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samedi 1 septembre 2012

Le marronnier de la formation des maîtres (3)

« Enseigner, un métier qui s’apprend » : Philippe Meirieu, du pédagogisme à l’écologie !
Soyons justes. On ne peut reprocher à Philippe Meirieu de ne pas savoir gérer, surtout s’il s’agit de sa carrière, de son business éditorial et audio-visuel personnel et, tout récemment, avec moins de succès, de sa carrière politique. Pour l’école, c’est une toute autre affaire, même s’il nous joue maintenant le gars qui est monté un jour, par hasard, au 110 de la rue de Grenelle parce qu’il y avait vu de la lumière.

C’est la gauche avec Lionel Jospin comme ministre de l’Education nationale (et Claude Allègre comme conseiller spécial et ministre de fait), puis Allègre lui-même comme ministre qui ont érigé Philippe Meirieu en gourou de l’école de France :
-       artisan de la création des IUFM (ce qui montre son aveuglement réformateur, puisqu’on les a supprimés, sans susciter de regrets, vingt ans après, mais sa bonne vision de son propre avenir, puisqu’il s’est récupéré lui-même à la direction de celui de Lyon, avant de gagner, grâce à l’intégration universitaire des IUMF, son billet d’entrée à Lyon 2.
-       père spirituel du « collège unique » désormais jugé désastreux,
-       apôtre de la pédagogie par « objectifs », simple démarcage de théories nord-américaines, comme le sont, plus généralement, les prétendues sciences de l’éducation.

Président du Comité d’organisation de la réforme des lycées, directeur de l’INRDP (1998-2000), puis directeur de l’IUFM de Lyon (2001- mars 2006), il a une activité plus importante encore dans la promotion de ses ouvrages (tournées VRP de conférences organisées par ses éditeurs ! Directeur de collection chez ESF, etc.) et/ou des produits dérivés. Pour couronner le tout, reconversion récente dans l’écologie et le développement durable, avec comme cheval de bataille majeur, la sauvegarde des moulins à café de nos grands-mères!

Son site comportait même une rubrique inattendue « Films et documents audio-visuels », devenue dans une version plus récente « Films et documents vidéo »; on y trouvait l’évocation de ses activités sur la chaîne Cap-Canal (chaîne locale sur Lyon et Grenoble que la mairie socialiste de Lyon l’a chargé de développer au terme de son mandat à l’IUFM local. On ne saurait laisser en jachère un tel talent, mais le PS n’a pas donné à ces ouvertures une suite suffisante pour le retenir dans ses rangs.

Comment ne pas reconnaître en lui, près de deux décennies durant, une sorte de télé-évangéliste de l’école, un Billy Graham de la pédagogie ? Dans une logique mercantile, dont les dominantes de son discours pourraient faire croire qu’il la réprouve (mais le portefeuille a ses raisons que la raison ne connaît pas !), Philippe Meirieu a longtemps monnayé, de toutes les façons, la position qu’il s’était faite (et/ou qu’on lui avait faite) dans l’éducation nationale française.

C’est son droit (même si l'on peut discuter ce point) ; en tout cas, il est loin d’être le seul à le faire, même s’il est sans aucun doute l’un de ceux qui en ont tiré le plus de profits. On sent d’ailleurs à la remarque liminaire de son « bloc-notes » du 29 août 2006 (« Les livres sur l’école sont, comme chaque année, nombreux à paraître à la rentrée. ») qu’il trouve fâcheux de ne pas avoir l’exclusivité de ce genre de productions, lui qui, chaque année, le mois de septembre revenu, tel un pommier pédagogique, produit un ouvrage, avec parfois même, avant ou après, quelques fruits de « contre-saison ».

Ce qui m’agace (on aura déjà peut-être perçu dans mes propos un léger agacement) chez Philippe Meirieu, c’est de voir que cet homme, qui a fait sa carrière et à n’en pas douter sa situation (du moins pour un ancien instituteur, même adorné d’une thèse d’Etat en sciences de l’éducation) dans les sphères les plus hautes du pouvoir éducatif, non seulement n’assume aucune responsabilité dans les multiples erreurs qu’il a commises ou incité à commettre, mais évoque désormais les problèmes de l’école comme s’il n’avait jamais été pour quoi que ce dans toutes ces affaires. Sa très récente conversion à l’écologie rhônalpine va assurément lui permettre de faire table-rase de ce fâcheux passé pédagogique que symbolise de toute évidence le sacrifice de sa moustache !

Le comble est atteint quand on le voit affirmer, déjà en 2006, dans le même « bloc-notes », qu’il n’est pour rien dans « les absurdités des programmes » (après tout, il n’a été que trois ans, de 1990 à 1993, membre du Comité national des programmes), qu’il ne se sent « nullement impliqué dans la jargonisation du vocabulaire scolaire français » (Ben voyons, ! Peu sportif, il ne s’est jamais intéressé aux « référentiels bondissants !)  et enfin, cerise sur le gâteau, quand il dénonce les « apparatchiks du ministère » ! On croit rêver et l’on est tenté de se pincer. Qu’a-t-il été d’autre, une décennie durant, que le gourou et le chef de ces « apparatchiks » ?
Alzheimer à ses débuts, mauvaise foi totale ou Docteur Philippe et Mister Meirieu ? Peut-être, après tout, Philippe Meirieu nous prend-il tout simplement pour des imbéciles ?

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