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dimanche 24 février 2013

L'école 2013 (N° 9). Retour en arrière : Philippe Meirieu ou les méfaits des sciences de l'éducation (blog du 25 avril 2008)


[Vu les événements, politiques en particulier, le dépit poussant notre héros à quitter son cher PS pour Europe-Ecologie-Les Verts, j'ai repris ce texte d'avril 2008 en février 2010, en lui ajoutant quelques modifications qui figurent ci-dessous, selon la bonne règle, entre crochets et en italiques].

Dimanche 20 avril 2008, Moatti, à l’occasion d’un « Ripostes » sur l’éducation, avec en vedettes Lang et Darcos, nous a ressorti Philippe Meirieu qu’on espérait définitivement disparu avec ses programmes et ses IUFM !

Si, par le plus grand des hasards, vous ne connaissez pas Philippe Meirieu, cette lacune peut être aisément comblée par la consultation de son site ou de tous ceux où il figure et dont, lui-même, ne manque pas de mentionner les adresses par des liens. Autre chance pour vous, certaines sources d’information sont agrémentées d’une photo, car, si étonnante que soit la chose, l’homme paraît aussi satisfait de son image que de sa pensée. Louons le Seigneur, mes frères et mes soeurs, car il vous sera même peut-être accordé d’y entendre la voix du Maître !

Soyons modernes et savants, car l’homme l’impose. Donc un peu de sémiologie de sa nouvelle image pour commencer.


Il arborait, chez Moatti, une curieuse chemise rouge sang (éclatant rappel de ses convictions de gauche ?), mais avec une cravate. Un directeur de CNDP ou d’IUFM, même honoraire, doit garder de la tenue, tout en affichant avec force ses convictions. Il faut donner confiance au client. Chevelure et moustache blanches de rigueur, rinçage bleuté, lunettes, tout en lui signifie le pédago ! Au terme d'un étrange parcours, instituteur monté en graine, il se fait professeur de collège avant de l'être de philosophie, il se enfin lance dans les sciences de l’éducation et la pédagogie, domaines propres à abriter et/ou à générer toutes les impostures éducatives.

La soutenance-éclair d’une thèse (d’Etat, s’il vous plaît, directement, l’homme n’est pas modeste) en sciences de l’éducation, naturellement. Nous sommes en 1983 ; il a 34 ans, ce qui, vu sa carrière antérieure, apparaît quasi fulgurant, du moins dans les disciplines universitaires normales, et cela d’autant que, selon ses termes, ses « engagements militants et professionnels » étaient multiples. Quel homme !

Curieusement pour un homme qui ne nous cache rien (pour ne pas dire qu’il étale tout !), le titre et les références de cette thèse demeurent non précisés. Il faut consulter l’un de ses hagiographes patentés pour apprendre qu’ayant passé son CAP d’instituteur en 1974, il a soutenu une thèse d’Etat en 1983 sur le thème, sinon le sujet suivant : "Apprendre à apprendre". De la bouche même du Docteur Meirieu, on apprend que cette somme était « un énorme pavé de près de 1000 pages » (ce qui est, somme toute, très banal pour une thèse d’Etat), mais surtout qu’elle a exigé de son auteur "dix ans de travail acharné et solitaire" (dixit Ph. Meirieu). Là, il se prend un peu les pieds, sinon dans le tapis, du moins dans la chronologie, car si je compte bien 1983 - 10 = 1973. Ce détail prouve qu’il a commencé sa thèse d’Etat avant même d’être instituteur ! Quel homme (encore !)! Il faut éviter de mettre du sucre sur le miel, comme disait ma grand’mère!

Si la tenue et l’apparence ne changent guère selon les photos, on dispose, en revanche, de deux versions majeures du portrait. La première est, pourrait-on dire, socratique. Un demi-sourire laisse entendre qu’on est allé au bout des choses et qu’on en est revenu. Toutefois, la version officielle, celle du site que notre héros s’est résigné à créer, à la demande générale, est celle du penseur. Le « Penseur » de Rodin appuie sa tête sur son poing droit et regarde le sol ; il ne positive donc pas. Le penseur selon Meirieu (sujet et objet !), tient le précieux think tank, qui lui sert de tête, de sa main gauche (faut-il y voir un signe de son orientation politique majeure ?), l’index est levé (et non le majeur « fuckeur », ne nous y trompons pas !) et le pouce est délicatement allongé sous le menton. Le regard bleu est fixé, non pas sur la ligne de même couleur des Vosges, mais sur l’horizon pédagogique qu’il ne cesse jamais de scruter pour alimenter une réflexion que rien n’interrompt. [Le dernier portrait visible (2010), un troisième, celui de la tête de liste Europe-Ecologie, donne, cette fois, dans le style de la maison Bové-Dany. Plus de cravate, ni de moustache, pull-over de matière et de couleur indéfinissables, plus de pose alambiquée et méditative. Quel homme ! Un vrai Fregoli de la pensée !
].

Philippe Meirieu incarne de façon parfaite tout le mal qu’ont fait à notre école les sciences de l’éducation ; à « Ripostes », la charmante Natacha Polony lui a rappelé, mais avec trop de discrétion à mon sens, qu’il a traîné, vingt ans durant Rue de Grenelle, même s’il paraît l’avoir oublié, et qu’il ne saurait donc fuir les responsabilités qui sont incontestablement les siennes.

Claude Allègre s’est souvent moqué, non sans humour et pertinence, des sciences de l’éducation et de leur jargon. Il aimait à rappeler que le ballon des cours de gym. est, dans cet idiome, le « référentiel bondissant ». Il est donc stupéfiant que, d’abord comme conseiller spécial de Lionel Jospin, puis comme ministre, il ait donné à Philippe Meirieu la place qui fut la sienne. Il est vrai qu’Allègre ne s’intéressait vraiment qu’à l’enseignement supérieur et à la recherche, alors que Meirieu n’est jamais sorti des sciences de l’éducation, dont la maxime suprême est que l’on enseigne bien que ce que l’on ne sait pas.

Philippe Meirieu, qui, depuis un quart de siècle, s’est fait de la pédagogie un superbe fromage où il s’est longtemps et confortablement installé, avant de continuer à en vivre, même après l’avoir quitté, a tenté de rendre à la fromagerie, fût-ce par métaphore, une partie de ce qu’il lui doit, en suggérant, certains s’en souviennent peut-être, de régler enfin les problèmes de la carte scolaire... grâce au camembert.


[ Dernière minute. Ce matin (13 février 2010) entendu sur France-Infos, très tôt (avant 7 heures),que la tête de liste Philippe Meirieu (EEV) centrer sa campagne des régionales sur le sauvetage des moulins à café par les grands-mères! Quel talent!].

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