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jeudi 16 février 2012

Présidentielles : le jeu de massacre électoral.

La semaine qui vient de s'écouler a été intéressante, moins par l'annonce de la candidature officielle du président sortant, que par les retraits concomitants qu'elle a déclenchés dès que sa date a été connue et qui ont été opérés par deux des aspirants candidats qui étaient très proches de sa propre mouvance, en dépit de leurs propos et de leurs gesticulations.

Le premier a été celui de Christine Boutin ; il était, naturellement et depuis toujours, parfaitement prévisible ; la seule incertitude étant celle du moment de son retrait car, comme au poker, il faut choisir le bon moment pour se coucher! Ce genre d'opération doit être programmé avec la plus grande précision si l'on veut gagner un maximum. Il faut à la fois, en effet, ne pas attendre que le candidat déclaré ait trop remonté dans les sondages, car alors il ne prendrait pas trop au sérieux les 0,5 % potentiels de la candidate elle-même potentielle, mais, en même temps, on doit tenir compte du retrait éventuel d'autres candidats du même bord, de façon à ne pas arriver trop tard pour pouvoir négocier dans la perspective de l'enclenchement d'un processus.Je ne comprends pas que les officines de jeux de hasard ne se mettent pas sur ce créneau de pronostics.

C'est à la lumière de telles considérations que la date de son retrait a été choisie par Christine Boutin qui ne devait pas encore être décidée quand elle s'est associée à Marine Le Pen dans sa requête auprès du Conseil constitutionnel . A sa place, j'aurais préféré une récompense plus concrète et plus tangible que la promesse d'un certain nombre de postes de députés pour les candidats chrétiens aux législatives.( Verba volant.). Elle a toutefois choisi de brûler la politesse à Hervé Morin et de négocier pendant que la situation du candidat principal était encore assez incertaine pour le rendre prêt à toutes les concessions et à ces promesses qui, selon le mot de Pasqua, n'engagent que ceux (ou celles) qui les croient. Il faut cependant lui reconnaître aussi d'avoir eu la sagesse de ne pas se livrer à trop de rodomontades sur sa décision d'aller jusqu'au bout, mise à part la fameuse  "bombe atomique" dont elle a menacé le président et sur laquelle on s'interroge toujours !

Il n'en a pas été de même pour l'autre candidat au désistement, Hervé Morin, qui, il y a deux semaines encore, proclamait, urbi et orbi, dans tous les médias : « Rien ne me fera reculer ! ». Fermez le ban ! Cette "inébranlable" résolution aura duré donc moins de 15 jours et naturellement elle ne concerne en rien les perspectives personnelles de cet "inébranlable" candidat. Le seul à en rire franchement a été François Bayrou !

Le cas le plus troublant et le plus mystérieux demeure celui de Jean-Louis Borloo. Chacun se souvient en effet que lui aussi était "inébranlable" dans sa résolution d'aller jusqu'au bout, même si, en bon et prudent avocat, il s'était laissé une vague porte de sortie, en laissant entendre que ça serait comme ça ...sauf si c'était autrement et qu'il confirmerait ...un peu plus tard, sans dire quand, le caractère définitif de sa décision. Le plus étonnant dans cette affaire est qu'il a entraîné derrière lui dans cette voie sans issue d'autres politiques dont la plus voyante et la plus roulée dans la farine (bien avant Hollande) a été sans doute Rama Yade même si elle a été loin d'être la seule.

La décision de Borloo a été aussi totalement soudaine qu'inattendue, comme si on lui avait sorti un dossier ("Je vais vous faire une offre que vous ne pourrez pas refuser" comme disent les parrains du cinéma) ; il n'a même pas jugé bon de prévenir quiconque de ses proches, sans doute pour ne pas avoir à s'expliquer. Depuis il a totalement disparu.

Je pense qu'il y aurait là un bon sujet de roman policier, car on ne peut s'empêcher de penser qu'on a un peu tordu le bras (voire pire encore!) à ce brave Jean-Louis pour lui faire prendre une décision si contraire à tous ses sentiments comme à tous ses discours. On en vient à se demander s'il n'y avait pas sur son cas quelque dossier Place Beauvau, dont on aurait pu avoir connaissance, sans qu'il en ait jamais rien transpiré dans la presse nationale. Cela me rappelle, il y a quelques décennies, le cas du directeur d'un grand journal national dont la carrière a été brutalement interrompue, sans qu'on s'explique totalement sur cette affaire. Selon des rumeurs, il avait eu une mauvaise affaire au volant qu'on avait étouffée pour la mettre en réserve, quand, bourré de cocaïne jusqu'aux yeux, il aurait tué deux malheureux, fort heureusement maghrébins, qui avaient eu la fatale imprudence de se trouver sur sa route. Faudra-t-il attendre les mémoires de Jean-Louis Borloo ou les confidences de quelque autre sur son lit de mort pour savoir la vérité dans cette affaire. Dans son cas, les promesses ne devaient plus être de mise, car il est clair que, quel que fût le passé de ses relations avec le président en exercice, il n'était sans doute plus guère disposé à lui faire confiance.

Bref le jeu de massacre électoral a commencé et le prochain candidat est, sans le moindre doute, Dominique de Villepin. A-t-il encore des casseroles ou des promesses suffiront-elles à le convaincre?

1 commentaire:

usbek a dit…

Aura-t-il suffi d'un million de demi d'euros annuel (salaire à Veolia) pour répondre à la question du mystérieux retrait de Jean-Louis Borloo ? Je n'y crois pas!