Vous l'aurez sans doute observé, le dernier jour du mois de janvier 2012 a marqué l'arrivée de l'hiver, avec, pour la première fois, des températures au-dessous de zéro, ce qui, fin janvier, ne constitue pas une extravagance météorologique trop étonnante sous nos latitudes.
Vous le savez sans doute, mais il n'est pas mauvais de rappeler que ceux et celles qui, à la télévision, présentent les bulletins météorologiques sont désormais des vedettes à part entière qui finissent parfois sur les écrans et aiment à se donner des airs de grands savants ès-météorologies, alors que, pour la plupart, ils sont passés, sans coup férir et sans autre forme de procès, des chiens écrasés aux prévisions météo.
Ils (ou elles, bien entendu ; ne voyez là aucun sexisme mais la seule observance des règles de la grammaire française) suscitent tout de même un certain intérêt, en dépit des erreurs constantes de la météorologie nationale où sont pourtant employés deux ou trois milliers de gens, en lieu et place des bonnes vieilles grenouilles d'antan. Leurs commentaires suscitent néanmoins un intérêt que je ne comprends guère car les cartes météorologiques qu'ils encombrent de leurs inutiles et insipides gloses sont parfaitement intelligibles, sans qu'on y ajoute la moindre parole, même pour des analphabètes, grâce aux petites icones du soleil ou de la pluie dont elles sont ornées aux lieux dont elles annoncent le temps à venir.
L'un d'entre eux (mes soupçons sont assez fondés, mais je ne voudrais pas risquer à nouveau un autre procès en diffamation en dévoilant son imposture ) a fait une observation extrêmement fine et qui, à n'en pas douter, va révolutionner la présentation des bulletins météo à venir dans nos médias audiovisuels. Au prix de longues, minutieuses et dangereuses observations, car affronter le froid est plein d'inconvénients, il a en effet découvert que le vent d'hiver pouvait accentuer l'impression de froid que nous éprouvons.
Comme disait l'autre, lui aussi un peu dans ou comme la lune, "C'est un grand pas pour l'humanité" et devant une avancée conceptuelle si considérable, je n'hésiterai pas à comparer cette découverte à l'invention de la roue ou de la traction animale par l'adjonction d'un harnais. Ce héros du progrès scientifique a été en outre conduit à distinguer, non sans hardiesse, car la découverte scientifique proprement dire a bien dû se donner une expression terminologique novatrice, la température mesurée (telle qu'elle est banalement indiquée par nos antiques thermomètres) de la température RESSENTIE.
Cette distinction majeure avait été sans doute confusément perçue par vous-même comme, depuis des millénaires, par des milliards d'individus vivant dans des régions tempérées ou nordiques et conduits, par là même, à affronter la froidure.
Au-delà de la découverte scientifique, il y a dans nos médias la permanente quête du sensationnel qui est essentielle dans cette activité. Ainsi, aujourd'hui par exemple, là où le thermomètre a indiqué, par exemple ici ou là, un banal moins 8° centigrades, n'est-il pas infiniment plus grisant pour le commentateur d'annoncer "moins 17" pour la température "ressentie". Cela vous a tout de même une autre gueule, même si cela ne veut rigoureusement rien dire et si l'on peut même considérer cela comme une régression sensible dans l'histoire de l'humanité.
Il est évident que l'idée même de parler de température "ressentie" est par définition INEPTE, en ce que le "ressenti" est éminemment variable et donc que, par définition même, le "RESSENTI-MENT" . Il varie en effet non seulement selon la complexion, le métabolisme et les habitudes des sujets (alors que la télé nous indique, au degré près, la température prétendument ressentie!), mais, en outre, selon les conditions mêmes de cette observation (à l'abri du vent ? Dans un espace mieux protégé? En short ou en manteau de fourrure ? Au sortir d'un lieu surchauffé? D'une chambre froide?; etc.).
Toutes ces inepties de température "ressentie" n'ont, en fait, qu'un seul but, donner un petit côté sensationnel ou exceptionnel à des températures qui, pour le moment, ne sont pas tombées beaucoup au-dessous de ce qu'on peut attendre en cette période.Tout cela ne participe donc que de la médiocrité générale de nos médias et ne vise qu'à forger un pseudo scoop météorologique.
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