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lundi 17 septembre 2012

Chômage : "replacement"

J'ai regardé hier dimanche soir, sur M6, une émission effrayante surtout dans la dernière partie de l'émission "Capital" qui était consacrée au problème de l'emploi en France. Cette dernière partie intitulée, en gros, "le bizness du chômage" consistait en un reportage sur ce qu'on appelle, pudiquement et joliment, les « agences de replacement ». Il s'agit, en fait d'officines, dont la fonction est de retrouver de l'emploi pour les travailleurs licenciés suite à un plan social ou dans toute autre condition.

Si j'ai bien compris, il en existe en France des centaines et elles se répartissent en deux catégories principales.

Les unes, le gratin, ont pignon sur rue et offrent toutes les apparences de la plus grande prospérité. Elles passent des accords avec les grandes entreprises qui ont, en fait, en même temps que la possibilité d'élaborer des plans sociaux, les moyens de se payer les services de ces agences qui sont chargées de replacer ceux qu'elles-mêmes licencient et de tenter par là d'éviter les vagues.

Les autres sont de dimensions plus modestes et ne vivent pas sur le même pied. Ce sont celles dont je connaissais l'existence et le fonctionnement, une de mes amies travaillant dans l'une d'entre elles. Elles traitent essentiellement avec Pôle Emploi dont je croyais, comme beaucoup que c'était là-même la fonction majeure pour ne pas dire unique mais qui sous-traite cette activité de replacement dans ces agences, à moindre coût évidemment que dans le cas précédent.

Pour prendre le premier cas, celui des agences au nom souvent anglo-saxon (donc fashion) et au logo accrocheur qui traitent avec les grandes entreprises, chaque travailleur replacé leur rapporte 3500 € . Dans leur pub, évidemment mensongère, elles prétendent, de façon fallacieuse semble-t-il, qu'elles replacent entre 90 et 100 pour cent des travailleurs dont elles ont à connaître (97% dans le cas cité). Un expert a expliqué que c'était évidemment faux et qu'en réalité ce pourcentage n'était calculé que sur un nombre limité de cas, une fois qu'on avait éliminé tout ce qu'on pouvait soustraire du total pour quelque raison que ce soit (choix personnel de ne pas rechercher de travail, congé parental, création d'entreprise, etc.). On a montré de façon assez précise le fonctionnement de ce type d'agence qui opère très largement par démarchage téléphonique, en contactant directement les employeurs éventuels et évidemment sans passer par Pôle Emploi. Le profit final est de l'ordre de 15% ! Pas mal comme marge. Vive le chômage!

Le second type d'agence fonctionne sur des bases bien moindres, avec Pôle Emploi ; chaque replacement éventuel rapporte de 1000 à 1500 € suivant les cas. Il en résulte que l'activité de replacement ne suffit pas à faire bouillir la marmite et qu'il faut souvent doubler ce type d'activité par des actions de formation. Dans le cas que je connais par l'amie que j'évoquais ci-dessus, les choses ne marchent pas très fort car il faut dire que la zone dans laquelle opèrent ces agences est un facteur d'une grande importance et il vaut mieux en la circonstance être dans la région parisienne que dans la Creuse !

Ces agences (le mot magique!) amènent évidemment à se poser des problèmes sur les finalités et l'activité même du Pôle Emploi sur laquelle je n'ai jamais recueilli, où que ce soit et de qui que ce soit, que les échos les plus défavorables.

Tout cela n'était donc pas très encourageant sur la future inversion de la courbe du chômage, pour causer comme notre Président de la République, et le reste de l'émission, excellente au demeurant, était encore plus noir (si j'ose dire) car un des sujets était "le travail au noir" et la vaine lutte qu'on tente de mener contre lui.

Tout serait à citer mais on y a vu, entre autres, le témoignage d'un patron de deux bistrots parisiens du Marais qui se refuse quant à lui à cette pratique qui semble courante dans sa profession. Il était tout de même un peu étonnant d'apprendre que le salaire d'un serveur dans un café parisien s'établit aux alentours de 4000 € ; nombre d'entre eux, en outre, par un subtil mixage d'emplois temporaires estivaux dans le midi de la France, d'émargement aux ASSEDIC et de travail au noir ont des rémunérations qui tournent aussi autour de 3500 €, ce qui après tout n'est pas si mal pour servir des cafés et des demis dans un troquet.

Faut-il ajouter que tout cela est parfaitement connu de tout le monde et participe joyeusement de notre belle fraude sociale. Si l'on y ajoute la totale gabegie qui sévit à la Sécurité Sociale où des infirmiers y sont payés trois ou cinq fois pour les mêmes actes eux-mêmes douteux et où des livraisons-bidon sont payées des dizaines de milliers d'euros (pour ne citer que des cas avérés), tout cela nous conduit directement à un abîme dont nous ne savons pas véritablement si nous sommes encore sur le bord ou déjà au fond !

A propos de Pôle Emploi et du reste, je constate après rédaction de ce post que la conclusion est tirée par l'Inspection Générale des Finances dans un rapport dont F. Fillon a courageusement bloqué la publication avant les élections, posant sans doute, dans son armoire personnelle, le texte de ce rapport explosif sur ceux des plans sociaux qui ne l'étaient guère moins :

" L’inspection générale des finances (IGF ) dénonce les effectifs pléthoriques des agences de l’État et leur coût. Dans un rapport que s'est procuré Le Parisien/Aujourd'hui en France, les agences emploierait près de 450 000 personnes et son coût correspondrait à 50 milliards d'euros chaque année." La Croix, ce jour.

Pour finir et rire un peu (mais jaune); si l'on sait que les agences emploient 450.000 personnes et coûtent chaque année 50 milliards, on ne sait PAS LEUR NOMBRE EXACT ; selon l'IGF et ses suppositions, il y en aurait 1244!

ET VIVE LE PERE UBU!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Extraits de Ouest-France, 18/09/2012

"

Le budget des collectivités locales représente 143 milliards contre 112 millions pour celui de la présidence de la République », explique l'élu de l'Aisne, qui propose de mettre L'État au régime, titre de son dernier livre (1).

« Lorsque les communautés mettent en oeuvre une politique nouvelle, celle-ci se traduit par des dépenses supplémentaires. Or, les communes ne sont pas tenues de diminuer d'un égal montant leur budget, comme nous aurions pu légitimement l'attendre ou le supposer. »

L'exemple le plus significatif se trouve dans les dépenses de personnel. Lorsque les communautés de communes créent un emploi, les communes n'en suppriment pas. « Entre 1998 et 2008, les effectifs de l'intercommunalité ont augmenté de 111 069 postes, soit + 221 %. Mais, durant la même période, le personnel des communes n'a pas diminué pour autant. Il a même augmenté de 127 759 postes, soit + 13 %. »

L'élu socialiste relève aussi une « progression très forte des investissements ». Leur montant est passé, dans la même période, de 16 à 28 milliards. Soit une augmentation de 75 %. « Pourtant, il y a quatorze ans, la France n'était pas dépourvue d'équipements publics, souligne perfidement Dosière. Chaque échelon fonctionne de manière autonome. Résultat : toujours plus de dépenses. »

Le député évoque d'autres gaspillages, peut-être plus anecdotiques au regard des sommes engagées. La multiplication des vice-présidents déclenche une « course aux indemnités » dépensière. Les avantages en nature offerts aux élus locaux (voiture, téléphone, carte bancaire...) posent la question de leur transparence.

« Opacité »

« Si cela est légitime, il n'y a aucune raison de ne pas le rendre public. Or, dans ce domaine, l'opacité est complète. » Enfin, air connu, les dépenses de communication sont partout en hausse et échappent à peu près à tout contrôle. Elles représenteraient pourtant au moins six milliards d'euros par an."


(1) L'État au régime, par René Dosière, Seuil, 180 pages, 14,50 €.

Anonyme a dit…

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