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jeudi 28 février 2013

L'école 2013 (N°13). Retour en arrière : des réformes éducatives et du bac en particulier (mon blog du 6 mars 2008).


J’ai déjà effleuré ce sujet, en montrant que les réformes éducatives s’étaient, depuis trente ans, inscrites dans une constante logique qui veut que, dans l’éducation nationale, quand on prétend alléger la barque des programmes, on finit toujours par la charger davantage.

Xavier Darcos, souhaite, non sans prudence et sens politique, reporter la réforme des lycées et donc du bac, au-delà des échéances électorales prochaines. Ce n’est pas François Fillon, contraint en 2005,comme ministre, de retirer précipitamment son projet, qui le lui reprochera ! Par ailleurs, une commission sénatoriale, médite sur le sujet. Nul doute qu’on va finir par illustrer, une fois encore, le principe constant ci-dessus évoqué.

Il est pourtant clair, pour tout esprit un peu raisonnable, que la mesure la plus simple, la plus efficace et la plus économique serait la suppression pure et simple du baccalauréat lui-même.


Le bac, « l’examen le plus élaboré du monde » (des crétins s'en vantent!), par le nombre des candidats, des filières et des épreuves, est le fleuron de notre patrimoine éducatif, dont on se prépare sans doute, bien au contraire, à fêter le bicentenaire et dont on envisage peut-être même de demander l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cet examen « national » fait perdre un mois de classe à un grand nombre d’élèves qu'il ne concerne pourtant en rien, car nombre d’établissements comme d’enseignants sont mobilisés à cette fin ; il coûte cher (on ne sait même pas combien!) sans servir à grand chose, puisque, si l’on prend en compte ceux qui le passent plusieurs fois, la quasi-totalité des candidats finit par l’obtenir, pour peu qu’on ne se laisse pas rebuter par un ou deux échecs.

Comme cet examen est le premier grade de l’enseignement supérieur, il donne un accès direct à l’université, sauf pour un certain nombre de filières qui ont subrepticement mis en place des formes diverses de sélection.


A ce propos, il est totalement absurde de prétendre, comme je l’ai lu, que les professeurs d’universités devraient « s’investir davantage dans les jurys ». Tous les jurys de bac. sont obligatoirement tous présidés par des enseignants du supérieur, même si ces derniers ne s’acquittent pas toujours dans l’allégresse de ce devoir, qui fait pourtant partie de leurs obligations statutaires et auquel ils ne peuvent se dérober.

L’argument sur l’objectivité et la garantie qu’offrirait le caractère national du bac ne tient guère, car les jurys, pour l’admission directe comme pour l’accès à l’oral de rattrapage, se fondent largement sur les notes et les appréciations de l’année figurant dans les livrets scolaires, sans même parler ici des pressions rectorales sur les jurys. Pour les pré-inscriptions dans les classes préparatoires aux grandes écoles, qui drainent la crème des bacheliers, ce sont d'ailleurs ces notes et évaluations qui jouent le rôle décisif, au stade préalable du moins.

L’année de terminale étant considérée comme très lourde et le nombre des épreuves trop important, des esprits ingénieux et novateurs se demandent si l’on ne pouvait pas scinder ce bac en deux épreuves, sur deux ans, avec, par exemple, en fin de la classe de première, une forme de « probation » de plusieurs matières de cette classe et, de ce fait, l'année suivante, un examen réduit à celles de la seule classe terminale.

Nous retrouverions ainsi un autre grand principe français des réformes en matière éducative qui consiste, à quelques décennies d’intervalle, a réinventer ce qu’on avait supprimé auparavant. Ne pourrait-on pas dès lors imaginer de créer un baccalauréat en deux « parties », où seuls les candidats ayant réussi à la première partie « probatoire » seraient admis à se présenter à la seconde ?.


C’est bizarre, mais ça me rappelle quelque chose ! Pas vous ?

Autre avantage pour les commémorations. Tout en célébrant en 2008 le bicentenaire du baccalauréat, on pourrait fêter, en même temps, vingt-cinq ans plus tard, le retour du baccalauréat en deux parties qu’on a supprimé en 1963 et qu'on est en train de recréer, en douce, en ajoutant peu à peu d'autres épreuves au bac dit "de français".

mercredi 27 février 2013

L'école 2013 (N 12 ). Les mystères de l'Education Nationale : les rythmes scolaires ou "Faire et défaire c'est toujours travailler!" (mon blog du 5 septembre 2008)


Il y a des « marronniers » dans l’éducation nationale, comme dans la presse hebdomadaire. Parmi les plus réguliers et les plus appréciés : les rythmes scolaires surtout et le ratio enseignants-élèves.

Le premier, un peu tombé en désuétude, va sans doute redevenir d’actualité avec la semaine de quatre jours et le soutien scolaire [ Souvenez-vous, un instant, que ce texte date de septembre 2008 et non de 2013!] . Rassurez-vous, le nouveau système est aussi inepte que les précédents.

La France est le pays où il y a le moins de jours de classe (en plus, on oublie de dire que, pour le secondaire, le sacro-saint bac fait perdre un mois de classe, coûte une fortune et ne sert plus à rien), le plus grand nombre d’heures de cours, les programmes les plus ambitieux et les résultats les plus mauvais ! Sur ce dernier point, j’exagère un peu, mais à peine ; nous sommes dans les médiocres, bien loin derrière les inamovibles Finlandais, dont je n’ai jamais constaté d’ailleurs qu’ils brillassent en quoi que ce soit, excepté le lancer du javelot, qui est sans grand rapport avec les acquis scolaires fondamentaux.

Inévitablement caser tous les cours, en y ajoutant les soutiens scolaires sur quatre jours va encore accroître la fatigue des élèves et donc, à terme, réduire ou compromettre encore les acquisitions. En outre, on veut rendre tous les élèves « bilingues » (dixit Darcos!) et on leur fait faire de l'anglais (il faut voir comme !) ; à Aix-en-Provence , on essaye sournoisement, en outre, de rendre le provençal obligatoire . On en fait faire en primaire, alors que, pour ce qui me concerne, en trente ans de séjour, je n’ai jamais entendu un seul mot de provençal à Aix ou à Marseille ; il faut bien céder à la démagogie ambiante et éventuellement employer les "capessiens" de provençal/occitan !

On ne peut songer naturellement à étaler logiquement sur cinq jours, en réduisant le volume horaire quotidien. On doit le mercredi au catéchisme et y toucher mettrait la France catholique dans la rue. Quant au week-end, arraché de haute lutte par les marchands de tous poils et de toutes obédiences, on compte sur lui pour relancer la consommation, unique objectif du gouvernement.

Passons au ratio enseignants-élèves ; j’ai entendu hier encore Xavier Darcos dire qu’il y a en France un enseignant pour onze élèves. D’un autre côté, les syndicats et bien des parents parlent de classes de collège où les élèves sont 30, voire 35. Naguère encore, à ce niveau, on dédoublait ces classes dès 25 élèves ! Qui ment ?

Tout le monde et personne sans doute !
 
Allègre avait déjà dit ça, ce qui fait que les ministres, de gauche ou de droite, se rejoignent sur le même constat. Ce ratio de un pour onze est, sans doute vrai, dans la globalité des données ; le problème est posé par la répartition des élèves dans les classes où la folle et anarchique multiplication des options complique et alourdit tout (savez-vous qu’il y a dans la région de Biarritz un bac option surf ? Il doit y avoir, en Finlande, une option javelot !), mais surtout par la foule des enseignants planqués hors des classes dans cent niches extra-pédagogiques, pas seulement par le biais des décharges syndicales, mais, aussi et surtout, par le nombre considérable de tous ceux qui se sont trouvé un havre de paix, bien paisible, loin des élèves, dans toutes sortes d’organisations qui relèvent ou ont relevé, plus ou moins directement, du monde des « pédagos » : MGEN, MAIF, CAMIF, missions académiques et /ou rectorales, CASDEN, FOL, UFOLEP, etc…Je dis sûrement une ou deux bêtises de détail dans cet inventaire impromptu et on va me tomber dessus. Ce n’est peut-être pas de bonne guerre vet je le déconseille, car je risque alors de me mettre à fouiller sérieusement le dossier!

Pour finir ... une des plus belles illustrations de la gestion délirante de notre éducation nationale.

Tout le monde sait qu’il y a en France environ 250 professeurs d’allemand qui n’ont pas d’élèves dans cette discipline. Croyez-vous qu’on cesse pour autant d’en recruter ? Que nenni ! En 2008, on a mis 106 postes au concours du CAPES d’allemand ! Pour les langues régionales, dont l’enseignement est un fiasco total ou à peu près, 15 postes sont au concours, alors que, tenez-vous bien, il n'y a que 12 postes pour le chinois et 2 pour le russe !

Aux fous !

mardi 26 février 2013

L'école 2013.(N° 11) Retour en arrière mais petit saut en avant (en 2010 avec mon blog du 12 mars 2010) : Meirieu est arrivé (sur l'air de "Zorro est arrivé"


 Louons le Seigneur, mes frères et mes sœurs ! Meirieu est arrivé et notre route va être désormais semée de roses et de lis !

La fin des IUFM n’a pas eu que des inconvénients, puisqu’elle a conduit Philippe Meirieu à se rendre enfin disponible pour le salut politique de la France ; en effet, il conduit désormais, aux élections régionales, contre toute attente, la liste Europe-Ecologie en Rhône-Alpes ; le PS n’a pas su se gagner et surtout conserver ses inestimables services, faute de lui proposer la place de J.J. Queyranne; ce dernier n'a qu’à bien se tenir, car l’ex-charlatan des sciences de l'éduc. a commencé à lui tailler des croupières ; il n’y a pas loin de la rue de Grenelle à la rue de Solférino et ce chemin lui est familier !

Je ne veux pas reprendre ici les post que j’ai déjà faits et où j’ai évoqué longuement la figure, magistrale et tutélaire, de Philippe Meirieu.

Je dois dire toutefois que je suis très inquiet, car dans le blog sanglant sur Meirieu paru dans Marianne2 (sur internet) du 7 mars 2009 et dont je vous recommande la lecture, sur la photo qui accompagne l’article, Meirieu porte moustache ! Ce point est capital, car Meirieu, outre ses affaires commercialo-pédagogiques, gère avec le plus grand soin son image.

Je ne vais pas vous refaire le coup de la sémiologie de la figure et des attitudes de Meirieu. Je l’ai déjà fait. Force est de lui reconnaître le mérite majeur d’avoir fait, sur l’autel de l’écologie rhônalpine, le douloureux sacrifice de sa moustache blanche (garantie d’origine et de style) qui complétait si heureusement sa binette de pédago sur le retour (chevelure et moustache de la même farine, lunettes intellectuelles et regard perdu en direction de la ligne bleue de l’éducation, qui se perd, de plus en plus, dans les nuages comme vous l’aurez toutes et tous constaté).

Meirieu est l’homme qui a ouvert en France la route glorieuse des sciences de l’éducation ; si elle a conduit notre école là où elle est actuellement, elle a permis, en revanche, à Meirieu de faire sa carrière universitaire personnelle, tout en montant un fructueux commerce de publications et de produits dérivés en tous genres. Le filon étant quelque peu épuisé, car le pédagogisme a fait son temps, et l’âge de la retraite de ce fonctionnaire arrivant inexorablement pour lui (on ne peut rester, quel que soit son désir, au delà de 68 ans), Meirieu est désormais enfin disponible pour la politique. Il va donc nous créer, après les sciences de l’éducation, les sciences de la politique !

Je l’ai entendu par hasard ce matin, 10 mars 2010, sur France-Infos me semble-t-il. Le problème pour lui est que, si son discours éducatif était parfaitement rodé après trente ans d’usage (et cela d’autant qu’il n’était qu’une simple resucée servile des théories nord-américaines en la matière), son argumentaire écolo-politique est pour le moins indigent.

J’ai rappelé, dans mon précédent post (dont j’ai donné la référence et qu’il faut lire car je ne puis en reprendre ici tous les termes) que sa première mesure pratique majeure concerne la sauvegarde et la promotion des moulins à café de nos grand’mères. Ce matin, j’ai noté, en complément au précédent, son principe majeur en matière de réflexion politique.

Il propose, en effet, de faire d’Europe-Ecologie la pierre angulaire de la future politique française ; elle ne devra plus consister dans le jeu de deux partis (UMP et PS) dont chacun « attend d’être dans l’opposition pour se préparer à revenir au pouvoir ». Je vous jure que c’est vrai. Pour rester dans la chanson, après Henri Salvador (« Zorro est arrivé… »), Jacques Dutronc (PS versus UMP, vous n’y pensez pas ! « Et moi ! Et moi et moi …! »)

Trop occupé par ses affaires pédagogiques dans les dernières décennies, Meirieu n’a jamais entendu parler de Bayrou et de son MoDem. Il faudrait que quelqu’un se décide enfin à lui en parler !

lundi 25 février 2013

Ecole 2013 ( N°10). Suite du précédent. Philippe Meirieu : du pédagogisme à l’écologie ! (Blog du 13 février 2010).


Soyons justes. On ne peut reprocher à Philippe Meirieu de ne pas savoir gérer, surtout s’il s’agit de sa carrière, de son business éditorial et audio-visuel personnel et, tout récemment, de sa carrière politique. Pour l’école, c’est une toute autre affaire, même s’il nous joue maintenant le gars qui est monté un jour, par hasard, au 110 de la rue de Grenelle parce qu’il y avait vu de la lumière.

C’est la gauche avec Lionel Jospin comme ministre de l’Education nationale (et Claude Allègre comme conseiller spécial et ministre de fait), puis Allègre lui-même comme ministre qui ont fait de Philippe Meirieu, des années durant, le gourou de l’école de France :


- artisan de la création des IUFM (ce qui montre son aveuglement réformateur, puisqu’on les a supprimés sans susciter de regret vingt ans après, mais sa bonne vision de son avenir, puisqu’il s’est récupéré lui-même à la direction de celui de Lyon, avant de gagner, grâce à l’intégration universitaire des IUFM, son ticket d’entrée à Lyon 2.

- père spirituel du « collège unique » désormais jugé désastreux,

- apôtre de la pédagogie par « objectifs », simple démarcage de théories nord-américaines, comme le sont, plus généralement, les prétendues sciences de l’éducation.

Président du Comité d’organisation de la réforme des lycées, directeur de l’INRDP (1998-2000), puis directeur de l’IUFM de Lyon (2001- mars 2006), il a une activité plus importante encore dans la promotion de ses ouvrages (tournées VRP de conférences organisées par ses éditeurs ! Directeur de collection chez ESF, etc.) et/ou des produits dérivés. Pour couronner le tout, reconversion dans l’écologie et le développement durable, avec comme cheval de bataille, on vient de le voir, la sauvegarde des moulins à café de nos grands-mères, économes en énergie et occasion d'un salutaire exercice physique quotidien!

Son site comportait une rubrique inattendue « Films et documents audio-visuels », devenue dans une version plus récente « Films et documents vidéo »; on y trouvait l’évocation de ses activités sur la chaîne Cap-Canal (chaîne locale sur Lyon et Grenoble que la mairie socialiste de Lyon l’a chargé de développer au terme de son mandat à l’IUFM local. On ne saurait laisser en jachère pareilles capacités, mais le PS n’a pas donné à ces ouvertures modestes une suite suffisante pour retenir dans ses rangs un tel talent. Tant pis pour lui et tant mieux pour EEV!

Comment ne pas reconnaître en lui, deux décennies durant, une sorte de télé-évangéliste de l’école, un Billy Graham de la pédagogie ? Dans une logique mercantile, dont les dominantes de son discours pourraient faire croire qu’il la réprouve (mais le portefeuille a ses raisons que la raison ne connaît pas !), Philippe Meirieu a longtemps monnayé, de toutes les façons, la position qu’il s’était faite (et/ou qu’on lui a faite) dans l’éducation nationale française.

C’est son droit, même si l'on peut discuter ce point, comme pour d'autres (suivez mon regard!) au plan déontologique et même juridique ; en tout cas, il est loin d’être le seul à le faire, même s’il est sans aucun doute l’un de ceux qui en ont tiré le plus de profits. On sent d’ailleurs à la remarque liminaire de son « bloc-notes » du 29 août 2006 (« Les livres sur l’école sont, comme chaque année, nombreux à paraître à la rentrée. ») qu’il trouve fâcheux de ne pas avoir, en outre, l’exclusivité de ce genre de productions, lui qui, chaque année, le mois de septembre revenu, tel un pommier pédagogique, produit un ouvrage, avec parfois même, avant ou après, quelques fruits de « contre-saison ».

Ce qui m’agace (on aura déjà peut-être perçu dans mes propos un léger agacement) chez Philippe Meirieu, c’est de voir que cet homme, qui a fait sa carrière et à n’en pas douter sa fortune (du moins pour un ancien instituteur, même adorné d’une thèse d’Etat en sciences de l’éducation) dans les sphères les plus hautes du pouvoir éducatif, non seulement n’assume aucune responsabilité dans les multiples erreurs qu’il a commises ou incité à commettre, mais évoque désormais les problèmes de l’école comme s’il n’avait jamais été pour quoi que ce soit dans toutes ces affaires. Sa très récente conversion à l’écologie rhônalpine va lui permettre de faire table-rase de ce fâcheux passé pédagogique que symbolise assurément le douloureux sacrifice de sa moustache !

Le comble est atteint quand on le voit affirmer, déjà en 2006, dans le même « bloc-notes », qu’il n’est pour rien dans « les absurdités des programmes » (après tout, il n’a été que trois ans, de 1990 à 1993, membre du Comité national des programmes), qu’il ne se sent « nullement impliqué dans la jargonisation du vocabulaire scolaire français » (Ben voyons, ! Peu sportif, il ne s’est jamais intéressé aux « référentiels bondissants" !) et enfin, cerise sur le gâteau, quand il dénonce les « apparatchiks du ministère » ! On croit rêver et l’on est tenté de se pincer. Qu’a-t-il été d’autre, une décennie durant, que le gourou et le chef de file de ces « apparatchiks » !


J'ai déjà posé les questions qui viennent à l'esprit : Alzheimer précoce? Mauvaise foi totale ? Docteur Philip and Mister Meirieu ?

Peut-être au fond Philippe Meirieu nous prend-il, tout simplement, pour des imbéciles ?

dimanche 24 février 2013

L'école 2013 (N° 9). Retour en arrière : Philippe Meirieu ou les méfaits des sciences de l'éducation (blog du 25 avril 2008)


[Vu les événements, politiques en particulier, le dépit poussant notre héros à quitter son cher PS pour Europe-Ecologie-Les Verts, j'ai repris ce texte d'avril 2008 en février 2010, en lui ajoutant quelques modifications qui figurent ci-dessous, selon la bonne règle, entre crochets et en italiques].

Dimanche 20 avril 2008, Moatti, à l’occasion d’un « Ripostes » sur l’éducation, avec en vedettes Lang et Darcos, nous a ressorti Philippe Meirieu qu’on espérait définitivement disparu avec ses programmes et ses IUFM !

Si, par le plus grand des hasards, vous ne connaissez pas Philippe Meirieu, cette lacune peut être aisément comblée par la consultation de son site ou de tous ceux où il figure et dont, lui-même, ne manque pas de mentionner les adresses par des liens. Autre chance pour vous, certaines sources d’information sont agrémentées d’une photo, car, si étonnante que soit la chose, l’homme paraît aussi satisfait de son image que de sa pensée. Louons le Seigneur, mes frères et mes soeurs, car il vous sera même peut-être accordé d’y entendre la voix du Maître !

Soyons modernes et savants, car l’homme l’impose. Donc un peu de sémiologie de sa nouvelle image pour commencer.


Il arborait, chez Moatti, une curieuse chemise rouge sang (éclatant rappel de ses convictions de gauche ?), mais avec une cravate. Un directeur de CNDP ou d’IUFM, même honoraire, doit garder de la tenue, tout en affichant avec force ses convictions. Il faut donner confiance au client. Chevelure et moustache blanches de rigueur, rinçage bleuté, lunettes, tout en lui signifie le pédago ! Au terme d'un étrange parcours, instituteur monté en graine, il se fait professeur de collège avant de l'être de philosophie, il se enfin lance dans les sciences de l’éducation et la pédagogie, domaines propres à abriter et/ou à générer toutes les impostures éducatives.

La soutenance-éclair d’une thèse (d’Etat, s’il vous plaît, directement, l’homme n’est pas modeste) en sciences de l’éducation, naturellement. Nous sommes en 1983 ; il a 34 ans, ce qui, vu sa carrière antérieure, apparaît quasi fulgurant, du moins dans les disciplines universitaires normales, et cela d’autant que, selon ses termes, ses « engagements militants et professionnels » étaient multiples. Quel homme !

Curieusement pour un homme qui ne nous cache rien (pour ne pas dire qu’il étale tout !), le titre et les références de cette thèse demeurent non précisés. Il faut consulter l’un de ses hagiographes patentés pour apprendre qu’ayant passé son CAP d’instituteur en 1974, il a soutenu une thèse d’Etat en 1983 sur le thème, sinon le sujet suivant : "Apprendre à apprendre". De la bouche même du Docteur Meirieu, on apprend que cette somme était « un énorme pavé de près de 1000 pages » (ce qui est, somme toute, très banal pour une thèse d’Etat), mais surtout qu’elle a exigé de son auteur "dix ans de travail acharné et solitaire" (dixit Ph. Meirieu). Là, il se prend un peu les pieds, sinon dans le tapis, du moins dans la chronologie, car si je compte bien 1983 - 10 = 1973. Ce détail prouve qu’il a commencé sa thèse d’Etat avant même d’être instituteur ! Quel homme (encore !)! Il faut éviter de mettre du sucre sur le miel, comme disait ma grand’mère!

Si la tenue et l’apparence ne changent guère selon les photos, on dispose, en revanche, de deux versions majeures du portrait. La première est, pourrait-on dire, socratique. Un demi-sourire laisse entendre qu’on est allé au bout des choses et qu’on en est revenu. Toutefois, la version officielle, celle du site que notre héros s’est résigné à créer, à la demande générale, est celle du penseur. Le « Penseur » de Rodin appuie sa tête sur son poing droit et regarde le sol ; il ne positive donc pas. Le penseur selon Meirieu (sujet et objet !), tient le précieux think tank, qui lui sert de tête, de sa main gauche (faut-il y voir un signe de son orientation politique majeure ?), l’index est levé (et non le majeur « fuckeur », ne nous y trompons pas !) et le pouce est délicatement allongé sous le menton. Le regard bleu est fixé, non pas sur la ligne de même couleur des Vosges, mais sur l’horizon pédagogique qu’il ne cesse jamais de scruter pour alimenter une réflexion que rien n’interrompt. [Le dernier portrait visible (2010), un troisième, celui de la tête de liste Europe-Ecologie, donne, cette fois, dans le style de la maison Bové-Dany. Plus de cravate, ni de moustache, pull-over de matière et de couleur indéfinissables, plus de pose alambiquée et méditative. Quel homme ! Un vrai Fregoli de la pensée !
].

Philippe Meirieu incarne de façon parfaite tout le mal qu’ont fait à notre école les sciences de l’éducation ; à « Ripostes », la charmante Natacha Polony lui a rappelé, mais avec trop de discrétion à mon sens, qu’il a traîné, vingt ans durant Rue de Grenelle, même s’il paraît l’avoir oublié, et qu’il ne saurait donc fuir les responsabilités qui sont incontestablement les siennes.

Claude Allègre s’est souvent moqué, non sans humour et pertinence, des sciences de l’éducation et de leur jargon. Il aimait à rappeler que le ballon des cours de gym. est, dans cet idiome, le « référentiel bondissant ». Il est donc stupéfiant que, d’abord comme conseiller spécial de Lionel Jospin, puis comme ministre, il ait donné à Philippe Meirieu la place qui fut la sienne. Il est vrai qu’Allègre ne s’intéressait vraiment qu’à l’enseignement supérieur et à la recherche, alors que Meirieu n’est jamais sorti des sciences de l’éducation, dont la maxime suprême est que l’on enseigne bien que ce que l’on ne sait pas.

Philippe Meirieu, qui, depuis un quart de siècle, s’est fait de la pédagogie un superbe fromage où il s’est longtemps et confortablement installé, avant de continuer à en vivre, même après l’avoir quitté, a tenté de rendre à la fromagerie, fût-ce par métaphore, une partie de ce qu’il lui doit, en suggérant, certains s’en souviennent peut-être, de régler enfin les problèmes de la carte scolaire... grâce au camembert.


[ Dernière minute. Ce matin (13 février 2010) entendu sur France-Infos, très tôt (avant 7 heures),que la tête de liste Philippe Meirieu (EEV) centrer sa campagne des régionales sur le sauvetage des moulins à café par les grands-mères! Quel talent!].

samedi 23 février 2013

L'école 2013 (N°8) . Retour en arrière. Illettrisme et calcul mental (Blog du 27 novembre 2007)


Il est de bon ton de se lamenter sur les ravages de l’illettrisme. Comme je l’ai souvent écrit et démontré, ce n’est pas perdu pour tout le monde et les marchands du temple scolaire y font leur beurre. Ceux-là mêmes qui sont les responsables de cet état de fait ont désormais leur fonds de commerce dans la lutte contre ce fléau.

Il est vrai que la plupart de nos élèves, de fin de CM2, seraient bien incapables de subir avec succès l’épreuve de la dictée qui, autrefois, était l’une des difficultés majeures de l’examen d’entrée en sixième. Pour dire le fond de ma pensée (mais que cela reste strictement entre nous), je pense que bon nombre d'étudiants en seraient tout aussi incapables ! Cette situation n’a pas que des inconvénients, puisque on peut désormais ouvrir des officines de coaching orthographique pour les cadres supérieurs.

Plus grave peut-être encore est le fait que la plupart des Français ne savent plus compter et que le calcul mental est totalement sorti de l’usage courant, chassé définitivement par les calculettes et maintenant par les téléphones portables..

Autrefois, le moindre achat supposait, au moins, une petite opération de calcul mental, pour soustraire le prix de l’achat du montant du billet ou de la pièce donnés pour en régler le montant et, par là, vérifier le rendu de monnaie. Désormais, le ticket de caisse s’en charge et nul n’a plus à faire la moindre opération.

Ne parlons pas des fractions et des règles de trois qui figuraient comme les obstacles majeurs du steeple chase de l’arithmétique à l’école primaire. Tout cela est, désormais, du chinois pour la plupart de nos compatriotes [La France a pu constater, à la télévision, qu'un ministre français de l'éducation nationale en exercice ne savait pas faire une règle de trois (et non de Troie!)] .

La belle affaire, entends-je, déjà grommeler quelques lecteurs teigneux, qui regrettent de ne pas me voir manier le fouet de la satire ! Bon allez, allez, une petite méchanceté en passant puisque vous me le demandez si gentiment. Vous voyez qui est Santini, secrétaire d’Etat à la fonction publique et boule de billard récemment blanchie ? Je l’ai entendu, hier, se présenter comme « maître de conférences » (en contrepèteries peut-être, en dépit de son doctorat en droit). Il aurait déclaré qu’un professeur agrégé commençait sa carrière à 4000 euros pour la finir à 5000 ! Avec un tel ministre, les fonctionnaires ne sont pas fauchés et ils ont toutes les raisons de descendre dans la rue!

Mais revenons au calcul mental et, plus largement, à l’arithmétique. Ce point est bien plus important au plan politique que l’illettrisme. Ce dernier pourrait même être considéré comme un bienfait pour notre gouvernement, dont la propagande est essentiellement audiovisuelle, alors que l’opposition use plus volontiers, par la force des choses, de l’écrit ( journaux, banderoles, tracts, etc.).

La nullité des Français en calcul permet de leur faire avaler, par exemple, qu’une augmentation de quelques $ du prix de baril de pétrole à New-York va inévitablement faire bondir de plusieurs centimes le prix du litre d’essence. Je vous le fais façon problème d'arithmétique de l'examen d’entrée en sixième d’avant 1958.

Sachant que le baril de pétrole a une capacité de 130 litres (j’arrondis par gentillesse) ; sachant que le dit baril a augmenté de 5 $, passant ainsi, par exemple, de 95 à 100 $ ; sachant enfin que le prix du pétrole brut représente 20% dans le prix de l’essence à la pompe, quelle devrait être l’incidence logique sur ce dernier prix de cette augmentation de la matière première, en ne faisant pas entrer en ligne de compte la TVA et la TIPP, dont les effets devraient en principe être inverses tout en annulant la hausse, ce qui permet de les négliger dans ce petit problème. Vous avez une heure ; après, je ramasse les cahiers.

Comme je suis gentil, je vous donne la réponse. A la louche (ou plutôt à la cuiller à café), 1,5 centime, autant dire rien !

Comme les gens ne savent plus compter, ils avalent sans broncher des augmentations de prix cinq ou six fois supérieures, qui sont bien entendu, sans commune mesure mais surtout sans le moindre rapport, avec les hausses réelles du prix du brut. Ne vous étonnez donc plus que les compagnies pétrolières ne sachent plus que faire de leurs milliards de bénéfices !

Si vous n’êtes pas sages, je vous pose le même problème pour les pâtes et les yaourts pour lesquels on nous mijote déjà les mêmes stratégies, avec l’augmentation du prix du blé et du lait.

vendredi 22 février 2013

L'école 2013 (N°7) . Retour en arrière. Du vocabulaire au cartable (Blog du 3 novembre 2007)

Depuis deux ans, les ministres successifs de l’Education Nationale, l’assureur Gilles de Robien comme l’agrégé Xavier Darcos, font appel pour résoudre leurs problèmes, quels qu’ils soient, à Alain Bentolila de Paris V-Nathan qui, de mission en rapport, règle les uns après les autres tous les problèmes de l’école, avec un succès qu’on peut chaque jour constater.

A la demande de Gilles de Robien, vain pourfendeur, pour l’apprentissage de la lecture, d’une méthode globale que nul n’utilise plus, Bentolila s’est attaqué à l’illettrisme. Ce domaine lui est familier puisque, la foule des livres de lecture dont il a "dirigé" la production (le "semi-global" Gaffi, ses innombrables resucées et les produits dérivés d’icelui) a puissamment aidé à faire en sorte que 20% voire 25% des élèves français ne sachent pas lire en fin de cycle primaire. Désastre pédagogique certes, mais admirable réussite commerciale.


Et on ne s’est pas arrêté là. Après avoir fabriqué en foule des illettrés, on s’est donné l’opportunité de créer des observatoires de la lecture, pour en étudier la production de masse (Comme dit une de nos vieilles chansons paillardes « "Sortons zob-server l’illettrisme…") ; en suite de quoi, les mêmes se sont mis à produire de nouveaux ouvrages pour combattre ce fléau qu’ils avaient eux-mêmes créé.

Fort de ces succès, Bentolila, toujours sous de Robien, s’est attaqué ensuite sur demande ministérielle toujours, à la grammaire, cette fois avec le soutien inattendu d’Erik Orsenna et d’un gnome inconnu, de Paris V, dont le nom m’échappe sans que j’aie la patience de rechercher le post que j’avais écrit alors à ce propos. Le rapport avait l’ambition un peu insolite de régler, en même temps que celui de la grammaire, le problème de la violence scolaire. Le respect des règles de la concordance des temps et de l’accord des verbes pronominaux réfléchis devait apaiser les passions, ce qui n’est peut-être pas faux, mais reste néanmoins à démontrer.

Toujours à la demande de la Rue de Grenelle (on ne change pas une équipe qui gagne surtout quand elle porte le maillot Nathan), le polyvalent Bento s’est chargé du lexique ; il a instauré ce que dans un post irrévérencieux j’ai appelé « la BA lexicale ». Bentolila s’est inspiré de Baden-Powell. Comme tout scout doit accomplir chaque jour une bonne action, sa BA (dont vous aurez noté que, par un signe irrécusable du destin, la BA des scouts, par les initiales mêmes d'Alain Bentolila, annonçait la BA lexicale!), chaque élève doit apprendre quelques mots par jour. Naturellement, comme dans les cas précédents, les éditions Nathan sont là pour aider à la réalisation de ces mirifiques objectifs pédagogiques.

Devant la multiplicité des domaines d’intervention de Bentolila, j’avoue ne pas comprendre pourquoi Xavier Darcos semble encore hésiter à faire appel à Superbento dans l’affaire du poids des cartables qui est donnée comme la préoccupation majeure de la Rue de Grenelle en ce moment. Certes, la maison Nathan fait plutôt dans les livres scolaires et leurs produits dérivés que dans les cartables et les sacs à dos, car il paraît avoir échappé à nos éminents experts en pédagogie que le cartable n’est plus guère de mise dans nos écoles.

Certes, dans ses précédentes missions, Superbento n’a guère brillé par l’originalité et la novation, mais il est clair que son imagination était bridée par les contraintes commerciales que lui imposait son employeur "dissimulé". Ici rien de tel dans ce cas et Superbento peut tout oser.

Les cartables sont-ils trop lourds ? Pourquoi, par exemple, ne pas imaginer de les équiper d’un dispositif qui, couplé à un peson très simple, permettrait, grâce à un distributeur familial ou scolaire d’hélium, de gonfler un ballon qui réduirait le poids du cartable le ramenant au poids idéal souhaité. Le coût de l’installation et de son fonctionnement pourrait être réduit sinon même annulé par la vente de l’espace publicitaire qu’offriraient ces ballons. Le secrétaire d’Etat aux sports, désormais à mi-temps sans la santé, Bernard Laporte, expert en matière de ballon, pourrait tout à fait gérer la régie publicitaire qui commercialiserait ces espaces.

La mode du sac à dos pourrait aussi conduire à une amélioration du système dans le sens du déplacement individuel global en prenant en compte en outre ses aspects écologiques. En effet, les bretelles du sac à dos, une fois renforcées, pourraient devenir un harnais propre soutenir à la fois l’écolier et son sac de classe. L’adjonction d’un petit moteur électrique fonctionnant avec des panneaux solaires souples, disposés sur la partie du ballon exposée à la lumière, la face dans l’ombre restant disponible pour la publicité, assurerait alors le déplacement individuel écologique de l’élève porteur du dispositif, la hauteur au-dessus du sol étant naturellement réduite pour éviter tout risque d’accident et permettre aux passants croisés une lecture facile des messages de publicité.

Si un pauvre Persan comme moi peut, en un instant, imaginer deux solutions si novatrices au problème du poids des cartables et sacs scolaires, on comprend aisément ce que pourront être, dans ce même domaine, les propositions génialement innovantes de Superbento !

D’avance, bravo Superbento !


jeudi 21 février 2013

L'école 2013. (N ° 6). Retour en arrière. Toujours le lexique (mon blog du 27 décembre 2007).


On a découvert récemment comment le directeur de cabinet du ministre chargé du relogement des mal logés louait, depuis un quart de siècle (il faut ajouter que le directeur en cause est un préfet proche de la chiraquie), un superbe appartement de 190 mètres carrés (à Port-Royal) à un tarif HLM. On a, comme toujours, instruit cette affaire à charge, au lieu d’admirer et de louer l’ingéniosité du préfet à trouver des solutions simples et peu coûteuses au problème du logement à Paris, ce qui le désignait tout naturellement aux fonctions qui étaient les siennes aux côtés de Madame Boutin.

Je prévois un autre scandale le jour où l’on va découvrir que le gourou de nos ministres successifs de l’éducation nationale, Superbentolila, n’a jamais passé le moindre concours de recrutement de l’éducation nationale et n’a donc jamais enseigné de sa vie, hors de l’université de Paris V, où il a fait toute sa carrière sous la haute protection du... SNES-Sup. Ce syndicat de gauche à l’air fin aujourd’hui, puisque Superbento a changé de camp politique au fil de ses intérêts financiers. En fait, il n’est même guère présent à Paris V, puisque son principal employeur de fait est Nathan qui, par le plus grands des hasards bien entendu, édite des livres scolaires touchant exactement aux domaines dont on lui demande de traiter dans ses rapports officiels ! Vous voyez le "rapport", si j'ose dire ? 

Il est vrai que quand on voit les propositions qu’il fait au ministre, on comprend vite qu’il n’était pas nécessaire d’avoir une grande connaissance et expérience de l’école pour les formuler. Elles tiennent en trois mesures-phares (ou plutôt lumignons), toutes d’une puissante originalité, comme vous allez le voir :

- scolarisation en maternelle à trois ans (plutôt qu’à deux, ce qui est loin d’être admis et possible partout) ;

- faire « apprendre un mot par jour » aux enfants ;

- donner une formation spécifique de 50 heures aux futur(e)s enseignant(e)s de maternelle.

Fichtre! Il ne fallait pas moins qu'une Commission ad hoc présidée par Superbento pour en arriver là! La vraie question demeure et peut-être un jour saura-t-on le fond des choses. Pourquoi et comment laisse-t-on ce linguiste, dont la production scientifique, effective et réellement personnelle, est des plus modestes, occuper ainsi ce terrain scolaire et tisser sa toile, comme celle de Nathan, sous couvert de remédiation d’un illettrisme qu’ils ont largement contribué à créer par leurs méthodes de lecture et à développer à travers de pseudo-organismes scientifico-professionnels comme l’Observatoire de l’illettrisme ou, désormais, le programme « Télé Formation Lecture » du même Superbento qui, comme par hasard, renvoie aux mallettes « Formation lecture » produites … Devinez par qui et où ? Non, on ne gagne rien car c’est trop facile : chez Nathan par Superbento.

Le lexique, une des spécialités de cet éditeur, est donc, heureuse coïncidence, la clé de voûte de toutes les réformes proposées par Superbento, durant tout le cycle primaire, depuis la maternelle. Sans reprendre ici un de mes anciens posts sur le sujet que je replace avant ou après celui-ci (au gré des hasards de l’informatique), faisons preuve d’un bon sens et opérons un petit calcul tout simple, en prenant en compte que les enfants doivent apprendre, selon ses prescriptions, un mot par jour en maternelle et trois mots au primaire.


Un peu d'arithmétique élémentaire. Sur la base de 180 jours de classe dans l’année et du nombre d'années, les enfants devront donc apprendre en maternelle (1 x 3 x 180 = 540) et en primaire (3 x 5 x 180 = 2700) soit, pour une scolarité normale jusqu’à 11 ans, 3.240 mots.

Si l’on sait, ce qu’ignorent sans doute à la fois Superbento et Monsieur Darcos, que
le travail de Ch. Bernet a enfin établi, de façon sûre et définitive, l'étendue exacte du vocabulaire dont use Racine (2626 vocables, dont 252 noms propres, pour les tragédies profanes) et que le lexique français courant comporte environ 1500 mots, on mesure à la fois l'ignorance de l'expert et l’absurdité de la tâche comme de la démarche. On voit bien, en revanche, l’intérêt qu'elle offre pour AB et l’éditeur Nathan.

Le scandale est du même ordre que celui de l’affaire Bolufer, ex-directeur de cabinet de Christine Boutin, contraint, lui, à la démission par l'affaire que j'évoquais au début de ce texte. Elle est certes d'un genre un peu différent mais de telles manœuvres pourraient aisément être regardées comme de la prévarication ; cela d’autant, que, comme dans le cas d'autres affaires connues, on dissimule parfois, dans l'édition, une activité professionnelle effective sous le voile d'une rémunération en droits d’auteur, fiscalement privilégiée.


La vraie question est celle du pourquoi du comment ! Peut-être le saura-t-on un jour, mais cet état de fait ne semble choquer personne et surtout pas les ministres.

mercredi 20 février 2013

L'école 2013. N ° 5. Retour en arrière. Après la grammaire, le lexique (mon blog du 27 septembre 2007)



Notre président-magicien a fait école [ N. Sarkozy ; le texte est de 2007 et A. Bentolila, ex-SNES Sup. est converti au sarkozysme!] ; nous avons désormais un pédagogue-magicien. Il s’agit d’Alain Bentolila, en principe et de son état, professeur de sciences du langage à Paris V (spécialisé néanmoins dans la pédagogie scolaire, sans avoir jamais passé le moindre concours de recrutement du professorat, - CAPES ou agrégation), mais, de fait, sous couvert de la direction de collections et donc de droits d'auteur, en "travail dissimulé", aux éditions scolaires Nathan.

Après avoir réglé par un simple rapport, pour Monsieur de Robien, l’ensemble des problèmes de la grammaire et de la violence à l’école, ce qui démontre, s’il en est besoin l’étendue de son talent comme de ses pouvoirs, il a, dans la foulée, réglé les questions du lexique par un deuxième rapport, commandé lui aussi, je crois, par ce même assureur De Robien.


Xavier Darcos, vieux routier du 110 de la rue de Grenelle, ne saurait ignorer le détail de la situation professionnelle de Bentolila et il vient néanmoins de lui commander, pour fin 2007, un rapport sur l’école maternelle ; la maternelle est certes le sujet de la thèse d'Etat d'A. Bentolila, sur laquelle il est toutefois fort discret, lui dont la modestie et la discrétion ne sont pas les vertus majeures. Le ministre ne connaît sans doute pas tout le détail qui m'est familier, mais je pense qu’on a dû fêter ça au champagne chez Lipp où Nathan traite ses hôtes, fort bien d'ailleurs et je le sais par expérience.

 Si j’ai bien entendu sur France-Culture ce matin, les propos d’Alain Bentolila (et comment s'y tromper ou se méprendre, vu la trivialité de leur contenu ?), la solution des problèmes de la maternelle est des plus simples ; elle tient à l’enrichissement précoce du vocabulaire des petits enfants . Pour comprendre l’originalité de la démarche, il suffit de se souvenir de la bonne vieille rubrique de feu Selection du Reader Digest « Enrichissez votre vocabulaire ».

Nous n’en sommes plus là fort heureusement !

Conflits d'intérêts dites vous ?

Non point ! Nos petits enrichiront précocement leur vocabulaire (et accessoirement, du même coup, Nathan et Bentolila) grâce aux jeux éducatifs et aux produits dérivés d’Alain Tolila, avant, à l’école primaire, de poursuivre et de consolider ces acquisitions par les livres de vocabulaire de Tolilaben, tout en s’initiant à la grammaire dans les ouvrages de la collection dirigée par Ben Alain. Au collège, tout cela sera poursuivi grâce à la série des ouvrages d’Alain Bento.

Président vous avez raison ! Les affaires reprennent !

mardi 19 février 2013

Ecole 2013 : François Hollande en Grèce


Vu et la nature du propos et son urgence, on me pardonnera moins d'interrompre ma série sur l'école et l'éducation, mais d'y inclure, subrepticement et avec un peu de mauvaise foi j'en conviens, un sujet mais qui au fond peut tout à fait s'y inscrire car la diplomatie prend ici les couleurs de l'éducation (internationale pour le coup)..

Je crains de vous avoir déjà servi une formule qui illustre aussi admirablement les sciences de l'éducation et, désormais, la nouvelle diplomatie française : « Ce qu'on sait faire, on le fait ; ce qu'on ne sait pas faire, on l'enseigne ! ».

"Omnibus rebus relictis" (Toutes affaires cessantes) comme disait Jules César, suite à une information du matin, je délaisse, en apparence plus qu'en réalité, l'école pour les ambassades.

J'ai appris ce matin, en effet, que notre Président de la République était en Grèce, en voyage très officiel, pour transmettre aux pauvres Hellènes notre science et notre art, consommés et réputés, de concevoir et de mettre en œuvre une administration efficace.

Être encore, paresseusement, dans mon lit au lieu d'être devant mon ordinateur sur ma chaise m'a évité de tomber de cette dernière à pareille nouvelle ! MDR comme on dit désormais. Je ne sais pas si, dans une telle situation, notre Président se laissera tenter par quelque plaisanterie sur le sujet, comme il l'a fait récemment à propos de la future élection papale, en disant que nous ne présenterions pas de candidat.

Les hasards de l'information ont fait que, dans l'instant suivant, le piquant de la situation a été illustré par l'annonce que Monsieur Pfimlin, directeur de France Télévision, avait été fermement invité à réduire ses dépenses dans la mesure où sa société était, une fois de plus, en déficit, détail sans doute relevé par la Cour des Comptes qui vient de rendre un rapport qui, comme toujours, est le succès médiatico-comique de l'année.

Cette vénérable institution, qui comporte plus de 400 agents (dont 210 magistrats), ne "sanctionne" rien, car elle ne juge que les "comptes" et non les "comptables" (dont l'activité relève de la Cour de discipline budgétaire) ; elle rend un rapport général annuel qui n'a donc en fait d'autre effet que de fournir une matière, généralement amusante, souvent paradoxale, à notre presse nationale qui est en si mauvais état qu'il faut la subventionner à coups de milliards lorsqu'elle est écrite ou la financer intégralement lorsqu'elle est audiovisuelle !

Le dernier PDG de France Télévision, Monsieur Patrick de Carolis avait reçu déjà en son temps, il y des années, la même instruction ; bien loin de la mettre en œuvre, il avait au contraire, comme tout un chacun et partout, augmenté un personnel déjç hyper-pléthorique, qu'il avait pour mission de réduire! Rappelons au passage peut-être, à l'intention spéciale des médias audiovisuels grecs qui sont invités à suivre notre modèle, que France Télévision, qui comporte plusieurs dizaines de sociétés (de 40 à 50 mais leur nombre total est inconnu); emploie "environ" 11 000 personnes, l'incertitude du nombre, tenant comme celle du nombre des sociétés, à l'éclatante et exemplaire rigueur de notre administration.

Monsieur Pfimlin est invité, en particulier, à réduire le nombre des personnes qui "travaillent" (Dieu seul sait à quoi !) dans les différents journaux télévisés. Naguère le JT de France3 à 23 heures, peu regardé, "mettait en œuvre" plusieurs centaines de personnes ; je n'ose avancer le chiffre, faute de m'en souvenir de façon précise, mais il était évidemment totalement abracadabrantesque.

Je m'interroge toujours d'ailleurs, surtout depuis qu'il y a des chaînes d'information continue où n'officient, en général, que deux journalistes (un homme et une femme pour la parité), sur l'utilité, dans les journaux télévisés de France Télévision, de faire appel, pour chaque JT, à une douzaine voire plus de prétendus journalistes spécialisés (Tu parles!) pour des interventions de quelques secondes, consistant dans la lecture ou la paraphrase des dépêches d'agences, ce qui est également la tâche eseentielle de l'animatrice ou de l'animateur principal.

Au fond, cette visite du Président pourrait être fort utile car notre administration illustre parfaitement .... tout ce qu'il ne faut pas faire!

 

 

lundi 18 février 2013

L'école 2013. (N°4) Retour en arrière. Septembre 2007



Désormais, comme on le sait, dans tous les domaines, tout est dans le marketing, peu importe le fonds et les modes de production. Un bel exemple nous en est, actuellement, donné avec un livre L’orthographe, à qui la faute ? (ESF). Sa rédaction n’a pas nécessité moins que le concours de deux maîtres de conférences, Danièle Manesse (issue de Paris V je crois, désormais promue professeur à Paris 3 ) et Danièle Cogis (IUFM de Paris), de deux professeurs des écoles, la piétaille de l’entreprise à peine mentionnée dans certains des avis de publication, et d’un universitaire en retraite André Chervel, chercheur associé au Service d’histoire de l’éducation, auteur d’une préface (D. Manesse, elle, dit « postface » ; je ne suis pas allé voir et où est l’importance ?) et qui avait mené une enquête identique, en 1987, avec Danièle Manesse d’ailleurs.

Indépendamment même de son contenu et de son intérêt, assez minces d’ailleurs, une telle publication me paraît poser trois ordres de problèmes que j’aborderai successivement.

Le premier est celui de la détermination, exclusive désormais, de toutes les politiques éditoriales, en ce qui concerne les savoirs comme le divertissement, par les exigences du marché. Un livre est publié désormais non pour l’intérêt qu’il présente, mais exclusivement pour les profits qu’il semble susceptible d’engendrer dans une conjoncture choisie. On aura noté que je dis ici « savoirs» et non « sciences humaines et sociales », car, en la matière et tout particulièrement en sciences du langage, secteur dont relève l’ouvrage en cause, il n’y a plus en France un seul éditeur spécialisé digne de ce nom.


Ne nous y trompons pas, les Editions sociales, qui publient l’ouvrage de Manesse and co., ne sont plus celles que dirigea autrefois, durant plus de dix ans, Lucien Sève et elles donnent aujourd’hui, entre autres domaines, dans le développement personnel et le « coaching ». Elles n’ont de toute façon rien à voir ni avec Routledge ou Cambridge University Press (E-U et UK), ni même avec J. Benjamins (Hollande). L’édition scientifique française est désormais naine ou morte.

De toute façon, chacun sait que dans l’édition tout est désormais commandé par les commémorations (200 ou 250 livres sur Mozart pour l’année Mozart ; pour les commémorations de l’abolition de la traite ou de l’esclavage (on ne fait pas trop la différence entre les deux !)-plusieurs ouvrages, deux au moins « écrits » par des ignorantes ! La réputation des auteurs , fût-elle acquise dans un tout autre champ, est l'essentiel. Un livre de Zidane sur l’éducation ou l’astrologie ferait sans doute un malheur. Passons…

L’éducation a été au centre des débats, dans l’éphémère de la campagne électorale, par le biais inattendu de la lutte contre la violence grâce à la grammaire ; publions d’importe quoi, mais publions ; on trouvera toujours un créneau à la télé pour la promotion de l’ouvrage.

Le deuxième ordre de problèmes tient à l’ouvrage lui-même et à son probable contenu. Dois-je répéter que je ne l’ai pas lu et que je n’ai aucune intention de le lire et moins encore de l’acheter? J’investirai bien plus volontiers les vingt euros qu’il doit coûter dans une pression et une moules-frites, agrémentées de la lecture du « Canard enchaîné ». Je puis d’autant me passer de cette lecture et en parler de façon relativement autorisée qu’il n’échappe à personne que l’orthographe est de plus en plus mal connue des jeunes et des élèves en particulier. Notre blog en apporte chaque jour de multiples preuves. A quand une thèse sur l’orthographe des blogs du NO ?

Je ne sais pas si vous avez noté, comme moi, qu’une partie non négligeable de la production scientifique en sciences humaines et sociales consiste essentiellement à formaliser des évidences et à présenter en statistiques, tableaux, camemberts, diagrammes, histogrammes, etc. les truismes les plus éculés. Autrefois, il y avait un certain mérite à procéder à de telles mises en forme, aussi longues que fastidieuses. Aujourd’hui, les ordinateurs font tout le travail en un clin d’œil, mais le bon peuple, qui l’ignore, demeure admiratif.

Est-il vraiment indispensable, sauf pour se faire un titre dans un dossier d' habilitation à diriger des recherches, de proposer, en dictée, un texte de Fénelon de 83 mots (celui de l’enquête précédente de 1987) à un échantillon représentatif de 2 767 élèves de 123 classes, du CM2 à la troisième, pour constater la baisse du niveau des élèves en orthographe? L’avantage est qu’en 2026 ou même avant, on pourra renouveler cette prodigieuse expérience scientifique. Le marronnier orthographique est inusable et inépuisable.

Sans vouloir médire, il aurait sans doute été plus intéressant de faire faire une dictée, peut-être un peu plus difficile, à un certain nombre d’élèves-professeurs des IUFM, dont la fonction sera précisément d’enseigner l’orthographe à leurs élèves. On aurait pu avoir quelques surprises, à en juger par les annotations que je lis, de temps à autres, sur des cahiers d’écoliers.

La conclusion majeure de l’ouvrage, si j’en juge par les divers comptes rendus que j’ai lus (ils me paraissent tous mettre en évidence le prévisible peu d’intérêt de ce livre) est que les élèves de cinquième de 2005 font autant de fautes d’orthographe que les élèves de CM2 de 1987. Ceux-ci, eux-mêmes, en faisaient beaucoup plus que ceux qui étaient entrés en sixième avant 1956, car ils n’auraient jamais pu faire la dictée de l’examen d’entrée en sixième, supprimé en 1956.

Il faudrait lire ce livre (ce que je ne ferai pas, je le répète) pour être sûr que les auteurs, d’après les commentaires que j’ai pu lire, ne semblent pas soupçonner que la désaffection de l’immense majorité des élèves à l’égard de la lecture ait pu jouer un rôle dans l’évolution qu’elles étudient. Ce serait un comble, mais rien ne m’étonne vu la suite !

Le troisième problème est à mes yeux le plus grave et le plus important. On a vu que Danièle Cogis est maître de conférences à l’IUFM de Paris ; Danièle Manesse est issue de Paris V si je me souviens bien (où enseigne, notons-le au passage, Alain Bentolila quand il n’est pas dans son bureau de chez Nathan). Le point essentiel pour moi est que s’il faut en croire Luc Cedelle, dans Le Monde (08/02/07) , elle est « une proche de Philippe Meirieu, considéré dans le débat sur l'éducation comme le chef de file des pédagogues ». Nous y voilà !


J’ai naguère consacré à ce personnage une partie d’un blog intitulé « La carte scolaire : fromage ou dessert ? » ; comme le sujet revient sur le tapis électoral, il va falloir que je repasse le plat. Je me borne ici à ce qui concerne directement le présent propos. Revenons sur la scène du crime, comme on dit à la télé. ; IUFM, D. Cogis, D. Manesse, A. Chervel, INRDP (Institut National de Recherche Pédagogique)... Ph. Meirieu.
Eurêka. Tout se met soudain en place. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Lionel Jospin comme ministre de l’Education nationale (avec Claude Allègre comme conseiller spécial et ministre de fait), puis Claude Allègre lui-même comme ministre ont fait de Philippe Meirieu, entre 1989 et 2000, le gourou de l’école de France : artisan de la création des IUFM (ce qui montre sa vision de l’avenir, puisqu’il a dirigé dans la suite celui de Lyon où il s'est "récupéré" au terme de sa période de gloire parisienne), père spirituel du « collège unique » quoiqu'apôtre de la pédagogie par « différenciée »,président du Comité d’organisation de la réforme des lycées, puis directeur de l’INRDP (1998-2000), et enfin Directeur de l’IUFM de Lyon (2000-2006), il a admirablement géré sa carrière et déployé une activité constante dans la promotion de ses ouvrages (Tournées VRP de conférences organisées par ses éditeurs, etc.) ou des produits dérivés. Son site comporte même une rubrique inattendue « Films et documents audio-visuels »; on y trouve l’évocation de ses activités sur la chaîne Cap-Canal (chaîne locale sur Lyon et Grenoble que la mairie socialiste de Lyon l’a chargé de développer au terme de son mandat à l’IUFM) et les références de ses séries de films comme la publicité pour ses diaporamas. On ne peut s’empêcher de voir en lui une sorte de télé-évangéliste de l’école, un Billy Graham de la pédagogie.

Dans une logique financière dont les dominantes de son discours pourraient faire croire qu’il la réprouve (mais le portefeuille a ses raisons que la raison ne connaît pas !), Philippe Meirieu a monnayé, de toutes sortes de façons, la position qu’il s’est faite (et/ou qu’on lui a faite) dix années durant dans l’éducation nationale française. C’est son droit et il est loin d’être le seul à le faire, même s’il est sans aucun doute l’un de ceux qui en tirent le plus de profits. On sent d’ailleurs à la remarque liminaire de son« bloc-notes » du 29 août 2006 (« Les livres sur l’école sont, comme chaque année, nombreux à paraître à la rentrée. ») qu’il trouve fâcheux de ne pas avoir l’exclusivité de ce genre de production, lui qui, le mois de septembre revenu, comme un pommier pédagogique, produit un ouvrage, avec parfois même quelques fruits de « contre-saison ».

Ce qui m’agace (on aura déjà perçu dans mon propos un léger agacement) chez Philippe Meirieu, c’est de voir qu’un homme, qui a fait sa carrière et à n’en pas douter sa fortune dans les sphères les plus hautes du pouvoir éducatif, non seulement n’assume aucune responsabilité dans les erreurs qu’il a commises ou incité à commettre, mais évoque les problèmes de l’école comme s’il n’avait jamais été pour rien dans toutes ces affaires.

Le comble est atteint quand on le voit affirmer dans le même « bloc-notes »,qu’il n’est pour rien dans « les absurdités des programmes » et qu’il ne se sent « nullement impliqué dans la jargonisation du vocabulaire scolaire français » et enfin, cerise sur le gâteau, quand il dénonce les « apparatchiks du ministère ». On est tenté de se pincer. Qu’a-t-il été d’autre, dix années durant que le gourou et le chef de ces « apparatchiks ». Alzheimer précoce ou Docteur Philippe et Mister Meirieu ?

« Ort(h)ographe, à qui la faute ? » L’astuce est un peu faiblarde (dans le titre du livre, le h est amovible), mais la réponse est claire. Pour une bonne part, la faute incombe au type d' enseignants et de formateurs qu’incarnent les« auteures » (on peut leur faire ce petit plaisir féministe), aux IUFM, puisque c’est l’invention de Meirieu et que c’est là qu’on a formé les maîtres, aux horaires et aux programmes, mais ces gens-là ou leurs séides ont eu,
des années durant, la haute main sur tous ces domaines qui portent encore leur marque..

Au fait, devinez qui dirige chez ESF, éditeur du livre en cause, la collection« Pédagogie » ? Je vois que vous avez déjà deviné, ce n’était pas difficile : Philippe Meirieu bien sûr.

dimanche 17 février 2013

L'école 2013 (N° 3). Retour en arrière : Ecole : violence et grammaire.


La campagne électorale [2007; car ce blog est du 11 août 2007] a, curieusement, fait de l’éducation un sujet majeur, sans qu’il soit pour autant traité de façon sérieuse.

En soi, cet intérêt n’a rien d’étonnant, car l’affaire est effectivement d’importance ; ce qui est plus curieux est que domine une double approche, l’une nostalgique, qu’on voit représentée, sur la scène médiatique, par A. Finkielkraut, l’autre irréaliste mais racoleuse, tant sur le plan électoral pour Sarko ( mais c’est naturel) que commercial, pour le pseudo-gourou Bentolila qui, sous couvert de sauver l'école et la France, ne fait que tenter de vendre des livres.

L’école et la violence sont effectivement deux questions essentielles, à condition toutefois de se garder de les lier de façon stupidement déterministe ! Or, on tente précisément de les réunir dans un propos simpliste qui est celui du rapport sur le grammaire rendu, fin 2006, à Gilles de Robien par ses trois pieds-nickelés (Bento, Orso et Demarcho).

Tout le monde s’est accordé à reconnaître la nullité confondante de ce texte. C’est sans doute ce qui a conduit ce ministre (à qui « tout ce qui est éducatif est étranger », pour transférer à l’école, en l’inversant bien sûr, la formule de Térence « « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger ») à confier à Bento un second rapport sur le vocabulaire!

A ce propos, pourquoi Monsieur de Robien n’est-il pas plutôt ministre de la coiffure ou des Galeries Lafayette, fonctions auxquelles tout en lui semble le qualifier.

Passons dans l’attente angoissée du prochain rapport de Bento, prévu pour mercredi prochain ; tout cela est savamment dosé et programmé ; ça ne devrait pas être triste et je prépare déjà mon escopette car je vois d'avance le contenu de ce texte, au simple examen du catalogue des produits Nathan.

Toujours est-il que la formule selon laquelle le réapprentissage de la grammaire de nos grands'mères (les Français du Sud de la Loire ne vont pas voir le sel de ce pauvre à-peu-près sur la nasalisation de "grammaire" au Sud de la Loire!) est consensuelle au possible, même si chacun y trouve, bien entendu, un intérêt différent.

C’est le principe des bons consensus, bien mous et bien juteux. Bento va faire exploser les ventes de Nathan et, comme meilleur vendeur du mois, gagner un séjour pour deux en Thaïlande (massages et whisky compris); de Robien sauve la patrie et gardera peut-être un maroquin (sans qu’on sache lequel : la coiffure ou les Galeries Lafayette ?) ; Sarko fait plaisir à la fois à Finkielkraut et aux électeurs de Le Pen (qui sont, selon le mot heureux de Djamel, « des communistes qui se sont fait piquer deux fois leur mobylette » et, doit-on désormais ajouter « qui ont un chien et/ou un chat », vu la thématique nouvelle de Jean Marie l’ami des bêtes).

On va même par là jusqu’à diviser l’équipe à Ségo, car comment le miraculé de Belfort pourrait-il résister longtemps au chant de ces sirènes grammatico-patriotiques ?

Ne parlons pas du Vicomte, l’ami des abeilles, qui, se voyant couper l’herbe sous le pied, doit en avoir le bourdon !

Hélas, le problème de l’école dépasse infiniment celui du simple enseignement de la grammaire que des experts bidon ont, depuis trente ans, détruit, au nom de leur prétendue science et compétence de linguistes, aidés en cela, désormais par les spécialistes des sciences de l’éducation, vérole de notre enseignement qui nous est venue d'Amérique du Nord, comme toujours quand elle a commencé à cesser d'y régner. Les « experts » en sciences de l'éduc. sont des gens, qui ignorant à peu près tout des disciplines dont ils parlent, se mêlent, sans les avoir acquises, de la façon dont on doit les enseigner.

La grammaire va éradiquer la violence, tant à l’école que dans la société. La semaine prochaine, quel autre miracle le vocabulaire pourra-t-il bien nous promettre?

samedi 16 février 2013

Honni soit qui Mali pense (N°5)


Fin de l'euphorie et de l'unanimité autour du Mali.

Premier acte, franco-français celui-ci, vendredi 15 février 2013 au soir, dans l'émission de Calvi où après la belle unanimité nationale du début, on a vu se séparer les hagiographes inconditionnels de l'action de la France (Pierre Servent, qui en avait tombé la cravate pour se vêtir d'une tenue camouflée couleur de muraille et François Clémenceau, l'un et l'autre du coté tricolore de la table) et les intervenants critiques et/ou réalistes, de l'autre côté, comme Antoine Glaser et Mathieu Guidère. Faut-il préciser que le discours des seconds est plus convaincant et mieux informé que celui des premiers dont le seul objectif est le service de la France (du moins ce qu'ils croient l'être) et de son armée.

Second acte, plus important ce matin même où l'on apprend soudain que se tient à N'Djamena une réunion d'urgence des Etats de la CEDEAO. On s'y bornera probablement, comme toujours, à des déclarations de principe, mais le fait témoigne néanmoins de l'inquiétude actuelle après le triomphalisme du début.

La France, quant à elle, reste remarquablement muette comme son armée (c'est sa stratégie à en croire P. Servent!) et s'empresse d'évacuer les journalistes français (tandis que les autres restent sur place) ; on a vu nos soldats les fourrer, en toute hâte, dans des hélicoptères de peur que les djihadistes pensent à en enlever un ou une, ce qui leur donnerait le meilleur moyen de pression sur nos médias nationaux, car, on le sait et ils le savent aussi, une dizaine d'otages de tous poils n'ont guère d'importance, alors que l'enlèvement d'un seul journaliste prend l'allure d'une catastrophe nationale.

Non seulement, on ne nous informe pas, mais tout semble indiquer qu'on nous cache bien des choses ; ainsi la presse canadienne a fait-elle état de la mort d'une vingtaine de soldats maliens tombés dans une embuscade. Il faut d'ailleurs reconnaître que les quelques vues que l'on a de l'intervention des troupes maliennes à Gao relève plus du cinéma comique que d'autres chose ; quand on connaît un tant soit peu l'Afrique, on est frappé par le fait que tout cela est, sinon soigneusement du moins laborieusement, mis en scène avant les prises de vue. C'est la 7ème Compagnie au patronage !

En fait rien, dans une émission comme celle-ci, Calvi aurait dû sortir, pour une fois, de son schéma habituel (Merci de nous avoir épargné Barbier et Perrineau) et il aurait été préférable de limiter le nombre d'interventions à celles des gens qui entendent quelque chose à la question et qui font preuve d'un peu de sincérité et bon sens, c'est-à-dire Guidère et Glaser que je me suis réjoui de voir revenir sur le devant de la scène, même s'il s'y cantonne un peu trop souvent à l'ironie de son sourire.

Il est clair que personne, ni en Europe ni en Afrique, n'est très désireux, pour toutes sortes de raisons, à court ou à long terme, de se joindre à nous pour une intervention militaire sur le terrain. Comme l'ont souligné Guidère et Glaser, le Tchad, qui a envoyé un contingent commandé par le fils d'Idriss Deby, compte clairement sur un renvoi d'ascenseur pour ses actions et prend ainsi une hypothèque sur l'avenir de son propre pays dans la mesure où les choses sont fort loin d'y être réglées. Il y a, en revanche, quelque chose de sinistrement comique à voir l'un de nos principaux ministres évoquer le retour de nos troupes à partir du mois de mars.

Dans cette affaire, Servent a même naïvement confessé la satisfaction des troupes françaises à revenir "sur le terrain", après leur désengagement de l'Afghanistan. Belle raison pour intervenir ! Il s'est évidemment abstenu de parler de l'augmentation massive des soldes et des grands avantages d'ancienneté liés à cette condition d'intervention extérieure.

Bref, et l'on peut pour vérifier, se référer, si l'on veut, à mes posts antérieurs, mais j'y ai dit bien des choses qui ont été enfin dites hier par Guidère et Glaser ; comme je l'ai dit depuis le début, nous sommes très loin d'être sortis de l'auberge malienne où le séjour sera de moins en moins agréable. J'ai tout de même eu la satisfaction d'entendre les deux intervenants compétents dire des choses que j'avais moi-même dites mais que personne, dans la presse nationale, ne se risquait à souligner comme par exemple l'évidence de l'organisation de l'accueil triomphal à Gao et à Tombouctou.

Vous me direz qu'il y avait là des évidences mais, comme disait l'autre, ce qui va sans dire va encore mieux en disant.

 

vendredi 15 février 2013

L'école 2013 (N° 2) Retour en arrière. Mon blog du 13 mars 2007. Les IUFM et les sciences d'éduc.


France Inter. 13 mars 2007. Emission du matin sur les enseignants. Collège Georges Duhamel dans le 15e. Je ne connais pas la géographie scolaire parisienne, mais je doute que Monsieur Balladur, député de cet arrondissement, ait choisi comme terrain de jeux politiques un quartier "difficile" ou même un "quartier" comme on dit désormais.
J’ai d’ailleurs entendu, au début, vers 7 heures 45, en prenant en marche l’émission de Nicolas Demorand, que les élèves, qui arrivent en classe, restent debout ou, s’ils sont déjà assis, se lèvent à l’arrivée du professeur. Deux hypothèses se sont alors, en un instant, télescopées dans ma tête. Ou bien tous mes amis enseignants, qui me racontent leur quotidien, me mentent et tous leurs élèves sont, en réalité, disciplinés, polis, etc., ou bien le Collège Georges Duhamel dans le 15e parisien, sous la double, auguste et bénéfique influence de Georges (Duhamel) et d’Edouard (Balladur), est, miraculeusement, comme la tente d’Holopherne chez Giraudoux, le seul lieu du monde exempté du péché originel et ses élèves, sont les seuls en France, à continuer à s’y comporter comme autrefois. Je ne me risquerai pas à trancher !
Revenons au sujet. N. Demorand recevait, en ce matin du 13 mars 2007, un certain Jacques Durand, président de la conférence des directeurs d’IUFM.

Pour ceux qui l’auraient oublié, les Instituts de Formation des Maîtres (IUFM) ont été créés, en 1989, par Lionel Jospin, alors ministre de l’éducation nationale, mais, en fait, surtout par celui qui était alors son conseiller spécial, pour quelque tems encore, son ami de trente ans, Claude Allègre. L’idée était de parer les anciennes écoles normales des modernes oripeaux des sciences de l’éducation, tout en y agrégeant quelques universitaires, à qui les IUFM offraient, par raccroc, des postes de maîtres de conférences ou de professeurs, dont les universités elles-mêmes ne les jugeaient le plus souvent pas dignes.

La chose était d’autant plus étrange que, comme je l’ai déjà dit et écrit souvent, C. Allègre était un adversaire résolu et lucide des sciences de l’éducation dont il aimait à se moquer. Je pense ici au ballon, cher à cet ancien basketteur, que les sciences de l’éducation nomment le « référentiel bondissant » dans un exemple que C. Allègre lui-même se plaît à rappeler. La formule complète (je cite de mémoire) est que le joueur « doit se situer dans le temps et dans l’espace par rapport au référentiel bondissant », ce qui, en langage normal, veut dire simplement « recevoir ou intercepter la balle ».

L’échec des IUFM a été patent et, selon le bon vieux principe du pendule si cher à l’administration française, on a décidé de revenir au point de départ, en aggravant la situation. On va donc réintégrer les IUFM dans les universités, au lieu de les supprimer. Comment le faire d’ailleurs car que ferait-on des enseignants des IUFM, dont une partie relève du secondaire et n’a pas le statut des enseignants du supérieur ? 0n ne va donc rien changer aux défauts des IUFM, tout en créant de nouveaux problèmes dans les universités.

En fait, tout ce que j’ai dit, dans des blogs précédents, des sciences de l’éducation et de Philippe Meirieu, s’applique ici. Ph. Meirieu a été non seulement le gourou de la création de ces Instituts, mais, pas fou, s’est lui-même récupéré, au terme de sa faveur politique, à la direction de l’IUFM de Lyon, pour y attendre la retraite en s'essayant à la politique.

Un des moments forts – l’un des rares passages intéressants et surtout sincères de l’émission - a été celui où un jeune enseignant a osé expliquer qu’alors que le stage IUFM commençait en septembre, c’est en février qu’on donnait les formations sur la lutte contre la violence en classe (arts martiaux, etc… ?).

Vu l'intérêt et la nature de telles « formations », cela ne me paraît pas trop grave, simplement inepte, comme bien d’autres choses. Moment comique aussi quand ce même jeune enseignant, dans la consternation générale, évoque l’une des perles du pédagogisme des "sciences de l’éduc."dans les IUFM. Les stagiaires, assis sur des tapis de sport, sont invités à pratiquer collectivement un exercice dans lequel ils se voient, tour à tour, lancer une balle dont la réception leur accorde une minute de temps de parole. Au terme de la minute, qu’ils aient parlé ou non et quel que soit le propos, ils repassent la balle à l’animateur, qui va la renvoyer à un autre stagiaire. Cette affaire est si ridicule qu’aucun des participants à l'émission n’ose même en parler ; le dénommé Jacques Durand, pressé par N. Demorand et sans doute rompu à la pratique du "tapis de parole uéfèmien", finit par noyer le poisson dans un flot de propos aussi généraux qu'insipides ! On a tout de même eu un bref instant de sincérité et de vérité.

Tout confirme (mais qui en doute encore ?) que les sciences de l’éducation sont en fait un « pédangogisme » dans lequel les recettes d’une prétendue didactique sont plaquées sur des connaissances disciplinaires de plus en plus réduites et incertaines. Il est significatif de voir que les étudiants se plaignent, d’une seule voix, du niveau trop élevé des concours qui pourtant n’a guère varié.

En fait, sauf à considérer comme de réelles formations les discours théoriques sur la lutte contre la violence ou les pitreries de passage de parole par l’envoi d’un ballon…,les IUFM ne forment à rien du tout et leur création n’a rien changé. Le malheur est qu'on a mis vingt ans à le reconnaître, sans décider d'essayer d'abord de voir les problèmes.

Autrefois, pour prendre l’exemple du CAPES, celui ou celle qui était reçu à ce concours faisait un stage, une année durant, avec en général deux maîtres de stage différents et en alternant stage actif et passif. En fin d’année, on passait un CAPES « pratique » avant de rejoindre son premier poste. Les IUFM n’ont à peu près rien changé sur ce point pourtant essentiel. Il y a toujours une année de formation plus ou moins bidon, avec, en plus, à l’IUFM, les discours sur la lutte contre la violence et les jeux de ballon évoqués ci-dessus. Les enseignants continuent donc à ne pas être formés. On peut d’ailleurs s’interroger sur la possibilité même de former réellement à un tel métier et nous y reviendrons. L’enseignement, comme la médecine, est un art ; il y a des gens doués, sans avoir jamais appris à enseigner, comme il y en a qui ne le sont pas et qu’il faudrait, en vain peut-être, essayer de former, si l’on ne peut les inviter à choisir un autre métier. En, revanche, ce qui est inévitablement catastrophique est de ne pas bien connaître ce que l’on prétend enseigner, car on ajoute l’insécurité à la maladresse.

C’est ainsi qu’au CAPES interne de physique, par exemple, on propose au candidat un problème du niveau de la 4ème. En apparence, c'est logique puisqu’il enseignera la physique à ce niveau et on présente ainsi la chose. En réalité, si on lui donnait un vrai problème de physique, sans aller jusqu'au niveau du CAPES (le concours externe), pour évaluer par là, son vrai niveau de compétence en cette matière, il ne saurait pas le résoudre. Rien d’étonnant à cela, puisque la très grande majorité de ceux et celles qui passent ce concours interne ont, dans le passé, échoué au concours externe !

Dernière remarque pour Nicolas Demorand, qui s’il parle bien anglais et aime à le faire savoir, à des lacunes en latin et en français. On dit, en effet, « eT cetera… » (eT = et) et non pas « eK cetera).

jeudi 14 février 2013

L'école 2013 (N° 1) : Choses vues (ou presque)


Pour aborder, sans trop de sérieux et d'angoisse, les problèmes de l'école en 2013
pourquoi ne pas partir d'une "étude du milieu" en forme de "chose vue" ?

Mes enfants, vous vous souvenez sans doute que, l'an dernier, pour tous les candidats à la Présidence de la République, l’éducation était l’enjeu collectif majeur ; nous devons donc, par tous les moyens, aider à restaurer l’école de la République.

Pour cela, nous avons deux armes, la première est l’enseignement de la grammaire comme l’ont montré les rapports successifs sur le sujet rédigés par des gourous à la solde des éditeurs scolaires ; distinguer l’attribut du sujet de l’attribut du complément d’objet et savoir conjuguer et surtout orthographier les verbes pronominaux réfléchis sont les meilleurs moyens d’éradiquer la violence de nos écoles.

Toutefois l’éducation citoyenne doit absolument compléter, voire précéder  la grammaire. Sur ce point, les nouvelles instructions ministérielles précisent que cet enseignement doit prendre un tour vivant et concret. Nous allons donc partir de situations précises et imaginer que l’un ou l’autre d’entre vous occupe une fonction politique importante dans notre ville. Nous verrons ensuite ce qu’il fait et pourquoi il le fait.

Voyons Croquemol par exemple ; supposons que tu aies été élu maire de notre cité ; te voilà installé dans ton beau bureau à l’Hôtel de ville ; tu viens juste de prendre tes fonctions. A quoi penses-tu ? Quelles sont tes intentions ? Réfléchis un peu.

Non, Croquebol, ne dis pas " C'est tout réfléchi" et d’autre part, on ne dit pas, comme tu viens de le faire "Je vais me faire un max de thune" ; même si tu devais le penser, ce qu’à Dieu ne plaise, tu devrais dire plutôt, quoique ça revienne au même : "Je vais essayer de gagner le plus d’argent possible ". En dépit de quelques fâcheux précédents dont vous avez pu avoir à connaître, sachez que le rôle d’un maire n’est pas de s’enrichir aux dépens de sa commune et de ses concitoyens, mais de se dévouer, au contraire, pour leur bien-être, sans en retirer jamais le plus minime avantage personnel. Vous allez écrire sur vos cahiers cette fin de phrase qu’on devrait graver dans le marbre au fronton de tous les édifices publics.

Pourquoi ris-tu Mabrouck? "Bouffon" n’est pas une réponse et je ne vois pas d’autre part à qui s’adresse cette apostrophe. Explique-toi. Le maire ne va pas se faire encore plus de "thune" comme tu dis en faisant graver cette phrase sur les monuments. Mais non ! Cela n’a rien à voir avec les ronds-points qui, je vous l’accorde, se sont multipliés, inexplicablement et certes au-delà du raisonnable dans notre commune. Quel rapport entre ces ronds-points et la piscine de notre maire ? Que ce soit la même société qui ait construit les uns et creusé l’autre ne prouve rien. C’est sans doute une coïncidence!

De toute façon, un élu ne peut pas et ne doit pas tirer un avantage personnel de l’exercice de sa fonction ; c’est un délit et il a un nom. Vous allez l’écrire sur vos cahiers, cela s’appelle de la " pré-va-ri-ca-tion ".


Non, ça n'est pas "après" quoi que ce soit et cela n’a rien à voir avec les " varices" de Madame votre grand'mère ! La prévarication est une faute grave qui est sévèrement punie par la loi. Que notre maire ait été avant son élection un petit agent commercial et qu’il possède maintenant deux villas, des appartements et un commerce n’est pas, en soi, un délit. Il a peut-être gagné au loto ou fait un gros héritage.

Qu’est-ce-que tu dis, Moussa ? Tu le connais et il est orphelin? Bon alors, si cette seconde explication est à écarter, la première demeure envisageable.

Mais revenons à Croquemol, bien installé dans son bureau de l’Hôtel de ville et méditant déjà ses premiers actes administratifs.


Quoi ? Tu vas faire embaucher ta famille et tes amis par la Mairie. Quelle horreur! Où peux-tu prendre pareilles idées? Voilà un autre grave délit, dont vous allez noter illico le nom sur vos cahiers. C’est du "né-po-tis-me "!

Mais non je ne vous ai pas dit que c'est "illico". Vous allez le noter ; "illico" ne fait pas allusion à la notation graphique du mot, mais à l'obligation pour vous de le noter immédiatement, donc "illico", ce treme nouveau. Restons en là et notez "népotisme", du latin "nepos" qui veut dire "neveu ".

Qu’est-ce-qu’il y a encore Mabrouck ? Je sais bien qu'on n'a jamais parlé de n'embaucher à la Mairie que ses "neveux" et je prends acte que tu n’en as pas ; le terme s’applique à tous les cas où un homme politique favorise volontairement ses parents, ses amis ou ses proches.

Quoi encore ? Toute la famille de notre maire travaille déjà à la Mairie, dis-tu, et il a même fait embaucher ses colleurs d’affiches comme employés municipaux ou pompiers? Ne généralisons pas à partir d’un exemple, certes regrettable mais probablement isolé.

Mes enfants, mesurez vos propos et n’allez pas noircir un innocent. Peut-être s’agit-il de coïncidences, fâcheuses, je vous le concède, mais qui ne doivent pas vous avancer à des propos diffamatoires. Non, non, vous n’écrivez pas "famatoires" sur vos cahiers; il ne s'agit pas là du nombre "dix" (les "famatoires" étant au nombre de 10 et, en outre, cela ne fait pas partie de la leçon du jour.

Alors Croquemol, toujours installé dans ton bureau, n’as-tu pas, dans ton programme municipal quelque dessein plus honorable que ceux de t’enrichir au plus vite ou de faire recruter par la Mairie tes parents et tes amis? ... Qu’est-ce-tu dis ? Tu es nul en dessin ? Qu’est ce que cela vient faire ici ? Le rôle d’un maire n’est pas de peindre des fresques sur les murs de la salle du conseil ou de faire les portraits de ses adjoints. Comment ? C’est moi qui ai dit qu’il fallait être bon en dessin pour être maire?


Ah, ...je comprends! Tu m’as mal compris, faute de connaître la différence entre le mot "dessein" ...e-i-n ...qui veut dire "projet" et le terme  "dessin" ...i-n... qui seul vous est familier. Nous allons les écrire au tableau pour vous éclairer....Qu’est-ce qu’il y a encore ? Souria, qu’est-ce-que tu fais debout près de la porte ? Tu vas allumer la lumière ? Moi, j’ai dit d’éclairer ? Ah... encore un malentendu, nous ne parlons décidemment pas la même langue. "Je dois vous éclairer" ne veut pas dire "Allumez les lampes", mais je dois "vous faire comprendre", "éclairer votre lanterne".

Du calme, je sais bien qu’il n’y a pas de lanterne, c’est une image. Il n’y a pas d’image non plus ... D’accord. laissons cela car nous n’en sortirons pas.

Soyons donc plus simple et plus direct. Croquemol, à quoi penses-tu donc dans ton fauteuil de maire sous la photo de notre Président de la République? A la secrétaire qui, selon tes propres termes, serait "canon", que tu "kiffes grave" et que tu rêves de "niquer" ? ... Je suppose que, dans ta bouche, "canon" veut dire “ très belle ” ? ... Le maire n’embauche que des “ super-nanas ” pour reprendre tes propres termes? ... En dehors de ses recrutements intra-familiaux, je suppose, car j’espère qu’il ne joint pas à la lubricité que tu lui prêtes, un penchant pour l'inceste ; il y a là aussi grave délit dont on parle beaucoup, le " harcèlement sexuel".


Du calme! Du calme! D’accord, il y a eu un film...oui...avec Michaël Douglas d’accord... Je constate, non sans quelque déplaisir, que vous êtes plus versés dans le cinéma américain que dans l’orthographe du français.

Mais l’heure avance et certes notre bilan du jour n’est pas très réjouissant : "prévarication"..., "népotisme" ... "harcèlement sexuel"...


Pauvre France! Enfin, il faut bien faire le programme d’éducation citoyenne. La semaine prochaine, nous verrons, dans un autre volet de l’activité politique, l’ingérence, la corruption de fonctionnaire et l’abus de biens sociaux.

mercredi 13 février 2013

Information : un clou chasse l'autre.


On commençait à s'inquiéter pour les chargés de communication et les journalistes, après quelques semaines bien remplies sur le mariage gay, devant l'étiage informationnel qui semblait devoir s'installer. Fort heureusement le hasard, toujours aussi vigilant que malicieux, est venu suppléer cette carence légitimement redoutée.

Le Mali s'avérant moins triomphal que prévu (mais on pouvait le prévoir comme je l'ai fait dans ma série de blogs "Honni soit qui Mali pense"), les haridelles roumaines, subrepticement substituées à nos charolais dodus, dans nos plats dits "cuisinés", ont fourni, quarante-huit heures durant, la pitance quotidienne indispensable à notre insatiable Moloch journalistique, ce qui devait permettre d'attendre, sans trop de mal, la grève des instit', manifestement (ou grèvistement ?) peu soucieux de voir rétablie la matinée de classe du mercredi.

Patatras ! Voilà que le Pape fait soudain des siennes, en décidant, sans crier gare ni pouce, de se retirer des affaires divines dès la fin du mois de février, provoquant par cette décision inopinée et faute de croustillant scandale qui y serait lié, des recherches immédiates au sein de l'histoire de la papauté et même déjà des spéculations au sujet du conclave où l'on ne voit guère de candidats susceptibles de provoquer d'emblée le panache de fumée blanche que guettera toute la chrétienté.
 
Je n'ai pas entendu citer Prévert, un peu adapté. Petit coup de main aux ignorants de nos médias : "Le Pape démissionne, un nouveau Pape est appelé à régner. Araignée ! Quel drôle de nom, pourquoi pas  libellule ou papillon ?"
 
Merci Bon Dieu ! Le PAF est provisoirement sauvé (d'autant que commencent les phases finales de la Coupe d'Europe de foot!), mais l'abondance de biens, on le sait, nuit autant que leur raréfaction.

Parmi tant de sujets d'une aussi totale inconsistance les uns que les autres, on ne voit guère la réflexion s'orienter vers les VRAIS problèmes de l'éducation qui sont, avec ceux de la crise économique qui nous frappe, les plus sérieux, et même les seuls sérieux, que nous ayons à affronter alors que les autres n'ont pas d'autre finalité que de nous en détourner.

S'agissant de l'école et de l'industrie, je ne me risquerai pas à montrer ici, sur ce point précis, la pertinence du concept de "capital humain", proposé, il y a près d'un demi-siècle (au milieu des années 60), par Gary Becker et qui lui a valu en 1992 le prix Nobel d'économie. Le ferais-je que je pourrais peut-être recevoir des propositions alléchantes de collaboration de BFM TV, la voix du grand capital, qui, sous couvert d'information, se livre à une propagande active en faveur du grand capital, servie dans cette action par une équipe d'économistes des plus pittoresques, mais dont j'ai quelques doutes sur la compétence réelle vu la discrétion absolue de leurs CV !

Le seul et vrai problème de notre école ne me paraît pas, en effet, de savoir quel jour on gardera dans la semaine pour le repos des enfants. En quelques décennies, comme disait l'autre : "on a tout essayé" ; ainsi est-on successivement passé du jeudi, repos traditionnel des écoliers durant si longtemps qu'on l'avait mis en chansons, au mercredi, en gardant, dans les deux cas, au mépris du repos, une demi-journée pour le catéchisme ; le samedi était même, au début de cette époque infortunée, un jour de classe complet ! Il le fut d'ailleurs longtemps, jusqu'à ce que les lobbies des industries du tourisme et des loisirs imposent à tous un week-end de 48 heures. Toutes ces affaires de répartition du temps scolaire, fussent-elles garanties par des "chronobiologistes" et des "pédo-psychologues", qui ne sont d'ailleurs pas d'accord entre eux sauf sur la nécessité absolue de les consulter et même de les employer, n'ont guère d'importance et on en trouvera toujours quelques-uns pour contrarier les autres.

Les (ir)responsables de l'éducation, qui ont successivement peuplé la rue de Grenelle depuis trois-quarts de siècle, ne sont tout de même pas assez stupides pour ne pas avoir vu que les vrais problèmes de notre école sont ailleurs. Pour dire les choses simplement, on a essayé de changer les jours de classe, alors que ce sont les populations scolaires (donc le "capital humain" comme diraient certains) qui ont elles-mêmes changé, tandis que les programmes et les méthodes ne changeaient guère, sauf pour l'apprentissage de la lecture qu'on a réussi à ruiner à force de "méthode globale" ou "semi-globale", pour le plus grand et seul profit des éditeurs scolaires (on consomme désormais à cette fin des masses énormes de livres, sans cesse renouvelés à nos frais). Ces éditeurs, se sont, à prix d'or, offerts les services absurdes de quelques pseudos savants qui, pour la plupart, n'ont, en fait, aucune expérience réelle des techniques qu'ils prétendent promouvoir.
 
Je ne citerai personne sur ce point, par crainte des procès, mais les parcours professionnel de certains de nos gourous de la pédagogie sont à mourir de rire, quand on voit que ces gens-là n'ont même jamais passé (ou en tous cas) réussi le moindre concours de recrutement de l'éducation nationale (CAPES ou agrégation) et n'ont donc jamais enseigné dans les classes dont ils prétendent traiter. MDR !

Ce problème mérite plus qu'un simple post et, comme je me fais un devoir d'être toujours court en ces lieux, je réserverai ce sujet pour un ou plusieurs blogs que je consacrerai à l'éducation. Il est toutefois évident que, dans un premier temps, la massification des effectifs puis surtout la diversification croissante et extrême des élèves sont, pour une bonne part, à l'origine de la crise qu'on observe actuellement et qui fait que, selon l'estimation récente du ministre lui-même; un quart des élèves qui entrent au collège ne savent, en fait, pas lire et écrire, ce que les enfants d'autrefois étaient traditionnellement en mesure de faire à Pâques, dès le cours préparatoire, selon le témoignage de tous ceux et de toutes celles qui ont connu ces époques.

Nous y reviendrons.