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vendredi 3 février 2012

Le ressenti ment (2)

Je n'envisageais pas de donner une suite à mon blog d'hier « Le ressentiment. ». Deux circonstances m'ont toutefois conduit à le faire. La première a été l'interview, dans le « Petit journal » de Yann Barthès sur Canal Plus, d’une de nos spécialistes féminines de la météo qui y a montré, non sans candeur et ingénuité, qu'elle ignorait tout de la question sur laquelle on l’interrogeait. La seconde raison, plus inattendue, a été l'interview de notre Premier Ministre sur France2.

Comme vous le savez sans doute, je m'en tiens toujours dans mes blogs à un format court, en général inférieur à deux pages. J'avais donc volontairement évité de parler de la genèse scientifique (si l'on peut dire !) de cette expression de « température ressentie », alors qu’elle n’est pas la formule proposée initialement. « Ressenti », en effet, n'est pas le terme utilisé au départ. Ce dernier, retenu par les pères de la formalisation de ce phénomène naturel, (Siple et Passel), est, en effet, « refroidissement éolien », ce qui est beaucoup plus juste et plus précis à la fois puisque cette « impression » de froid et est évidemment liée non à la température scientifiquement mesurée, mais à la perception que nous en avons en cas de vent et qu’on calcule à partir de la perte de chaleur en prenant en compte une surface de peau donnée.

Toutefois, dans la mesure où on ne cesse, dans tous les médias, de nous bassiner avec la température « ressentie », afin de concourir modestement à la formation de nos journalistes mais surtout à d'information des auditeurs et téléspectateurs (ces derniers ne pouvant guère compter sur les premiers pourront recevoir cette information puisqu’ils ne savent pas de quoi il retourne !), je vais reproduire ici, très brièvement rassurez-vous, mais de façon un peu précise l'information scientifique sur la définition du refroidissement éolien.

La "relation de Siple et Passel" est exprimée en watts et évalue la perte de chaleur par mètre carré de peau exposée au froid. On parle souvent de température ressentie, bien qu'il soit en réalité un nombre sans unité. La formule de calcul du « refroidissement éolien » est la suivante :
R = 12,13 + (0,6215 T – 11,37) x V 0,16
Le 0,16 est en fait en exposant mais je n'arrive pas à l'y mettre. T est la température ambiante exprimée en degrés Celsius,  V est la vitesse du vent en km/h, le refroidissement éolien n'étant pas calculé pour des vitesses de vent inférieures à 5 km/h.

On voit quel est le degré d'ignorance de nos Mesdames et de nos Messieurs Météo de la télévision et la radio puisque, alors que la température « ressentie » est, pour citer sa définition mathématique même, « un nombre sans unité », on nous donne chaque jour, au degré près, à la suite de la température réelle, le chiffre précis de la température « ressentie ». Par ignorance, je ne commenterai pas, vous vous en doutez, la formule pittoresque que je viens de citer, mais je trouve étrange (voire comique) qu’une équation, d'une complexité et d'une précision extravagantes, puisse aboutir à « un nombre sans unité ». Ce point est à mes yeux sans grande importance mais  j'aimerais bien qu'un de mes savants lecteurs (Olivier par exemple) me donne son sentiment sur ce point.

Il m'apparaît en revanche beaucoup plus intéressant, à la suite de l'émission sur France2 où notre Premier Ministre nous exposait, dans ses grandes lignes, le dossier que ne manquera pas de nous présenter bientôt aussi le non-candidat à la présidence de la République. Je propose donc une stratégie de campagne au gouvernement et à l'UMP. Bien entendu, comme toujours, ce conseil d’Usbek and Co Consulting Ltd est totalement gratuit.

Je pense en effet que M. Fillon devrait reprendre, mais en l’inversant, le schéma qui conduit à distinguer la température « réelle » de la température « ressentie » mais en l'appliquant, dans ce cas, au BILAN des cinq années d'exercice du pouvoir qui sont actuellement en « cours d'achèvement futur » (comme on dit dans le vocabulaire administratif de la construction).

Il suffirait, en effet, d'inviter les électeurs à distinguer, au moment de leur vote, le BILAN REEL (celui que nous présentent nos ministres, que nous a tracé notre Premier Ministre et que ne manquera sûrement pas de présenter le président sortant) et qui est, à leurs yeux du moins, globalement satisfaisant (même si par souci d'humanité et de proximité, ils y reconnaissent quelques insuffisances ou erreurs) du BILAN RESSENTI. Ce dernier est, en effet, à en croire les sondages, RESSENTI comme assez mauvais, voire catastrophique, par une majorité de Français donc d'électeurs. Bien entendu seul le bilan REEL (positif lui !) devrait être pris en compte au moment du vote et conduire à décider du choix ultime!

Il est facile de démontrer la pertinence de ce point de vue et de mettre en garde les électeurs contre les trompeuses illusions du RESSENTI, puisqu'il suffit d'appliquer en pareil cas la célèbre équation de Siple et Passel qui permet, par une simple inversion de distinguer le « ressenti » (négatif mais illusoire !) du « réel » (positif et démontré).

R = 12,13 + (0,6215 T – 11,37) x V 0,16
C.Q.F.D.

Alors qu'est-ce qu'on dit à Usbek Monsieur Fillon ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En ce qui concerne la température ressentie, la relation du caporal-chef Kiravi (à la retraite) est simple et efficace; sa vérification expérimentale, réalisée à la caserne ou sur des divers champs d'opération, ne souffre d'aucune contestation méthodologique. Elle a en plus l'avantage d'augmenter la température ressentie par rapport à la température ambiante t.
Soit n le nombre de ballons de rouge absorbés alors
T ressentie = t + ½n les températures étant en degré Celsius

On voit ainsi qu'avec 4 ballons, la température augment de 2°C ; il faut remarquer que le nombre n ne peut tendre vers l'infini sous peine d'implosion...
Enfin on peut reprendre cette relation en remplaçant le rouge par du whisky ou de la vodka
le coefficient ½ étant alors à modifier (travaux de Ballantine, Smirnoff et al)
Caporal chef Kiravi

usbek a dit…

Joli Chef! Heureux de votre retour; vous nous manquiez Chef!