Comme je l'ai dit à de multiples reprises, dans plusieurs des innombrables blogs que j'ai rédigés depuis cinq ou six ans, quoique j'écrive souvent et beaucoup, je n'ai pas la moindre vocation d'écrivain ni la plus infime prétention à l'écriture et donc, moins encore, à l'édition. On ne pourra donc me soupçonner de jalousie !
Je me réjouis, une fois de plus, de mon absence de prurit scriptural et éditorial et, dois-je le dire, plus encore que d'habitude, pour avoir écouté, ce matin, le récit de l'aventure de ce directeur de prison tombé amoureux de "l'appât" féminin du tristement connu "gang des barbares", comme on dit dans nos médias. Il s'agit d'une certaine Emma, me semble-t-il; tombé sottement amoureux de sa belle prisonnière, il lui avait procuré des avantages interdits dont, entre autres, un téléphone portable. Jusque-là rien que de banal sinon de normal, y compris la sanction qui a frappé le geôlier fautif mais qui conduit la belle prisonnière (depuis libérée) à être inculpée de complicité dans ce dernier délit.
Ce qui est à l'origine de ce blog est donc, bien plutôt et surtout, la récente nouvelle, tout de même ahurissante à mes yeux du moins, que cet ex-directeur de prison, qui n'est même pas encore jugé, me semble-t-il, a déjà écrit et est en train de publier un livre qui, fort heureusement, va sortir en même temps que se déroulera son procès ! Pur hasard bien entendu!
On ne peut que se réjouir de cette vocation aussi soudaine qu'inattendue, et qu'il ait si heureusement occupé les nouveaux loisirs que lui procurait sa mise à pied. Je me réjouis d'avance et souhaite à son livre tout le succès qu'il mérite certainement, puisque le cerbère doit avoir eu de bonnes raisons de se changer soudain en un romancier que les éditeurs ont dû aussitôt se disputer vu la rapidité de la parution de l'ouvrage !
En la circonstance, et c'est même là mon seul propos, je ne puis que compatir avec ceux qui, comme, quelques-uns de mes amis, ont une vraie vocation à l'écriture et qui, quoiqu'ayant déjà écrit plusieurs textes, ont toutes les peines du monde à les publier.
Le système éditorial de la France n'a jamais été très brillant et alors qu'on on pourrait croire impossible une telle évolution, il est même de pire en pire. Je m'en doutais un peu, non pas à la lecture, car je me garde d'investir le moindre euro dans de si étroniformes publications (la vue des auteurs comme des couvertures de leurs oeuvres suffisent à mon édification), mais en voyant sans le vouloir certaines binettes comme, par exemple, le dimanche soir, chez Thierry Ardisson, dans son émission "Salut les terriens" ("Quo non descendat ?") et surtout celui ou celle qu'il appelle "l'invité de vingt heures". En effet, c'est là le moment où apparaît le dit invité qui se voit accorder une dizaine de minutes, en forme de conclusion. Or la plupart de ces invité(e)s viennent faire la "promo" de leur publication et je suis bien sûr que le nouveau Proust des cachots se présentera très vite dans cette lugubre série.
Ce qui est notable, en effet, est que tous ces auteurs relèvent tous, avec des variantes, d'un registre que je qualifierais volontiers comme celui de la tératologie littéraire, qui va du nain zoophile au mercenaire hermaphrodite. Chers amis écrivains, vous qui ne parvenez pas à trouver d'éditeurs, pourquoi n'avez-vous pas préalablement congelé quelques nouveau-nés, commis des escroqueries monumentales, pratiqué régulièrement l'inceste ou, pour le dernier cas évoqué ici, rendu agréable, par des faveurs illégales, le séjour en prison d'une créature qui avait été auparavant complice de l'assassinat particulièrement odieux d'un malheureux qu'elle avait attiré dans ses filets à cette fin? Voilà, en vrac, quelques moyens sûrs qui, de nos jours et dans notre beau système éditorial français, vous font aussitôt publier et vous ouvrent toutes grandes les portes des médias!
Il paraît que les éditeurs ont des "lecteurs" qui sont chargés, dans la masse des manuscrits qu'ils reçoivent, de repérer les pépites éditoriales ; je crois que cette fonction, comme celle de correcteur ou de prote, est devenue totalement inutile. Il suffit désormais de repérer dans la presse les faits divers de préférence scandaleux, immondes et graveleux (l'un n'empêche Melba, comme disait feu Pierre Dac) pour identifier aussitôt et de façon radicale les futurs auteurs de la maison. Sont-ils en mesure d'écrire leurs livres est une question sans importance, puisque les nègres abondent sur le marché parisien et qu'il faut bien que tout le monde vive.
Chute inattendue: cette histoire a toutefois une morale car j'ai cru comprendre que l'ex-directeur de prison n'a plus de travail et croit dur comme fer à sa grande histoire d'amour carcérale, même si la belle Emma s'est envolée aussitôt libérée !
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