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mercredi 26 septembre 2012

Comment l'esprit vient aux hommes (et aux femmes !)


L'idée de ce post et de son titre m'est venue ce matin, entre café et jus d'orange, en écoutant Monsieur Bernard Accoyer, ancien président de notre Assemblée nationale.
Voilà l'un de ces innombrables cas où, du fait de circonstances extérieures, l'esprit vient aux hommes ! Ce brave Savoyard a découvert soudain, et désormais il s'en ouvre volontiers au bon peuple dans les médias, que nous avons trop de représentants du peuple et qu'en retirant une bonne centaine de députés de l'Assemblée nationale (nous en avons près de 600!) tout marcherait aussi bien (ou aussi mal) ; nous serions alors, à peu près dans les canons de représentation de toutes les autres démocraties du même genre et du même niveau (en fait, encore très largement au-dessus!).

« Voilà une chose qu'elle est bonne ! » comme aurait dit Coluche ou "Bon sang mais c'est bien sûr !" selon la formule conclusive d'une figure de notre télévision d'antan.

C'est trop bête! Il est vraiment dommage que Monsieur Accoyer n'ait pas eu cette révélation, si soudaine quoique si évidente, durant les cinq années qu'il a passées juché sur le confortable perchoir du Palais-Bourbon. Qui mieux que lui aurait été en mesure et en position de faire pareille proposition et d'être écouté ? Fatalitas ! Il a fallu la défaite de Nicolas Sarkozy et le triomphe de la gauche pour que, évincé par là- même de sa présidence, il connaisse ce chemin de Damas démocratique !

Je dois dire que ce travers est fort répandu chez tous les hommes et les femmes politiques de l'ancienne majorité. Les choses sont même pires encore, puisque c'est après dix ans passés au pouvoir qu'ils découvrent soudain le caractère catastrophique de la situation qu'ils ont laissée derrière eux et l'évidence éclatante des réformes qu'il aurait fallu faire, sans que l'idée leur en soit jamais venue, une décennie durant. Ce qui est le plus drôle dans tout cela est moins le fait lui-même, qui est assez banal somme toute, que la folle impudence avec laquelle ils exposent ces points de vue. Cette attitude montre clairement, aujourd'hui comme dans les années passées, qu'ils tiennent manifestement les Français pour des imbéciles, ce en quoi ils n'ont peut-être pas tout à fait tort.

J'ai entendu aussi les propos tenus à l'ONU par notre Président de la République lors de son premier discours devant cette auguste assemblée.

Manifestement, il avait gardé en mémoire le carton qu'avait fait autrefois, en ce même lieu, Monsieur de Villepin et il entendait bien lui aussi demeurer dans l'histoire de l'ONU. Il a fait tous ses efforts dans cette perspective, tant en réitérant les propositions françaises sur la Syrie (nous nous mordrons peut-être un jour les doigts de notre comportement dans cette affaire, comme nous sommes déjà amenés à le faire en Tunisie, en Libye en Égypte ou ailleurs) qu'en s'avançant, non sans quelque imprudence, sur les affaires maliennes. Je crois que, dans ce pays, on oublie un peu vite un invariant politique qui est la constante opposition traditionnelle (et même parfois armée) entre le Sud (en gros, bambara) et le Nord (en gros, tamasheq) ; cette situation fait de cet Etat une forme de paradoxe géopolitique que l'on retrouve dans de nombreux Etats africains ; la colonisation, découpant le continent comme une tarte, a souvent réuni des populations différentes voire ennemies avec la même constance qu'elle mettait à séparer des populations identiques.

Voir la CEDEAO en première ligne dans l'affaire malienne, la France faisant mine de lui emboiter le pas avec la bénédiction de l'ONU a quelque chose d'étrange quand on connaît la situation intérieure du Nigéria et de la Côte d'Ivoire qu'on trouve ici comme leaders ! Ces Etats prétendent régler par la force ce genre de problèmes au Mali quand ils se montrent incapables de mettre un terme, chez eux, à leurs dissensions internes, ce qui a quelque chose de pittoresque pour l'observateur extérieur. En tout état de cause, il sera toujours commode, pour finir, de s'en prendre à l'ancienne puissance colonisatrice puisque tout, de toute façon, est, au fond, de sa faute.

Toutefois d'autres propositions formulées dans ce discours par notre Président de la République ont quelque chose de plus étrange encore ; il s'agit en particulier de la régulation du commerce des armes, dont nous sommes, dans le monde, l'un des principaux acteurs ; peut-être, dans ce domaine comme dans d'autres, serions-nous bien inspirés de commencer par balayer devant notre porte.

Une autre proposition, amusante celle-ci, est le souhait formulé de voir l'un des grands pays émergents entrer dans le conseil de sécurité de l'ONU où la RFA ne figure d'ailleurs pas davantage. De la part du Président de la République française, une proposition, plus intéressante et surtout plus inattendue, aurait été de proposer que la France, désormais puissance moyenne (nous ne sommes plus en 1948, vous l'avez sans doute noté), se retirât de ce conseil pour y céder sa place au Brésil ou à l'Inde !

L'esprit vient parfois aux hommes ... mais point trop n'en faut!

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