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samedi 17 mars 2012

Les satrapes de l'eau

Les satrapes de l'eau.

Ce titre risque de vous paraître bien mystérieux, mais il s'inscrit, en fait, dans la noble lignée des dignitaires de la misère et et du développement dont la longue théorie est ouverte par les nababs de la pauvreté que suivent les vizirs de l'éducation et dont la marche est désormais fermée par les satrapes de l'eau.

Ce blog m'est inspiré, en effet, par la gigantesque et coûteuse réunion qui s'est tenue à Marseille trois jours durant, pendant cette semaine, sur le thème de "l'eau dans le monde" (a-t-on choisi Marseille à cause du pastis qui, on le sait, exige cinq fois son volume d'eau?). Plus de 1200 délégués de 170 pays s'y sont retrouvés ; l'ardoise globale, naturellement, demeurera confidentielle, couverte sans doute par le secret "Défense" ; si l'on additionne tous les frais d'organisation, de voyage et de séjour, elle doit certainement approcher la centaine de millions de dollars.

Cela me fait irrésistiblement penser moins aux nababs de la pauvreté eux-mêmes qui, à travers le monde, avec des per diem équivalents à un an de salaire d'un travailleur moyen des pays qu'ils visitent, vont de Hyatt en Sheraton, avant de se faire, pour la bonne conscience, quelques petites réunions entre soi dans le cadre de la FAO ou du PNUD qu'aux fameux Forums mondiaux de l'éducation de l'Unesco, tout aussi coûteux et inutiles. Il n'y en a fort heureusement eu que deux, le premier en 1990 à Jomtien, le second à Dakar en 2000. Le troisième est passé à la trappe sans que nul ne s'en étonne, vu le coût,  l'ampleur des ambitions affichées et la modestie des résultats obtenus.

Après le Forum mondial de l'éducation tenu à Dakar en 2000, les experts ont calculé qu'avec l'argent dépensé dans cette réunion, qui n'a rigoureusement servi à rien (la preuve, s'il en faut une, étant qu'on n' a pas tenu celle qui devait lui succéder en 2010), on aurait pu construire 100 000 écoles dans les pays pauvres de l'Afrique comme le Mali ou le Tchad.

Le coût du forum de l'eau à Marseille demeurera évidemment inconnu et pour cause, mais combien aurait-on pu creuser de puits dans le Sud, offrir d'ingénieux fûts roulants pour le transport de l'eau qui permettent à une seule personne de transporter sans mal plusieurs dizaines de litres d'eau et distribuer de centaines d'exemplaires de cette ingénieuse petite machine qui permet de dépolluer l'eau et de la rendre immédiatement consommable, même si elle ne permet de le faire qu'en quantité réduite.

Le pire dans cette affaire est que le seul intérêt (ou le prétexte ?) de ce genre de réunion est d'y recenser et d'évaluer, en une sorte de Concours Lépine de l'eau, des techniques qui permettent de résoudre le problème de la potabilité de l'eau ; il est si aigu et si dramatique que, chaque année, plus de 2 millions d'enfants meurent dans le monde du seul fait avoir consommé de l'eau non potable!

Est-il besoin toutefois, pour faire un tel inventaire si utile qu'il soit, de réunir, à grands frais, à Marseille où l'eau ne manque pas 1200 personnes qui, sans doute, pour beaucoup n'y entendent rien et s'en soucient guère plus?

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