunes mères de famille, tous seins dehors,  traînant leur marmaille derrière elle jusqu’aux chœurs de jeunes beautés, exposant elles aussi leur appas prometteurs et poussant leurs chansonnettes, toujours à la gloire exclusive de Silvio et dans le même appareil. Il est amusant de constater que, dans ces films, on ne voit pas, à ma connaissance (modeste il est vrai)) une seule binette masculine ! Non seulement Berlu les veut toutes, mais en plus, en dépit de ses fesses molles, il veut l’exclusivité.
Deuxième remarque, tout aussi secondaire.
Il tient aux rôles des images, plus ou moins volées comme on va le voir, et des enregistrements faits, non pas par une fourbe Buissonne mais par la justice et la police !
Ce rapprochement permet de ne pas soupçonner les auteurs et la Chaîne parlementaire d'entrer dans le prétendu complot anti-Sarkozy, en faisant passer ce film à la télé française à des moments où précisément notre ex-Président est sur la sellette pour des affaires du même acabit.
Ce film nous a permis de découvrir non seulement les photos volées au cours de parties fines où Silvio, sûr de l’impunité, comme on a pu le voir, qui ne prenait même pas la peine de retirer à ces « escorts girls » invitées leurs téléphones portables qu'elles ne pouvaient pas cacher dans leur culotte, les pauvres, puisque, pour la plupart, elles n’en portaient pas, mais aussi les enregistrements des conversations téléphoniques de Silvio Berlusconi qui, alors même qu'il est encore Président du Conseil, est écouté par les méchants juges et les féroces policiers. L’Italie n’est pas la France à cet égard, comme l’avait déjà montré bien avant l’exemplaire affaire « Mani pulite », totalement impensable chez nous !
Conversation avec son avocat ou sa cousine, les écoutes dont a fait l'objet de notre ex-Président n’ont eu lieu, et ce point est capital, qu’après sa sortie de charge et ne concernent donc concernent donc qu’un citoyen lambda ! En revanche, Silvio Berlusconi, à l'époque des écoutes citées, est encore en fonction comme Président du Conseil donc comme Premier Ministre ! Forza Italia !
Nous avons eu de ce fait la chance d'écouter des conversations avec les participantes de ces « bounga bounga »  dans lesquelles, il faut bien le dire, les considérations politiques et/ou judiciaires ne tenaient qu'une très faible place, ce qui les rend au fond plus innocentes que celles de notre ex-Président et surtout de son ami Buisson ou, pire encore, que celles de son avocat sur les « bâtards de Bordeaux » et les « fuites ». En effet, il était beaucoup plus question de bisous et de jambes en l’air que d'informations relevant du secret de l'instruction ou de la politique. En revanche, la prostitution n’étant pas interdite en Italie sauf s’il s’agit de mineures, l’âge des participantes et la vénalité de leurs prestations étaient des informations de la plus haute importance sur le plan judiciaire.
Tous ces détails sont donc au cœur du Rubygate. Un des moments les plus délicieux du film tient à l'intervention de Berlusconi, en personne alors qu’il est encore Président du Conseil, téléphonant au commissariat où se trouve Ruby qui, sans papiers, a été arrêtée pour vol ! Il exige sa libération immédiate affirmant sans rire, qu’elle est la nièce du président égyptien ! Sur le plan du culot, Silvio laisse assurément très loin derrière lui notre pauvre Nicolas !
Un dernier aspect qui ne concerne, cette fois et pour le moment au moins que Silvio Berlusconi, est l'évolution de la chevelure de Berlusconi comme ses artifices chirurgicaux durant la trentaine d'années où l’on peut suivre les évolutions de sa physionomie. Il est dommage que Monsieur et Madame Cahuzac n'aient pas été sollicités en la matière par le Cavaliere. Il ne fait pas de doute qu'ils auraient réglé avec plus d'efficacité et de constance ses problèmes esthétiques, en particulier capillaires car, au cours ce film, où il apparaît une trentaine d’années durant, si on ne voit pas ses fesses se ramollir, on le voit, en revanche,  se déplumer, se remplumer, avant de se déplumer à nouveau pour se reremplumer ensuite. Que n’a-t-il d’emblée opté pour la moumoute ?
L'Italie est certes toujours le pays de la mafia et du 95 D, mais elle n'est assurément pas encore celui de la restauration capillaire ! Quant à Bart(h)olone qui nous disait : "Le seul responsable européen qui a essayé de faire pression sur la justice de son pays, c'est Berlusconi" peut-être devra-t-il revoir sa copie !

samedi 22 mars 2014

L'islam russe (n° 1)


L'islam ne tient qu’une place modeste dans l’affaire de Crimée et l’on ignore que le khanat de Crimée appartint, en droit et/ou en fait, durant trois siècles à l’Empire ottoman. Il n’en est pas tout à fait de même, si l’on resitue les problèmes actuels dans l'ensemble disparate que constitue la Russie qui est plus un empire qu’un Etat.
En Crimée même, les Musulmans représentent peu de chose puisque les Tatars ne constituent que 12 % de la population totale et ne sont, de toute façon, descendants des Tatars d’origine. Cette population tatare n’est revenue en Crimée que, après la mort de Staline, longtemps après la Seconde Guerre Mondiale, dont le souvenir est loin d’être oublié ; en effet, Staline, leur faisant grief de leur complicité avec Hitler lors de l'invasion allemande, avait totalement vidé la Crimée de ses Tatars, cet exil entraînant la mort de la majorité de ses victimes. Si l’on oublie les liens de la Crimée avec l'empire ottoman (nous y reviendrons car la question est d’importance), l'islam russe pose bien des questions originales qu'il faudra bien poser et se résoudre à examiner à un moment ou à un autre.
Les problèmes sont si complexes et les données si incertaines qu'on ne peut envisager de ne leur consacrer qu’un seul de ces modestes billets ; dans celui-ci, le premier,  il me paraît logique de s'attaquer surtout aux problèmes de population et de démographie ; ils sont essentiels et sont d'autant plus difficiles à considérer que les chiffres, pourtant décisifs sont incertains et que leur variations ne sont pas, en général, sans visées idéologiques et politiques latentes.
Pour ce qui concerne l'ensemble de la population russe  (Crimée non comprise !), la CIA, comme toujours, est extrêmement précise ; elle estime pour juillet 2013 la population russe à 142.500.482 (on ne saurait être plus précis) ! Quoiqu'on l'ignore souvent, sauf pour des zones précises identifiées comme telles ( les sept Républiques musulmanes) car les Musulmans y sont plus ou moins majoritaires (en République d’Adygué toutefois, les Russes sont majoritaires), comme l'Asie Centrale et le Caucase, les Musulmans forment une portion importante de la population russe. La CIA compte 10 à 15% de Musulmans, tandis que d’autres sources, un peu plus précises, en mentionnent de 13 à 14 % soit 19 à 22 millions d’individus. D'autres sources actuelles indiquent des chiffres plus élevés, certains allant jusqu'à 25 % de la population russe totale, ce qui conduirait à y compter de 30 à 40 millions de Musulmans. Ces décomptes, fondés sur des déclarations d’appartenance religieuse sont donc peu fiables, ceux de la CIA se prononçant, à cet égard, sur moins de 60 % de la population totale dans un pays où la religion a été regardée et traitée des décennies durant comme l’opium du peuple.
Si l'on se réfère aux données des recensements, celui de 2002 indique la présence de 16,64 millions de Musulmans en Russie, soit un peu moins de 10 % de la population du pays à cette date.
Pour l’avenir, selon le Pew Research Center, un « think tank » américain, en 2030, on devrait arriver à 18,6 millions de Musulmans, soit 12% d’une population totale de 150 millions. Toutefois ces calculs reposent sur une base, elle-même incertaine, qui est évidemment le taux de croissance de cette partie de la  population.
Jusque dans les années 80, on estimait que les femmes musulmanes ayant beaucoup plus d'enfants que les orthodoxes ; la population musulmane devait donc croître dans des proportions très fortes ; on estimait, de ce fait, que, d'une certaine façon, l'avenir appartenait aux Musulmans. Il en est toutefois autrement dans les dernières décennies, en raison à la fois de l'élévation d'une partie de la communauté musulmane dans l'échelle sociale, grâce à des formations universitaires et des parcours professionnels réussis comme du fait de la dispersion géographique d'une partie de ces populations qui émigre vers les grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg et, enfin, de la tendance naturelle dans les communautés musulmanes à une forme de limitation des naissances.
En dépit de la variation du détail des données démographiques, il est clair que cette communauté musulmane ne pourra que jouer un rôle important, sinon déterminant, dans l'évolution de la Russie. Il en résulte que la situation actuelle et les évolutions qu’elle engendre comme celles qu’elle pourra susciter est particulièrement importante pour l'avenir de cet Etat. Comme l’écrit Daniel Pipes : « Ce que les Musulmans font a une importance primordiale pour l'URSS car, en collaboration avec les Russes et les Ukrainiens, ils sont l'un des trois seuls peuples qui détermineront l'avenir de ce pays. S'ils suivent leur propre chemin, un pilier majeur de la puissance soviétique s'effondrera ».
On comprend donc l'importance capitale pour l'avenir de la Russie de la crise actuelle ; si elle ne semble concerner, dans l’immédiat, que la seule Ukraine, elle risque d’avoir des répercussions très fortes, loin de là, dans les républiques musulmanes russes qui sont, comme le dit D. Pipes, le troisième pilier de la puissance de la Russie ; même si on nous parle déjà des Etats baltes (Hollande veut y envoyer des avions !), les Républiques musulmanes seront le prochain chapitre de l’histoire russe que devra écrire Poutine, qu’il le veuille ou non, et ce n’est pas celle de la Crimée ni de la Transnistrie !

La situation actuelle devrait ans doute donner des inquiétudes, voire des craintes et des insomnies à B. Obama, car s'il est évident que, dans le passé, la politique américaine, toute simple, a été de contribuer à affaiblir l'Union soviétique puis la Russie, en encourageant, plus ou moins discrètement, les mouvements d'autonomie musulmane, avec des résultats divers et variés (de la promotion d’un Ben Laden aux émissions en ouzbek de la Voix de l’Amérique).

La montée de l'islamisme et le 11 septembre ont fait que cette arme politique est clairement devenue à double (voir à triple) tranchant et que voir une partie de la Russie se changer en califat n'arrangerait sans doute pas les affaires des États-Unis et le succès de la lutte antiterroriste.

vendredi 21 mars 2014

Le Fregoli de la Cinquième
Les « bâtards de Bordeaux » ne sont pas si méchants que ça avec notre ancien et aspirant futur-président ; lors du fameux non-lieu Bettencourt, comme je l'ai rappelé, on a fort opportunément oublié et sans que ce détail attire la moindre attention, que N. Sarkozy avait clairement affirmé, à je ne sais quel moment de l'affaire, qu'il n’était allé qu’une seule fois rendre visite à Mamie Zinzin, contre les témoignages des domestiques  que confirmaient des photos le faisant apparaître, en cette circonstance, dans différents costumes. C’est ce qui m'avait conduit à le baptiser, de façon sans doute un peu étrange pour bon nombre de lecteurs, le Fregoli de l’Oréal. Pour mettre un terme à l'incompréhension qui semblait s'être attachée à cette métaphore, je signale aux honorables lecteurs de ce blog que Leopoldo Fregoli, né le 2 juillet 1867 à Rome et mort le 26 novembre 1936 à Viareggio, est un acteur italien, ventriloque et musicien, réputé surtout pour ses multiples changements de costumes très rapides, qui ont d'ailleurs conduit son patronyme à devenir, pour certains dont je suis, un nom commun soulignant ce talent particulier.
Nicolas Sarkozy restera peut-être dans l'histoire de France comme le Fregoli de la Cinquième (c’est de la République, évidemment que je parle) et cela d’autant qu’au transformisme illustré lors de sa visite à Madame Bettencourt (loin de moi l’idée impie de contester une décision de justice), il a ajouté à sa panoplie fregolienne quelques transformations plus ou moins réussies .
Ainsi, celle de sportif accompli sur son vélo ou en jogging (fût-ce au prix d'un malaise vagal bien explicable, quand on est plus habitué aux places arrière des berlines de luxe qu’aux parcours sportifs) sans compter celle, plus hardie et risquée encore (quand on fait un mètre soixante sans les talons) de rouleur de mécaniques en  invitant « à descendre » s’ils l’osent, un musculeux ouvrier ou un robuste pêcheur au verbe un peu décapant tenus à bonne distance par le service d’ordre !
Cet épisode héroïco-comique m’a fait pensé d’emblée et souvent dans la suite a l’altercation entre Voltaire et le Chevalier de Rohan qui valut au premier un séjour à la Bastille (Monsieur Nicolas s’est montré plus magnanime) et une rossée dont Voltaire a laissé une brève, mais savoureuse évocation : « Je fus assassiné par le brave chevalier de Rohan assisté de six coupe-jarrets derrière lesquels il était hardiment posté ». Notre Président,  qui avait au moins le double ou le triple de gardes du corps, risquait encore moins à que Monsieur de Rohan à fanfaronner ainsi!
Délaissant, le rôle de Calimero qu'il avait tenu jusqu'à présent, face au complot quasi universel des socialistes et des magistrats (nos services spéciaux ont fort opportunément, dit-on, empêché Khadafi de se joindre aux comploteurs avec quelques biscuits à l’appui !), voilà notre Nicolas qui manie désormais le fouet de la satire et se prend pour l’Horace de Neuilly et le Juvénal du Cap Nègre réunis (vous avez de très peu échappé à Archiloque, mais à l’UMP on aurait cru à une injure) !). Peu habitué à ces tâches obscures de plumitifs , notre héros a, de toute évidence, eu recours à quelques nègres pour rédiger sa « riposte », parue dans le Figaro, provoquant sans doute, une fois de plus, quelques soubresauts du pauvre barbier de Séville qui ne pouvait guère prévoir dans quel caniveau éditorial sa si belle définition de la censure finirait un jour ! Sans grand mérite, je crois reconnaître, dans l'allusion au film « La vie des autres », la plume, pas toujours heureuse (cf. le discours de Dakar) de son nègre d’antan car, même s'il a quelque peu évolué et même lu (paraît-il) depuis son mariage avec Carla, Nicolas a plutôt tendance, comme l'autre, à sortir son revolver quand il entend le mot « culture » (on se souvient de l’affaire de la Princesse de Clèves !).
Monsieur Guaino  était d'ailleurs, en première ligne ce matin, et l'identité totale de sa défense, y compris l’allusion au film (qui a tout de même près de dix ans et n’a pas eu le succès des « Ch’tis »), avec le texte de l'ex-président confirme cette hypothèse.
Le fonds ne valait pas mieux que la forme. L'accumulation des accusations est donnée comme une preuve irréfutable de leur inanité comme du complot, alors qu'on oublie simplement de dire que si ces affaires se sont accumulées ainsi, des années durant, c'est moins par la malignité des magistrats que par l’impossibilité d'agir plus tôt, le personnage central et commun de toutes les affaires étant protégé par son statut présidentiel.
Voir Nicolas Sarkozy et ses partisans présenter sans rire le précédent gouvernement comme s'étant abstenu, avec la plus grande rigueur et un farouche républicanisme, de toute intervention dans les milieux de la justice, a quelque chose de comique, quand on sait, comme tout le monde, que tous les régimes, de droite comme de gauche, ont, tous et toujours, pratiqué l’interventionnisme.
Toutefois, dans le cas de Sarkozy, ce discours  a quelque chose de profondément hilarant, quand on se souvient des propos tenus par Messieurs Buisson et Goudart, enregistrés en douce par Buisson lui-même au retour d’un repas pris avec e couple présidentiel à la Lanterne, ce qui empêche d'imaginer un subterfuge. Ils ont tressé là une corde pour les pendre ! On se souvient que le Garde des sceaux de l'époque, Michel Mercier qui n'était pas un interlocuteur assez docile et un empêcheur assez fort d'absoudre en rond a fait les frais de conversation, parfaitement claire. P. Buisson regrettait de ne pas avoir eu la tête de Mercier et l’échange était le suivant sur les raisons de l’exclure du gouvernement : -- M. Goudart : « Parce qu'il est trop gentil avec les magistrats ? ».  -- M. Buisson : « Non, mais il est totalement calamiteux ». 

En faut-il davantage ?