lundi 4 novembre 2013
Qui est responsable de la mort des deux journalistes de RFI.
Après avoir écouté, hier et aujourd'hui, beaucoup des informations concernant l'assassinat des deux "journalistes" ; j'use ici de guillemets car l'un des deux était, si j'ai bien compris, un preneur de son (les journalistes français de radio sont toujours accompagnés de preneurs de son, bien que les pesants Nagra d'antan aient disparu, et que bien des journalistes étrangers fassent eux-mêmes la prise de son) je n'ai entendu nulle part, au milieu des déplorations et des vociférations sur la liberté de la presse, si admirablement respectée dans notre pays, la moindre allusion à l'hypothèse la plus vraisemblable sur les responsabilités réelles et le déroulement de toute cette affaire.
Mais commençons par le commencement ; dans les médias, depuis les faits, chacun y est allé de son couplet spécifique, en s'abstenant soigneusement d'évoquer le fond de l'affaire et la réalité des choses.
Les ministres et les politiques ont eu des tremblements dans la voix avec la France éternelle mère des droits de l'homme, des lois et de la démocratie, fût-elle coloniale.
Notre justice, habituellement si lente, s'emploie déjà à dépêcher sur place des enquêteurs épris d'exotisme pour identifier les coupables ;si je puis me permettre un avis, je leur suggérerais volontiers de conduire leurs enquêtes depuis Bamako plutôt que de Kidal sinon aux journalistes risquent de s'ajouter quelques enquêteurs qui causeront sans doute moins d'émoi dans nos médias.
RFI et le service international de communication française y sont allés de leurs couplets auto-glorificateurs ; quelques-unes de leurs dignitaires ont sauté dans les avions pour gagner au plus vite, les Hiltons ou Sheratons de Bamako, tout en faisant des déclarations publicitaires insolites sur la qualité de l'information fournie par RFI (ce qui est vrai mais assez normal, et d'autant plus facile que le reste de la presse française ne nous livre que des nouvelles ad usum delphini) comme sur le fait que RFI est très écoutée au Mali (ce qui n'a apparemment pas arrêté la kalachnikov des assassins.).
En revanche, rien, pas un seul mot, sur le panorama général qui explique très facilement les raisons de cet enlèvement, même si la précipitation dont il a fait connu une issue fatale, demeure inexpliquée, quoiqu'elle soit sans doute explicable (panne de voiture ? Intervention d'un groupe concurrent ? etc.). Ce dernier point importe peu d'ailleurs.
Comme toujours et contre toute vraisemblance, dans cette affaire de libération des quatre otages via le Niger, le gouvernement français a continué à nier avoir "payé", alors que tout le monde sait ce qu'il en est et que Le Monde a même donné la somme payée qui, semble-t-il, tournait autour de 22 millions d'euros.
Ce jésuitisme gouvernemental ne trompe personne ; il a a conduit à nier comme des beaux diables, ce que toute l'Afrique sait parfaitement, c'est-à-dire que la France a payé, sans doute pas directement, ce qui permet un énorme demi-mensonge (ce qui en fait un très gros !). En effet, elle n'a sans doute pas fait elle même le chèque ou donné les valises, passant par AREVA et/ou se contentant de donner, par quelque filière que ce soit, l'argent à celui qui devait le remettre au gouvernement nigérien, qui probablement été chargé de le remettre à son tour (sans doute avec une petite commission) aux ravisseurs des quatre otages.
Ce sont ces dénégations, ces mensonges et ses mystères qui sont, en réalité, à l'origine de la mort des personnes enlevées.
La seule solution intelligente et même raisonnable, car tout le monde sait ce qui s'est passé, aurait été de donner le détail précis des versements et d'y ajouter, avec la plus grande précision, les noms et la part des destinataires si le pactole devait être partagé entre plusieurs groupes, ce qui est infiniment probable.
Les responsabilités et les profits de chacun auraient été fixées avec précision, alors que tout indique, quoique personne n'en parle que les auteurs de ces deux assassinats, sont probablement des gens qui n'ont pas reçu sur la rançon la part, qu'ils jugeaient devoir leur revenir (ou les commissions auxquelles ils pensaient avoir droit, dans un remake nigérien de l'affaire de Karachi). Une autre possibilité est tout simplement que l'énoncé des chiffres des sommes versées a donné des idées à des bandits, djihadistes ou non, fort nombreux dans la zone et qui ont profité de l'affaire pour enlever à nouveau des Français. Dans la solution que je suggère ces bandits auraient pu détrousser les bénéficiaires réels de 20 ou 22 millions ce qui aurait été plus simple et plus rapide.
Puisque la France est le seul Etat qui paye, on désigne clairement aux candidats ravisseurs comme cibles premières nos compatriotes. C'est donc de toute évidence le comportement du gouvernement français qui est la cause première de l'assassinat de ces deux malheureux, parce que, au lieu de dire combien de millions avaient été versés et surtout A QUI, on a nié avoir payé alors que tout indique qu'on l'a fait ou fait faire ; on a donc encouragé par là l'enlèvement de nouveaux Français, ces deux journalistes étant évidemment les seules proies possibles, le tourisme à Kidal étant actuellement à son étiage.
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