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samedi 24 mars 2012

"A propos des donneurs d'ordres"

Je ne sais pas trop pourquoi mais j'aime bien l'expression "donneur d'ordre(s)". Elle a une sorte de noblesse (avec aussi une petite connotation financière quand odre est au singulier) et souffre aisément, pour le complément, l'usage du pluriel comme du singulier ce qui en augmente le charme ambigu.

La définition est simple et claire : est "donneur d'ordre(s)" toute personne physique ou morale qui commande à des sous-traitants l’exécution d’une tâche suivant un cahier des charges.
Je pensais à cette expression "donneurs d'ordres" en jetant un coup d'oeil à l'ensemble des sondages qui ont été réalisés par les multiples instituts, à l'occasion de l'élection présidentielle prochaine. Plutôt que d'user de l'expression banale : "commanditaires" mieux vaut en pareille circonstance parler de "donneurs d'ordre".

Tout semble indiquer, en effet, à lire les résultats, que les journaux ou les organismes qui commanditent ces sondages doivent accompagner leurs commandes d'un discret petit cahier des charges à propos des résultats, à moins que leurs relations avec les instituts qui réalisent les dits sondages, soient suffisamment étroites pour que ces derniers sachent parfaitement à quoi s'en tenir quant aux résultats sinon attendus du moins souhaités.

J'ai déjà montré, dans un précédent blog, comment on peut, grâce à "l'empan de variabilité" de 4 % réaliser, sans encombre, toutes les figures statistiques possibles que peuvent souhaiter les divers « donneurs d'ordres ». L'évolution de la situation et les données produites  le confirment chaque jour.

Une autre catégorie de donneurs d'ordres est constituée par les conseillers ou experts en communication qui, de plus loin et par des voies plus subtiles, "influencent" la plupart des journalistes ou des organes de presse.

J'ai écrit aussi, dans un précédent blog, qu'en France beaucoup de nos journalistes sont tellement aux ordres qu'il n'y a même plus besoin de leur en donner ! Leur plume ou leur micro précède les voeux des "donneurs d'ordres". Toutefois et je crois l'avoir dit aussi, plus les choses avancent vers l'échéance électorale, plus les journalistes, à défaut de jeter le masque, se font explicites dans leurs prises de position.

Il faut reconnaître que, dans notre pauvre pays, bien à tort réputé des droits de l'homme, la liberté de pensée et de s'exprimer, pourtant garantie par la Constitution (mais, sans que nous ayons, comme les États-Unis, un VRAI, premier amendement explicite) est de plus en plus menacée et on ne peut dire quoi que ce soit sur qui que ce soit sans se voir aussitôt menacé de procès en diffamation.

Je ne comprends d'ailleurs pas que les propos de certains candidats sur d'autres ne fassent pas l'objet de procédures de ce genre. C'est sans doute par pure stratégie et prudence politique qu'on voit si peu d'actions en justice dans ce domaine alors qu'il y en a tant ailleurs!

Quant à nos journalistes, déjà tellement soucieux de deviner les intentions secrètes des donneurs d'ordres qui ne s'expriment pas, s'ils se mettent, eux aussi, à être prudents, c'est véritablement, comme disait ma bonne grand-mère, "mettre du sucre sur le miel"!

jeudi 22 mars 2012

Un peu RAID tout de même !

Comme ce blog a le privilège d'être lu par de nobles étrangers, précisons tout de suite à leur intention que le RAID dont on parle tant depuis l'identification du terroriste de Toulouse est le "groupe d'élite" " Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion", organisme dont le créateur et premier responsable fut un certain Ange Mancini !

Je ne sais pas quelle sera l'issue finale (nous ne sommes qu'au début) de toute cette affaire autour du jeune Français musulman "djihadiste" qui, après avoir tué, à Montauban, quatre soldats français (d'origine maghrébine et antillaise me semble-t-il), a assassiné d'une balle dans la tête, à Toulouse, dans une école juive, trois petits enfants et le père de deux d'entre eux.

Au fur et à mesure que les faits sont mieux connus, ils apparaissent d'autant plus étonnants que, après qu'au départ, on ait abondamment souligné les difficultés très grandes d'une pareille enquête, il s'avère que le criminel était bien connu des services de police, qu'il était identifié comme potentiellement dangereux et qu'il résidait paisiblement à proximité, semble-t-il, de l'école où il a commis son dernier crime, le plus odieux de tous.

L'allusion à sa résidence est d'ailleurs assez incertaine, puisque, apparemment, ce jeune Mohamed (23 ans et un sourire angélique et enjôleur) bénéficiait du RSA (la République française est décidément bonne fille!) ; cette allocation, toutefois, ne devait constituer qu'une infime partie de ses revenus réels, puisqu'il avait, semble-t-il, plusieurs domiciles et plusieurs voitures de location, sans parler d'un abondant arsenal qui, en dépit de la baisse des prix, devait représenter une petite fortune puisque on a évoqué, entre autres, une uzi, un colt 45 et un 9 mm, sans parler de tout ce qu'on a pu trouver chez lui chez son frère ou dans l'un ou l'autre de ses véhicules.

Il y a assurément là un petit mystère et dans l'émission d'Yves Calvi d'hier les intervenants, s'autocensurant manifestement, sans oser prononcer quelque nom que ce soit, ont laissé entendre que ces achats d'armes et ce train de vie pouvaient parfaitement être, en quelque sorte, subventionnés à travers des associations elles-mêmes soutenues par la France ! J'avoue en être resté en être resté pantois car, tout en restant extrêmement prudents dans leurs propos, les intervenants paraissaient tout à fait compétents et sûrs de leur fait!

Un détail  curieux aussi et qui aurait dû assurément attirer sur lui l'attention des services chargés de ce domaine est constitué par deux longs voyages (ce sont plus exactement des séjours) qu'il avait faits aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan, dans les zones tribales où se trouvent les camps d'entraînement des volontaires du Jihad ; on apprend même maintenant que le surnom de ce criminel était, dans ces camps, "Youssef le Français", lui-même se réclamant, semble-t-il, d'un groupe nommé « les soldats du califat »!

Même si tout cela est encore un peu incertain, j'ai cru entendre qu'il avait été interrogé à ce propos et qu'il s'était justifié, en particulier à propos de son deuxième séjour, en prétendant (« preuves à l'appui » ajoutait-on) qu'il était là-bas pour faire du "tourisme" ! Interroger de tels individus sur de telles activités est, de toute évidence, des plus dangereux car s'entendre répondre en pareil cas « J'ai séjourné là-bas pour faire du tourisme » vous expose assurément à mourir de rire. Cela n'a pas été le cas, apparemment, puisque ses déclarations ont été enregistrées par le fonctionnaire de service avec le plus grand sérieux.

En tout cas, si la campagne électorale n'a pas été réellement suspendue par ces événements, ils ont opportunément occupé tous les médias pendant plusieurs jours, ce qui après tout n'est pas n'est pas négligeable et nous change du halal.

Les choses en resteront-elles la ou aurons-nous droit, une fois de plus, à la Nième de version de l'arroseur arrosé? Une chose, en tout cas, est sûre, nul n'a à craindre les confidences de Youssef le Français !

mardi 20 mars 2012

La presse, ton français fout le camp!

On connaît la célèbre phrase adressée par la Du Barry à Louis XV, que, dans l'intimité, elle appelait « la France », un jour où le café qu'il était en train de préparer, commencer à bouillir. En femme avisée, elle connaissait la vieille formule "Café bouillu, café foutu !".

"La presse, ton français fout le camp !".

A dire le vrai, il y a même beau temps qu'il s'est fait la malle le français de notre presse ; en général, cela n'a pas beaucoup d'importance et cela peut même être amusant quant nos journalistes financiers, comme ils le font souvent, confondent allègrement la "cote" et la "côte" !

Parfois cette ignorance de notre langue peut avoir des conséquences plus fâcheuses. Pour prendre les malheureuses affaires de Montauban et de Toulouse, on nous rebat les oreilles depuis 24 heures à propos du 11,43 (le fameux Colt 45 ou 45)  qu'a utilisé l'assassin des militaires comme des enfants.

On nous déclare savamment qu'il y a eu qu'un seul et même agresseur, en dépit de la différence de couleur des scooters (qui est parfois une moto!), noir dans le premier cas, clair dans le second, car, dans les deux cas c'est, nous dit-on," la même arme" qui était utilisée.

La chose est possible mais, pour ce qui me concerne, j'ai le sentiment que les journalistes, comme un certain nombre d'autres intervenants, ne font pas la différence essentielle que permet notre belle langue entre "le même type d'arme" (un 11,43 ...comme il y en a des milliers) et "la même arme" (seule et unique), ce qui est tout différent et, bien sûr, essentiel

On ne peut savoir, en effet, qu'il s'agit réellement de la même arme que par l'analyse et la comparaison balistiques des projectiles (balles et douilles) qui permettront d'affirmer avec certitude s'il s'agit bien de la même arme.

En revanche, l'usage d'un même type d'arme ne prouve rien et n'a évidemment rigoureusement aucune importance, dans la mesure le 11,43 est très courant, même s'il caractérise plutôt les professionnels que les amateurs.

Des analyses balistiques ont-elles déjà permis de savoir s'il s'agit, dans les deux cas, de la même arme, je n'en sais rien; mais je constate que l'on use allègrement et indifféremment du même mot "arme" pour désigner le "type d'arme" et "l'arme", ce qui, dans d'autres contextes, serait sans importance, mais qui est capital ici. Pourtant, ce détail ne semble guère préoccuper les journalistes qui sont censés nous informer avec un peu plus d'exactitude et qui, depuis vingt-quatre heures, ne nous parlent guère que de cette affaire

lundi 19 mars 2012

Du halal à la charia

Un de mes amis québécois m'a adressé, suite à la lecture de mes blogs (je devrais écrire "blogue", à la québécoise) sur le "halal" des extraits d'un blogue de Djemila Benhabib.

"Diplômée en science physique, en science politique et en droit international, Djemila Benhabib consacre une partie de son temps à l’écriture. Ses deux livres Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident (2011) et Ma vie à contre-Coran (2009) connaissent un succès fulgurant. Elle intervient régulièrement dans les médias sur des questions reliées à l’islam politique qu’elle dénonce avec véhémence. Elle collabore à l’émission BazzoTv à Télé Québec et "Plus on est de fous plus on lit" à la première chaine de Radio-canada. Résolument engagée pour la démocratie dans les pays arabes et musulmans, elle milite en faveur de la laïcité et des droits des femmes. Elle a travaillé comme journaliste et a fait de nombreux reportages à l’étranger".

Son texte confirme tout à fait mon point de vue et mes réserves qui ne sont en rien de l'ordre de la religion mais exclusivement de l'hygiène et même de la santé. Je la cite :

"Une enquête d’Envoyé Spécial de France-Télévision diffusée au début du mois de mars révélait, témoignages solides à l’appui, qu’en Ile-de France et dans de nombreuses villes de France la totalité des bovins, ovins et caprins sont abattus selon les méthodes halal.

Le magazine Marianne a interrogé plusieurs experts qui confirment le contenu de l’enquête. « Selon Gilbert Mouthon, professeur à l’Ecole Vétérinaire de Maison Alfort (94) et expert auprès des tribunaux, « pour des raisons économiques, tous les animaux abattus en Ile-de-France le sont selon les techniques halal. Et le phénomène est en train de gagner toute la France, où on estime que 80% des moutons sont abattus selon les méthodes halal ». Le principe est simple : des dérogations – légitimes – ont été accordées pour permettre les abattages rituels, halal et cascher, à des moments clairement identifiés. Or ces méthodes présentent bien plus de risques sanitaires que les méthodes conventionnelles, très codifiées. Ce qui implique, pour les abatteurs, une fois ces moments réservés aux pratiques rituelles passées, d’arrêter les chaînes d’abattage pour les nettoyer et les désinfecter. Ce que de moins en moins de professionnels se résolvent à faire, préférant généraliser les pratiques rituelles et augmenter leurs profits. » Le problème posé, analyse le Dr Jean-Louis Thillier, auteur de nombreux rapports officiels sur la sécurité sanitaire, c’est celui du non-respect des normes d’hygiène, conduisant à une augmentation des contaminations à l’Echerichia Colli, ces terribles bactéries qui provoquent tant d’insuffisances rénales chez les enfants. Au cours de ce type d’abattages rituels, le contenu de l’œsophage et des intestins des animaux risque de souiller la viande, particulièrement les quartiers avant qui finissent dans les steaks hachés. Voilà pourquoi l’étiquetage indiquant comment les animaux ont été abattus est si important. Le consommateur est en droit de savoir. »

Selon Djemila Benhabib, le halal va surtout très au-delà de la simple question de la viande, dans une stratégie globale de l'intégrisme musulman.

"Car le halal est une espèce de cordon sanitaire qui préserve la « pureté » des musulmans du reste de la société d’accueil. C’est en cela qu’il est devenu un formidable enjeu politique. En définitif, en avouant sa ressemblance avec tous, l’autre n’est plus tout à fait l’autre. On retrouve en l’autre ce qu’il y a en nous. C’est précisément cette ouverture à l’autre que combat férocement l’idéologie de l’islam politique en formatant ses adeptes pour les distinguer du NOUS collectif citoyen".

samedi 17 mars 2012

Les satrapes de l'eau

Les satrapes de l'eau.

Ce titre risque de vous paraître bien mystérieux, mais il s'inscrit, en fait, dans la noble lignée des dignitaires de la misère et et du développement dont la longue théorie est ouverte par les nababs de la pauvreté que suivent les vizirs de l'éducation et dont la marche est désormais fermée par les satrapes de l'eau.

Ce blog m'est inspiré, en effet, par la gigantesque et coûteuse réunion qui s'est tenue à Marseille trois jours durant, pendant cette semaine, sur le thème de "l'eau dans le monde" (a-t-on choisi Marseille à cause du pastis qui, on le sait, exige cinq fois son volume d'eau?). Plus de 1200 délégués de 170 pays s'y sont retrouvés ; l'ardoise globale, naturellement, demeurera confidentielle, couverte sans doute par le secret "Défense" ; si l'on additionne tous les frais d'organisation, de voyage et de séjour, elle doit certainement approcher la centaine de millions de dollars.

Cela me fait irrésistiblement penser moins aux nababs de la pauvreté eux-mêmes qui, à travers le monde, avec des per diem équivalents à un an de salaire d'un travailleur moyen des pays qu'ils visitent, vont de Hyatt en Sheraton, avant de se faire, pour la bonne conscience, quelques petites réunions entre soi dans le cadre de la FAO ou du PNUD qu'aux fameux Forums mondiaux de l'éducation de l'Unesco, tout aussi coûteux et inutiles. Il n'y en a fort heureusement eu que deux, le premier en 1990 à Jomtien, le second à Dakar en 2000. Le troisième est passé à la trappe sans que nul ne s'en étonne, vu le coût,  l'ampleur des ambitions affichées et la modestie des résultats obtenus.

Après le Forum mondial de l'éducation tenu à Dakar en 2000, les experts ont calculé qu'avec l'argent dépensé dans cette réunion, qui n'a rigoureusement servi à rien (la preuve, s'il en faut une, étant qu'on n' a pas tenu celle qui devait lui succéder en 2010), on aurait pu construire 100 000 écoles dans les pays pauvres de l'Afrique comme le Mali ou le Tchad.

Le coût du forum de l'eau à Marseille demeurera évidemment inconnu et pour cause, mais combien aurait-on pu creuser de puits dans le Sud, offrir d'ingénieux fûts roulants pour le transport de l'eau qui permettent à une seule personne de transporter sans mal plusieurs dizaines de litres d'eau et distribuer de centaines d'exemplaires de cette ingénieuse petite machine qui permet de dépolluer l'eau et de la rendre immédiatement consommable, même si elle ne permet de le faire qu'en quantité réduite.

Le pire dans cette affaire est que le seul intérêt (ou le prétexte ?) de ce genre de réunion est d'y recenser et d'évaluer, en une sorte de Concours Lépine de l'eau, des techniques qui permettent de résoudre le problème de la potabilité de l'eau ; il est si aigu et si dramatique que, chaque année, plus de 2 millions d'enfants meurent dans le monde du seul fait avoir consommé de l'eau non potable!

Est-il besoin toutefois, pour faire un tel inventaire si utile qu'il soit, de réunir, à grands frais, à Marseille où l'eau ne manque pas 1200 personnes qui, sans doute, pour beaucoup n'y entendent rien et s'en soucient guère plus?

jeudi 15 mars 2012

Encore la mascarade électorale

A l'approche de la date fatidique du scrutin, on a l'impression que les masques tombent de plus en plus. Je ne parle pas ici des dérobades successives d'aspirant(e)s candidat(e)s qui, après quelques rodomontades qui vont de la bombe atomique au simple tour de piste, aussitôt assorties de retraits monnayés en sous-main, mais d'évolutions plus récentes et plus discrètes.

Je regardais par hasard ce matin LCI, dans la mesure où je m'étais levé de bonne heure et qu'il n'y avait alors pas grand chose à voir. J'ai constaté que la propagande sarkozyste y allait bon train! Prenons l'exemple de la revue de presse ; quatre titres y étaient présentés, le premier, le vaisseau amiral, était naturellement le Figaro avec insistance exclusive sur le côté politique de la une ; le deuxième, Les Echos, offrait la même position, abordée sous l'angle économique; le troisième (le black obligatoire dans les clubs de tennis de la Françafrique) était Libération qui honorait la littérature (ça ne mange pas de pain) et le quatrième était Métro pour la catastrophe autoroutière en Suisse. Vous en faut-il davantage ?

Même chose pour les prétendus sondages ; on s'en donne à coeur joie comme je le soulignais dans mon précédent blog, au sein de "l'empan statistique" des 4 % (2% plus 2% de marges d'erreur ! ) ; on peut donc s'amuser à diverses combinaisons qui vont de Sarkozy 32 % et Hollande 28 % ou à l'inverse Hollande 32 % et Sarkozy 28 % avec, entre ces deux choix extrêmes, toutes les combinaisons possibles, pourvu qu'on n'atteigne un total de 60 % et qu'il n'y ait pas plus de 4 % de différence entre les deux candidats. À partir de là, on peut faire ce qu'on veut puisque nul n'est en mesure de vérifier.

Je constate toutefois que, comme par hasard, les sondages qui donnent Sarkozy en tête sont commandés par des journaux ou des organismes de droite ; la route a été ouverte par le Figaro, BFM TV lui emboitant le pas. Je ne sais pas si les tarifs montent si l'on sort des schémas ci-dessus décrits.
Comme disait Jugnot dans l'émission de Collaro "Et dire qu'on les paye pour faire çà! ". En tout cas les "sondeurs", clients habituels de l'émission de Calvi sont plus imperturbables que les augures de Cicéron, qui ne pouvaient se rencontrer sans rire ; eux y sont sérieux comme des papes

Reste la pitrerie des prétendus parrainages en vue de l'acceptation des candidatures par le Conseil constitutionnel. Au risque de me répéter je rappellerai quelques points majeurs de cette affaire.

D'une part le terme de "parrainage", qui implique une complicité quasi parentale avec l'aspirant candidat est tout à fait impropre et il n'a jamais été question que de "présentation".

L'anonymat avait été, de toute évidence, voulu, à juste raison, par le Général De Gaulle pour mettre cette élection à l'abri d'une influence trop grande des partis ; les partis l'ont bien compris et en 1974, ils ont supprimé l'anonymat.

S'il ne s'agit donc en rien de parrainage (avec les connotations affectives qu'implique le terme), il s'agit néanmoins d'un acte "politique" (au sens le plus noble et le plus rare, hélas, de ce terme) ; par conséquent, l'anonymat devrait être de rigueur puisque, en France, dans toute élection, le choix de l'électeur, quel qu'il soit, est toujours secret. Même dans les assemblées où cette pratique n'est pas exigée, si le secret est demandé par un seul des membres du corps électoral, sa demande doit être respectée.

Les grands partis jouent les vierges effarouchées et se défendent d'influencer ceux qui sont susceptibles de présenter des candidats ; il est évident qu'il n'en est rien et le succès ridicule d'un Cheminade par exemple s'explique moins par la séduction qu'exerce sur les grands électeurs son beau projet de création d'une atmosphère artificielle autour de la planète Mars que par le désir, en "présentant" d'emblée ce candidat, de se débarrasser par là de toutes les demandes importunes qu'on pourrait recevoir.

Il est clair d'ailleurs que, si le PS avait un peu de bon sens, il devrait, en sous-main mais peut-être le fait-il, encourager certains des siens à donner des signatures à Marine Le Pen ou à Dominique de Villepin. Le cas de ce dernier est plus particulier car en principe un ancien Premier Ministre aussi télégénique que lui ne devrait pas avoir de mal à recueillir les 500 signatures. S'il ne les a pas ou, du moins, s'il n'en fait pas état, c'est peut-être tout simplement qu'il cherche par là une retraite honorable voire fructueuse, vu ses protestations répétées d'indépendance et de jusqu'au-boutisme dans son désir d'être candidat.

mercredi 14 mars 2012

Présidentielles à la française

La cuisine et la gastronomie française ont été récemment inscrites au patrimoine immatériel de l'Unesco ; reste désormais à y inscrire la cuisine électorale présidentielle dont la technique nouvelle est en train de s'élaborer sous nos yeux. Sous nos yeux mais à vrai dire aussi sous les yeux des autres puisque le Wall Street Journal se paye apparemment notre tête en intitulant son dernier article consacré à cette question : « Nicolas Le Pen ».

La formule ne manque pas de pertinence, puisque désormais la stratégie du candidat sortant consiste, semble-t-il, non plus à lancer des idées pour voir d'où souffle le vent (la technique du "doigt mouillé" déjà décrite) mais plutôt à faire son marché dans les idées et les propositions des autres candidats. Cette stratégie, "à sauts et gambades" comme disait Montaigne, conduit à une variété surprenante des discours et des orientations, faisant sauter du mariage gay à l'euthanasie en passant par la viande halal et conduisant même à se lancer soudain dans des diatribes contre des accords européens dont on avait affirmé la nécessité voire l'excellence avec force des années durant.

La cuisine électorale devient ainsi des plus éclectiques et il faut reconnaître que le cheminement des "idées" n'est pas simple à suivre.

Si l'on ajoute à cela les annonces contradictoires des instituts de sondages, l'électeur est complètement perdu.

En effet, à la différence des candidats qui reprennent les idées des autres pour les faire leurs, les sondeurs ont des stratégies inverses. A peine l'un d'entre eux a placé en tête le candidat sortant pour la première fois, en parvenant à réaliser, avec adresse et fort opportunément, « le croisement des courbes", comme on dit dans ce milieu (Sarkozy y est désormais un point et demi avant Hollande), que le même jour un sondeur concurrent place le premier quatre points derrière le second et détruit instantanément par là les espoirs que commençait à faire naître le premier sondage.

De toute façon, comme l'empan statistique prévisionnel (la formule est mienne!), selon les modes de calcul des instituts de sondage, est de QUATRE points (2 + 2), on ne risque rien, au point de vue scientifique et déontologique, en jonglant, à sa guise et/ou sur commande, au sein de cet empan!

Les "Guignols de l'Info" sur Canal+ ont réalisé, hier, pour la première fois depuis longtemps, un très joli numéro de parodie à la suite du premier sondage qui, pour la première fois, avait placé en tête Nicolas Sarkozy devant François Hollande. On y voyait réunies trois marionnettes censées représenter l'institut en cause et préparant les résultats du dit sondage. Je n'ai pas identifié la troisième marionnette mais la première était Laurence Parisot, la patronne du MEDEF (organisme du patronat pour les nobles lecteurs étrangers!), vice-présidente de l'institut en cause et Jean-Pierre Elkabbach qui dans son enthousiasme pro-gouvernemental entendait attribuer au candidat président sortant un score tel que Laurence Parisot était obligée de le modérer en lui promettant de faire mieux la fois suivante. Le troisième personnage était probablement l'un des dirigeants de cet institut, lui-même désigné, selon Wikipédia, par Laurence Parisot elle-même.

Autant dire que tous ces résultats et toute la cuisine elle-même sont, en fait,sans mystère!

mardi 13 mars 2012

Le doigt mouillé, les sondages et le referendum . Reprise et commentaires (en italiques)

J'ai expliqué dans un blog le principe de gouvernement, désormais dominant, que j'appelle « au doigt mouillé » (pour saisir commodément et à moindres frais le sens du vent).

Comme vous le savez, autrefois, avant que nous disposions de ce magnifique service national de météorologie qui colore nos départements en orange ou en rouge, nous informe de la température "ressentie" et enfin nous indique la direction du vent, on pouvait juger du sens de ce dernier, en se mouillant le bout de l'index et en l'exposant au-dessus de sa tête au souffle de la brise, pour en déterminer la direction, puisque le zéphyr ou l'aquilon du moment sèche la partie du doigt qui lui est exposée.

Foin de ces procédés météorologiques rétrogrades, nos gouvernants n'ont plus besoin de mouiller leur index pour l'exposer aux vents!  Ils disposent désormais en effet des instituts de sondage qui, non seulement sont propres à indiquer ou à imaginer le sens du vent, mais peuvent également même y apporter quelques aménagements dans le sens dont ils jugent qu'il plaît le plus à leurs commanditaires. Les affaires sont les affaires!

Je ne ferai pas l'interprétation politique de tels choix ; d'autres l'ont fait avec infiniment plus de compétence que moi. Il est toutefois clair que la consultation du peuple par voie référendaire (ce qui est le principe même du référendum que ceux qui lui sont hostiles appellent, souvent et volontiers et non sans quelque raison, "plébiscite"  mot dont le sens et même l'existence sont en général ignorés) n'est pas un choix très démocratique dans un système qui est, réellement et par ailleurs, une démocratie participative avec une vraie représentation parlementaire.

Le choix du référendum procède donc, en général, de la volonté d'imposer ses vues de la part celui qui le commandite, sauf s'il dispose d'une majorité parlementaire qui pourrait l'en dispenser. Il s'agit alors plutôt en effet d'un plébiscite!

Logiquement, comme le général De Gaulle le fit en son temps, le commanditaire du référendum, s'il est désavoué par le vote, se doit de démissionner devant la sanction populaire. Ce n'est évidemment plus le cas depuis longtemps, puisque désormais nos hommes politiques ont des comportements tout à fait différents, faute d'être eux-mêmes des hommes d'État, ce qui était le cas de De Gaulle!

Le référendum, comme toute chose, est un peu la langue d'Esope donc soit la pire soit la meilleure chose du monde!

En tout cas, plus de doigt mouillé désormais, mais des instituts de sondage.

On commence d'abord par faire des sondages sur les sondages envisagés. On ne saurait être trop prudent et comme disait Coluche "C'est pas nous qui paye!". Surtout ne pas se lancer, sans savoir en gros quelle serait la position du peuple dans l'hypothèse où il serait consulté sur ce point!
Quant au doigt mouillé, à condition qu'on ait eu la sagesse prévoyante d'user à cette fin du majeur plutôt que de l'index, il peut aisément se changer en "doigt d'honneur" à l'adresse des électeurs!

jeudi 8 mars 2012

La Grèce : Sisyphe ou Danaïdes ?

Depuis huit jours au moins Jean-Jacques Bourdin sur RMC nous bassine avec l'interview qu'il va faire, ce jeudi 8 mars 2012, de Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République. Hier encore, il nous faisait espérer un entretien musclé (autre chose que ce qu'on a sur les divers médias si complaisants) avec des questions qui ne permettraient pas à l'interviewer de se dérober, comme le font la plupart des autres journalistes.  Bref comme, on allait voir ce qu'on allait voir!

Bernique ! En fait, on n'a rien vu du tout. Le candidat nous a resservi les mêmes plats réchauffés, ressortant les fiches qu'il lit à chacune de ses interviews et qu'il avait servies déjà sur France2, en particulier à François Lenglet et à Laurent Fabius, avec les mêmes chiffres qu'il tirait de son escarcelle après avoir asséné avec force que tout ce qu'on lui présentait était faux. Jean-Jacques Bourdin est pourtant un collègue et un grand ami de François Lenglet avec lequel il travaille à B.F. M.TV/RMC, où les bruits sarkoziens d'augmentation de la fiscalité des entreprises, si flous qu'ils soient, ont semé ce désordre dans le landerneau du grand capital. François Lenglet, taxé d'"imposteur" par Sarkozy à France2, aurait pu briefer un peu son ami, l'intrépide Bourdin, puisque les chiffres du candidat-président étaient exactement les mêmes que le mardi, aussi bien sur le chômage que sur la croissance du pouvoir d'achat. Les uns et des autres démontrent que, comme tout le monde le constate chaque jour en France, le pouvoir d'achat ne cesse de croître tandis que le chômage diminue !

Le moment le plus drôle de cet interview a été celui où Nicolas Sarkozy, essayant de solliciter l'approbation de Jean-Jacques Bourdin, a provoqué chez ce dernier une retraite paniquée ; elle s'est exprimée en une plainte déchirante, aussi douloureuse que déontologique : « Ne me prenez pas à témoin !". Voilà ce que manifestait Bourdin dans la terreur de devoir approuver ou désapprouver une déclaration de celui qu'il avait pourtant annoncé comme devant être la victime de ses assauts sans concession. Tu parles!

L'avantage de ce type d'entretien est, en principe qu'on peut prétendre posées par les auditeurs les questions qu'on hésite à formuler soi-même. C'est ainsi que RMC a bénéficié d'un scoop, refroidi depuis des semaines, le candidat à sa propre succession ayant déclaré son abandon de la politique en cas d'échec. "Pays de merde!" comme disait l'autre!

La grande question du jour dans toute notre presse nationale, en cette "Journée de la femme" où l'on constate aussi une baisse du nombre des accidents de la route en février, est, dans cette habile combinaison des thématiques qui est désormais le must du journalisme, celle de savoir si les femmes conduisent mieux ou plus mal que les hommes.

Vaste question et qui mérite tout l'intérêt de la France alors que, en ce même jour, se joue une autre partie dont, en revanche, personne ne parle. Il s'agit pourtant du sort de la Grèce et sans doute, au-delà, celui de l'Europe puisque c'est aujourd'hui même que les choses doivent être tranchées.

Tonneau des Danaïdes ou rocher de Sisyphe ?

La Grèce en qui l'on voit, sans grande raison au fond, la mère de la démocratie (car l'Athènes du Vè siècle était une drôle de démocratie!) est plutôt celle de mythes qui sont autant de métaphores.

C'est en effet aujourd'hui que doivent être prises par ses créanciers des décisions définitives sur la dette de cet Etat clairement insolvable. Je n'ai pas le talent de Gaël Giraud, mais on peut se reporter à mes précédents blogs où j'ai longuement cité ses lumineuses explications! En gros et avec mes mots, la question majeure est de savoir si les créanciers voudront bien sacrifier sur l'autel grec une grande partie de leurs créances actuelles. Il leur faut en effet aujourd'hui renoncer à une partie de ces créances sur la Grèce, sans que soit exactement fixé le montant de ce sacrifice qui devrait se situer autour de 70 %. En d'autres termes, si la Grèce vous doit 100 €, en cas d'accord pour 90% de l'ensemble de la dette grecque, elle ne vous en devra plus que 30 euros, étant entendu que seront réaménagés aussi les taux d'intérêt et les délais de remboursement.

Le problème est qu'il faut que les créanciers se manifestent en quasi-totalité et donnent leur accord. La tentation est donc grande donc pour certains d'entre eux de ne pas se manifester et de laisser les autres déchirer leurs créances, tandis qu'eux-mêmes garderaient les leurs. Comme écrivait le sage César (il ne s'agit plus de l'Antiquité gréco-romaine mais de Pagnol et de Marius) , quand son fils Marius était occupé à des recherches océanographiques qu'il jugeait dangereuses : « Quand ce sera trop profond, laisse un peu mesurer les autres ! » Le tout avec l'accent marseillais bien sûr.

L'heure est grave et décisive puisque si l'on arrive pas à un très fort pourcentage (90% je crois) de créanciers qui acceptent de leur plein gré (avec le bras un peu tordu toutefois) la réduction de leurs créances, la Grèce sera en défaut de paiement c'est-à-dire en faillite avec les conséquences que cela peut avoir à la fois sur la Grèce (ce qui ne préoccupe guère beaucoup de gens), mais aussi sur l'euro et l'Europe puisque le fameux "plan de sauvetage" tomberait, si je puis dire, à l'eau!

Si la Grèce est mise en défaut de paiement, donc en faillite, ceux qui en ont feront alors jouer les fameux CDs dont Gaël Giraud nous a récemment expliqué les subtils mécanismes et Jean rira tandis que Jean pleure! La presse française s'en fout clairement et n'est même pas au courant, on l'a vu, mais que se passe-t-il dans les salles de marché et dans les hautes sphères de la finance? A-t-on mis le champagne au frais ou prépare-t-on les mouchoirs ?

mercredi 7 mars 2012

Le menu du chef


Huit jours de silence de ma part, pris que j'étais par des problèmes bien plus graves que ceux, bien modestes, de la rédaction de quelques blogs.

Tentative de retour quoique je n'en sois pas sorti !

Grand tintouin et beaucoup de problèmes dans les cuisines de Matignon ! Le chef menace de rendre son tablier ... et sa toque. Devoir cuisiner kasher le mercredi et halal le jeudi, ce n'est pas une vie pour un maître-queux français ; il s'attend à devoir se mettre au poisson pour vendredi et, qui sait, au menu végétarien le samedi, au cas où passerait par la rue de Varenne quelque dignitaire indien ! Faire la cuisine pour des Indiens est ce qu'il a de pire au monde en la matière ; tous ont des pratiques et des interdits alimentaires différents qui, en outre, se compliquent quand les convives s'élèvent dans les castes.

Pour sa punition, le Premier Ministre a-t-il mangé comme tout le monde ou avait-il un menu spécial?

Y a-t-il une euthanasie kasher ou un mariage gay halal ? Voilà qui permettrait de corser les présents débats et de réunir les thématiques du moment.

Sur l'affaire du halal, je me suis déjà exprimé longuement à plusieurs reprises. A l'heure de Wikipédia, je suis tout de même ahuri d'entendre les grosses sottises qui se profèrent à ce sujet.

J'ai même pris en flagrant délit d'ignorance, au cours de sa fulgurante ascension, Jean-Luc Mélenchon que j'ai connu mieux informé. Il a affirmé doctement que la technique d'étourdissement des bovidés, avant leur sacrifice, étant récente, autrefois, en France, tous les animaux étaient égorgés à la manière islamique.

Ce propos est évidemment inepte car notre révolutionnaire confond tout; il y a là, en effet, des problèmes tout à fait différents.

Le récent étourdissement des animaux par une décharge électrique est effectivement contraire à la pratique halal puisque l'animal doit être égorgé vivant. Le problème est que, dans la pratique islamique, indépendamment de l'orientation vers La Mecque et de la tenue du sacrificateur, la technique obligée consiste,non pas à saigner simplement la bête mais à couper totalement la gorge à l'animal vivant, d'un côté à l'autre. Cela conduit, d'une part, à le laisser agoniser une bonne vingtaine de minutes, mais surtout implique des conséquences très fâcheuses sur le plan hygiénique. En effet cela conduit inévitablement à une souillure de la viande par diverses matières que ne peut en aucun cas supprimer le simple arrosage de la carcasse auquel on se livre généralement.

Je l'ai dit et je le répète!

Je ne vois aucun inconvénient à ce que les Musulmans consomment leur viande halal, pas plus que je n'en trouve à ce que les Juifs exigent de la viande kasher. En revanche, pour des raisons simples dans lesquelles ni la laïcité ni la religion n'ont rien à voir, je ne veux pas personnellement prendre le risque stupide et inutile de consommer une viande éventuellement souillée. Ce dernier terme est bien entendu à entendre au sens le plus  propre (si l'on peut dire) et en rien au sens figuré comme on pourrait l'imaginer vu le contexte.