J'ai expliqué dans mon blog précédent le principe de gouvernement, désormais dominant, que j'appelle « au doigt mouillé ».
Comme vous le savez, autrefois, avant que nous disposions (et non pas « avant que nous NE disposions », comme on l'entend partout, avec ce NE qui n'a aucune raison d'être et qui est purement et simplement fautif, alors que ceux qui en usent le jugent élégant !) de ce magnifique service national de météorologie qui colore nos départements en orange, nous informe de la température "ressentie" et enfin nous indique la direction du vent, on pouvait juger du sens de ce dernier, en se mouillant le bout de l'index et en l'exposant au-dessus de sa tête au souffle de la brise, pour en déterminer la direction, puisque le zéphyr ou l'aquilon du moment sèche la partie du doigt qui lui est exposée.
Foin de ces procédés météorologiques rétrogrades, nos gouvernants n'ont plus besoin de mouiller leur index pour l'exposer aux vents! Quand ils dressent ainsi leur doigt, c'est dans une toute autre intention, comme naguère M. Emmanuelli à l'Assemblée nationale où il n'y a pourtant que peu de vent. Nos gouvernants disposent désormais en effet des instituts de sondage qui, non seulement sont propres à indiquer le sens du vent, mais peuvent également même y apporter quelques aménagements dans le sens dont ils jugent qu'il plaît à leurs commanditaires.
Je ne ferai pas l'interprétation politique de tels choix ; d'autres l'ont fait avec infiniment plus de compétence que moi. Il est toutefois clair que la consultation du peuple par voie référendaire (ce qui est le principe même du référendum que ceux qui lui sont hostiles appellent, souvent et volontiers et non sans quelque raison, "plébiscite" ) n'est pas un choix très démocratique dans un système qui est, réellement et par ailleurs, une démocratie participative avec une vraie représentation parlementaire.
Le choix du référendum procède donc, en général, de la volonté d'imposer ses vues de la part celui qui le commandite, sauf s'il dispose d'une majorité parlementaire qui pourrait l'en dispenser. Il s'agit alors plutôt en effet d'un plébiscite!
Logiquement, comme le général De Gaulle le fit en son temps, le commanditaire du référendum, s'il est désavoué par le vote, se doit de démissionner devant la sanction populaire. Ce n'est évidemment plus le cas depuis longtemps, puisque désormais nos hommes politiques ont des comportements tout à fait différents, faute d'être eux-mêmes des hommes d'État, ce qui était le cas de De Gaulle!
Le référendum, comme toute chose, est un peu la langue d'Esope donc soit la pire soit la meilleure chose du monde!
Dans le cas que j'évoquais précédemment (le référendum du général De Gaulle qui a précédé sa démission devant la réponse populaire) était d'un genre tout différent de ce que l'on semble méditer actuellement. Il voulait lui imposer un choix politique que le peuple français a refusé entraînant par là même sa démission.
On est dans une perspective tout à fait différente, où l'on cherche d'abord des questions à poser au peuple, de façon à entraîner de sa part une adhésion prévue de façon à tenter de faire, de cette adhésion populaire, toute provisoire et sur un point bien précis, un soutien global à une politique avec laquelle l'opinion s'est tout aussi clairement montrée largement en désaccord.
Plus de doigt mouillé désormais, mais des instituts de sondage.
On commence d'abord par faire des sondages sur les sondages envisagées. On ne saurait être trop prudent et comme disait Coluche "C'est pas nous qui paye!". Surtout ne pas se lancer, sans savoir en gros quelle serait la position du peuple dans l'hypothèse où il serait consulté sur ce point!
Le deuxième temps est, éventuellement, celui du référendum que l'on ne fait bien entendu que sur une question, pour laquelle on a obtenu des sondeurs l'espérance d'un large consensus. Naturellement, sur ces questions comme sur bien d'autres, les sondages se révèlent très souvent faux, mais peu importe car cela fait tourner la machine à sonder et, comme disait ma bonne grand-mère, faire et défaire c'est toujours travailler.
Reste une arme très puissante dans les mains des instituts de sondage qui est celui de la forme la question posée.
Gardons le cas de la rémunération des chômeurs qui semble être un peu dans l'air du temps. Usbek et Usbek Consulting ldt.peuvent vous donner un ou deux exemples de questions, à poser en forçant un peu le trait naturellement pour être plus clair.
Premier type de question : « Est-ce que vous souhaitez que ces fainéants de chômeurs continuent à toucher ad vitam aeternam de grasses indemnités de chômage ? ».
Deuxième type de question : "Est-ce-que vous souhaitez que de pauvres chômeurs méritants cessent de perçoivent leurs modeste indemnités de chômage au simple prétexte qu'ils ont dû refuser un poste mal payé et étranger à leurs compétences à 700 km de chez eux ?"
Ces questions sont biaisées objectez-vous, non sans quelque raison. Bien entendu, mais on peut aussi faire les choses de façon plus subtile et provoquer par là les résultats qu'on souhaite. ( "Qu'est-ce qu'une offre "raisonnable" par exemple?), sans compter qu'on peut toujours corriger les pourcentages, comme on dit, par la prise en compte des données saisonnières.
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