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dimanche 24 novembre 2013

Kennedy et Obama ?


En ce cinquantième anniversaire de l'assassinat de Kennedy, comment ne pas être frappé, en dépit des différences, par la similarité de leurs parcours qui donne à penser que le second s'est inspiré de la trajectoire et de la stratégie politiques du premier ?

Pour des observateurs peu perspicaces comme moi, il apparaissait, à son époque, aussi peu probable que JFK issu d'une famille irlandaise catholique se fît élire président dans une Amérique où ce groupe ethnico-religieux était non seulement minoritaire, mais encore marqué d'une façon relativement peu flatteuse ; les Irlandais, catholiques, passaient volontiers dans l'Amérique profonde, à moins qu'ils ne se fassent flics (et encore...), pour des voyous voire des gangsters. Dans le cas d'Obama, que dire des noirs, surtout lorsqu'ils sont, en outre, affublés du prénom d'Hussein, même s'il ne figure qu'en seconde position dans leur état-civil. Vu de loin, un papiste irlandais n'avait pas plus de chances de se voir élire président des Etats-Unis qu'un noir de Chicago, ne le fût-il qu'à moitié. Les politologues du CNRS et/ou de Sciences Po nous expliqueront savamment (mais a posteriori comme pour les crises ...) qu'ils jouèrent précisément sur leur caractère minoritaire, l'un comme l'autre, pour donner l'image d'une Amérique accueillante et propre à réaliser tous les rêves, même les plus fous. C'était pourtant loin d'être gagné d'avance et il leur a donc fallu montrer d'autres talents et jouer sur d'autres registres.

L'un d'entre eux fut évidemment leur physique avantageux, dans des genres pourtant fort différents, mais propres à leur attirer les suffrages féminins. J'entendais hier des commentateurs de la carrière de Kennedy s'extasier sur son bronzage permanent qui illustrait, à leurs yeux, son caractère jeune et sportif. De la part de spécialistes de la question, c'est un peu étonnant ! On sait en fait désormais que J.F. Kennedy ne devait son bronzage permanent qu'à une maladie des glandes surrénales qu'on appelle précisément de ce fait « la maladie bronzée d'Addison ». Curieusement, j'ai toujours entendu parler dans ma famille de cette maladie, car un de mes oncles en souffrait et en est d'ailleurs mort lui-même à peu près à l'âge de Kennedy, mais du fait de cette maladie et non pas sous les balles du Mannlicher Carcano de Lee Harvey Oswald.

Au fond, curieusement, leur situation était un peu homologue quoique inverse, Kennedy jouait sur un bronzage flatteur dû à sa maladie qui faisait paraitre malsaine la blancheur de ses concurrents, tandis qu'Obama, tout en étant manifestement noir, l'était en même temps aussi peu et aussi discrètement qu'il est possible du fait, lui, de son métissage !

On m'objectera que ces éléments sont objectifs et quasi intangibles et qu'Obama n'a pas pu jouer sur sa couleur de peau ou son apparence pour se rapprocher du modèle que lui avait donné Kennedy. C'est vrai, mais il en est tout autrement sur l'aspect qu'on pourrait appeler globalement "people", pour lequel il est, en revanche, clair qu'il a adopté l'image du couple de John et Jackie Kennedy.

Bien entendu je ne parle pas ici de la réalité des faits ; si les Kennedy ont toujours donné l'image du parfait couple glamour et de la famille idéale avec les bambins courant dans le bureau ovale sous l'oeil enamouré de leurs parents, on sait que John s'occupait peu de sa famille, menait une vie de bâton de chaise et accumulait les passades, de sorte qu'auprès de lui notre DSK national n'était qu'un pâle amateur ; ses liaisons (comme avec cette pauvre Marilyn qu'il partageait avec son frère) sont demeurées relativement discrètes. Toutefois, ces secrets ont alors été bien gardés, comme ses relations avec la mafia dont l'élément le plus connu est naturellement son amitié avec Frank Sinatra.

Dans la réalité de leur vie, il est clair que Kennedy et Obama menaient des existences très différentes, ce qu'on peut légitimement supposer du moins aussi longtemps que la conduite de Barack est à l'abri de tout soupçon. Il semble d'ailleurs que Jackie et Michele soient, elles-mêmes, des femmes très différentes l'une de l'autre à bien des égards. En tout cas, l'image publique de la famille Obama a été, d'emblée, très strictement calquée sur celle de la famille Kennedy, quelles que soient les réalités qui les différencient dans la vie réelle. Il serait trop long et sans doute parfaitement inutile de comparer tout cela dans le détail, les seules différences importantes étant dans l'âge des enfants qui permettaient une exploitation communicationnelle encore plus efficace et plus grande du côté des Kennedy dont les enfants étaient plus jeunes et permettaient donc des spectacles plus attendrissants et par là, plus efficaces.

Souhaitons toutefois à Barak Hussein Obama de ne pas pousser trop loin, le parallèle et de ne pas finir comme son modèle, solution radicale à laquelle ont certainement dû songer certains de ses opposants mais dont son évolution politique rapide, au cours de ses mandats, l'a sans doute mis à l'abri.

samedi 23 novembre 2013

Les mystères du Stade de France. Merci, JFK !


Le 50e anniversaire de l'assassinat de J.F. Kennedy nous a opportunément débarrassés des interminables considérations filandreuses sur le football, l'équipe de France et la qualification inattendue de notre équipe nationale pour la Coupe du monde de l'année prochaine. Il faut dire que l'on n'entendait pas grand-chose d'autre que les remarques oiseuses qui laissaient de côté les points les plus intéressants ou les plus curieux. Les médias, qui étaient aussi pessimistes que lucides la veille de la rencontre contre l'Ukraine, sont devenus frénétiquement enthousiastes le lendemain, sans qu'on distingue clairement , au vu du match, les raisons de cette extase nationale. L'explication cependant est relativement simple : nos commentateurs sportifs de radio comme de télévision, se caractérisent tous par un chauvinisme qui l'emporte sur toute autre considération.

On s'est extasié sur la qualification des Français pour la Coupe du monde du Brésil suite à leur victoire trois buts à zéro contre les Ukrainiens qui les avaient ridiculisés lors du match aller du match, en se limitant alors, par chance pour nous, à un 2-0, alors qu'ils auraient parfaitement pu, sans scandale, doubler la mise. On peut repenser ici à la fameuse finale de la Coupe du monde à Paris en 1998, où l'attaquant vedette du Brésil, Ronaldo, dut être hospitalisé quelques heures avant cette finale ; à en croire la presse italienne qui a repris le dossier médical, les médecins français, sous prétexte qu'il avait une crise d'épilepsie (alors que c'était un malaise cardiaque), lui administrèrent un très puissant sédatif peu avant le match. Ces détails expliquent sans doute la nullité de sa prestation durant la finale, mais la presse française en fit d'autant moins état que si l'affaire fit briller le foot français, elle n'était guère à l'honneur de sa médecine et, moins encore, de son éthique !

Toutefois, si l'on regarde un peu près le match retour lui-même, on s'aperçoit qu'en fait il y a eu que deux à zéro, puisque le but de Benzema n'était pas valable (ça ne vous rappelle pas la main si bienvenue de Thierry Henry ?) car il était hors-jeu de deux mètres, circonstance qui n'a échappé à personne ... sauf à l'arbitre. Cela ne faisait donc déjà plus que 2-0 (donc des prolongations) ; on devrait aussi prendre en compte que le troisième but français n'a tenu qu'à une maladresse des Ukrainiens qui ont marqué contre leur camp ! Dans les faits, le score était donc, entre les deux matchs, de 2-0 pour chaque camp.

Il a été clair, dès le début de la rencontre, que les Français avaient pour consigne de se jeter à l'attaque de toutes leurs forces, mais, de ce fait, ils s'exposaient à des contre-attaques rapides qui constituent la principale arme de l'équipe ukrainienne. La stratégie française supposait donc une forme de complicité ou de complaisance de l'arbitre. En effet, pour empêcher ces contre-attaques, on devait les arrêter en abattant systématiquement, dès le départ de leurs actions, les Ukrainiens qui étaient à l'origine de ces mouvements. On a donc nécessairement dû opérer, du côté français, par des tacles par derrière qui, normalement, entraînent, en cas de récidive, la pénalisation des coupables par des cartons jaunes. Or, il n'en a rien été, l'arbitre ne voyant pas plus tous ces tacles irréguliers que le hors-jeu de Benzema.

de seconde mi-temps quand il a expulsé un joueur ukrainien, victime des simagrées ridicules de Franck Ribéry, expert en la matière, alors que le ralenti démontrait que ses contorsions au sol étaient feintes car il n'avait pas été l'objet de la moindre attaque irrégulière. Il faut reconnaître que, dans cette rencontre comme dans bien d'autres, l'art dramatique footbalistique français s'exerce maintenant sous la forme de simulations de chutes qui devraient être elles-mêmes normalement pénalisées. Ces pratiques constitue désormais une des spécialités de certains joueurs français et en particulier de Ribéry et plus encore du nain Valbuena. Le coup était bien monté et ce n'est seulement qu'après l'expulsion du joueur ukrainien que l'arbitre, pour ne pas rendre sa partialité éclatante aux yeux de tous, a commencé à sortir pour les Français quelques cartons jaunes qu'il aurait dû distribuer bien plus tôt.

On a eu là une fois de plus, une illustration de "l'axiome de Nanard", selon lequel il est bien plus simple et bien plus efficace d'acheter l'arbitre plutôt que les joueurs car ces derniers gagnent trop d'argent pour se laisser facilement corrompre et ils sont en outre beaucoup plus nombreux.

L'équipe de France et plus généralement le football français font l'objet d'infinis commentaires, alors qu'on veut ignorer l' un des aspects majeurs, pour ce qui concerne notre équipe nationale, alors qu'il devrait attirer prioritairement l'attention. Il s'agit du fonctionnement, pour le moins très particulier, de notre équipe nationale; il tient à l'étrange relation entre le choix des joueurs qui entrent dans cette formation et les agents de ces mêmes joueurs, ce qui conduit aussi à poser le problème du blanchiment d'argent à travers le football et sans doute de quelques autres sports.

Comment ne pas s'étonner que les deux sélectionneurs successifs de l'équipe de France de football aient le même agent (car même nos sélectionneurs, payés par la Fédération française de football, ont des agents comme les artistes!) qui se trouve aussi, mais par le plus grand des hasards, être en même temps l'agent d'une bonne partie des joueurs de l'équipe de France. Dans d'autres contextes et dans d'autres pays, on ne manquerait pas de le remarquer et aussi d'évoquer, dans de tels cas, les "conflits d'intérêts" dont on parle si volontiers ailleurs. Il est en effet évident qu'une sélection nationale augmente, de facto, la rémunération et la valeur vénale d'un joueur !

Plus généralement encore, et en dehors du football, serait intéressant de savoir exactement d'où viennent les flots d'argent qui coulent sans cesse dans ces milieux et offrent, de ce fait même, de multiples facilités de blanchiment, puisque toutes ces opérations se passent sans grand contrôle (alors que si vous achetez un studio à 30.000 euros, le fisc vous demande d'où vous vient cet argent !) et, pour une bonne part, hors de nos frontières dans des paradis fiscaux.

Il serait bon, à cet égard, de se souvenir que l'initiateur et le promoteur de ces liens entre l'argent sale et le sport (et particulièrement le football) a été le grand Pablo Escobar ; certes, il a mal fini sa carrière mais par ces méthodes, il a failli faire gagner la Coupe du monde de football par l'équipe de Colombie sur laquelle coulait à flots l'argent de la drogue provenant du cartel de Medellín.

Il est vrai qu'ici comme ailleurs, nos journalistes ont la mémoire aussi courte que sélective.

samedi 16 novembre 2013

La loi Taubira-Delannon (2001) : des dangers de l'ignorance et de la mauvaise foi


Avant de revenir sur mon blog "Taubira-ti ? Taubira-ti pas ?" dont plusieurs indigents commentaires montrent qu'il n'a pas été compris (J'y pose, en effet, non pas la question du racisme, mais celle de savoir pourquoi seule C. Taubira est l'objet de telles attaques), je voudrais évoquer la très discutable "Loi Taubira-Delannon" qui a fait, bien à tort, sa gloire et sa fortune politiques.

Rappelons-en ici le point majeur : « La République Française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que dans l’océan Indien d’une part et l’esclavage d’autre part [...] perpétrés à partir du XVe siècle contre des populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».
Cet extrait contient plusieurs erreurs ou approximations qu’on aurait dû éviter dans un texte si important, le législateur étant réputé, selon le poncif juridique bien connu, pour « sa grande sagesse ».

Les textes de lois sont préalablement soumis à des juristes (Il y a, en outre, une Commission des lois) ; il n’aurait pas été mauvais non plus de faire lire le projet par un véritable historien, car C. Taubira-Delannon n’était pas encore historienne à cette époque, faute d’avoir déjà publié son livre L’Esclavage raconté à ma fille .

Un point de détail historique contemporain.

La date de la commémoration a été fixée au 10 mai. La chose a été décidée et annoncée par Jacques Chirac.
« Avez-vous un texte ? » disait, avant tout débat, le grand Fustel de Coulanges. La loi en cause apparaît dans tous les documents officiels sous la référence « 2001-434 du 21 mai 2001 », la version « consolidée » étant du 23 mai 2001, publiée dans le Journal Officiel de la République Française du 23 mai 2001. Entre décembre 1998 et le 23 mai 2001, on relève une foule de dates pour les lectures du texte, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Contre toute attente, on a donc pris le temps de la réflexion ! Le 10 mai est le jour du vote du Sénat, en seconde lecture, donc de l’adoption finale du texte. Soit !

Je ne sais pas quel est le véritable motif du choix final du 10 mai (date qui, par ailleurs, a été refusée par certains protagonistes de l’affaire). Je me demande cependant si ce choix, discutable, n’a pas été commandé par le seul souci, tortueux mais probable, de faire passer au second plan la commémoration du 10 mai 1981, arrivée de la Gauche française au pouvoir !

Retenir la date anniversaire du décret d’abolition lui-même m’aurait semblé le choix le plus logique, le plus symbolique et le moins contestable. Si certains ont fait le calcul que je suppose, ils ont parfaitement réussi, car le 10 mai 2006, le vingt-cinquième anniversaire de la victoire historique de la Gauche aux présidentielles a été totalement oublié, même (ou surtout...) à gauche ! J’ajoute qu’il en a été de même le 10 mai 2007. L’idée n’était donc pas mauvaise.

Revenons au texte, car il comporte plusieurs bizarreries, absurdités ou scandales.

La première bizarrerie est une forme de confusion, générale et permanente, entre la traite négrière et l’esclavage. L’esclavage a existé bien avant la traite négrière et, rappelons-le, les dates de leurs abolitions respectives sont très différentes. La traite est abolie et surtout interdite en 1815 ; l’esclavage le sera bien, plus tard et à des dates différentes selon les colonisations (1835 pour les colonies de la Couronne Britannique, 1848 pour la France, 1863 pour les colonies hollandaises, etc.). On sait assez que l’esclavage existe encore dans quelques régions du monde, dont le XVIe arrondissement de Paris où résident nombre de diplomates étrangers.

La deuxième bizarrerie est sémantique et historique ; l’usage du mot « reconnaît » dans le texte me semble impliquer, de la part de la République française, l’acceptation d’une responsabilité étatique spécifique. On « reconnaît » qu’on a commis une faute ; en revanche, on admet, on proclame, on souligne, on dénonce, etc. une faute d’autrui. Je ne vois donc pas bien comment la France peut reconnaître des faits liés à l’esclavage et à la traite « à partir de XVe siècle », c’est-à-dire bien antérieurement à la colonisation française dans la zone antillo-guyanaise, où elle n’a commencé, en fait, qu’au XVIIe siècle.

Des Antillaio-Guyanais devraient tout de même connaître un peu l’histoire de leurs pays, même si les méchants Français de souche ont tenté de la leur dissimuler. L’arrivée des premiers esclaves africains a été précédée, en outre, par une période où l’on a tenté d’utiliser des « engagés » blancs, des Français en général, ce que permettaient la misère et la surpopulation de la France du XVIIe siècle. La simple lecture de la belle thèse d’un historien antillais, J. Petitjean-Roget (« La société d’habitation à la Martinique : un demi-siècle de formation, 1634-1685 », 1980) aurait évité pareille bévue. Je donne ces références pour l’information des membres du « Comité », qui me semblent singulièrement manquer de lectures historiques ; c’est sans doute la raison pour laquelle ils demandent avec tant d’insistance la mise en oeuvre de recherches dans ce domaine !

Troisième bizarrerie, l’allusion aux Amérindiens. On ne voit guère ce que vise le texte de la loi, car les Caraïbes (aux Antilles) ou les Amérindiens (en Guyane) n’ont jamais été réduits collectivement en esclavage. On retrouve, en fait, ici une certaines obsession antillaise de l’ascendance caraïbe. Insoutenable au plan historique, une telle référence est curieuse quand il s’agit de "crimes contre l’humanité", car le traitement infligé, en leur temps, par les envahisseurs caraïbes aux Arawaks, qui étaient dans ces îles avant eux, n’a pas été des plus humains. Il en est résulté une curiosité linguistique qu’ont signalée longtemps tous les manuels de sciences du langage. Les femmes arawaks qui, à la différence de leurs conjoints, n’avaient pas été massacrées par les envahisseurs caraïbes, mais épargnées pour la distraction et la reproduction, ont conservé leur langue arawak, tout en apprenant, bien entendu, le parler caraïbe de leurs nouveaux maîtres. Au cours des siècles, elles ont transmis leur idiome arawak d’origine, mais seulement à leurs filles. Comme il n’y a plus guère de Caraïbes aujourd’hui, sauf à la Dominique, cette singularité a dû disparaître..

Une quatrième anomalie tient à l’évocation de l’océan Indien. Comme la proposition de loi avait été aussi introduite, le 22 décembre 1998, par trois élus de la Réunion (Huguette Bello, Elie Hoareau et Claude Hoarau), on ne pouvait pas évoquer, comme on le fait toujours, la seule « traite transatlantique » vers la zone antillo-guyanaise. On a donc ajouté « la traite dans l’océan Indien », sans prendre garde, une fois de plus, à l’histoire. En effet, dans cette zone, la traite vers les colonies françaises (les archipels des Mascareignes et des Seychelles), qu’a étudiée J-M Filliot dans sa thèse de 1974 (mais tout ce beau monde ignore bien entendu jusqu’à l’existence de cette étude), est un phénomène, dont l’ampleur est ridiculement marginale par rapport à la traite orientale opérée par les Arabes, dans ce même océan, des siècles durant. Les auteurs de ce texte et leurs conseillers ignoraient sans doute ce menu détail ; ils visent donc, mais sans le savoir, la traite arabe, à partir de l’Afrique de l’Est dont on estime (nous y reviendrons) qu’elle a concerné 15 à 17 millions d’esclaves africains (soit sans doute au moins cent fois plus que la traite vers les colonies françaises de cette même zone).

Ce point nous amène à ce qui est le vrai scandale historique d’un tel texte, où se mêlent sans doute ignorance, mauvaise foi et calcul, sans que je sois en mesure d’établir les proportions de ce sinistre mélange. On le perçoit déjà puisque, si l’on s’en tient à la lettre du texte, la République Française, bonne fille mais un peu imprudente et ignorante, assume aussi, du fait de cette rédaction, la responsabilité de la traite afro-arabe dans l’océan Indien. Pire encore, on lui pose sur la tête, dont tout ce qui précède indique qu’elle est petite, le vaste chapeau de l’ensemble de la « traite transatlantique ».

En effet, au XVIe siècle, la traite transatlantique n’est nullement, au départ, le fait des Français qui n’ont pas de colonies ailleurs qu’en Nouvelle France (c'est-à-dire en Amérique du Nord); il suffit de constater le caractère nettement ibérique de tous les « mots de la traite » pour s’en convaincre. Si les précurseurs sont les Portugais et les Espagnols, au XVIIIe siècle (la grande époque), la plupart des pays européens participent à ce commerce des esclaves.

Pour l’instruction des membres du « Comité » et pour qu’ils comprennent enfin le fonctionnement de la traite dans le Golfe de Guinée, je leur recommanderai volontiers la lecture du « Journal de L.F. Römer » qu’a traduit et publié M. Dige-Hen (Paris, l’Harmattan, 1989). Römer est un « traitant » danois (et non français) et son récit est un excellent témoignage sur la traite de la côte occidentale d’Afrique. Les Danois qui, avec d’autres peuples non colonisateurs, donnent volontiers aujourd’hui des leçons d’humanité, ont oublié que certains d’entre eux ont trempé dans ce commerce, comme aussi les Suédois, dont la colonie de Saint-Barthélemy fut un moment très active dans ce domaine.

Lire le récit de Römer aurait sans doute permis à C. Taubira-Delannon de se faire une idée plus exacte de la traite et surtout de comprendre qu’il est évidemment impossible de faire porter aux SEULS européens la responsabilité de ce commerce et donc, pour une bonne part de l’esclavage européen colonial, qui n’aurait jamais pu être mis en place sans la logistique efficace de la traite « intra-africaine » qui fonctionnait depuis des siècles, mise en place et organisée par les Africains et les Arabes, bien avant la venue des européens.

mercredi 13 novembre 2013

Taubira-ti ? Taubira-ti pas ?

Au moment d'écrire ce billet j'hésite encore. Vais-je jouer avec ce texte le rôle de paratonnerre qui m'est souvent dévolu, un paratonnerre ayant pour fonction majeure sinon unique d'attirer sur lui des foudres qui, de cette façon, épargnent les autres.

Jetons-nous à l'eau même si ce n'est pas prudent par temps d'orage ! Il n'est bruit que de la "une" de Minute; publication dont je croyais qu'elle avait disparu depuis dix ans au moins Cet hebdomadaire aurait titré (j'hésite à reproduire ce titre crainte d'être accusé de complicité!) "« Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane". Ailleurs la formule qu'on juge raciste pourrait être regardée comme plutôt drôle par les "à peu près" qu'elle contient et la polysémie de la formule "avoir la banane" qui est tellement en vogue désormais. C'est en tout cas plutôt mieux que ce que furent, dans le passé, la plupart des couvertures de cette feuille de chou.

J'observe toutefois d'abord que des ministres non leucodermes, pour ne pas dire à l'américaine "caucasiens", ou "de couleur" comme on disait autrefois, dans leur diversité, comme Mesdames Najat Belkacem,Yamina Benguigui Fleur Pellerin, George Pau-Langevin ou Messieurs Kader Arrif et Victorin Lurel n'ont jamais suscité les mêmes réactions. Sans viser à une revue de détail, dans le même poste ministériel, Rachida Dati n'a pas non plus amené de telles réactions. Je pense toutefois que, comme toutes et tous les autres ministres qui n'étaient pas des "Français de souche" comme disait l'autre, nul n'a jamais donné dans le genre exotique comme semble se plaire à le faire, par sa coiffure en particulier, Madame Taubira que j'ai connue autrefois coiffée tout autrement. Je pense qu'il y a, chez elle, dans le choix capillaire qu'elle a fait, une volonté, peut-être inconsciente, de se distinguer et, par là même, de provoquer, surtout Place Vendôme où l'ont précédée Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati.

Pour nous éloigner, un instant, du microcosme français, imaginez ce que seraient les réactions aux États-Unis si Barak Hussein Obama arborait, soit une coiffure afro à la Angela Davis, soit la nouvelle coiffure afro à la mode chère à nos footballeurs. Il faut convenir que ce n'est pas sans doute pas par hasard et sans choix qu'Obama opte toujours pour un look parfaitement intégré et même lisse, aussi bien dans sa présentation et sa tenue que dans celles de sa famille, chien compris.

Il est amusant et, pour certains peut être choquant, de voir Christiane Taubira, qui, je le répète, n'a pas toujours eu la coiffure qu'elle arbore actuellement, adopter délibérément une apparence capillaire qui contraste singulièrement avec celle de son auguste voisin au Conseil des Ministres puisque, sauf erreur de ma part, le Garde des Sceaux qu'elle est, occupe le deuxième rang dans l'ordre protocolaire de nos ministres.

La ceinture de bananes de Joséphine Baker autrefois avait moins déclenché les remarques de la presse que la "banane", métaphorique ou réelle, qu'associe à notre Garde des Sceaux actuelle.

Pour ce qui me concerne, connaissant, assez bien et depuis fort longtemps, la sinueuse carrière politique de Christiane Taubira et la zone caraïbe dont elle est originaire, j'avoue que j'ai été stupéfait de voir nommer Garde des Sceaux de la République française dans le gouvernement Ayrault Madame Taubira. Non pas parce que sa formation n'a rien de juridique, mais parce que cette femme est très connue par les positions farouchement indépendantiste qu'elle a longtemps eues dans le début de sa carrière politique, à son retour en Guyane après ses études en France. Il faut dire qu'elle bénéficiait, si l'on peut dire de l'aura indépendantiste, voire terroriste, de son mari Roland Delannon dont elle portait encore le nom en 2001 (Taubira-Delannon est le nom de la loi qui l'a fait connaître !)).

R. Delannon, dont elle a eu quatre enfants, est l'un des fondateurs du MOGUYDE, le "Mouvement Guyanais de Décolonisation" qui se changea, plus ou moins, dans la suite en VO-KA. Ces mouvements anticolonialistes, impliqués dans nombre d'attentats, étaient très violents. Même si l'on a désormais quelques difficultés à accéder aux documents de ces organisations, même par Internet, à les lire, on constate qu'ils sont, toujours et tous, d'une extraordinaire violence, y compris au moment où, après l'élection de François Mitterrand, on prétend souvent qu'ils se sont assagis. Je vous invite à aller les consulter et vous verrez qu'il n'en est absolument rien et que Giscard d'Estaing, Mitterrand ou Chirac sont l'objet exactement du même traitement et des mêmes insultes et imprécations.

On ne doit pas oublier que ces mouvements en Guyane comme aux Antilles furent réellement des mouvements terroristes ; on est donc très loin des images, récentes mais paisibles, de Madame Taubira enlaçant Monsieur Domota lors des grandes grèves de la Guadeloupe. Roland Delannon est resté célèbre par un attentat préparé contre les installations pétrolières de Guyane qui heureusement échoua, mais qui aurait pu faire de nombreuses victimes. Il fut lui-même condamné et passa 18 mois en prison, tandis que Christiane Taubira, qui était alors mère d'une petite fille de deux ans, fut, un moment, contrainte à la clandestinité et à une fuite perpétuelle avec son bébé dont elle a elle-même donné le récit.

Passer d'un tel état à celui de Garde des Sceaux de la République Française est une mutation totale et radicale dont notre histoire ne fournit guère d'exemple, du moins au cours de périodes qui furent des moments de paix, sans invasion ni dictature.

Les Français ont la mémoire courte et nos journalistes sont beaucoup trop ignorants pour pouvoir faire état de tels détails, mais il n'est pas sûr que l'agressivité que certains montrent à l'égard de Christiane Taubira ne plonge pas ses racines lointaines dans ce passé tumultueux et quelque peu oublié ou occulté. Des mélanodermes de la République, hommes ou femmes, de Gaston Monnerville (Guyanais lui aussi) à Lucette Michaux-Chevry (Guadeloupéenne) n'ont jamais suscité les mêmes réactions racistes et il faudrait examiner les choses de plus près si l'on veut en trouver les véritables explications.

vendredi 8 novembre 2013

Vivre en France et mourir à l'étranger


 Parmi les "marronniers" de l'automne 2013 figure l'expatriation des Français dont le l'usage intensif ne semble pas tout à fait innocent, même s'il n'est pas nécessairement aussi pertinent et fondé qu'on veut nous le donner à croire. Les chiffres montrent, en effet, que l'accroissement du pourcentage d'expatriés français a déjà eu lieu, pour une bonne part, entre 2007 et 2012, c'est-à-dire avant l'arrivée aux affaires de ce pauvre Monsieur Hollande à qui on fait porter ce chapeau un peu vaste pour sa tête.

Je n'en parle pas davantage quoique j'aie entendu, l'autre jour, sur ce sujet de l'exil français, les sottises habituelles qu'on égrène dans nos médias ; il y était question, en particulier, de toutes les raisons de cette expatriation, toutes plus marginales les unes que les autres, alors qu'on n'a fait aucune mention de la principale qui est évidemment le fric. Il est toujours la raison majeure, qu'il s'agisse de fonctionnaires (payés deux ou trois fois au tarif français, selon les zones où ils se trouvent) ou du privé ou assimilé où il en est à peu près de même et auquel s'ajoutent, plus facilement encore dans ces cas, les avantages fiscaux sans parler des transferts, directs ou indirects, d'une partie de ces copieux salaires dans les paradis fiscaux.

Même si, en France, les perspectives d'avenir plus ou moins lointain ne sont pas très roses (en dépit de la présence aux affaires du parti socialiste), les conditions de vie ne sont pas les plus mauvaises ; pour ceux qui comme moi approchent du terme de leur existence, il est frappant de voir que nombre de gens qu'on considère comme de condition modeste, voire comme des pauvres, vivent plutôt mieux que les riches du milieu du siècle précédent. Je voyais, il y a quelque temps, à la télévision, une émission où l'on mettait en scène une famille de condition manifestement modeste et même dans une misère censée apitoyer le téléspectateur. J'y ai observé que les enfants jouaient sur des jeux électroniques coûteux ou avec leur iPad ou leur iPhone (je sais pas trop la différence) qui ne le sont pas moins, que la cuisine y était meublée fort joliment et comportait tous les appareils électroménagers modernes, tandis que trônait dans le fond un magnifique écran plat de grande dimension. Tout cela n'indiquait pas une condition trop misérable, me semble-t-il.

Mais comme toujours je m'écarte de mon sujet.

Une expérience familiale douloureuse m'a inspiré toutefois une réflexion et ce blog qui choqueront sans doute beaucoup de lecteurs (s'il y en a). Je pense en effet qu'il vaut mieux vivre en France et mourir à l'étranger !

J'ai eu à subir récemment l'épreuve qui consiste à assumer le deuil d'un proche et j'ai pu constater quelques points qui m'avaient jusqu'à présent largement échappé.
Alors qu'il vous est possible et même indispensable d'aller à la mairie faire la déclaration de la naissance de vos enfants, il vous est impossible de faire de même dans le cas du décès d'un proche parent. Vous devez passer d'abord sous les fourches caudines (qui prennent alors la forme d'un tiroir-caisse) des Pompes Funèbres dont le nom même prend alors doublement sa signification. La "pompe funèbre" est, en effet aussi et avant tout (on vous propose le recours tarifé bien sûr à un "maître de cérémonie") une "pompe à phynances" ! Cet indispensable recours administratif vise uniquement à vous alpaguer de sorte à vous infliger ensuite le supplice ignoble d'un parcours mercantile à travers toutes les prestations qu'on est en mesure de vous vendre.
Dans le cas d'une crémation qui était, celui que j'ai dû subir (non pas la crémation hélas, mais les épreuves commerciales), on vous proposera le choix entre divers cercueils dont le plus modeste coûte 1000 €, alors que ce cercueil sera brûlé dans la demi-heure qui suit la mise en bière. Vous serez amené ainsi à choisir entre le pitchpin polychrome du Zambèze (...comme disait Pierre Dac) et l'acajou du Gabon, avec ou sans moulures, comme entre les diverses nuances du capitonnage qui naturellement constitue un choix tout à fait indépendant et aussi indispensable, tant dans les coloris que dans la matière. J'ai d'ailleurs appris dans la suite que, vu la fréquence des crémations existe maintenant des cercueils en carton, mais naturellement cet article ne figure pas sur les catalogues de l'officine j'ai été reçu.

Je dois dire d'ailleurs que le prix n'était pas pour moi une raison de choix impératif, mais j'aurais infiniment préféré qu'on m'épargnât cette épreuve immonde et qu'on me demandât tout bêtement et tout simplement un chèque de 4000 € plutôt que de m'infliger ces deux heures de mercantilisme autour de ce deuil. Je dois dire qu'ayant assisté à une cérémonie du même ordre à Tokyo, j'ai infiniment préféré les usages japonais à ceux de la France et c'est là précisément la raison qui m'a conduit à suggérer à ceux qui veulent partir vivre à l'étranger d'aller plutôt y mourir.

Non seulement ce mercantilisme est ignoble (et je pèse mes mots) mais il est en plus pesant jusqu'au grotesque par l'accumulation des procédures administratives, qui n'ont sans doute pas d'autres causes réelles que de fournir de modestes revenus aux municipalités et de substantielles prébendes aux Pompes Funèbres (majuscules de rigueur) ; cela permet aussi d'occuper quelques milliers de ces fonctionnaires dont nous ne savons que faire et que nous avons en nombre infiniment plus grand que tousles autres Etats d'Europe et du monde.

Ces quelques jours m'ont aussi inspiré une idée simple à ce sujet. Puisque, selon la Cour des Comptes, il y a en France 200.000 fonctionnaires de trop, pourquoi ne pas les mettre dès maintenant tous en retraite, puisque, de toute façon, il faudra les entretenir, sinon dans l'oisiveté du moins dans l'inutilité, en leur offrant entretien, gite et matériel jusqu'au moment de leur retraite, pour continuer les payer ensuite en leur versant ce qui d'ailleurs pour eux n'est pas une retraite mais une pension. La retraite impliquant une diminution de salaire, sur 20 ou 30 ans, l'Etat y gagnerait sans doute beaucoup (ça peut se calculer facilement) et Ils seraient sans doute eux-mêmes ravis d'être en retraite à 30, 40, 50 ans puisque travailler deux ou trois ans de plus fait descendre me peuple dans la rue. Conseil, gratuit comme toujours à F. Hollande !

Comme dans les jours derniers que je viens d'évoquer, les forces de police réclamaient à nouveau avec force des emplois, je terminerai par le grotesque. Les Pompes Funèbres m'avaient en effet précisé que je ne devrais pas m'étonner de la présence de policiers à la cérémonie de la mise en bière. Il s'agissait en effet pour elles de poser des scellés sur le cercueil une fois clos avant, à nouveau, de vérifier ces scellés au crématorium avant la crémation proprement dite. On ne saurait être trop prudent, car le mort pourrait tout à fait s'échapper dans les 5 km qui séparent le lieu de la mise en bière de celui de l'incinération.

Nous avons dû donc eu le privilège que se joignent à la famille et aux quelques amis présents, outre deux paires de chaussettes a clous de la police locale (ils n'avaient même pas mis, comme on le fait parfois paraît-il, leur tenue de gala) et un individu "en bourgeois", de rang et de statut manifestement supérieurs, avec leur fils de scellés, leur lumignon; leur cirer et leur cachet. L'un d'entre eux a même jugé bon, au terme de la procédure, de gratifier le cercueil d'un salut militaire tout à fait intempestif ; à ma connaissance de seconde classe de réserve, la police municipale n'est pas composée de militaires et un tel geste de salutation est réservé exclusivement à l'armée. Pendant cette heure, il y a bien dû y avoir, dans le coin, deux ou trois agressions ou cambriolages nettement plus fréquents que les substitutions de corps qu'on s'efforce de prévenir !

Bref pour résumer et conclure, allez mourir à l'étranger plutôt que de songer à vous y expatrier pour y vivre

lundi 4 novembre 2013

Qui est responsable de la mort des deux journalistes de RFI.


 Après avoir écouté, hier et aujourd'hui, beaucoup des informations concernant l'assassinat des deux "journalistes" ; j'use ici de guillemets car l'un des deux était, si j'ai bien compris, un preneur de son (les journalistes français de radio sont toujours accompagnés de preneurs de son, bien que les pesants Nagra d'antan aient disparu, et que bien des journalistes étrangers fassent eux-mêmes la prise de son) je n'ai entendu nulle part, au milieu des déplorations et des vociférations sur la liberté de la presse, si admirablement respectée dans notre pays, la moindre allusion à l'hypothèse la plus vraisemblable sur les responsabilités réelles et le déroulement de toute cette affaire.

Mais commençons par le commencement ; dans les médias, depuis les faits, chacun y est allé de son couplet spécifique, en s'abstenant soigneusement d'évoquer le fond de l'affaire et la réalité des choses.

Les ministres et les politiques ont eu des tremblements dans la voix avec la France éternelle mère des droits de l'homme, des lois et de la démocratie, fût-elle coloniale.

Notre justice, habituellement si lente, s'emploie déjà à dépêcher sur place des enquêteurs épris d'exotisme pour identifier les coupables ;si je puis me permettre un avis, je leur suggérerais volontiers de conduire leurs enquêtes depuis Bamako plutôt que de Kidal sinon aux journalistes risquent de s'ajouter quelques enquêteurs qui causeront sans doute moins d'émoi dans nos médias.

RFI et le service international de communication française y sont allés de leurs couplets auto-glorificateurs ; quelques-unes de leurs dignitaires ont sauté dans les avions pour gagner au plus vite, les Hiltons ou Sheratons de Bamako, tout en faisant des déclarations publicitaires insolites sur la qualité de l'information fournie par RFI (ce qui est vrai mais assez normal, et d'autant plus facile que le reste de la presse française ne nous livre que des nouvelles ad usum delphini) comme sur le fait que RFI est très écoutée au Mali (ce qui n'a apparemment pas arrêté la kalachnikov des assassins.).

En revanche, rien, pas un seul mot, sur le panorama général qui explique très facilement les raisons de cet enlèvement, même si la précipitation dont il a fait connu une issue fatale, demeure inexpliquée, quoiqu'elle soit sans doute explicable (panne de voiture ? Intervention d'un groupe concurrent ? etc.). Ce dernier point importe peu d'ailleurs.

Comme toujours et contre toute vraisemblance, dans cette affaire de libération des quatre otages via le Niger, le gouvernement français a continué à nier avoir "payé", alors que tout le monde sait ce qu'il en est et que Le Monde a même donné la somme payée qui, semble-t-il, tournait autour de 22 millions d'euros.

Ce jésuitisme gouvernemental ne trompe personne ; il a a conduit à nier comme des beaux diables, ce que toute l'Afrique sait parfaitement, c'est-à-dire que la France a payé, sans doute pas directement, ce qui permet un énorme demi-mensonge (ce qui en fait un très gros !). En effet, elle n'a sans doute pas fait elle même le chèque ou donné les valises, passant par AREVA et/ou se contentant de donner, par quelque filière que ce soit, l'argent à celui qui devait le remettre au gouvernement nigérien, qui probablement été chargé de le remettre à son tour (sans doute avec une petite commission) aux ravisseurs des quatre otages.

Ce sont ces dénégations, ces mensonges et ses mystères qui sont, en réalité, à l'origine de la mort des personnes enlevées.

La seule solution intelligente et même raisonnable, car tout le monde sait ce qui s'est passé, aurait été de donner le détail précis des versements et d'y ajouter, avec la plus grande précision, les noms et la part des destinataires si le pactole devait être partagé entre plusieurs groupes, ce qui est infiniment probable.

Les responsabilités et les profits de chacun auraient été fixées avec précision, alors que tout indique, quoique personne n'en parle que les auteurs de ces deux assassinats, sont probablement des gens qui n'ont pas reçu sur la rançon la part, qu'ils jugeaient devoir leur revenir (ou les commissions auxquelles ils pensaient avoir droit, dans un remake nigérien de l'affaire de Karachi). Une autre possibilité est tout simplement que l'énoncé des chiffres des sommes versées a donné des idées à des bandits, djihadistes ou non, fort nombreux dans la zone et qui ont profité de l'affaire pour enlever à nouveau des Français. Dans la solution que je suggère ces bandits auraient pu détrousser les bénéficiaires réels de 20 ou 22 millions ce qui aurait été plus simple et plus rapide.

Puisque la France est le seul Etat qui paye, on désigne clairement aux candidats ravisseurs comme cibles premières nos compatriotes. C'est donc de toute évidence le comportement du gouvernement français qui est la cause première de l'assassinat de ces deux malheureux, parce que, au lieu de dire combien de millions avaient été versés et surtout A QUI, on a nié avoir payé alors que tout indique qu'on l'a fait ou fait faire ; on a donc encouragé par là l'enlèvement de nouveaux Français, ces deux journalistes étant évidemment les seules proies possibles, le tourisme à Kidal étant actuellement à son étiage.