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mardi 28 février 2012

Sondages! Sondages ...


Spectacle à la fois comique et édifiant chez Calvi ('"C'est plus clair") sur les sondages. MDR !

Quatre témoins comme toujours ; deux journalistes pour compter les points. Et deux "sondeurs" pour exposer, défendre leur point de vue et expliquer les mystères. L'occasion est donnée par les différences d'écarts sensibles observées entre les deux principaux candidats aux présidentielles, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Cet écart varie entre 1,5 et 4,5 selon les boutiques. C'est tout de même beaucoup car, sur le zinc, au bistrot du coin, on en fait à peu près autant, voire mieux. Je ne cite naturellement pas les noms des deux protagonistes pour éviter les procès en diffamation mais, comme on pouvait s'y attendre, le match n'a pas eu lieu, ce qui est bien normal puisque leur marge d'erreur est de 2, de leur propre aveu. Or comme vous pouvez le constater, 2 + 2 = 4. CQFD! Cette arithmétique est des plus douteuses mais pas besoin de savoir compter pour sonder!

Décidément la télévision n'est guère propice aux débats, sauf quand ils sont inattendus et même involontaires et qu'un conseiller élyséen trépigne et pète les plombs en public. Rien de tel ici, nos deux loustics sondeurs s'entendent, et c'est normal comme larrons en foire. Ils trahissent même leur connivence par l'usage systématique de leurs prénoms et s'emploient à nous noyer sous des flots d'explications marécageuses pour expliquer les écarts entre leurs évaluations qui, de toute façon, comme chacun le sait, sont toujours toutes fausses. Je ne rappellerai pas ici l'élection présidentielle de 2002 et les malheurs de ce pauvre Jospin assez sot pour les croire et évincé du deuxième tour par Jean-Marie Le Pen que les sondeurs avaient sottement minoré.

À propos des sondages se dégagent toutefois quelque vérités d'évidence qui, bien entendu, ne sont pas apparues au cours de cette émission.

Tout d'abord le sondage est l'une des rares industries prospères de la France, à usage purement interne hélas. Nous fabriquons de moins en moins d'acier et d'automobiles et même plus du tout de produits manufacturés, mais nous ne manquons pas fort heureusement d'instituts de sondage et nous sondons à tour de bras. Les instituts poussent même de tous côtés, grassement entretenus qu'ils sont par les gouvernements successifs. Pour la seule élection présidentielle 2012, les sondeurs comptent en faire 500, sans compter bien entendu les sondages "privés" ou "secrets", dont les résultats ne sont pas publiés et qui sont probablement aussi nombreux sinon davantage. À cela s'ajoutent tous les autres, de toutes natures, soit commerciaux soit politiques (mais plus discrètement) . Bien entendu, le financement des instituts de sondage, par toutes sortes de biais, est une façon discrète de s'attirer des sympathies et, le cas échéant, de les inciter, en toute rigueur scientifique, à des manipulations des données en vue de résultats plus favorables aux souhaits de leurs commanditaires. Pas besoin de vous faire un dessin !

La manipulation des données est d'ailleurs tout à fait avouée par les instituts de sondage et le sondeur a le droit et même le devoir de « corriger » les données "brutes". Je vous épargne les explications "savantes" de la nécessité de ces manipulations ; comme elles n'obéissent en fait à aucune règle, on peut évidemment faire ce qu'on veut, selon la couleur politique de l'institut ou selon les voeux sont du commanditaire. Le client est roi!

On vous explique ainsi qu'il faut bien corriger les données puisque les Français sont sournois; comme autrefois les électeurs communistes se cachaient sous l'étiquette socialiste ou comme plus récemment les électeurs du Front National feignaient de se rattacher à une droite plus classique, désormais les sarkozystes honteux se dissimulent aux yeux des sondeurs en arborant un faux nez villepinesque ou modèmien. Il faut débusquer l'imposture Les sondeurs ne recueillent pas que les intentions de vote ; ils sondent aussi les reins et les coeurs !

Comment croire à de pareilles fariboles, quel que soit le sérieux imperturbable des dits sondeurs et la technicité de leurs indications?

Comme disait autrefois le Jugnot du Bébète Show de Stéphane Collaro :  "Et dire qu'on les paye pour faire ça !". Il me paraît toutefois encore plus opportun de conclure avec l'éternelle formule de Coluche à ce même propos : "Quels que soient les sondages, c'est toujours nous qui finirons par l'avoir dans le cul !".

lundi 27 février 2012

Le ticket de métro et le rite halal

Toute la presse française fait des gorges chaudes sur le fait que Nicolas Poincaré, sur Europe1, utilisant un truc vieux comme la soupe à l'oignon, a collé la ministre les transports, Nathalie Kosciusko Morizet, comme bien d'autres ministres avant elle, en lui demandant, tout à trac, le prix d'un ticket de métro.

La pauvre, peu familière avec ce mode de transport et plus encore avec l'acquisition payante d'un tel ticket puisque, comme ministre, elle ne paye pas les transports en commun, a bredouillé au hasard : « Quatre euros et quelque chose ». Elle répondait évidemment au pifomètre, mais c'est là le pire. Elle aurait assurément mieux fait de confesser son ignorance, car, en avançant un prix qui est, en gros, trois fois supérieur au prix réel moyen courant, elle a montré, non seulement qu'elle ne devait pas en acheter très souvent, mais surtout, et c'est là le plus grave, qu'elle n'avait qu'une idée très lointaine des réalités quotidiennes de l'existence de la plupart des Français et de l'échelle même des prix de la vie courante.

Vous vous souvenez qu'on avait déjà fait le même coup à Balladur quand il était Premier Ministre mais que lui avait eu, si je me souviens bien, la naïve sagesse de confesser son ignorance plutôt que d'avancer un chiffre abracadabrant !

Cette méthode d'interrogation est des plus faciles mais, en fait, au-delà
du succès aisé, purement anecdotique, elle n'a pas un très grand intérêt. D'abord car demander le prix d'un ticket de métro n'a pas en fait  une signification précise. Si vous consultez le site de la RATP, comme celui de la Régie des transports de Marseille ou de l'OTL de Lyon, vous constaterez qu'il y a un maquis de prix et de modalités pour les tickets de métro d'une invraisemblable complexité. NKM aurait donc pu, si elle avait connu un tant soit peu le dossier, répondre tout simplement, ne serait-ce que pour gagner du temps et noyer le poisson, en demandant à Poincaré, à son tour, de quel type de ticket il parlait. Je ne veux pas entrer dans le détail et il est sans intérêt. Suivant que vous achetez le ticket pour une journée et pour une semaine, à l'unité ou par dix, avec ou sans RER, etc., les prix sont tous et sans cesse différents. Elle aurait pu noyer son ignorance dans un verbiage qui aurait facilement pu avoir raison de l'insistance de son interlocuteur qui, le matin, a toujours l'oeil sur la pendule.

Les journalistes aiment aussi à faire le coup avec la "baguette"! Comme s'il y avait un prix de la baguette et ils ne doivent pas plus fréquenter les boulangeries que NKM le métro ! Il n'y a pas un prix, mais une foule de prix de la baguette, Messieurs, et Paris n'est pas la France ! Donc le journaliste qui pose une telle question montre par là même qu'il n'est pas très familier avec le commerce de la boulangerie. Non seulement les baguettes ont des prix très différents (cela va facilement du simple au double selon les régions et les établissements!) et, d'autre part, dans la même boulangerie, le prix varie aussi selon le type de baguette (farinées ou non, à l'ancienne, de marque, etc. ). Moi, je connais la question !

Cela rappelle la fameuse blague de l'oral inepte de l'ENA où un candidat, se voyant interrogé sur la profondeur du Danube sous le grand pont de Budapest, avait eu l'esprit de répondre, en interrogeant à son tour le membre du jury « Sous quelle arche ? ».

La ministre des transports aurait donc pu répondre à son intervieweur de quel type de billet il voulait exactement parler, ce qui aurait sans doute embarrassé à ce moment et à son tour  ce brave M. Poincaré qui doit être aussi peu familier du transport en métro que des subtilités multiples la tarification des billets. Il aurait sans doute dit : "Le ticket simple à l'unité", s'attirant une réponse commode "Mais, cher Monsieur Poincaré, vous devriez le savoir : personne n'achète jamais les tickets de métro à plein tarif et à l'unité!".

Le vrai problème est que lorsque l'on veut ennuyer un politique sur un problème précis, il faut soi-même le connaître assez bien. J'entendais, ce matin encore, Jean-Jacques Bourdin interviewer le ministre de l'agriculture et essayer de le titiller sur le pourcentage REEL de viande halal dans le commerce français de la boucherie. Il est clair que le journaliste n'en savait rien et que le ministre, s'il en savait quelque chose, a refusé l'idée que toute la viande préparée en Ile-de-France soit halal (comme on l'a dit), sans être capable de donner lui-même un chiffre! Si je ne craignais une plainte de la LICRA, je dirais volontiers, comme autrefois, que c'était vraiment là "un combat de nègres dans un tunnel" ; à partir de là, en effet, on s'est donc enfoncé, d'un commun accord, dans un marécage de bavardages fumeux d'où il n'est rien sorti.

Comme j'ai eu l'occasion de dire dans un blog précédent qui, lui-même, était quelque peu en contradiction avec un autre qui avait précédé de peu, je n'aurais aucun scrupule et pas la moindre hésitation à consommer de la viande halal, si l'on pouvait m'assurer qu'elle présente les mêmes garanties légales d'hygiène que celle qui ne l'est pas ; or, ce n'est assurément pas le cas vu le mode d'abattage halal (je vous renvoie sur ce point pour l'explication à mon blog sur la question). Le ministre, qui ne voulait pas être soupçonné de racisme ou même simplement de communautarisme, s'est abstenu soigneusement de parler de la question de l'hygiène elle-même, qui est pourtant essentielle, pour se concentrer sur celle de "l'étourdissement" des bêtes, entrant alors dans le détail (suivi sur ce terrain par Bourdin) de la différence entre le rite halal (qui s'accommoderait éventuellement de l'étourdissement de l'animal) et le rite kasher (qui n'accepterait pas cette entorse au rituel hébraïque traditionnel).

Je ne vois personnellement aucun inconvénient à ce que, dans l'un ou l'autre de ces rites, on impose quelques contraintes que ce soient (orientation vers la Mecque ou Jérusalem, enturbannage du sacrificateur, ou autres fariboles de la même farine), mais j'entends bien, en revanche et de façon formelle, qu'on ne m'oblige pas à manger, fût-elle halal ou kasher, une viande souillée par les excréments et les déjections animales qui sont évidemment impossibles à nettoyer.

La seule solution serait donc d'ouvrir des abattoirs spéciaux dans les mosquées ou les synagogues où les fidèles abattraient, débiteraient, voire consommeraient les animaux à leur guise, allant même jusqu'à les manger tout crus voire vivants si ça leur chante. Le problème étant que, n'étant ni musulman ni juif et souhaitant consommer une viande traitée selon toutes les règles d'hygiène moderne, je n'ai aucun envie de me prêter à des rites alimentaires qui ne me concernent en rien, sans prétendre pour autant empêcher quiconque de les exercer, à ses propres risques. N'est-ce pas une exigence normale de la laïcité, de la démocratie et même de la gastronomie?

dimanche 26 février 2012

La Grèce et les CDS



La présentation par Gaël Giraud de la crise grecque est fort intéressante, même si une partie des faits est connue. Il s'agit en particulier de la falsification des comptes publics par les experts de Goldman Sachs pour permettre l'entrée de la Grèce dans la zone Euro. Elle aurait coûté à l'Etat grec, dit-on, 300 millions de $, mais les "paquets Delors lui avaient rapporté infiniment plus ! Le rôle des CDS en revanche n'est ni connu ni évoqué.

De toute façon, dans l'UE, tout le monde maquillait ses comptes, y compris la France qui n'a jamais respecté la fameuse règle des 3% qu'on veut faire "d'or" aujourd'hui, sans savoir, apparemment, que l'or est l'un des métaux les plus mous!
Ecoutons donc G. Giraud :
"Autre exemple d'utilisation assez pernicieuse des CDS : la Grèce.
La Grèce est entrée dans la zone euro en 2001 et vous savez qu'elle devait satisfaire à un certain nombre de critères, les critères de Maastricht. En réalité elle n'y satisfaisait pas en 2001. Simplement, la Grèce a maquillé ses comptes publics pour donner le change à Bruxelles. Certes, le fonctionnaire de Bruxelles a très certainement pigé en 2001 que les comptes n'étaient pas tout à fait exacts, mais il a fermé les yeux, en se disant que l'essentiel était que la Grèce entre dans la zone Euro.  Elle allait entrer dans un cercle vertueux s'est-on dit à Bruxelles, elle allait bénéficier d'un plan européen, qui allait lui permettre d'avoir une croissance forte, un peu sur le modèle espagnol ou irlandais ... Et très vite on oublierait le "péché originel" de 2001, à savoir  qu'elle ne satisfaisait pas aux critères de Maastricht. Grâce à qui la Grèce a-t-elle maquillé ses comptes? Grâce à des experts financiers de Goldman Sachs. Ils sont venus de New York et ont aidé à maquiller les comptes. On découvre maintenant qu'un grand nombre d'institutions financières  ont acheté des CDS sur la Grèce. Conséquence? A chaque fois qu'une mauvaise nouvelle sur la Grèce tombe, vous avez maintenant des gens qui gagnent de l'argent. Je ne peux certes pas vous assurer que Goldman Sachs en gagne beaucoup. Je n'en sais rien et personne n'en sait grand-chose en réalité car ces marchés sont toujours aussi opaques. La certitude est que beaucoup de CDS sont activés sur la Grèce aujourd'hui, et il y a des gens qui gagnent de l'argent au fur et à mesure que la Grèce s'effondre.

Je vais vous dire un autre détail étrange dont des traders m'ont informé. J'ai en effet gardé contact avec d'anciens collègues que j'avais dans une autre vie avant de devenir jésuite.Vous avez vu les séries d'ordinateurs des traders en salle de marché. Une salle de marché est une sorte de vaste plateau à l'américaine avec une grande rangée d'ordinateurs, 200 à 300 téléphones... Et devant un ordinateur sur quatre, il y a un trader avec son téléphone, qui vend et achète. Il y a en permanence activé un service (fourni par la société Bloomberg) qui, sur la partie supérieure de l'écran d'ordinateur, lui transmet des informations en continu sur ce qui se passe dans le monde. Par exemple, ceux qui étaient au travail hier ont appris immédiatement que Moubarak était parti, que Souleiman avait pris le pouvoir en Egypte.
Mais depuis un an maintenant, les informations qui concernent la Grèce sont transmises sur un bandeau rouge clignotant _ et uniquement pour la Grèce. Vous imaginez combien c'est anxiogène. Vous voyez ce bandeau rouge clignoter de temps en temps, chaque fois qu'il y a du nouveau sur la Grèce.  C'est comme lorsque vous prenez le métro dans Paris, vous entendez sans arrêt «Attention aux pickpockets! Conservez bien vos affaires près de vous, ne les laissez pas traîner ... etc. » Vous entendez ce type de message à longueur de journée. Quand vous rentrez chez vous en fin de journée, vous êtes convaincus qu'il y a un nombre incroyable de pickpockets dans le métro. Pourtant, vous n'en avez jamais vu un seul. C'est un message subliminal : vous êtes intimement convaincu qu'il y a des pickpockets partout parce qu'on vous le répète en permanence. Mutatis mutandis, vous avez en salle de marché un phénomène analogue : ce bandeau rouge clignotant très anxiogène délivre le message « Attention, attention, la Grèce va mal ». Le trader avec qui j'ai parlé me disait : évidemment, au bout de six mois de ce traitement, on se demande vraiment ce qui se passe sur la Grèce. Ça ne doit pas aller du tout.
Certes, si on fait une analyse fondamentale sur l'économie grecque, c'est sûr que la Grèce va très mal. Mais bien d'autres pays vont beaucoup plus mal que la Grèce, et pèsent beaucoup plus lourd qu'elle. La Grèce vaut moins de 3% du PlB européen, ce n'est pas vraiment le sujet primordial aujourd'hui dans le monde. La Californie va au moins aussi mal que la Grèce et pèse dix fois la Grèce. On devrait peut-être s'intéresser à la Californie, par exemple...»

G. Giraud de conclure :"Mutatis mutandis, imaginons que j'aille voir un chirurgien pour me faire opérer, d'une opération chirurgicale délicate, avec une chance sur deux de ne pas me réveiller. C'est comme si le chirurgien avait la possibilité, à mon insu, de devenir le récipiendaire de mon assurance-vie. De sorte que si l'opération réussit, je dois le payer, et si l'opération échoue, je ne peux plus le payer mais il touche mon assurance-vie. Vous voyez, c'est exactement la même chose".

Remarques personnelles d'Usbek (et non de Gaël Giraud!) pour en finir avec le sujet. On peut ressortir ici, une fois de plus, l'inusable formule de Clémenceau et dire que la gestion des Etats est une chose trop sérieuse pour la confier à des politiques, surtout quand ils veulent jouer les Jean Monnet et les Robert Schuman. Toutes les affaires européennes sont conduites, depuis des décennies, avec une totale absence de clairvoyance et même de simple bon sens, chacun voulant laisser son nom à l'histoire et de ce fait même, imposant à l'évolution d'absurde marches forcées.
Un cas en ce moment avec le fameux "Mécanisme européen de je ne sais quoi" qui est, en somme, le décret d'application d'un traité qui n'existe pas encore ! Comment mieux mettre la charrue avant les boeufs!
Un des exemples les plus nets et les plus funestes est celui de l'euro quand, dans l'ignorance de la totale diversité économique et sociale de l'Europe, les politiques, assez stupides pour y voir un outil d'unification au seul motif que les touristes pourraient user des mêmes billets dans les divers pays, ont imposé la monnaie unique contre l'évidente solution de bon sens de la monnaie commune! On voit désormais les conséquences funestes d'un tel choix même si les "décideurs" (tu parles!) ont bien sûr trouvé, moyennant ces juteux contrats de l'UE, des "experts" économistes pour appuyer un choix si clairement stupide! On achète les expertise en matière économique comme dans l'industrie pharmaceutique et dans tous les domaines, même si les "experts" favorables à la monnaie unique sont devenus curieusement muets aujourd'hui. On se demande d'ailleurs pourquoi on nous bassine tant avec le rôle de la Grèce dans les affaires de l'euro puisque comme bien d'autres Etats de l'Union européenne, elle pourrait bien être dans l'UE sans être dans la zone euro.
 




samedi 25 février 2012

Finance et CDS : deux exemples cités par Gaël Giraud


Je vous avais promis hier des extraits de textes de Gaël Giraud ; il m'a autorisé à le faire comme vous allez le voir.

En vous invitant à visiter son site avant de lire ses textes, permettez-moi toutefois de vous le présenter en deux mots car c'est un homme hors du commun. Pour tenir la bride à mon enthousiasme, je reprendrai, pour l'essentiel, les données de Wikipedia en les ordonnant et en les complétant sur un ou deux points :  Gaël Giraud, diplômé de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE), ancien élève de l'Ecole normale supérieure (Ulm) est docteur en mathématiques appliquées (Thèse de doctorat au laboratoire d’économétrie de l’Ecole Polytechnique/Université Paris-1 " Jeux stratégiques de marchés". Chercheur au CNRS, il est aussi chercheur associé à l’École d'économie de Paris et consultant scientifique. Ses travaux portent notamment sur le rôle de la monnaie, des marchés financiers et de leur réglementation dans la prévention des krachs économiques, ainsi que sur les dynamiques économiques hors équilibre. Plus inattendu, Gaël Giraud est Jésuite et il porte, de ce fait, un regard original sur l’économie dont il explore les aspects spirituels.
Le moyen le plus commode d'accéder à ses points de vue est l'ouvrage qu'il a co-dirigé avec Cécile Renouard et qui est paru en 2009 et a fait l'objet d'une nouvelle édition en 2012, Vingt Propositions pour réformer le capitalisme, (Garnier-Flammarion, Paris). Par ailleurs, une page facebook a été ouverte dédiée aux 20 Propositions, ainsi qu'un site avec deux heures d'explications (sous forme de vidéos brèves de cinq à dix minutes) sur tous les chapitres de l'ouvrage. http://www.facebook.com/20propositions ; http://www.20propositions.com/
Un des exemples par lesquels G. Giraud illustre et éclaire ses propos est celui de la faillite de Lehman Brothers qui met parfaitement en évidence le rôle des CDS.
"Pourquoi la faillite de Lehman Brothers a-t-elle eu l'effet cataclysmique que nous avons connu?
Pour répondre, il faut comprendre un petit peu un phénomène : ce qu'on appelle les CDS - dont on a beaucoup parlé à cause de la crise - et que je vais essayer d'expliquer très simplement. Les CDS(Credit Default Swap) sont des actifs financiers qui servent de contrats d'assurance sur des institutions ou des personnes.

On peut les échanger sur des marchés appelés de gré à gré, c'est-à-dire des marchés assez opaques sur lesquels aucune autorité, ou presque, n'a la moindre visibilité.
Concrètement, imaginons que vous faites partie de l'élite des traders. Vous prenez un avion en business class et vous descendez au meilleur hôtel de Zürich, le Baur au Lac, qui a vue sur le lac de Zurich, une vue magnifique ... Là, vous recevez un autre banquier - du Crédit Suisse par exemple - et vous lui vendez des CDS. Par exemple : vous pensez que Lehman Brothers va faire faillite. Vous dites donc à votre collègue du Crédit Suisse : « Moi, je vous achèterais bien [...] des contrats d'assurance sur Lehman Brothers.». Lui qui ne pense pas du tout que Lehman va faire faillite vous les vend. Si jamais Lehman fait faillite, vous activez l'assurance et vous gagnez beaucoup d'argent. Lehman, l'institution sur laquelle vous avez parié, n'en sait évidemment rien. Lehman n'a aucun moyen de contrôler que vous avez pris l'avion, que vous êtes descendu au « Baur au Lac » et que vous avez fait un échange sur la terrasse du Baur au Lac.

Cette opération n'est pas centralisée par une administration, par une organisation centrale, qu'on appelle une chambre de compensation, qui centralise les offres et les demandes et qui vérifie que tout se passe honnêtement. Non, il n'y a aucune visibilité sur le marché de gré à gré."

Et Gaël Giraud de poursuivre :

"Lorsque Lehman Brothers, cette fameuse banque, a fait faillite en septembre 2008, on s'est rendu compte avec grand étonnement que la dette de Lehman avait été assurée par ces produits-là [les CDS] cinquante fois. C'est la raison pour laquelle la faillite de Lehman a eu des effets cataclysmiques. En effet, c'était comme s'il y avait eu cinquante Lehman à faire faillite! La planète a dû rembourser cinquante fois ceux qui avaient souscrit des assurances sur Lehman.

Disons aussi qu'il y a un petit débat sur cette affaire : on se demande si les personnes qui étaient à ce moment-là au gouvernement de Bush, et qui étaient des anciens de Goldman Sachs, n'avaient pas intérêt à ce que Lehman fasse faillite parce que Goldman avait acheté des CDS sur Lehman. C'est une hypothèse, je ne rentre pas dans ce débat parce que je n'ai pas l'information et qu'à la limite, c'est anecdotique".

Un autre exemple cité par G. Giraud est celui de la banque CIT- qui était une grande banque américaine de prêt auprès des PME. Pour la vie du tissu économique américain, c'était donc une banque cruciale.

"CIT s'est retrouvée prise dans la tourmente des subprimes en 2008. Elle a été
obligée d'emprunter beaucoup. Pour emprunter, CIT s'est retournée vers la banque Goldman Sachs, alors la plus prospère - qui est devenue la plus grosse banque du monde, à New York. Donc, ClT emprunte beaucoup d'argent à Goldman Sachs. A tel point qu'à l'été 2009, ClT se retrouve à devoir un milliard de dollars à Goldman Sachs, ce qui est évidemment une somme colossale, même pour une banque comme CIT. Or CIT ne les a pas. ClT envoie finalement ses meilleurs avocats pour négocier avec les juristes de Goldman Sachs, en se disant: « Ce n'est certainement pas dans l'intérêt de Goldman que nous fassions faillite, ils feraient une perte sèche d'un milliard » Mais - ô surprise !- les juristes de Goldman Sachs sont intraitables et CIT fait faillite. Alors, les limiers de CIT essayent de comprendre pourquoi Goldman a-t-elle été si dure à la négociation? Ils se rendent compte, à ce moment-Ià, qu'une année plutôt, en 2008, au moment où GoIdman avait prêté de l'argent à ClT, Goldman avait parié contre CIT en achetant ces fameux contrats CDS, sur le marché de gré à gré. Conclusion: Goldman gagnait plus d'argent si CIT faisait faillite que si ClT remboursait sa dette. En effet, vous pouvez acheter de ces contrats d'assurance autant que vous voulez. Vous pouvez vous sur-assurer, vous pouvez par exemple vous assurer quinze fois sur la même institution de sorte que si elle fait faillite, vous touchez quinze fois la prime d'assurance".


Suite et fin demain.

vendredi 24 février 2012

Le "classico" raté de la présidentielle.

L'actualité me contraint à remettre à demain la suite du roman des CDS. Sans trop tomber dans le franco-français, comment ne pas dire quelques mots de l'émission de France2, intitulée, je crois, "Des paroles et des actes" et dont l'invitée était hier Marine Le Pen.

Le pauvre Pujadas, qui ne cesse de se mettre sur la pointe des pieds pour essayer de lutter "avec ses petits bras musclés" contre Laurence Ferrari, a évidemment essayé de refaire le coup de Paul Amar qui, faisant se rencontrer Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie, avait mis des gants de boxe sur la table. Cette facétie lui avait d'ailleurs, Dieu sait pourquoi, coûté sa place, ce qui n'est pas très grave, puisque nos journalistes sont si talentueux que, lorsqu'ils perdent une place (voir ce bon Monsieur Lenglet ou Madame Chabot), ils en ont une autre aussitôt, quand ils n'en n'ont pas déjà, auparavant, trois ou quatre en même temps. Ces situations entraînent beaucoup de frais de transport d'où leur régime fiscal très exceptionnel dont les bruits de suppression causèrent en 1997 la perte d'A. Juppé face à l'universelle hostilité de la presse à toute réforme de ce régime si avantageux!

L'affrontement Mélenchon-Le Pen devait être, pour Pujadas, le clou de la soirée (une sorte d'OM-PSG, un "classico" sans ballon et en plus saignant), voire celui de la campagne, même si Marine Le Pen avait refusé tout net d'être confrontée à Jean-Luc Mélenchon. France2 aurait beaucoup mieux fait de filmer les discussions entre Pujadas et Marine Le Pen plutôt que l'absence de débat entre Mélenchon et cette dernière qui, sans décliner l'invitation, s'est refusée obstinément à répondre aux questions de Mélenchon et à dialoguer avec lui.

Elle a eu bien tort vu la nullité des questions ! Mélenchon, que j'ai connu bien mieux inspiré, s'est en effet couvert de ridicule dans cette affaire. Il faut dire que les cadreurs (peut-être du FN ou sur l'ordre de Pujadas pour garder les téléspectateurs venus pour le pugilat et qui pouvaient craindre l'absence de Mélenchon) nous ont montré, une ou deux fois pendant les autres interventions, ce dernier, visiblement "épanoui, ravi", renversé sur son siège, manipulant ses lunettes et tendant vers l'objectif un menton vengeur, machoires serrées, l'air de nous dire qu'on allait voir ce qu'on allait voir. Cette attitude n'annonçait rien de bon pour la suite et cela n'a pas manqué. Heureusement pour lui, d'une certaine façon, Marine Le Pen s'est obstinée dans son refus de lui parler, alors qu'elle aurait pu, très facilement, le mettre dans les cordes, voire au tapis.

Dans un moment d'égarement sans doute et croyant sottement se gagner les électrices, Mélenchon a en effet attaqué Marine Le Pen sur le problème global de la parité hommes-femmes.

C'est pour le moins inattendu de la part d'un candidat mâle qui s'est imposé dans son mouvement face à des FEMMES qui auraient pu, plus légitimement que lui, prétendre à cet emploi de candidat, à commencer par Mme Buffet par exemple. Il aurait donc été facile à Marine Le Pen de le mettre face à une si énorme et flagrante contradiction et de souligner qu'à commencer par elle-même, la représentation féminine est bien meilleure au sein du Front National qu'au NPA. À croire que ses succès médiatiques récents commencent à tourner la tête à Mélenchon qui avait pourtant fait un début de campagne brillant.

Il aurait pu en être de même lorsque Mélenchon a ironisé sur le pourcentage des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen (à la louche entre 16 et 20 %) ! Pour quelqu'un qui rame comme un malade pour atteindre les 8 %, il faut avouer que les choix tactiques mélenchoniens n'étaient pas très habiles et qu'elle aurait pu là aussi l'envoyer au tapis sans trop de problèmes.

Idem pour le couplet sur Brasillach ! Qui connaît Brasillach ?  En plus pas très habile d'évoquer Vichy  pour qui fut ministre aux ordres d'un président de la République décoré par Pétain de l'Ordre de la Francisque, grand ami du sinistre Bousquet (pourvoyeur des camps de la mort ; autre chose que le pauvre Brasillach qui lui a eu douze balles dans la peau) et, en plus, cerise sur le gâteau, le vrai père politique du Front National lui-même! Là encore Mélenchon pouvait en prendre plein la tronche! 

Mélenchon, en plus, a attaqué d'emblée Marine Le Pen sur le problème de l'avortement qui est effectivement tout à fait central et proritaire, vu la situation économique et sociale de notre pauvre pays. Mme Le Pen, dans le programme du Front National que je ne connais pas, proposerait que la sécurité sociale ne rembourse plus les IVG dites "de confort". Je n'ai pas de sentiment particulier sur cette question mais cette mesure n'est peut-être pas si absurde que ça, comme on va le voir, pour une raison purement statistique.

Ce qui est en revanche absurde est la démonstration (si on peut appeler ça une démonstration tant le raisonnement est aberrant) de Mélenchon qui prétend qu'elle voudrait par là réserver l'avortement à celles qui pourraient se le payer et donc d'exclure du bénéfice de son remboursement les pauvres filles qui n'ont pas les moyens de se l'offrir à leurs frais.

Pour ce qui me concerne et pour avoir vu tout récemment le nombre effarant d'IVG en France, je suis absolument stupéfait de constater qu'en dépit du développement extraordinaire et de la multiplication des moyens de contraception, il y a de plus en plus d'avortements de France : 210.000 en 2009 contre 200.000 dix ans avant ! Il semble pourtant moins traumatisant, plus raisonnable, plus normal et, disons le mot, plus économique d'essayer de ne pas faire d'enfants plutôt que d'être obligé de les supprimer, par une IVG, une fois conçus.

Il y a véritablement une énigme socio-psychologique dont je vois mal les causes et qui tient sans doute à l'absence quasi totale de précautions contraceptives alors que tous les moyens existent. En somme, on se fout d'une grossesse inopportune puisqu'il y a l'IVG gratuite (des amies de mes filles ont avorté quatre ou cinq fois avant 25 ans!). Si un sociologue du CNRS peut me donner la clé de ce mystère, je lui en serai très reconnaissant.

Le second problème et la seconde question que souhaitait poser Jean-Luc Mélenchon touchait aux votes de la droite au Parlement européen, mouvement européen auquel est rattaché le Front National. On s'y oppose, dit-il, systématiquement à des mesures en faveur de l'égalité entre les hommes et femmes. Jean-Luc Mélenchon avait-il un peu perdu pied devant l'attitude de son interlocutrice qui rangeait ses papiers et lisait son journal tandis qu'il vociférait devant un Pujadas dépassé, toujours est-il que sa question elle-même était parfaitement confuse et incompréhensible, indépendamment du fait que tout le monde se fout complètement du Parlement européen. Il ne sert à peu près à rien, sinon à entretenir grassement (sur un fastueux et  mirifique pied d'égalité) des hommes (comme Mélenchon) et des femmes (comme M. Le Pen) qui y font de temps en temps des apparitions et qu'on a désignés dans des élections fantoches, qui ne servent guère, en général, qu'à recaser les copains battus dans d'autres élections plus sérieuses et plus disputées (style le prétendu Harlem Désir).

Bref le match Mélenchon-Le Pen sur lequel comptait en ce pauvre Pujadas, tout à fait inconsistant voire débordé comme "animateur", pour exploser TF1, n'a pas eu lieu et le reste ne valait guère mieux. Il faut dire que Mme Le Pen est sortie facilement gagnante vu la piètre qualité de ses interlocuteurs et son habileté dialectique face à des interlocuteurs qui songeaient surtout à parler eux-mêmes et d'eux-mêmes.

Je ne parle même pas des deux prétendus journalistes qui eux aussi croyaient sortir vainqueurs sans problème de cette confrontation et qui s'en sont trouvés assez piteux, Namias (fils) un peu moins que sa consoeur pour avoir été plus prudent dans ses questions et ses interventions. Si j'avais à donner un conseil à ce grand professionnel de Pujadas (1,20 mètre au garrot!), je lui dirais de supprimer les interventions des journalistes, car elles sont sans le moindre intérêt et rendent cette émission d'une insupportable longueur. Je serais curieux de savoir la chute de l'audience entre le début et la fin, par ennui, endormissement ou fuite.

La partie économique était assurée, comme elle l'est bientôt partout dans les médias, par le dénommé François Lenglet dont la carrière est elle-même tout un programme. Ce grand "expert" économiste est, en effet, en tout et pour tout, titulaire d'une maîtrise de lettres modernes (fichtre!) ce que dissimule naturellement toutes ses "biographies" ;  son parcours professionnel est aussi étrange que sinueux. Marine Le Pen, qui avait préparé l'émission par des lectures de textes du dit François Lenglet, n'a pas eu de mal à le mettre en contradiction avec lui-même et ainsi, non sans adresse, à le faire parler à sa place, ce qu'il adore manifestement . Là encore le paradoxe du journalisme français fait que cet "expert" est, plus ou moins, désormais directeur de la rédaction de RMC-BFM-TV (la chaîne du grand capital et de Radio-Monte Carlo, la radio des bignoles) ce qui est pour le moins stupéfiant dans sa position. Une seule chose est sûre : on ne peut pas le soupçonner d'avoir bénéficié d'une "promotion canapé".

Le passage le plus intéressant de cette émission (pour ne pas dire le seul) a été la confrontation avec Henri Guaino qui, en revanche, en prévision des foucades de Mélenchon, a été des plus courtoises. Là encore, je trouve que Mme Le Pen qui, par ailleurs se sort assez bien des débats et des affrontements eux-mêmes (souvent, ce qui est assez adroit et inverse le débat, à partir des textes ou de propos de ses interlocuteurs), est meilleure sur le plan tactique que stratégique. Elle a en tout cas complètement loupé la conclusion de sa confrontation avec le conseiller spécial du Président de la République alors qu'à partir de ses propres textes et de ses réponses et prises de position curieusement sincères, elle avait réussi à lui faire dire, en gros, qu'il est à peu près en total désaccord sur tout avec Nicolas Sarkozy.

Comme elle avait la parole en fin de confrontation (Guaino ayant commencé l'entretien), elle a totalement loupé la conclusion, pourtant évidente, qu'elle aurait pu tirer, en soulignant combien il devait souffrir, dans sa position, en étant obligé de mettre en oeuvre et de soutenir une politique qu'il désapprouve fondamentalement dans ses grandes lignes, ou bien (au choix) qu'il est un conseiller tout à fait "spécial" mais surtout en ce sens que les conseils qu'il doit vraisemblablement donner, vu son honnêteté intellectuelle, ne sont jamais suivis ni même écoutés par celui qu'il est chargé de conseiller !

Elle a loupé là un superbe numéro... à faire pleurer un seau à charbon, comme disait ma bonne grand mère!

jeudi 23 février 2012

CDS : "Voulez-vous jouer avec moa?"

"Voulez-vous jouer avec moa?" Ce titre est celui d'une pièce de Marcel Achard (des années 20, me semble-t-il?) qui n'a rien à voir avec mon propos, quoique je mette en jeu, dans cette affaire, comme toujours, la tringle à rideaux du regretté Coluche que nul n'a encore gagnée. Venons-en au fait et au jeu !
Savez-vous ce que veut dire CDS ?
"It rings the bell" ? Dans notre dialecte ordinaire, on dit plutôt "ça vous dit quelque chose!" non ? Je vous vois déjà vous précipiter, d'un geste plein d'espoir, sur Google et Wikipedia pour y lire l'instant d'après  que le CDS (Centre des Démocrates Sociaux) est "un parti politique français du centre droit, de conviction démocrate-chrétienne, fondé au congrès de Rennes, par la fusion du Centre démocrate de Jean Lecanuet et du Centre Démocratie et Progrès de Jacques Duhamel" In cauda venenum ! Vous vous voyez déjà en possession de la tringle à rideaux quand vous lisez la suite  : " Le CDS fusionne, dans la suite, avec le PSD et devient Force démocrate en novembre 1995, sous l'impulsion de François Bayrou".  L'évocation de ce dernier nom vous donne à croire que vous brûlez, mais pas du tout vous êtes au pôle. Paix à toutes ces belles âmes, (sauf celle de Bayrou) mais vous n'êtes pas dans le coup et même fort loin du but !
Car "CDS" n'est pas du français mais forme l'acronyme de "Credit Default Swaps", car la perfide Albion est le temple majeur et incontesté de la finance ; à ce titre, elle attire désormais le tiers de nos polytechniciens ; en revanche, la France, elle, demeure la pépinière des Médailles Fields (le Nobel des mathématiques) dont le plus pittoresque titulaire est sans aucun doute le dernier, que caractérisent, non sans pittoresque, son génie mathématique, son amour des lavallières et sa passion des araignées!
Venons en donc aux CDS en laissant de côté la tringle à rideaux!
Les CDS, qu'on nomme poétiquement en français "couvertures de défaillance" ou joliment "dérivés sur événement de crédit" ou même plus mystérieusement "permutations de l'impayé" constituent des "contrats de protection financière entre acheteurs et vendeurs", qui, dit-on, furent imaginés au sein de la banque John Pierpont Morgan.

Attachez vos ceintures car nous entrons à la fois dans une zone (ô combien) turbulente et dans une "terra incognita" où sont, non pas les innocents "ursi vel leones" des régions blanches et inexplorées des cartes d'antan, mais des ogres de phynances infiniment plus avides et plus redoutables. J'ai mis ici un peu de latin pour vous préparer à celui de la suite qui n'a rien d'ecclésiastique comme vous allez le constater :
"L'acheteur de protection verse une prime ex ante annuelle calculée sur le montant notionnel de l'actif à couvrir, souvent dit de référence ou sous-jacent (ce montant étant également appelé encours notionnel du CDS), au vendeur de protection qui promet de compenser ex post les pertes de l'actif de référence en cas d'événement de crédit précisé dans le contrat. Il s'agit donc, sur le plan des flux financiers, de l'équivalent d'un contrat d'assurance".

Poursuivons dans Wikipedia : "Il s'agit d'une transaction non-financée : sans obligation de mettre de côté des fonds pour garantir la transaction, le vendeur de protection reçoit des primes périodiques et augmente ses avoirs sans nul investissement en capital si aucun événement de crédit n'a lieu jusqu'à maturité (la fin) du contrat. Dans le cas contraire, événement plus ou moins probable mais très coûteux, il est contraint de faire un paiement contingent, donc de fournir des fonds ex post. Il s'agit donc d'une exposition hors-bilan.

Les CDS ont été largement incriminés dans la responsabilité de la crise financière de 2007-2010 puis la crise de la dette dans la zone euro de 2011".

Tu m'étonnes!  On dit que le marché des CDS représente plus de 90% de tous les dérivés de crédit, les trois-quarts de ce marché étant entre les mains d'une dizaines de "dealers". Mieux encore, en 2008, le marché des CDS dépassait de dix fois le montant total des créances sous-jacentes et même le PIB mondial !

En somme, X achète à Y, par exemple, un CDS sur une créance-bidon (des obligations d'Etat grecques pour prendre un cas d'actualité), sans être lui-même en rien un créancier de la Grèce ; il le fait sur une base de prix qu'on nomme, dans le langage fleuri des traders, "le montant notionnel de l'actif à couvrir" (j'adore le "notionnel" qui veut simplement dire que ce montant est théorique et équivaut souvent à plusieurs fois le montant de la créance elle-même !) ; l'acheteur (celui qui par là s'assure en quelque sorte), ne paye pas le vendeur, en réalité, sauf en lui versant "des primes périodiques", le seul intérêt du "vendeur" (l'assureur) étant "d'augmenter ses avoirs [purement théoriques puisque c'est de la monnaie de singe en général] sans nul investissement en capital".

Comme demeure néanmoins le principe de l'assurance, il ne reste plus au "vendeur de protection" (l'assureur) qu'à prier pour que ne se produise pas un "événement de crédit" [toujours ce bel art de litote, puisqu'il s'agit là de la faillite de la Grèce par défaut de paiement] et à "l'acheteur de protection" qu'à prier, à l'inverse, pour que se produise le même fâcheux "événement de crédit" qui lui permettra de toucher l'assurance.

Si vous comprenez quelque chose à ce système, dites-le moi et surtout expliquez-moi comment on peut être assez stupide pour marcher dans pareille combine, sauf si le vendeur et l'acheteur de CDS sont une seule et même personne ou institution!

Demain, j'essayerai d'éclairer notre lanterne grâce à quelques extraits de textes de Gaël Giraud ; non seulement il est l'un des meilleurs de nos économistes (je pense qu'il est le meilleur, mais je ménage sa modestie), mais sûrement celui dont les propos sont les plus clairs et les plus précis à la fois !



mercredi 22 février 2012

Halal : mangeur de steaks tartares et de carpaccios unissez-vous !


Je reviens pas sur ce que j'ai pu dire dans mon blog, d'avant-hier je crois, intitulé
"Hallali sur le halal" dont le titre convient mieux au fond à celui d'aujourd'hui comme vous allez le voir!

Les données statistiques sur la proportion de viande mise sur le marché français après un rituel halal sont l'objet de discussions infinies et de données contradictoires dans la mesure où la plupart de ces pratiques sont illégales, ne serait-ce que par rapport à une directive européenne de 1993 qui les interdit. Ces aspects, par ailleurs, dans un premier temps, m'ont laissé de marbre, puisque de toute façon je croyais le caractère halal sans importance autre que culturelle et que quels que soient les chiffres, on ne savait jamais si l'on mangeait une viande halal ou non.

Je ne reviens pas davantage sur les pitreries qui concernent les modalités d'abattage des animaux "au sabre et à la boussole", puisqu'il faut que l'animal soit tourné en direction de la Mecque, ce qui n'est pas nécessairement évident ni facile à déterminer avec précision pour tout le monde et partout.

En revanche ce que je trouve fort important et même CAPITAL est le fait que la viande halal ne répond en rien aux exigences sanitaires légales de nos services d'hygiène, même si, par un prétendu respect du relativisme culturel et de la diversité, les autorités françaises semblent s'en accommoder et ferment les yeux. L'explication technique et scientifique est la suivante (ce qui suit est extrait des propos d'un vétérinaire spécialisé expérimenté, A. de Peretti dans Infos-Bordeaux) :
" L’abattage halal (islam) consiste en une saignée par égorgement large (toute l’encolure jusqu’aux vertèbres…), coupant tous les organes et notamment la trachée (tube respiratoire) et l’œsophage (tube digestif) situés l’un à côté de l’autre, ceci sans étourdissement préalable et si possible par un religieux. Dans le halal l’animal doit être tourné vers la Mecque. Ces pratiques font l’objet de dérogations législatives par rapport aux règles normatives".
"Quelles sont les conséquences sanitaires ?
Bien sûr! C’est même le point le plus important, et curieusement le plus occulté alors que ces conséquences sont évidentes et graves, contraires à tous les principes d’hygiène et au sacro-saint principe de précaution. Dans l’abattage moderne, la saignée se fait par une petite incision épargnant la trachée et l’œsophage, la précision étant possible du fait de l’étourdissement. Ceci est obligatoire selon un règlement européen de 2004 intitulé « Hygiène de la saignée ». Dans l’abattage rituel le contenu de l’estomac se déverse par l’œsophage, souillant la plaie du cou, mais l’animal, continuant à respirer, ces particules souillées pénètrent dans les poumons et dans le sang qui continue à circuler (l’animal agonise longuement). Il y a donc des risques importants de contamination de la viande par des germes dangereux."

Naturellement le fait que les Musulmans consomment, en général, la viande très cuite les met à l'abri des inconvénients voire des maladies auxquels sont exposés les amateurs de steaks saignants ou même bleus ou, pire encore, ceux qui, comme moi, apprécient le steak tartare et le carpaccio de boeuf. Le risque majeur est alors, outre ceux que font courir les germes que l'abattage rituel halal comporte, celui de l'ingestion du tenia du boeuf!

Je suis d'autant mieux placé pour en parler que, contre toute attente car nous ne savions même pas que le boeuf pouvait abriter ce tenia, ma femme a découvert récemment, par un examen, qu'elle en était atteinte et a dû être soignée pour cette affection. Comme nous sommes amateurs, l'un comme l'autre, de steaks tartares et de carpaccios, il est certain (comme nous vivons dans la région marseillaise après avoir habité quelques années Marseille même) qu'elle a été contaminée par de la viande halal qu'elle avait consommée, sans savoir que cette viande avait été obtenue selon ce rituel dont, comme vous l'imaginez, nous n'avons que faire!

Que le boeuf que je consomme ait été tourné vers la Mecque au moment de son égorgement ou pas et qu'il ait été égorgé, vivant ou non, ne m' importe guère (même si cette indifférence va sans doute fâcher quelques défenseurs des animaux) ; en revanche, je trouve absolument scandaleux que, dans un pays où les règlements sanitaires sont si sourcilleux, on vende ou l'on fasse consommer de la viande souillée du fait d'un rituel religieux étranger totalement ridicule dont je veux bien que les Musulmans s'accommodent ou même se délectent, mais dont je refuse personnellement qu'il soit appliqué A MON INSU à la viande que je suis amené à consommer.Ce qui me déplait, voire me répugne dans la viande halal n'est en rien qu'elle soit islamisée mais qu'elle est dégueulasse et surtout impropre à la consommation que j'entends en faire et pour laquelle j'ai PAYE !

J'en reviens aux propos très éclairants du vétérinaire déjà cité :
"Dans la pratique de l’inspection des viandes d’abattoir, il est une règle d’or que j’ai apprise il y a 40 ans et qu’il faut appliquer sans faille : Le doute doit toujours profiter au consommateur. Dans une société qui fonctionnerait normalement, ces viandes devraient être saisies. J’ai pratiqué des saisies pour des motifs beaucoup plus anodins dans ma carrière. Cela est contraire d’ailleurs à toutes les chartes de certification et labels de qualité. Certains pays ont interdit l’abattage rituel, qui est quand même une pratique d’un autre âge que rien ne justifie en définitive".

Nous ne sommes plus là dans le registre du culturel mais dans celui de la SANTE PUBLIQUE. Si les services d'hygiène français ne sont pas en mesure de faire appliquer la loi ou si les Musulmans refusent de s'y plier, ces dernier n'ont qu'à établir des abattoirs privés dans leurs mosquées et y manger la viande qu'ils y auront préparée à leur façon, sans nous contraindre subrepticement à la consommer nous-mêmes à nos risques et périls.

mardi 21 février 2012

Haïti et France : au diable les constitutions!

Je voulais faire mon blog du jour sur Haïti, en forme de remerciement et d'hommage à celles et ceux qui, non sans peine et mérite, me lisent de là-bas ; leur participation, étonnamment nombreuse, est aussi fort irrégulière dans la mesure où, je suppose, l'accès à l'Internet, en outre toujours coûteux, n'y est pas des plus faciles.

Je voulais parler en particulier du débat qui agite ce malheureux pays (ou en tout cas un certain nombre de ses hommes politiques majeurs, car la population des mornes ne s'y intéresse sans doute guère) à propos de la réalité de la nationalité haïtienne de la plupart des hommes politiques du gouvernement et surtout du président de la République lui-même, qu'on soupçonne de détenir un passeport américain. Vu la situation générale d'Haïti, il me paraît pittoresque de voir que le problème constitutionnel majeur y est celui de savoir si le président et son Premier Ministre (comme tous les autres ministres d'ailleurs aussi) sont véritablement haïtiens !

Sur le terrain de la constitutionnalité, il faut reconnaître que la France ne laisse pas non plus sa part au chat !

Dans la Constitution de 1958 qui faisait élire le président de la République au suffrage universel direct, le général De Gaulle, dans sa viscérale méfiance à l'égard des partis, avait permis à chaque citoyen de se présenter à cette élection, à condition de réunir non pas cent "parrainages"(ce mot n'a JAMAIS été employé) mais cent PRESENTATIONS (ce qui est tout autre chose) par des élus dont les identités, bien entendu vérifiées, ne seraient pas communiquées. On voulait, certes, par là, éviter la multiplication des candidatures fantaisistes mais aussi et surtout, les pressions des partis qu'on imaginait facilement, puisque les candidats devaient être présentés par des élus dont bon nombre relevaient eux-mêmes de ces mêmes partis.

Tout cela est évidemment complètement ignoré et oublié ; comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, on nous raconte n'importe quoi sur ces questions (politiques et journalistes réunis, dans l'ignorance pour les seconds et la mauvaise foi pour les premiers, comme toujours) en nous disant qu'on est passé de cent à cinq cents pour éviter les candidatures trop nombreuses et qu'on a supprimé l'anonymat, Dieu seul sait pourquoi.

En réalité, l'anonymat n'a été supprimé que pour pouvoir donner aux partis, via leurs structures locales, en particulier départementales ou régionales, la possibilité de faire directement pression sur les maires qui peuvent donner leur "présentation". Quant au nombre des candidats, y faire référence montre, une fois de plus, la totale ignorance des journalistes, puisque, dans les trois élections qui ont suivi la réforme de 1976, il y a eu PLUS DE CANDIDATS à la présidence de la République que lors des trois élections antérieures!

C'est aujourd'hui même ( à 17 heures), que le conseil constitutionnel doit, en principe, rendre sa décision sur l'action qui a été engagée par Mmes Boutin, Lepage et Le Pen (les hommes, apparemment, s'accommodent mieux de cette mesure de publicité des noms de ceux qui "présentent" des candidats). Leur argumentation, irréfutable en principe, est que la Constitution française garantit l'expression du pluralisme ce qui rendrait la publicité des identités anticonstitutionnelle.

On peut assurément dire n'importe quoi sur une pareille question, mais, en bonne logique, elle devrait embarrasser tout particulièrement Jean-Louis Debré et Chirac qui, lui, se fera sans doute porter pâle ! Pourtant il n'y a pas plus gaulliste que lui!

Quand au premier qui préside de notre conseil constitutionnel et qui y a une voix prépondérante (comme naguère Roland Dumas pour les comptes de campagne de Balladur!), il en même temps le fils de Michel Debré, fidèle parmi les fidèles du général De Gaulle et qui a, en outre, a été le père de la Constitution de 1958. De ce fait même, cette Constitution est un peu la grande soeur de Jean-Louis Debré qui devrait, en la circonstance, montrer son sens de la famille en rétablissant l'anonymat originel voulu par son papa et le Grand Charles!

lundi 20 février 2012

Bidoche électorale : hallali sur le halal!

La méthode présidentielle est en train d'être reprise par d'autres candidats, ce qui nous promet deux mois d'une campagne joyeuse!

L'équipe présidentielle a repris la méthode 2007 avec "une carte postale par jour" ; il faut reconnaître, comme je l'ai montré dans mon blog d'hier, que, pour "l'ouverture", la première d'entre elles, reproduite sur l'affiche de campagne avec la mer Égée, n'a pas été des plus heureuses et l'on ne peut que souhaiter à l'équipe de com'  un peu plus de chance et de bon sens dans la suite.

Marine Le Pen, quant à elle, a lancé hier l'affaire de la viande halal qui serait consommée par tout le monde en France, pour la bonne et simple raison, que, pour éviter les problèmes, toutes les bêtes y seraient abattues selon les principes "halal".

Je n'évoquerai pas dans leur détail ces principes, d'un autre âge, dont le premier est que la bête doit être EGORGEE VIVANTE (sans être prélablement étourdie ou assommée) ce qui n'est pas sans poser des problèmes dans les abattoirs qui l'adopteraient réellement. Imaginer ce qui se passerait, par exemple, dans un abattoir où l'on "traite" 200.000 poulets par jour (cas authentique bien sûr!). Pour les modalités complètes et précises de l'abattage et du traitement halal,  je vous conseille donc d'aller sur Wikipédia pour vous informer plus complètement sur ce point. Le résultat des courses et que, grosso modo, préparer de la viande selon les principes halal (et ce cas et celui de la viande kasher sont identiques, ces deux religions sortant évidemment du même moule moyen oriental) revient plus cher avec un supplément minimal de l'ordre de quinze à vingt centimes d'euro au kilo.

Vous comprendrez aisément que, dans l'universel climat de mercantilisme forcené qui caractérise notre société et pour des responsables industriels, pour qui les Musulmans ne sont que de simples clients dont ils ne sont en rien les coreligionnaires, il est infiniment plus simple et surtout très tentant de se procurer une fausse certification halal que de pratiquer réellement l'abattage et le traitement de la viande selon les principes halal.

Si les arrêtés pris en France autorisent le sacrifice rituel et la préparation de la viande selon les principes halal, ils obligent aussi, EN PRINCIPE, les abattoirs à faire appel aux seuls sacrificateurs habilités ; en fait, et vous l'avez déjà deviné, cette certification bidon n'est en rien ni encadrée ni vérifiée.  Elle ne relève que de l'initiative privée et la seule chose qui sera éventuellement contrôlée sera l'absence de porc dans les produits vendus sous cette appellation.

Il est établi qu'il existe en outre, en Europe, une foule de certifications halal qui ne sont pas en accord entre elles et l'on sait, par de rares enquêtes récentes, qu'il y a des manquements flagrants dans les processus d'abattage, de traitement et de certification. Il est donc beaucoup plus simple pour les marchands de se procurer, par différents moyens dont le plus facile est l'ACHAT pur et simple, à une mosquée habilitée, d'une certification halal. C'est plus rapide, plus facile et surtout bien moins coûteux que de se lancer dans des processus complexes et coûteux d'abattage et de traitement de la viande elle-même.

Tous les témoignages sérieux que j'ai entendus ce matin sur RMC-BFM vont en ce sens, mais il se trouve surtout que, tout à fait par hasard, il y a une quinzaine d'années, j'ai eu un ami proche qui était précisément dans le commerce des viandes en gros, à destination du Moyen-Orient en particulier. Il m'avait expliqué que, bien entendu, toutes les ventes de viandes dans cette région du monde (et en Arabie Saoudite surtout) devaient être garanties et labellisées halal. Bien entendu, les dizaines voire les centaines de tonnes de viande qu'il vendait lui-même dans cette région, n'étaient en aucune façon halal. Il était cependant très simple pour lui de faire établir, moyennant finance et pour un prix, somme toute dérisoire et en outre répercuté dans le prix de vente, fixé à la tonne, des certificats halal par l'un des principaux organismes habilités dans ce domaine (Je ne vous dirai pas, bien entendu, laquelle de nos grandes mosquées était en cause !).

Je ne sais pas si ce procédé a fait fermer les portes du paradis à des millions de Musulmans de ces zones qui, à leur insu, ont consommé cette viande qui n'était en rien halal. Je puis garantir, en revanche, que la méthode fonctionnait parfaitement et qu'elle fonctionne probablement encore.

Pour conclure, en prenant un peu le contrepied de Marine Le Pen, qui craint, elle, que des millions de Français, sans le savoir, consomment de la viande halal, j'ajouterai qu'il y a sans doute, bien plutôt, en revanche, des millions de Musulmans de France qui croient consommer de la viande halal alors qu'elle ne l'est en rien!

dimanche 19 février 2012

Présidentielles : "Timeo Danaos et dona ferentes"

"Timeo Danaos et dona ferentes". Cette formule de méfiance à l'égard de la Grèce et les Grecs ("Je crains les Grecs même lorsqu'ils apportent des cadeaux"), qu'exprime ce vers de Virgile au moment où ces mêmes Grecs offrent aux Troyens l'immense cheval de bois qui causera leur perte, prend à nouveau tout son sens dans l'actualité politique et économique française de ces derniers jours.

En conclusion de je ne sais quel reportage sur la Grèce (un de plus), sur France2 me semble-t-il, le journaliste, qui voulait conclure brillamment son propos et faire étalage de sa culture hellénique, rappelait que nous devions la Grèce à la fois la démocratie (air connu, même si la démocratie athénienne avait un visage assez différent de celui que nous avons donné à la nôtre) et l'épée de Damoclès (qui était, en fait, celle du tyran Denys de Syracuse, ce qui la situe en Sicile et non dans la Grèce continentale). Il aurait pu ajouter à cette série métaphorique, avec plus de justesse et d'opportunité encore, dans le catalogue de ce que nous a légué la Grèce, le "tonneau des Danaïdes" dont l'économie grecque semble donner, actuellement et de jour en jour, le meilleur et le pire des exemples, ce qui permet d'ajouter à cette liste "la langue d'Esope"!

La Grèce est toutefois, de nouveau et surtout, sur la scène politique française avec la fameuse photo qui constitue l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy. Le "mieux est l'ennemi du bien", ce que ma bonne grand mère exprimait par le conseil de ne pas mettre du sucre sur le miel ! Pour le coup, ce proverbe et cet aphorisme ne sont pas grecs mais bien français!

On finit par se demander s'il n'y a pas, dans l'équipe de communication du président, des farceurs ou des traîtres (l'un n'excluant pas l'autre) pour avoir été chercher, pour cette affiche, somme toute consternante de banalité, à force de recherche et de subliminalité communicationnelles, une photographie de la mer et, en outre, de mer grecque?

Aurait-on voulu susciter les sarcasmes et (qui sait) provoquer le sort qu'on ne s'y serait pas pris autrement. La provocation est même triple en la circonstance, ce qui conduit à douter du bon sens ou de la loyauté des concepteurs de cette affiche.

La première provocation (et/ou erreur ?) est que cette image idyllique, estivale et paisible, de la Méditerranée, ne peut pas ne pas faire songer, aussitôt, à l'escapade présidentielle sur le yacht de Monsieur Bolloré qui, en 2007, a immédiatement suivi l'élection de Nicolas Sarkozy. On s'en est donc aussitôt donné à coeur-joie sur YouTube et dans les caricatures en tout genre, en installant le président de l'affiche de campagne à la proue du yacht, manipulations que favorise, de toute évidence, l'attitude du personnage, le regard fixé sur un horizon lointain.

La deuxième autre manipulation de l'image de l'affiche présidentielle est plus tentante encore, s'il est possible. On a évidemment aussitôt coiffé Nicolas Sarkozy de la casquette du capitaine du Concordia. Là aussi difficile d'échapper à ces tentations de caricatures d'autant que lui-même s'est comparé, dans la suite, dans son annonce de candidature, au capitaine d'un navire dans la tempête, sinon lamentablement échoué sur un écueil par excès de forfanterie. Comment donner mieux les verges pour se faire battre? Et dire qu'on les paye pour faire ça! Les communicants "discours", décidément, ne sont pas meilleurs (ou aussi perfides) que ceux de l'image.

La troisième provocation/bévue est sans doute la pire de toutes.

Il est clair que ceux qui ont conçu et fait le montage de cette affiche n'ont pas, un instant, songé que des spécialistes du buzz, à la fois obstinés et compétents, allaient se lancer, sur le champ, dans la recherche au sein des banques d'images, de l'origine de cette photographie, pourtant des plus banales. Ils ont trouvé, très vite, qu'elle n'avait pas été prise depuis la terrasse de la villa Bruni au Cap Nègre, mais sur une côte grecque et que c'est la mer Égée qui était présentée en arrière-plan.

Que faut-il penser, une fois qu'on a rendu hommage à la patience, à la sagacité et à la compétence, de ceux qui ont procédé à cette identification, quant au caractère éventuellement prémonitoire d'un tel choix, une fois constatée sa claire stupidité ?

Que nous dit la série des métaphores hélléniques ?

Cette photo sera-t-elle l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de Nicolas Sarkozy, qui, jusque dans sa représentation la plus symbolique, son affiche de campagne, apparaît renoncer au "made in France" ou ce choix de la mer grecque indique-t-il qu'on doit invoquer plutôt le tonneau des Danaïdes où disparaîtront les maigres économies que l'on entend faire dans la suite sur le budget de la France ?

Réponse au début du joli mois de mai !