Messages les plus consultés

jeudi 27 septembre 2012

Honni soit qui Mali pense ! (1)

Veuillez excuser le mauvais jeu de mots de ce titre, mais comment l'éviter en pareille circonstance ?

Je ne voulais pas revenir si vite sur le sujet que j'ai abordé en passant hier, à propos du discours de François Hollande devant l'ONU et des chemins de traverse dans lesquels la France semble disposée à se fourvoyer, une fois de plus.

J'ajoute que rares sont ceux qui font remarquer que les événements du Nord du Mali sont en liaison des plus directes avec notre intervention en Libye et que nous n'avons sans doute pas fini d'en payer les conséquences. Même si la France se borne, non sans quelque raison, à des interventions aériennes que semblent préconiser nos "experts militaires" (après la Ligne Maginot et Dien-Bien-Phu). Sans doute ne sont-ils pas au courant (ils ignorent tant de choses) du fait que les troupes de mercenaires sahéliens qui ont fui la Libye pour venir au Mali, ont emporté avec eux beaucoup de matériel militaire dont nombre de missiles sol-air modernes dont ils n'hésiteront pas évidemment à faire usage le cas échéant contre nos aéronefs (pour causer technique) ? Il faut donc sans doute que notre président mette en chantier un discours-type pour les cérémonies aux Invalides lors des obsèques de nos pilotes d'avions ou d'hélicoptères.

Ce qui m'a déterminé à consacrer à nouveau un post au Mali, alors que je n'y pensais pas, est l'émission de Calvi "C ...." sur la Cinq que j'ai regardée hier et qui était consacrée à la situation maliennne. Si j'ai récemment complimenté la Cinq (et surtout la journaliste Caroline Roux que je prie ici de m'excuser de l'avoir une fois appelé Dominique !), je n'en ferai pas le même pour Calvi qui commence à nous fatiguer avec ses éternels invités et en particulier l'expert militaire Sergent (la majuscule n'est pas fautive et je vous jure que c'est vrai ! Ce n'est pas vrai en fait, il se nomme Servant avec une faute d'orthographe, mais de Sergent à Servant ou Servent il n'y a qu'un pas). Idem pour l'expert universel Christophe Barbier qui ferait mieux de se contenter de jouer les crieurs de journaux pour son Express sur les différentes ondes. Lui, en revanche, est expert en banalités genre centre droit (pauvre JJSS!), émises à tout propos et sur toutes les chaînes, uniquement préoccupé qu'il est de la publicité de son hebdomadaire que je trouve à vrai dire de plus en plus mauvais. Laissons cela car on peut le dire malheureusement de plus en plus d'émissions de Monsieur Calvi qui, trop occupé sans doute, se fatigue de moins en moins dans le choix de ses intervenants.

Un troisième invité de l'émission sur le Mali était une charmante africaine qui, semble-t-il, habite Montreuil plutôt que Tombouctou et qui préside je ne sais quelle association d'"amitié franco-malienne de deuxième génération" (sic!). Autant dire que sa connaissance du Nord-Mali est probablement minimale mais surtout que son point de vue est assurément des moins objectifs.

Je n'ai en fait regardé cette émission que pour une seule raison;  après avoir vu ces trois intervenants, j'avais songé à éteindre la télévision mais le quatrième intervenant, que Calvi, toujours rusé, avait gardé pour la bonne bouche, était Antoine Glaser. C'est là, pour le coup, un vrai spécialiste qui a publié un quart de siècle durant (jusqu'en 2010) l'excellente Lettre du continent, un fin connaisseur de l'Afrique et qui, en général, n'a tout de même pas trop sa langue dans sa poche ce qui est une de ses grandes qualités.

Vous devinez d'avance que l'essentiel pour ne pas dire la totalité de l'espace médiatique de cette émission a été rempli par les interminables et insipides propos de Christophe Barbier qui, comme toujours, a ouvert longuement le feu, sans dire grand-chose car manifestement ses connaissances sur le Nord Mali sont des plus limitées.

A suivi un long expose d'une technicité laborieuse de Monsieur Servent qui est quelque chose comme directeur de recherche ou d'études et/ou professeur dans je ne sais quelle fantomatique institution parisienne, militaire, économique ou géopolitique, du genre de celles où viennent se caser tous les retraités de quoi que ce soit. Calvi semble d'ailleurs marquer une forme de prédilection pour ce genre d'intervenant, sans doute parce que leurs apparitions sont gratuites, qu'ils sont disponibles à tout moment et soucieux de vendre quelques exemplaires de leur vagues publications (Monsieur Servent a même eu le rare culot de citer "un de ses livres" où il avait usé du mot "lacrymal", ce dont il était manifestement ravi).

Mais revenons en Mali. Les seuls propos raisonnables et manifestement informés ont été tenus évidemment par Glaser qui n'a fait, en tout et pour tout, que trois interventions, les deux premières très brèves et la troisième un peu plus longue mais qui a dit l'essentiel. Je l'ai trouvé trouve toutefois plus prudent que par le passé (pour des raisons qui m'échappent). Il a signalé, non sans bon sens, face aux rodomontades franchouillardes des deux autres, que la France ne pouvait que difficilement échapper au piège de l'intervention, mais, par ailleurs, il a été le seul à souligner tous les dangers pour l'ancienne puissance coloniale.

Cette dernière expression a suscité des réserves de la part de Monsieur Servent qui par là-même à montré son ignorance des réalités coloniales, car le fait que beaucoup d'Africains n'aient pas connu la colonisation française, n'empêche, en rien, une dénonciation systématique de ce colonialisme. J'ai toutefois désormais une réponse toute trouvée à ce genre de remarque en disant aux Africains, quand ils se hasardent à de tels propos, que les Chinois leur feront assurément regretter les Français.

Bref, Glaser a souligné à la fois les risques de cette intervention et ses difficultés immenses, ne serait-ce que pour constituer une troupe d'intervention convenable et opérationnelle à base essentiellement nigériane (donc anglophone) et burkinabé (donc francophone), avec des soldats qui sont, pour le moins, aussi mal formés que mal équipés. Naturellement la Malienne de Montreuil a fait des appels vibrants à l'intervention française, mais vous aurez peut-être observé que, dans l'intervention du délégué officiel du Mali à l'ONU, il n'a été question que de troupe africaines, du moins à ce que j'ai entendu de son propos.

Glaser a été aussi le seul à poser un problème central et capital : le ravitaillement en carburant de gros véhicules fort gourmands qui doivent parcourir des milliers de kilomètres dans des déserts où les stations-services sont rares! Cela pose évidemment la question de la frontière avec l'Algérie et du rôle de cet Etat dans toutes ces affaires, fort différent de celui de la Mauritanie, mais que personne n'évoque jamais. La "fides punica" a dû passer la frontière !

Il a fallu attendre les deux-tiers de l'émission pour que Monsieur Servent prononce, non pas le nom de Tamasheq, qu'il doit ignorer, mais le mot Touareg (ce qui, j'en conviens, reviens au même mais qui n'est pas le terme utilisé au Mali). Il s'est abstenu de mentionner que la revendication de l'indépendance ou moins de l'autonomie du Nord du Mali par les Tamasheq est ancienne et que leur affrontement, parfois armé, avec Bamako, aussi traditionnel, n'a pratiquement jamais cessé dans les dernières décennies. Actuellement il semble que les relations entre les Tamasheq et l'ACMI ne soient pas des meilleures mais il est sûr qu'une intervention nigério-burkinabe-française contribuerait à rétablir l'unité au sein de ces factions.

Et si ça se passe mal, en quoi que ce soit, car ces troupes africaines ne sont pas des plus disciplinées, soyez sûrs, comme le soulignait Glaser, que ce sera, de toute façon, la faute à la France !

Honni soit qui pense au Mali!

5 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
votre conclusion me rappelle un épisode lointain de ma carrière lors d'une intervention en Afrique.
Un jour suite à un accord passé entre Africains, nous avons vu arriver un contingent de l'armée zaïroise de Mobutu. Cette armée zaïroise avait la particularité de disposer d'un double encadrement, un zaïrois et l'autre étranger dans le cadre d'accords de coopération passés avec différents pays. Mais quand elle intervenait à l'extérieur seul l'encadrement zaïrois était présent. Nous avons donc vu arriver des militaires très bien équipés, avec des uniformes rutilants et des armes modernes. Deux mois plus tard c'était une bande de clochards qui vivaient plus ou moins sur le pays et parfaitement incapables d'aller se battre, et donc dont nous ne tenions aucun compte pu plutôt que nous évitions soigneusement.
Je vois donc très bien ce que pourrait donner comme effets ce contingent.
Ce qui me fait penser que finalement les Touaregs doivent préférer de loin ce genre d'adversaires que les islamistes avec lesquels rien ne va plus et qui sont bien mieux armés qu'eux.

Autre anecdote. un jour dans une de nos écoles, j'ai croisé un lieutenant qui était pilote de chasse dans l'armée malienne équipée de migs à l'époque. Une visite médicale lui a révélé car apparemment il ne s'en était jamais rendu compte qu'il était myope (je pense qu'il ne s'en était jamais rendu compte à son émerveillement quand il a perçu ses lunettes). C'est peut-être ça le plus grand danger pour nos pilotes.

Anonyme a dit…

N'y a-t-il pas d'autres raisons à cette demande de mise en place d'une force d'intervention africaine ?
Il me semble que la participation des pays africains à ce type de dispositif n'est pas sans lien avec :
- la possiblité de se voir offrir du matériel que leurs budgets ne leur permettent pas d'acheter et, plus important encore,
- l'octroi à leurs soldats de rémunérations intéressantes.

Anonyme a dit…

Cher Expat
Merci de ce commentaire qui illustre doublement ce que je voulais dire, sans le formuler plus explicitementr de peur d'être accusé de haute trahison. Usbek

usbek a dit…

Cher Anonyme,
Bien sûr car il n'y a pas de petits profts sans compter les viols, les pillages et les exactions diverses qu'on peut espérer en pareils cas. Usbek

usbek a dit…

Cher Anonyme,
Bien sûr car il n'y a pas de petits profts sans compter les viols, les pillages et les exactions diverses qu'on peut espérer en pareils cas. Usbek