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mardi 31 juillet 2012

Ici Londres : les Français parlent aux Français !

Les jeux olympiques ont commencé à Londres et, avec eux, les retransmissions de cette manifestation, curieusement ignorée de Canal Plus qui se veut d'ordinaire la chaîne du sport. Cela se passe sur France télévision, en alternance sur France2 et France3 avec naturellement des tartines immenses de publicité car c'est bien la première fois que ces chaînes arrivent à drainer vers leurs écrans le public sportif et même le public plus général qui s'intéresse aux sports.

Le problème majeur c'est que, comme toujours, il faut se taper majoritairement les vieilles barbes de ces chaînes et en particulier Gérard Holtz qui se taille la part du lion avec les séances de l'après-midi. C'est tout de même une honte pour notre télévision nationale de faire travailler ainsi un vieillard (66 ans aux abricots) ; toutefois, connaissant un peu la maison et ses habitudes en la matière, je suis bien sûr qu'il doit être plus ou moins en retraite, mais recruté sur contrat, à pris d'or, par cette chaîne, car on ne peut se priver d'un aussi éminent spécialiste du bavardage inconsistant. Le matin, il semble céder la place à Lionel Chamouleau (30 ans de maison seulement alors que Holtz en compte une bonne quarantaine !) qui est lui aussi un spécialiste de la logorrhée dormitive. L'un et l'autre pratiquent avec un bonheur quasi égal cet art spécifique de France-Télévision, plutôt dans le genre niaiseux comme disent nos chers Québécois, mais avec naturellement, en outre, la tonalité franchouillarde qui fait que le moindre événement sportif mineur qui met en jeu un participant français sera aussitôt préféré à n'importe quel autre spectacle sportif du plus haut niveau mais où les Français, de ce fait même, n'ont pas leur place.

Il doit y avoir aussi, en vedettes américaines, quelques autres figures éminentes de France2, mais comme je n'ai pas la patience nécessaire,  je me suis privé de la vue réjouissante des Patrick Montel et autres barbons de cette chaîne, spécialistes de sports que, de toute évidence, ils n'ont jamais pratiqués.

En revanche, une grande satisfaction non seulement pour ces deux  médailles d'or de Yannik Agnel (en attendant les autres) qui marquent l'arrivée, au plus haut niveau, d'un jeune nageur qui semble devoir éclipser tout le monde ; déjà opposé aux combinaisons (il était à peu près le seul), il nous a enfin débarrassé des gros bras et front bas de son prédécesseur sur 100 mètres. Voilà un garçon normal et non pas un crawleur gonflé aux anabolisants ; grand et svelte, il paraît avoir évité, lui, que le cerveau ne lui descende dans les biceps! En effet, Agnel est manifestement intelligent et raisonnable et on ne peut que se réjouir de voir réunis en notre nouvelle vedette la finesse dans les propos et le talent dans les bassins.

Bravo Yannick Agnel, vous sauvez France Télévision par vos interventions tant sur le plan sportif que verbal. Le malheur est que nos loustics patentés continuent à occuper l'antenne en quasi-permanence, entre les multiples et interminables "écrans" publicitaires et des cérémonies protocolaires à Marseillaise qui commencent à nous gonfler sérieusement (mais ça va se calmer la natation finie !).

Une grande déception pour moi, qui autrefois ai été (entre autres emplois) judoka, c'est ce qu'est devenu ce sport.

 Autrefois le judo se pratiquait en prenant dans chaque main une partie du kimono de son adversaire pour commencer le combat ; c'était le kumi-kata. Depuis quelques décennies, cette technique a complètement disparu et l'on vise à empêcher la prise du kimono. On se borne, dès lors, durant des minutes et parfois durant tout le combat, à échanger des coups sur les mains pour empêcher le kumi-kata, en les agrémentant de frappes portées souvent sur le museau de l'adversaire. Tout cela est consternant et sans intérêt, d'autant que la chose est agrémentée, souvent, de quelques fausses attaques qui sont uniquement destinées à éviter le carton jaune du manque de combativité. Peut-être l'arrivée finale de notre Teddy Riner national nous apportera enfin quelques satisfactions sur le plan du spectacle sportif !

lundi 30 juillet 2012

Pour en finir avec le Vel d'Hiv.

Les célébrations de l'anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. ont entraîné, de tous côtés, des faisceaux d'inexactitudes voire de sottises.

Les uns parlent de LEUR France, celle du général De Gaulle, alors qu' ils ne sont nés qu'une quinzaine d'années après les faits en cause et qu'ils n'en ont pas la moindre connaissance autre que celle qu'ils peuvent avoir à travers une littérature évidemment choisie. D'autres mettent en accusation; de façon systématique et quasi exhaustive, la police française, ce qui est tout aussi absurde.

A cette époque, la plupart des Français, y compris dans la police, du moins aux échelons les plus modestes qui sont principalement en cause  (le remords n'a jamais empêché François Mitterrand, qui était lui-même à Vichy à l'époque, de festoyer avec son ami René Bousquet qui lui savait), n'avaient qu'une connaissance très imprécise des données et des faits politiques.

De Gaulle était un personnage lointain qu'au départ, les communistes avaient eu bien du mal à accepter, en raison du pacte germano-soviétique ; Pétain était une figure historique dans laquelle beaucoup avaient confiance sans trop savoir pourquoi ; quant aux Juifs, le vieux fond d'antisémitisme français (qui existe aussi bien dans la droite maurassienne que dans l'extrême gauche de la "Vieille Taupe" ultérieure) faisait qu'on s'en souciait peu.et que leur défense ne souciait guère la masse des Français dans laquelle ils étaient d'ailleurs infiniment moins visibles et bruyants qu'aujourd'hui. En réalité donc, en 1942, on ne savait pas trop ce qui se passait en Allemagne et moins encore dans des camps qui n'étaient pas encore réellement d'extermination.

Plusieurs membres de ma famille (trois exactement) ont été déportés, un peu plus tard il est vrai (en 1943) et pour des raisons qui étaient, soit politiques pour deux d'entre eux, soit parce qu'il avait été pris dans une rafle (le 1er mars 1943) pour l'autre. En fait, on ne savait pas quel était exactement leur sort que l'on a véritablement appris, à leur retour, à la fin de la guerre, du moins pour deux d'entre eux puisque le troisième est mort en déportation.

Sans avoir de preuves formelles, je suis donc bien persuadé que la plupart des agents de police de base (avec leur bâton blanc, leur pèlerine et leur vélo) n'étaient pas au courant du sort réel des Juifs qu'ils avaient ordre d'arrêter, même dans le cas de la rafle du Vel d'Hiv. Il semble d'ailleurs que certains d'entre eux aient favorisé la fuite de certains de ceux qu'ils avaient pour mission d'appréhender. Ce n'était assurément pas le cas d'un Bousquet ni celui d'un François Mitterrand.

Il en est évidement de même pour les policiers de base que pour les cheminots qui ne savaient pas quelle était la destination exacte des trains qu'ils conduisaient ; j'ai peine à croire qu'ils allaient eux-mêmes jusqu'Auschwitz ou jusqu'à Mathausen.

Tout cela n'est largement là que des effets de manche obligés des uns et des autres, qui, en réalité, ne doivent pas avoir de cauchemars ni même d'insomnies à cause de la rafle du Vel' d'Hiv'.

samedi 28 juillet 2012

Jean-Paul Huchon ou Jean-Paul Hochon ?

Comment voulez-vous qu'un pauvre président du conseil régional d'Île-de-France soit au courant de ce qui se passe rue de Solférino ou, pire encore, à Matignon ? Chacun sait qu'avec les métros bondés et surchargés, les liaisons dans l'Ile de France sont difficiles et qu'elles rendent, de ce fait même, une telle ignorance parfaitement prévisible. Elle l'est d'autant plus que le président, qui donne, le plus souvent, l'impression d'une légère somnolence postprandiale, ne peut pas passer son temps à l'écoute des médias audiovisuels. Croyant bien faire, il a donc, comme tout le monde, entrepris de sous-traiter un centre d'information de son conseil régional au Maroc, ce qui permettrait de faire de substantielles économies qu'on aurait pu affecter à des tâches plus intéressantes.

Le buzz immédiat autour de cette affaire, fort inopportune en ce moment, a fini par l'éveiller et il a murmuré in petto qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire en matière. La belle loi française, en effet, ne permet pas, paraît-il, d'introduire dans les appels d'offres officiels une clause de privilège de  nationalité, comme s'il était nécessaire d'avoir une loi pour faire jouer cette pratique, surtout quand on sait comment se pratiquent souvent les dits appels d'offres, à Marseille comme naguère pour les lycées de l'Ile de France.

Allez donc voir ce qui se passe, près de chez nous en Suisse ou un peu plus loin au Québec, pour constater que, dans le cas par exemple d'un recrutement sur un emploi, si sont en concurrence un national et un étranger, le choix du candidat national ne fait pas le moindre doute, sans qu'il soit besoin d'une loi pour le faire.

Il faut dire que le jeu du gouvernement (comme du président) est assez habile depuis la présidentielle, mais qu'il est à craindre que la technique de l'édredon démocratique des consultations ne dure pas éternellement. Je ne suis pas un farouche partisan des analyses de Christophe Barbier, le patron de l'Express, dont la couleur de gauche se limite à son éternelle écharpe rouge tontonniène et qu'à mon goût, on voit un peu trop souvent dans l'émission de Calvi qui est l'une des rares que je suive quelque peu à la télévision. En revanche, force est de reconnaître que son analyse du comportement de François Hollande est assez bonne mais que cette stratégie paraît difficile, du moins pour la politique intérieure, à maintenir sur le long terme. Il faudra bien un moment ou un autre cesser de réunir des commissions, des think tanks, des états généraux ou autres groupes dilatoires de semblable farine, pour en venir à affronter les problèmes de face et sans tergiverser. Et il faut reconnaître que rien n'est facile mais, après tout, personne n'a forcé notre président à abandonner sa chère Corrèze pour se porter candidat au poste qu'il occupe et dont il devait bien prévoir les difficultés, qui, il faut le reconnaître, n'ont pas encore réellement commencé même si les cent jours fatidiques approchent.

Au fond, si l'on regarde les choses de loin, les choix stratégiques de François Hollande sont un peu ceux de Jean-Paul Huchon ; on laisse venir en cherchant à gagner du temps et à amortir les chocs du mieux qu'on peut.

Jean-Paul Huchon ou Jean-François Polochon ?

vendredi 27 juillet 2012

Intégration et francophonie. Nouvel épisode. Hydre de Lerne ou Shiva ?

J'ai publié, en partie et sous une forme un peu différente, ce blog en octobre 2011. Ma paresse estivale et les propos de Messieurs Vals et Guéant lui redonnant toute son actualité , je n'hésite pas devant une "redif" dont c'est la saison!
J'évoque souvent le Moloch de l'administration française, mais, dans l'ordre des métaphores mythologiques, voilà que mon sujet du jour m'amène à évoquer d'autres figure,s car on pourrait tout aussi bien faire sortir de son antre l'Hydre de Lerne, dont repoussaient sans cesse les multiples têtes coupées, mais également, en changeant de continent, Shiva aux quatre bras avec toutefois une nuance typiquement française dans la mesure où chacun de ses bras ne paraît jamais savoir ce que font ou ont fait les trois autres.

La première observation qu'on peut faire est que la plupart des pays européens ou même étrangers exigent, de la part des candidats à la naturalisation, une connaissance, en général minimale mais parfois plus étendue, de la langue et même de la culture nationale.

Deuxième remarque.  D'aucuns disent que "les dispositifs précédents ne sont pas pleinement opérationnels" ; une telle formule témoigne non seulement d'une parfaite maîtrise de notre langue mais même de la pratique opportune d'une des figures majeures de notre rhétorique qui est la litote.

En effet, ce qu'on présentecomme une lubie de Claude Guéant (un "dada") n'est, en fait, que la reprise, assez irréfléchie, sans doute fondée sur l'ignorance, d'un programme du Ministère de la Culture mis en oeuvre, à partir de 2003 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (la DGLFLF). Le bras du Shiva administratif français qui règne sur l'Intérieur ignore manifestement ce que fait un autre bras qui a en main(s) la Culture ( je mets "main" au singulier, avec une prudente option pour le pluriel, faute de savoir si l'un ou l'autre des bras de notre Shiva possède aussi plusieurs mains!).

En France, les réflexions sur cette question ont commencé depuis près de dix ans sans autre résultat tangible(si l'on peut dire) qu'un ouvrage de J.C. Beacco, M. de Ferrari, G. Lhote et C. Tagliante intitulé Niveau A1.1 pour le français (Public adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés) Référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français, Didier, 236 pages, Paris, 2005.

Je ne parlerai pas ici du contenu même de ce livre et de la critique qu'on peut en faire, me bornant à en examiner les seules pages de couverture et de garde pour ne pas abuser de la patience de mes lecteurs.

Sans aller plus loin, on y observe d'abord que, si l'ouvrage porte le logo du Conseil de l'Europe (avec, au-dessous la mention "Division des politiques linguistiques, Strasbourg. Référentiel pour les langues nationales et régionales") , le livre est co-édité et probablement co-financé par la DGLFLF(ministère français de la culture et de la communication) et la Direction de la population et des migrations (ministère français de l'emploi de la cohésion sociale et du logement, donc, en la circonstance, une troisième main de notre Shiva administratif).

Il semble y avoir d'ailleurs eu quelques problèmes dans cette coordination complexe européano-française. En effet, sur la couverture, le logo du Conseil de l'Europe figure, au centre et en haut de la page tandis que, sur la page de garde, ce même logo a bizarrement glissé vers la droite, laissant, à sa gauche, un espace, curieusement vide quoique symétrique, dont tout donne à penser qu'il aurait dû être occupée par le logo d'une autre institution.

Tout cela est en tout cas moins important que le titre même de l'ouvrage qui comporte aussi quelques bizarreries : "A1.1 pour le français (Publics adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés) Référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français".
Sur la forme d'abord. En l'absence de ponctuation, on ne sait trop que penser des adjectifs qui suivent "publics adultes" et en particulier de "scolarisés" vs peu ou non scolarisés"). Si l'on voit bien que DILF est forgé sur le modèle DELF et DALF et que le niveau A1.1 indique qu'il s'agit là du premier degré du niveau A1, on ne peut que s'étonner de voir, sur certains points objectifs, les exigences de ce niveau A1.1 apparaître comme supérieures à celles du niveau A1 dont il est censé être la première marche!

Il semble un peu inutile de d'interroger sur ce genre de détails linguistiques tant on relève de faits qui démontrent que les auteurs du livre en cause semblent tout ignorer, apparemment, du mode et des conditions de vie des "adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés" que prétend viser pareille entreprise.

On peut certes s'interroger sur le contenu pédagogique de ce niveau A1.1 mais plus encore sur la mise en place du plan dans lequel il devait s'insérer pour s'achever dans le DILF. Je ne peux pas aborder ici le détail ni le contenu de ces niveaux du fameux "Cadre européen commun de référence pour les langues" (la poule aux oeufs d'or des didacticiens assez habiles pour se faufiler dans ce fromage); j'observe néanmoins que, dans l'entreprise commencée dans les années 2003-2004, le choix de ce niveau A1.1 uniquement oral, qui impliquait une durée d'enseignement comprise entre 200 et 500 heures et devait être organisé et financé par un Fonds d'actions et de soutien à l'intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) n'a assurément pas donné les résultats qu'on pouvait espérer ; le DILF a sombré corps et biens avec lui au point que tout cela est totalement oublié de tous, même du ministre compétent iol y a trois mois encore (la quatrième main de Shiva).

Ce qui est sûr en tout cas est qu'on était, à cette époque et avec plus de moyens au moins sur le papier, porteur d'une ambition bien moindre que celle de M. Claude Guéant qui visait, au moins dans ses propos, le niveau B1 (supérieur à celui de la majorité des instituteurs de l'espace francophone du Sud qui sont plutôt à A2!) et même celui de la troisième (!), alors que, en 2003-2004, on ne pensait qu'à un niveau A1.1 qui n'était qu'une première étape de A1. On a donc, pour conclure le sentiment que notre administration ne sait pas toujours très exactement ni de quoi elle parle ni ce qu'elle veut.

Notre Shiva administratif, désormais perplexe, occuperait-il une cinquième main, cachée celle-ci, à se gratter l'occiput ?

jeudi 26 juillet 2012

PATATRAS!

Suite mais certainement pas fin de notre feuilleton socio-économico- automobile entamé hier.

Voilà que le jour même de l'annonce du plan automobile de notre redresseur productif, Renault annonce que sa voiture électrique Zoé (le seul choix de ce nom a dû coûter au moins deux roues à Renault !) ne peut sortir à l'automne 2012 et ne sera finalement prête que pour 2013 suite à des problèmes techniques. Fâcheuse coïncidence ! On ne peut croire, pourtant, à une manoeuvre politique (une peau de banane pour le plan ministériel, comme l'avait été, l'an dernier, le fait de différer l'annonce du plan social d'Aulnay-sous-Bois) ou à une rivalité industrielle. C'est la faute à pas de chance comme dit la France d'en-bas.

De toute façon, les exégètes de la pensée ministérielle ne manquent pas et les interprétations sont des plus diverses ; beaucoup n'y voient qu'un effet d'annonce qui, somme toute, ne coûtera pas très cher, car ces 7000 euros de prime n'iront pas très loin, en dépit des apparences, dans la mesure où l'on n'immatricule guère en France qu'une centaine de véhicules électriques par mois. En fait l'Etat en bénéficiera lui-même pour l'essentiel, car les ventes les plus sûres et les plus importantes se feront, de toute évidence, avec les administrations, puisqu'on s'est engagé, du côté de l'État, à acheter 11 000 véhicules électriques. Ils sont forts nos politiques non ? Et économes en plus ! C'est toujours ça de pris, mais ça ne fait pas grand chose somme toute !

Faut-il que je précise que je n'entends rien à l'industrie automobile et que mes remarques sont celles d'un Philistin en la matière?

J'observe toutefois deux comportements industriels, en apparence opposés, mais qui sont, de toute façon plus intelligents, que ceux de ces PDG payés à coups de dizaines de millions d'euros et que le monde entier nous envie.

Les Allemands, semble-t-il, construisent et vendent des véhicules hauts de gamme (Mercedes, BMW et Audi) dont ils font fabriquer beaucoup de pièces dans des pays à faible coût de main-d'oeuvre (dans les PECO) et qu'ils assemblent eux-mêmes en Allemagne.

Les Coréens et les Japonais, en apparence à l'inverse, fabriquent l'essentiel de leurs véhicules de gamme moyenne en Corée ou au Japon (et dans ce dernier cas, le salaire horaire moyen est bien plus élevé qu'en France !) et assemblent les véhicules (du mécano en somme), en France par exemple, comme à leur fameuse usine de Valenciennes, ce qui non seulement leur coûtera moins cher mais leur permettra de donner à penser que les véhicules Toyota qui en sortent sont FRANCAIS.

De ce fait, pour y avoir réfléchi à l'avance sans doute (à la différence de nos patrons de génie), ils contourneront les fameuses mesures du "made in France" puisque notre définition du dit "made in France" (voir un de mes blogs précédents) est des plus modestes. Pour nous Français, 5 % du produit en cause suffit (quatre boutons de culotte), alors que c'est 30 % en Allemagne et 60% aux USA. Comme toujours, nous sommes, à votre guise, les pigeons ou les dindons (de la farce).

On a dû sabrer le champagne (ou le saké) en Corée et au Japon à la lecture du plan Montebourg, puisque, par exemple, la Yaris Hybrid qui vaut, en catalogue, 18 500 € n'en vaudra plus, une fois déduit le bonus de 4000 euros, que 14 500 c'est-à-dire exactement le prix d'une Renault Clio classique.

Merci M. Montebourg! (Excusez-moi je ne sais pas dire ça en japonais !).

mercredi 25 juillet 2012

S.O.S.

Le désarroi de nos politiques fait peine à voir,  même si, pour la plupart, ils continuent à plastronner ce qui, après tout, est bien normal et logique après deux mois d'exercice du pouvoir.

L'énergie et la bagnole sont à l'ordre du jour.

Pour la seconde, on murmure ce matin sur nos antennes que la solution miracle du "redressement économique" serait une prime de 7000 € pour une voiture électrique. MDR! Ça va coûter bonbon ! Encore pire que la prime à la casse !

Cette solution, que j'ai peine à prendre au sérieux est vraiment un emplâtre sur une jambe de bois, mais posé en outre à côté de la jambe! Par définition, il faudra mettre de l'électricité dans les voitures électriques et on nous annonce, en même temps, des hausses faramineuses du prix de l'électricité, sans même parler de la baisse de la production quand le nombre de centrales nucléaires va baisser.

C'est vraiment une version automobile et énergétique de L'aveugle au pistolet, le grand roman de Chester Himes.

Se greffe là-dessus l'affaire du gaz de schiste, qui a entraîné aux États-Unis une énorme baisse du prix du gaz ; on est passé, de ce fait, de 100 à 30 $ ; les immenses dégâts écologiques ne gênent pas les Américains puisque je crois bien que le gros de leur gaz vient du nord-est canadien et qu'après tout, si les Canadiens veulent massacrer toute une partie de leur territoire, c'est, en tout cas à court terme, leur problème et non celui du Texan qui consomme ce gaz.

Notre problème est que notre gouvernement écolo-socialiste, qui a subi sa première crise du fait de l'exploitation pétrolière en Guyane (qui a entraîné l'éviction de l'éphémère ministre de l'écologie) paraît frappé de terreur devant cette affaire ; ce n'est pas Mme Delphine Batho, si charmante qu'elle soit, qui paraît en mesure de régler la crise qui se profile.

Il faut dire que le problème est assez mal posé et que, comme dans le cas des OGM, on cède à la pression des plus extrémistes des militants écologistes ; il me semble bien avoir vu le patron de Greenpeace aller causer avec notre Premier Ministre à Matignon sur ces questions ; voilà qui n'est pas fait pour rassurer.

Nous ne manquons pas en France d'instituts de recherches ; nous pourrions parfaitement demander à l'un d'entre eux (sans aller jusqu'à réunir des états généraux du gaz de schiste !) de faire une étude sur cette question à la fois pour évaluer exactement nos réserves réelles (qui seraient immenses mais sans la moindre certitude) et surtout étudier les modalités d'exploitation de cette ressource si elle existe réellement et si l'on peut s'y livrer sans massacrer totalement l'environnement et en particulier les réserves d'eau.

Reste l'affaire d'Aulnay-sous-Bois qui ne comporte qu'un élément positif : le bilan de la société ; on nous annonçait 200 millions d'euros de pertes chaque mois or la société n'en a perdu que 135 ! Toujours ça de pris ou en tout cas de sauvé.

En revanche, ce qui est totalement ridicule est le débat sur la date de l'annonce de la décision de fermer l'usine en cause ; en effet, depuis un an, bien avant l'élection présidentielle, tout le monde savait (et toute la presse s'en était fait l'écho) que l'usine allait fermer, mais que le gouvernement précédent avait demandé de différer l'annonce officielle de la chose, pour ne la faire intervenir qu'après les élections. Comment peut-on maintenant discuter sur ce qui n'était un secret de polichinelle et alors que nous avons tous les documents dans la presse de cette période?.

Quant à la solution à tous ces problèmes, je n'en ai pas ; toutefois j'ai été content de voir Michel Rocard dire publiquement tout ce que j'avais écrit dans un blog des semaines avant, c'est-à-dire que les seules économies réelles, efficaces et importantes qu'on peut faire, résident dans le budget militaire et en particulier dans cette force nucléaire désuète, à laquelle nous nous accrochons et qui est aussi coûteuse qu'inutile.

Une fois de plus Michel Rocard a allié, dans cette affaire, le bon sens et le courage. Bravo !

lundi 23 juillet 2012

Timeo Danaos et dona ferentes

Timeo Danaos et dona ferentes ("Je crains les Grecs même lorsqu'ils apportent des cadeaux"). Cette phrase ne fut certainement pas prononcée, du moins, sous cette forme, puisqu'elle est en latin, par les Troyens assiégés, au moment où les Grecs leur faisaient le fatal cadeau du Cheval de Troie qui allait causer leur perte !

Elle est toutefois vraie, aujourd'hui plus que jamais, lorsque l'on considère la situation des pays riverains du bassin méditerranéen, au sud et à l'est, au Maghreb comme au Machrek.

Tout le monde s'était déjà réjoui, naïvement ou sottement comme il vous plaira, de voir le Qatar apporter son soutien, plus moral que réel, aux forces de l'OTAN dans les attaques portées contre le régime de Kadhafi. Il en a été de même, dans la suite, même s'il était un peu inattendu (mais nul ne s'en étonnait) de voir les monarchies pétrolières du Golfe prétendre voler au secours des printemps arabes qui marquaient, aux yeux du monde, l'aspiration à la démocratie. On sait en effet que ces régimes ne sont pas des exemples très probants de démocratie effective!

Le meilleur exemple est sans doute le Qatar qui, non seulement a fait voler ses avions aux côtés des nôtres au-dessus du Libye, mais achète en France, à Paris surtout, tout ce qui passe à portée de sa vaste bourse, depuis les footballeurs jusqu'aux hôtels de luxe. C'est toujours ça de pris, se disent les Français, "nés malins" et qui ont inventé le vaudeville mais qui, comme d'habitude, ne voient pas beaucoup plus loin que le bout de leur nez qu'ils ont généralement court.

En effet et pour digresser un peu mais en apparence seulement, j'alerte  en vain depuis dix ans (je ne sais qui d'ailleurs car nul ne m'écoute) sur les risques que fait peser, en Afrique subsaharienne largement musulmane, l'intégrisme islamique à qui ses immenses moyens financiers permettent de tendre à éliminer l'islam africain traditionnel infiniment plus tolérant. Les événements actuels du Mali et la destruction des bâtiments érigés en l'honneur des "saints musulmans" le démontrent assez.

Après des textes sérieux des années 90, j'ai écrit autrefois un blog sur le sujet où je disais que nous avions que trois cartes à jouer dans cette région du monde où la situation était loin d'être, à ce moment, ce qu'elle est aujourd'hui.

Ce sont en premier lieu l'islam africain dont nous devrions, en premier lieu et d'urgence, aider les medersas traditionnelles qui sont bien incapables de rivaliser avec les écoles coraniques financées par les émirats et qui offrent, entre autres, des bourses où l'on forme les élites locales qui serviront à la propagation du wahhabisme.

En deuxième lieu, les femmes car les femmes africaines, qui sont l'élément actif et productif de la population et le pivot social majeur, ne sont pas disposées à se laisser faire ; elles offriront à n'en pas douter une résistance importante, même si leur éducation reste à la traîne en dépit des rodomontades.

En troisième (the last but not the least) de la bière, qui est, assurément, le plus réussi de tous les transferts de technologie du Nord. La Flag contre le Coran, la lutte sera rude!

Mais revenons au sujet et aux printemps africains comme aux démocraties dont ils sont censés illustrer l'appétit. Il n'y a que nos hommes politiques pour être assez naïfs pour croire à la pureté des intentions, quand ils voient des régimes politiques du Golfe dont la pratique interne de démocratie est bien connue, prétendre voler au secours des aspirations arabes à la démocratie.

Le cas de la Syrie illustre cette situation à nouveau ; sans que je prétende un instant défendre en quoi que ce soit Bachar al-Assad, je ne suis pas sûr que nos intérêts réels effectifs soient de le voir tomber, pour céder la place à un régime islamique tapi au fond du Cheval de Damas dont Troie n'est pas si loin. Je pense que les Turcs, bon nombre de Libanais sans parler des Israëliens partagent cet avis, même si on ne les entend guère pour le moment.

C'est là que s'explique le titre même de ce blog. Je crains les émirs même (ou surtout) lorsqu'ils apportent des cadeaux à la démocratie. Mieux vaut qu'ils nous offrent des Zlatan ; c'est plus spectaculaire (enfin on espère...) et, en tout cas, moins dangereux.

Bref et en d'autres termes, si je vois un émir vanter les charmes de la démocratie, je sors mon Coran !

dimanche 22 juillet 2012

Nos députés sont des marrants!

Il ne vous a pas échappé qu'un amendement présenté par un député, masochiste et/ou honnête, a fait l'objet d'un vote de nuit (la nuit tous les députés sont gris). Il portait  sur "l'indemnité de frais de mandat" de nos représentants (6214 euros par mois) et demandait non sa suppression, mais l'obligation pour les bénéficiaires de justifier l'utilisation de cette somme. Tout indique en effet qu'ils en font un usage qui ne concerne que de loin à leur mandat, l'un évoquant la construction d'une terrasse ou d'une piscine tandis que d'autres parlent des vacances de leurs enfants.

Le résultat a été un échec cuisant de cette proposition, mais les chiffres surtout sont intéressants et riches de sens, puisque sur les 477 députés que compte l'Assemblée Nationale (je me trompe peut-être mais je n'ai ni le temps ni le goût de vérifier), il n'y en avait que 120 en séance et que, sur les 120, seule une petite vingtaine a voté en faveur de la justification de l'utilisation de la somme de 6214 €.

Je vous accorde volontiers que nos députés ne vivent pas sur un très grand pied puisqu'au fond ils ne sont payés que comme un fonctionnaire de classe exceptionnelle au dernier échelon et perçoivent de ce fait mensuellement 5189,27 euros ; s'ajoutent à cette somme (sans parler des indemnités plafonnées, il est vrai à 50% de cette dernière somme, que leur accordent les fonctions de maire, conseiller général etc.) les fameux 6412 euros auxquels s'ajoutent également, en outre, 9138 euros par mois pour le paiement d'un collaborateur éventuel.

Je laisse tomber les broutilles du type "facilité de circulation" (gratuité du métro et du chemin de fer en première classe,  pour les provinciaux 80 voyages en avion entre Paris et leur ville, sans compter une douzaine de voyages gratuits hors de France dont ils n'ont pas à justifier davantage la nécessité).

Je vous accorde que ce n'est pas le Pérou à côté de Zlatan et de quelques PDG de sociétés nationales ou privées ; ce n'est tout de même pas si mal et, après tous, s'ils jugent la chose très insuffisante, personne ne les oblige à se présenter aux élections!

Le drôle de l'histoire est que j'ai tant entendu, l'autre jour, l'un de nos députés (je ne citerai pas son nom de peur d'un procès en diffamation, même si les faits sont parfaitement exacts et qu'il est aisé de vérifier ses propos) nous dire qu'il ne pouvait pas s'offrir un collaborateur car la somme allouée à cette fin était très insuffisante. Ce propos est sans intérêt, je vous l'accorde, mais il montre quand même que ces gens-là vivent dans un monde qui n'est pas tout à fait le nôtre.

Avec 9138 euros, on doit tout de même pouvoir s'offrir les services d'un collaborateur, fût-ce à temps partiel (car un député n'a pas à l'utiliser comme une secrétaire ou un garde du corps) ; si l'on coupe la poire en deux vu les charges sociales, ça fait tout de même 4000 à 4500 € par mois.

Il y a un certain nombre de Français, Monsieur le député, qui VIVENTen gagnant moins de 4000 à 4500 euros par mois! Renseignez-vous, Monsieur le député, vous verrez que je ne vous raconte pas d'histoire.

Bien le bonjour chez vous Monsieur le député.

dimanche 15 juillet 2012

Un boulot sympa en France : ancien Président de la République.

Un boulot sympa en France : ancien Président de la République. Ne parlons même pas ici  de la maigre rétribution (12.000 euros) attachée à la qualité de membre du Conseil Constitutionnel       (acquise de droit) ; les avantages en nature (non imposables) sont bien plus intéressants. En effet, l'Etat français fournit à chacun de ses anciens Présidents de la République jusqu'à leur mort :
1. Un bureau-appartement (les charges et le téléphone sont au frais du contribuable ; quant au terme de "bureau-appartement", ne nous y trompons pas, les bénéficiaires actuels ont un '"bureau-appartement" de 250 à 300 mètres carrés dans un beau quartier parisien!) (les pauvres ; en être réduits à la modeste condition de travailleur à domicile, ce que la pléthore de personnel qu'on va voir dans la suite rend peu crédible!)
2. Deux employés de maison (l'un d'entre eux en a même sollicité et obtenu un troisième!)
3. Deux gardiens de la paix devant leur domicile (en permanence, donc 3 x 2 = 6!)
4. Une voiture avec deux chauffeurs (en fait 3 pour les mêmes raisons)
5. Deux gardes du corps
6. Un directeur de cabinet
7. Deux secrétaires particuliers
8. Un employé des archives nationales (!!?!)
9. Trois secrétaires.

L'Etat français magnanime offre aussi :
10. Le gardiennage, par des gendarmes, des propriétés des anciens Présidents (Authon, Bity, etc.)
11. Un service de sécurité : deux gendarmes en tenue de combat, deux gardiens de la paix, deux gendarmes sur les toits de la résidence
12. Une place de parking pour la voiture de fonction (Il n'y a pas de petits profits!).

Je vous laisse le soin de calculer le coût annuel de tout cela ...et nous n'avons, par chance, que trois bénéficiaires. Je dirais, à la louche, 5 millions d'euros au moins ! Il serait intéressant de comparer avec le sort fait aux anciens présidents américains.
Au fait, tout cela est récent (une "lettre" de L. Fabius, alors Premier Ministre, en 1985!). Pensait-il à son cher Tonton, qu'on voyait mal alors repiquer au truc en 1988, ou plutôt à lui-même au cas où ...?

samedi 14 juillet 2012

Les Universités françaises les meilleures du monde ?

Dans le climat général d'amnésie, se souvient-on encore de la conférence de presse de Nicolas Sarkozy qui, si ses promesses s'étaient réalisées, aurait bien mérité son titre de Président-Magicien ? Le Président y déclarait sans rire qu'avec les 11 milliards du "grand emprunt", la France aurait les meilleures universités du monde. J'en avais fait un blog et l'un de mes fidèles lecteurs m'avait envoyé le commentaire suivant que je ne prendrai même pas la peine d'actualiser tant les chiffres sont significatifs.
"Pour bien m'assurer qu'il divaguait quelque peu [nous avons frôlé là le procès en diffamation], je suis allé voir, sur leurs sites Internet, ce qu'il en était des universités de Californie, Stanford en particulier, et de celle d'Harvard :.
Stanford : 18.000 étudiants (je pense que Sarko entend par « taille critique » des universités de plus de 50 000 étudiants) ;  budget consolidé :3,7 milliards de dollars pour 2009-2010 (dont 53% pour les salaires; mais il en reste pas mal pour tout le reste); en 2007-2008, Stanford a "levé", comme disent les spécialistes, 785 millions de dollars apportés par 72.217  donateurs.
Université de Californie à San Diego : 27.500 étudiants ;  budget : 2,4 milliards de dollars  dont, en 2007, 714 millions affectés à la recherche.
Harvard : 25.000 étudiants, 2497 professeurs ; dotation : 34,7 milliards de dollars en 2007 qui génèrent 560 millions d'intérêts par an. Il est vrai que les  frais d’inscription se situent entre 22.000 et 50.000 dollars.
[...]
Pour chacun des dix campus d'élite prévus en France [car les 75 universités françaises ne seront pas concernées !], si elles se partagent équitablement les 11 milliards et les capitalisent, sans en faire quoi que ce soit d’autre, les intérêts générés ne dépasseront pas 40 millions d'euros. »
Quand on songe au battage qu'on a fait à propos de cette loi, dite Pécresse, sur l'autonomie des universités qui serait le grand succès du mandat de Nicolas Sarkozy, on ne peut s'empêcher de se demander quel jugement il faut porter sur le reste !

On le constate d'ailleurs dès maintenant quand on voit la situation financière de la plupart des universités françaises, y compris celles qui sont censées avoir été les lauréates et les bénéficiaires majeures de cette loi.

Comme le soulignait mon commentateur, on met toujours en avant les 11 milliards d'euros d'entendre, sans préciser que ce dont disposent les universités pour mettre en place cette fabuleuse réforme, n'est constitué que par les intérêts, soit, comme le souligne le texte cité, une quarantaine de millions d'euros. Ajoutons que lorsqu'on voit par qui et comment ont été faits les choix des universités qui doivent en être les bénéficiaires, on ne peut que s'interroger, même si cette démarche n'est pas vraiment nécessaire quand on examine de plus près les conditions de cette répartition (on peut bien sûr faire une lecture POLITIQUE de toute cette affaire!).

Il est certain que ces erreurs reposent, pour une bonne part, sur l'ignorance à la fois du fonctionnement réel du système français mais surtout de l'université des États-Unis qui a manifestement servi de modèle. Il y a trois ans une université d'État de l'Illinois, Champaign, a ainsi levé 1 milliard de dollars auprès de ses "alumni" c'est-à-dire de ses anciens étudiants (en latin "nourissons"). Cette circonstance est un détail capital, car, aux États-Unis, il existe un très grand attachement à l'université d'où l'on est originaire, sentiment qui n'existe absolument pas en France. On le trouve éventuellement pour certaines grandes écoles, mais jamais pour l'université. En revanche, toute grande université américaine organise chaque année une journée de fêtes, sportives en particulier, où se réunit une bonne partie des anciens étudiants de l'établissement. Elle se marque par des festivités et, faut-il le dire aussi, souvent, par des collectes de fonds.

Rien de tel en France et le système des fondations sottement mis en place est totalement inadapté ; à ma connaissance, aucune des fondations universitaires françaises ne s'est vue véritablement alimentée par ses anciens étudiants ; la seule exception serait la Fondation HEC ce qui confirme ma remarque car HEC n'est pas une université mais une grande école.

Cette loi sur la prétendue autonomie des universités est donc une erreur et surtout une vaste blague ; elle a permis à la fois de gonfler, mais en apparence seulement, les budgets des universités en y adjoignant les crédits permettant de payer le personnel (bien entendu pré-affectés et incompressibles), mais surtout de satisfaire les voeux absurdes des présidents d'université ce qui a permis de se les gagner et ainsi de faire passer le texte.

Mieux encore l'ignorance crasse de ceux qui l'ont rédigé est telle qu'ils n'ont apparemment pas songé que, dans les frais de personnel qui étaient désormais gérés par l'université, il aurait fallu inclure des augmentations quasi automatiques qui tiennent aux changements d'échelon et aux promotions des enseignants. De ce fait non seulement ces crédits sont incompressibles, mais ils ne permettent pas, en général, de faire face aux dépenses qui, statutairement, augmentent inévitablement chaque année pour les raisons que je viens d'évoquer.

Autre bévue ou ignorance majeures des auteurs de cette loi : l'obsession qu'ils ont eue de la prise en compte du fameux classement de Shanghai qui non seulement est très discutable mais qui a été très mal compris. On a fait preuve d'une véritable obsession quant au nombre d'étudiants, alors que les meilleurs établissements du monde ont rarement plus de 25.000 étudiants (cf. supra)! Pour prendre un exemple précis et actuel qui est celui des universités d'Aix-Marseille. On a réuni les trois universités en une seule dont le nombre d'étudiants va probablement dépasser les 50 ou 60 000 à la rentrée 2012, sans que cela ait le moindre sens, puisque se trouve maintenue, en même temps, l'existence, à Marseille, de trois facultés de sciences (Saint-Charles, Saint Jérôme et Luminy). Il y là une absurdité politico-historique qui est d'abord et surtout un gouffre financier. Par ailleurs comme toujours, on s'est borné à ajouter une assiette sur la pile, en augmentant inévitablement par là les frais de fonctionnement qui se trouvent par ailleurs alourdis et rendus plus coûteux par des circulations internes supplémentaires, chacun entendant bien garder son pré carré.

Tout cela est absurde ; le pire est toutefois peut-être, dans cette loi, la satisfaction aberrante des revendications égoïstes de la conférence des présidents d'université ; tous voulaient, d'abord et surtout, le droit d'exercer un second mandat, ce qui ne fera inévitablement augmenter encore le clientélisme, d'autant qu'on leur a donné aussi, du même coup, la maîtrise quasi totale des recrutements!

Cette loi est l'une des choses les plus absurdes qu'on pouvait imaginer et l'on va sans doute devoir réformer, une fois de plus. Mais comme disait ma bonne grand-mère : " Faire et défaire, c'est toujours travailler !".

mercredi 11 juillet 2012

Sociologie des prénoms : la science en marche.

Même si les grenouilles et les services de Météo France ne sont pas d'accord, il est clair pourtant que nous sommes en été!

La preuve : depuis le 1er juillet, toutes les grosses nuques et tous les gros bras de la télévision, de Leymergie à Denisot en passant par Ardisson ont pris leurs quartiers d'été à Saint Trop ou à Biarritz et on a ressorti les doublures et les troisièmes couteaux des placards.

Quand je pense qu'on daube sur les vacances des enseignants sans dire un mot de celles de l'odieux-visuel.

La différence, majeure et coûteuse, est que quand les enseignants sont en vacances, on ferme les écoles, tandis qu' à la télé, on continue, selon les errements antérieurs, quitte à nous gaver de best-offs et de redifs.

Rien d'étonnant donc à ce que France Télévision compte par milliers son personnel, quand on voit que le moindre journal télévisé, fût-il celui de la minable Trois, exige des centaines de "journalistes-sic" et qu'on a pour présenter le moindre JT merdique, quatre ou cinq présentateurs au moins pour faire face aux week-ends, aux soirées, aux congés (plus longs que ceux des scolaires) et aux inévitables pannes des uns ou des autres.

Et je ne parle évidemment pas ici des inévitables et innombrables "spécialistes", de multiples domaines (ils vont de la médecine chinoise à la micro-informatique) qui, pour la plupart d'entre eux, ne font guère que des apparitions trisannuelles de deux minutes. Inutile de vous dire qu'à France Télévision les couloirs et la cafétéria sont extrêmement fréquentés!

Le signe le plus clair de l'été est, en la matière, incontestablement, l'étiage de l'information. On n'a plus grand-chose à se mettre sous la dent et, une fois passé le buzz créé par les propos d'un Mohamed Merah, que reste-t-il à se mettre sous la sous la dent?

Ainsi entend-on aujourd'hui, sur les radios en particulier mais les télévisions ramèneront sûrement leur fraise dans la foulée, des propos sur une nouvelle qui, pour ne pas être importante, est néanmoins de circonstance : la corrélation récemment découverte entre les succès au bac et les prénoms des candidats. Fort heureusement, nous avons au CNRS un spécialiste de ce que j'ai entendu désigner comme "la sociologie des   prénoms".

Pas besoin ici de vous faire un dessin ; je résume : des études approfondies ont démontré en effet que vous avez plus de chances d'avoir une mention au bac si vous vous prénommez Hildegarde, Ombeline, Jean Stéphane ou Pierre-André que Kevin ou Samantha. Dixit l'éminent chercheur du CNRS spécialiste de la sociologie des prénoms ! Je vous entends déjà vous esclaffer et dire qu'il aurait été mieux inspiré d'établir une corrélation entre les dits prénoms et la feuille d'impôts ou le niveau socio-culturel des parents qui ont choisi les prénoms pour leurs enfants, la corrélation étant alors sans doute plus évidente et plus aisément  interprétable encore.

J'espère toutefois que ce chercheur distingué ne travaille pas en solitaire mais au sein d'une équipe nombreuse, bien dotée en crédits et qui regroupe au moins une bonne demi-douzaine de chercheurs, sans parler des techniciens et des "ingénieurs-sic", car, au CNRS, on n'est vraiment considéré que si l'on fait nombre!

Comme disait l'autre : « Et dire qu'on les paye pour faire ça ! ».

lundi 9 juillet 2012

Merah à la une

La diffusion d'une partie des enregistrements de Mohamed Merah, dimanche soir sur TF1, a relégué au second plan la grande réunion sociale que le Président de la République et le gouvernement ont commencé à tenir ce matin même.

Pas de quoi fouetter un chat sur le principe, mais cette émission a mis en évidence et présenté des bizarreries que, curieusement, les médias ne sont ne sont guère employés à souligner et moins encore à chercher à expliquer.

J'ai entrevu hier l'émission de reportages d'abord, puis très vaguement dans la suite un extrait des entretiens de l'assassin de Toulouse avec la police. Sur le fond de ses propos, pas grand-chose à dire. Coincé dans son cagadou, il roulait des mécaniques, en clair appétit de martyre, faute d'une autre perspective. En revanche, j'ai été très étonné du ton d'une partie de cet enregistrement où il causait, sur le ton le plus amical avec un policier qu'il avait eu l'occasion de connaître déjà dans le passé ; le tout avec une grande familiarité. Voici d'ailleurs à peu près ce que lui disait à un moment le dit policier dont les propos m'ont tant frappé que je les ai retenus et notés aussitôt : "On reprend la discussion qu'on a eue en novembre, et là bon, sur de bonnes bases, quoi, avec un peu plus de sincérité. Parce que, là, bon, tu m'as bien roulé dans la farine, hein, avoue-le. T'as été bon sur ce coup-là."

Tout cela, y compris le tutoiement réciproque, me paraît tout de même un peu étonnant, même si la loi du genre est de créer un climat de confiance entre le terroriste et ceux qui sont chargés de lui faire la conversation.

De là à penser que notre Mérah était un agent double ou un illuminé qu'on essayait de manipuler à diverses fins, il n'y a pas loin. Le principe même de la conduite personnelle d'un agent double et son plus sûr moyen de survie est évidemment de tromper chacune des deux parties qui croient ou espèrent le manipuler. Qu'en est-il dans son cas, on ne le saura de toute façon jamais car, lui, il ne pourra écrire son livre et ce genre de révélation ne peut venir des services en cause.

On a beaucoup glosé sur cet entretien que j'ai personnellement trouvé sans grand intérêt, même si, comme prévu et souhaité, il a fait le buzz au-delà même du raisonnable. En revanche, j'ai été extrêmement choqué, non par les propos de Mohamed Mérah, mais par les illustrations dont on a orné ses propos car à la télévision, on ne pouvait se contenter du son et il fallait bien des images pensait-on. Or les images fournies étaient en contraste violent et même scandaleux avec les faits évoqués ; à plusieurs reprises, on y voyait Merah tout sourire, voire franchement rigolard ; il se livrait même à un moment à quelques joyeux entrechats devant la caméra. Je ne sais pas quelle étais l'intention exacte de ceux qui ont monté ce reportage, mais on peut dire qu'il y avait là véritablement, plus que dans les propos, de quoi choquer les familles des victimes.

Deux enquêtes sont, paraît-il, ouvertes car on soupçonne des fuites. Diable! Je trouve que le mot est très inadéquat car il est certain que des gens qui avaient accès à ces documents les ont purement et simplement vendus, certainement à un très un bon prix quand on voit le tarif auquel se négocient désormais deux ou trois photos merdiques prises avec un téléphone. Il est certain que ces enregistrements ont dû rapporter gros à celui qui a eu l'idée et l'occasion d'en faire ce petit commerce, peut-être avec des bénédictions venant de plus haut. Il ne devrait pas être très difficile de découvrir de qui il s'agit, même si les journalistes sont très sensibles aux problèmes de protection de leurs sources mais, en la circonstance, il ne s'agit en rien d'information mais purement et simplement d'un vol de documents.

Si les enregistrements ont pu être négociés à très bon prix, qu'en sera-t-il, dans la suite des films, que Mohamed Merah avait pris au cours des assassinats auxquels il se livrait ? Si le coup est en revanche plus politique que journalistique, l'intérêt d'une telle vente risque d'être bien moindre !

samedi 7 juillet 2012

De Péguy à Pinay

" La mystique républicaine, c’était quand on mourait pour la République, la politique républicaine, c’est à présent qu’on en vit.". La formule de Péguy (dans Notre jeunesse) est, comme bien d'autres, percutante. Au risque de me "brouiller avec la République", comme dit Prusias dans le Nicomède du Père Corneille, je rappellerai aussi un autre mot de Péguy qu'on applique parfois, par extension, au socialisme et à Jaurès avec lequel il romp des lances vers 1905 : « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains » (Victor-Marie, comte Hugo).

Pour citer un autre témoin beaucoup moins illustre, je me souviens qu'Antoine Pinay (le père du nouveau franc) observait, non sans justesse, qu'autrefois on ne s'enrichissait pas dans la politique. Ce devraient être toujours le cas (mais on ne vérifie guère l'évolution des patrimoines), du moins si l'on en croit les déclarations de nos hommes politiques ; leurs indemnités officielles, même en cas de cumul (nous ne sommes plus au temps de Lecanuet qui fut, un moment, le recordman de France en la matière) ne peuvent plus désormais dépasser, pour les indemnités légales proprement dites, le seuil de 50 % au-dessus de l'indemnité parlementaire ; souvent elles ne sont que la partie émergée de l'iceberg des rémunérations ou mieux des profits des politiques. Je ne pense pas tant ici aux avantages en nature, modestes en somme, comme la carte de libre circulation SNCF ou les prêts à taux très réduits mais plutôt aux sommes, non imposables, qui sont allouées, en principe, pour l'exercice de la fonction et sur l'usage desquelles on ne se montre pas trop regardant. À cet égard il semble qu'il vaille mieux être député à Strasbourg qu'à l'assemblée nationale, même si par ailleurs la fonction de maire, qui accompagne souvent celle de député, peut ouvrir la source à bien d'autres rémunérations de natures extrêmement diverses.

À cet égard, les gestes symboliques du Président de la République et des ministres sont sans doute une bonne chose, au moins sur le plan de la communication et des principes, même si les incidences budgétaires seront, sans aucun doute, très modestes. En effet, c'est ailleurs qu'il faudrait porter le fer, me semble-t-il, car le train de vie d'État supporte des charges qui, pour être moins importantes et visibles, sont infiniment plus nombreuses et, par là même, infiniment plus coûteuses.

Je me souviens des confidences d'un ami qui, au hasard de quelque remaniement, était devenu modeste conseiller dans je ne sais quel cabinet ministériel ; nouveau dans la fonction, il avait été stupéfait du changement intervenu soudain, de ce fait, dans sa vie quotidienne. Il s'agissait moins en fait de revenu proprement dit (les crédits qui sont alloués à un ministre pour les compléments de rémunération des membres de son cabinet sont distribuées de façon extrêmement diverse et certains ministres ont toujours été connus pour s'en réserver l'usage quasi exclusif, suivez mon regard du côté de la rue de Valois !) que de ce qu'on pourrait appeler des avantages quotidiens. Ils vont du non-paiement des contraventions (et donc de la possibilité de stationner à Paris à peu près n'importe où) à des accueils luxueux et gratuits dans tous les déplacements en province ou à l'étranger (logements en préfecture ou à l'ambassade, voiture à disposition, etc.). Je dois ajouter que, si grand qu'ait été, au départ, son émerveillement, il a très rapidement pris l'habitude de la chose et au bout de quelques semaines il la trouvait normale voire parfois même un peu insuffisante.

Si la réduction du traitement des hauts personnages de l'État est une bonne chose (qu'on vienne pas me chicaner sur le mot traitement), l'entretien sur un pied extravagant (2 millions d'euros par an à la louche) des anciens Présidents de la République (de plus en plus nombreux) est une folie à laquelle il faudrait le plus rapidement possible mettre un terme, la mort ne semblant plus s'en charger, en prenant tout simplement exemple sur les autres Etats ou un tel traitement n'est nullement réservé aux personnalités de cette nature. On ne peut, en effet, sur ce point, espérer les voir se comporter comme un De Gaulle !

Comme dit la sagesse populaire : " Il n'y a pas de petites économies" ; comme les petites économies que l'on pourrait faire en la matière sont infiniment plus nombreuses que les grosses auxquelles on a bien du mal à se résoudre, elles amèneraient, à terme et par leur masse même, des économies budgétaires infiniment plus importantes, selon le même principe qui conduit à faire payer les riches plutôt que les pauvres car ces derniers sont de très loin les plus nombreux.


vendredi 6 juillet 2012

Vérité au nord de la Méditerranée, erreur au Sud.

J'écoutais ce matin, sur France Info, l'inénarrable mais insubmersible BHL, à peine remis, semble-t-il, du bide de la sortie de son film sur la Lybie mais en rien instruit par cette affaire.

Toujours disert notre expert ès-révolutions arabes répondait aux questions, fort pertinentes de la journaliste qui opère à cette heure sur cette chaîne. Elle lui demandait, non sans raison, s'il n'était pas inquiet quant à la situation là-bas et surtout aux résultats des élections qui se tiennent ce jour même en Libye et qui risquent fort, comme ailleurs, de porter au pouvoir des islamistes.

Et BHL de se féliciter que cette journaliste lui pose cette question (c'est la loi du genre!) et de souligner finement qu'après tout il ne faut pas trop s'affoler puisque l'islamiste élu en Egypte auquel elle faisait allusion, n'avait guère été élu que par 25 % des Égyptiens. Ce n'est pas faux mais, par là, notre brillant philosophe s'avère plus à l'aise avec la politologie qu'avec l'arithmétique.

En effet si, en Égypte, le nouveau chef de l'État n'a été élu qu'avec 25 % des voix, qu'en est-il dans notre beau pays où 40 % des électeurs se sont abstenus à la présidentielle? Si l'on admet que les deux candidats du second tour ont recueilli, chacun, à peu près la moitié des suffrages exprimés (laissons de côté le scandale permanent du traitement du vote blanc !), sommes-nous si loin, pour le candidat vainqueur, de ces fatidiques 25 % que BHL stigmatise avec ironie dans l'élection égyptienne?

Mais tout cela est sans importance et le plus remarquable chez notre BHL me paraît le virage lof pour lof de notre Talleyrand philosophe. Il trouve soudain désormais des charmes et des talents, aussi vastes  qu'inattendus, chez notre nouveau Président de la République comme chez son tout aussi nouveau ministre des affaires étrangères. Reconnaissons que, sous le précédent régime, il aimait moins le second que premier !