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dimanche 30 septembre 2012

Honni soit qui Mali pense (suite et fin - toute provisoire)!

Peut-être l'avez-vous noté mais, comme souvent et en de multiples lieux, du Moyen-Orient à  Haïti et à la Guyane, flotte autour de toutes ces affaires comme une odeur de pétrole.

Le prévoyant Qatar ne serait pas hostile à mettre quelques billes dans les affaires pétrolières de la zone, fût-ce sous des oripeaux humanitaires comme on l'a vu. Les Chinois semblent, pour le moment, à peu près absents dans le Nord-Mali (ils sont bien les seuls, puisqu'on y parle même déjà d'"instructeurs" américains et français) mais j'incline à croire qu'on ne tardera pas à les voir débarquer. J'use à dessein de ce dernier verbe, qu'on peut juger quelque peu impropre au milieu du désert, mais l'expert militaire de service invité l'autre jour par Calvi nous a expliqué, savamment quoique contre toute attente, que les troupes de marine étaient les plus aptes et les plus à l'aise dans les combats dans le Sahara ! Dont acte.

Il faut aller dans Jeune Afrique me semble-t-il pour  voir enfin abordée la question : "Le champ gazier d’In Salah est déjà en activité. Les champs de Reggane, Timimoun et Adrar vont bientôt être lancés. De nouvelles découvertes importantes sont à prévoir jusqu’aux frontières maliennes et nigériennes. Un grand pôle industriel gazier et pétrolier va se développer dans cette région."

Du Sud algérien au Nord-Mali, il n'y a qu'un pas et les gisements pétroliers, eux, ne se soucient guère des limites des Etats !

La frontière algéro-malienne qu'on pourrait imaginer vide de tout  mouvement est, en réalité (et elle l'était déjà avant le conflit), au contraire, et de plus en plus, un lieu de passage dont l'un des centres se situe, côté malien, à Tinzawaten, à quelques kilomètres de l'Algérie.

Cette petite ville, alors encore tenue par les forces maliennes, avait été attaquée début février, par le MNLA. Certes l'attaque avait été repoussée mais, fait symbolique, elle avait aussi marqué la désertion du seul haut gradé tamasheq de l'armée de Bamako,  le colonel Hassan Ag Mehdi. Cet officier supérieur prestigieux avait gagné Ouagadougou à la tête d’un convoi de 60 véhicules.

Outre les passages de réfugiés ou d'émigrés (naguère encore ceux et celles que l'Algérie expulsait vers le Mali après les avoir capturés sur son territoire ; désormais les réfugiés du Nord Mali qui fuient les combats et la charia qu'y imposent, avec mains coupées, les groupes islamistes radicaux), les principaux trafics concernent la drogue (le plus important et surtout le plus rémunérateur), les armes et le carburant qui, dans le contexte actuel, vu le grand nombre de véhicules forts gourmands en essence et parcourant de nombreux kilomètres, est sans doute le problème logistique majeur pour les troupes engagées dans cette région. Comme le carburant ne peut guère venir de Mauritanie ni de Libye, je vous laisse le soin d'envisager quel doit être le principal fournisseur en la matière.

Toutefois les relations entre l'Algérie, le Nord Mali (l'Azawad) et le Mali lui-même ne se limitent pas à ces migrations humaines et à ces échanges commerciaux, pour la plupart informels voire clandestins. On a entrevu, dans le post d'hier comment ont varié et varient considérablement les relations entre ces trois entités.

Pour ce qui est de l'Algérie, assez portée aux doubles jeux (comme avec la francophonie, qui là-bas, est à usage externe et non interne!), il est clair que pour des raisons de politique intérieure (lutte contre l'intégrisme islamique qui aurait fait 200 000 morts) et extérieure (opposition à Al Qaïda soutenu par l'Arabie Saoudite, la relation avec le Qatar étant pour le moins double : "je t'aime moi non plus!"), ses faveurs vont de toute évidence au MLNA avec lequel Bouteflika a les liens historiques qu'on a vus et qui est partisan d'un Azawad laïque et non pas islamique.
Toutefois, compte tenu des relations de ce même MLNA avec des groupes islamiques qui, comme Ansar Dine ou le MUJAO rêvent de charia et république islamique indépendante, et même l'AQMI,  le MLNA doit composer avec ces alliés d'un moment, en attendant sans doute un jour de s'opposer à eux d'une façon plus forte, voire brutale.
Les relations de l'Algérie avec le Mali sont tout aussi compliquées puisque, si pendant très longtemps, Alger a soutenu Bamako pour essayer de brider les revendications des Tamasheq (de peur surtout qu'elles s'étendent à ses propres Touareg), le problème sahraoui et son conflit avec le Maroc (un gros caillou dans sa chaussure diplomatique algérienne) mettent Alger dans une position très inconfortable puisque le président Bouteflika dont les liens historiques et sentimentaux avec le Nord-Mali sont incontestables, ne peut que modérer les actions d'intégration de Bamako, dans la mesure où, par ailleurs, il encourage les revendications autonomistes ou indépendantistes de la mouvance sahraoui.
Les tensions internes entre les groupes islamiques présents au Nord Mali qui existent depuis fort longtemps et se perpétuent ont même récemment connu des formes bien plus violentes, puisque sept membres du personnel consulaire algérien à Gao (où cela fait tout de même beaucoup de monde pour un simple consulat) ont été enlevés et pris en otages, tandis que, pour la première fois, des terroristes du Nord Mali commettaient, dans le Sud algérien, à Tamanrasset, un attentat. Le plus grave, si l'on peut dire, est que ces deux actions terroristes ont été revendiquées par le MUJAO qui est un des groupes islamistes opposés au MLNA, vers lequel vont toutes les faveurs de l'Algérie.

La situation, déjà forte embrouillée, se complique encore puisque sont arrivés désormais dans le Nord Mali, d'après diverses sources, une flopée de terroristes et/ou de formateurs de terroristes qui évoluent librement dans toute cette zone ; on y trouve, dit-on, des Pakistanais venus par la Somalie mais surtout et, c'est plus remarquable et plus grave, des Nigérians de la secte nigériane Boko Haram (= "L'éducation occidentale est un péché") Ce groupe est connu par ses attaques, extrêmes, répétées et meurtrières, à l'égard du gouvernement et des chrétiens, mais aussi des populations musulmanes elles-mêmes.  Prétendant imposer par la violence un islam radical, inspiré de celui des Talibans d'Afghanistan, cette mouvance veut instaurer la charia dans tout l'Etat. Ce groupe est bien entendu combattu par les forces armées nigérianes ; cela amène à poser, en passant, le problème de l'intervention de troupes nigérianes qui, envoyées par la CEDEAO, risqueraient au Mali d'être amenées à combattre leurs propres compatriotes de la secte en cause. La Côte d'Ivoire, qui avait parlé d'y envoyer des troupes, se trouverait sans doute dans une situation un peu voisine, compte-tenu du clivage religieux qui règne dans cet Etat entre le Nord musulman, qu'on dit travaillé, en sous-main, par le Burkina Faso (qui serait aussi dans les intervenants possibles) et le Sud, animiste ou chrétien. Le Sénégal, le seul pays disposant d'une force militaire convenable, a, lui, la prudence de se tenir à l'écart de ces « bruits de bottes" ouest-africains.

Bien malin qui pourrait dire ce qui sortira de ce salmigondis politico-militaire qui rappelle un peu, à certains égards, les événements de l'ex-Yougoslavie, le pétrole en plus !

samedi 29 septembre 2012

Honni soit qui Mali pense (3) : Bouteflika ou El Mali ?

Comme je l'avais annoncé hier, je pensais en finir aujourd'hui avec l'affaire du Mali, en traitant de ses rapports avec l'Algérie. Comme ce point est bien plus complexe que les deux précédents, je serais amené à lui consacrer deux livraisons. On est en présence d'une extrême difficulté à traiter ces questions, surtout pour un ignorant comme moi, car, selon que l'on consulte des sources françaises, algériennes, maliennes ou … azawad, on obtient des points de vue extrêmement différents quant aux faits matériels eux-mêmes.

Je suis d'autant plus contraint d'être plus long que prévu que je dois régler, en introduction, deux questions mineures dont l'une tient au titre même du présent poste.

La première est celle de l'expression "fides punica" utilisée dans le premier de mes posts sur le Mali. Je disais, me semble-t-il, mais je n'ai pas le courage d'aller vérifier, que la "fides punica" avait franchi la frontière, sans préciser ni le sens de cette cuistrerie ni la frontière en cause. Il s'agit, bien entendu, de la frontière entre la Tunisie et l'Algérie puisque, selon les Romains,  cette "fides punica",  la (mauvaise) fois punique, caractérisait les Carthaginois dont les Tunisiens seraient les héritiers. Je ne sais pas vraiment si la "fides" des Romains était bien plus grande que celle de leurs adversaires carthaginois, mais il s'agissait, en tout cas, dans la tradition, d'une traitrise phénicienne dont l'idée est fort ancienne.

La seconde remarque liminaire concerne le présent titre "Bouteflika ou El Mali" qui nous rapproche du sujet. J'y reviendrai dans la suite mais je veux souligner ici et par là que les relations entre le Nord du Mali et l'Algérie sont naturellement anciennes puisque l'actuel président de l'Algérie, Abdelaziz Bouteflika, a passé dans le Nord du Mali une partie de la guerre d'Algérie ; il s'efforçait d'y trouver une aide pour les Algériens en lutte et il y était alors connu sous le nom d' Abdelkader El Mali. Ces événements remontent à un demi-siècle, mais ils ne sont peut-être pas à négliger totalement.

La nécessité d'être un peu long, sur ce point, tient à l'obligation de quelques rappels démographiques ou historiques. Les Tamasheq du Nord-Mali sont en rébellion depuis l'indépendance ; contentons-nous ici de rappeller une formule célèbre, énoncée en 1963 : « Les Français sont partis, les Arabes sont arrivés ». A intervalles réguliers (en 1990, en 1994 et enfin en 2006), les tensions ou même les hostilités ont repris, suivies par des accords, souvent favorisés par l'Algérie, mais qui n'ont été que très peu respectés par Bamako. On retrouve là le vieux problème des frontières héritées de la colonisation ; la division coloniale du territoire des Touaregs entre l'Algérie, le Mali et le Niger a engendré des problèmes qu'a réglés, en principe du moins, la règle posée par l'Union africaine qui regarde comme intangibles les frontières issues de la décolonisation, pour éviter les multiples sources de conflits territoriaux que connaissent la plupart des Etats d'Afrique.

L'importance démographique exacte de la communauté touareg, dont sont membres les Tamasheq du Nord-Mali est difficile à évaluer ; on l'estime, très vaguement, entre 1,5 et 3 millions dans l'ensemble, mais elle pourrait être beaucoup plus nombreuses (jusqu'à 3 millions en Algérie et 1,5  au Mali).

Il est clair que, pendant longtemps, l'Algérie a été résolument hostile à l'idée d'un Azawad indépendant à ses portes Sud car cela risquerait d'encourager, chez elle, les pensées d'autonomie des Kabyles. Ce fut le cas, tant en 1963, où elle a livré des leaders de cette rébellion à Bamako que, vers 1980, où elle tenta d'introduire des dimensions au sein des groupes de combattants Tamasheq ou, plus tard, en favorisant la conclusion d'accords entre le Nord et le Sud du Mali.

Il y a toutefois une contradiction majeure et fort gênante dans la politique algérienne qui a accepté la partition de l'Éthiopie en 1993, celle du Soudan en 2011 et surtout qui continue à proclamer, au grand dam de son voisin marocain, « le droit à  l'autodétermination du peuple sahraoui ». Pourquoi, avec de tels choix et une telle position, s'oppose-t-elle à celle du peuple Tamasheq  ?

Ce n'est pas là le moindre problème de la diplomatie algérienne. On retrouve ces contradictions dans l'évolution récente du point de vue d'Alger qui est un peu un Janus à deux faces. Au printemps 2012, alors que la France sarkozienne est contre une opération militaire d'Alger et hostile à l'indépendance de l'Azawad, l'Algérie rejoint, de fait, la position française.

Il n'est pas sûr que la position d'Alger soit aujourd'hui toujours la même, du moins si l'on se fonde moins sur les déclarations officielles que sur les comportements effectifs. Il est clair que l'Algérie doit prendre en compte aussi sa propre politique intérieure à l'égard de l'Islam radical et qu'au Nord-Mali ses faveurs vont plutôt vers les Tamasheq  progressistes regroupés dans le MNLA, qui ne sont pas favorables à une république islamique mais à la création d'un État laïque, en dépit de leurs relations d'opportunité avec l'AQMI et avec Ansar Eddine ("les défenseurs de la religion" en arabe »).

Il serait fort intéressant, en la circonstance, de savoir ce qui se passe effectivement à la frontière entre l'Algérie et le Mali, mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'aller sur le terrain pour y faire quelques observations que ce soit.

Le MNLA dispose d'armes lourdes rapportées de Libye, mais aussi d'un arsenal qu'il peut acheter en prélevant sa dîme (ou davantage) sur les commerces frontaliers avec l'Algérie et la Libye en direction de l'Europe (il s'agit en particulier de la drogue). Toutefois, certains témoins, bien sûr anonymes, ont observé des convois de véhicules type 4x4 lourdement armés qui transitaient en Algérie en direction de Gao, sans qu'on sache trop à qui étaient destinés ces matériels adaptés au désert qui peuvent, de toute façon, avoir très vite changé de mains, vu la faible résistance que les troupes maliennes officielles ont opposée aux insurgés.

Les transits entre l'Algérie et le Mali peuvent aussi tout à fait changer de sens. Ainsi les camions, qui ramenaient au Mali des émigrants clandestins capturés en Algérie et refoulés, ont inversé récemment leur parcours pour amener en Algérie des réfugiés fuyant les combats. Il pourrait toutefois y en avoir toujours d'autres qui vont en direction du Sud et qui pourraient y apporter le combustible abondant que rend indispensable l'utilisation massive des véhicules militaires.

C'est un problème sur lequel Antoine Glaser s'était interrogé, sans toutefois suggérer de solutions, mais le sourire ambigu qu'il arborait alors en disait long.

On voit combien les choses sont complexes ; nous y reviendrons donc demain.

vendredi 28 septembre 2012

Honni soit qui Mali pense (2) : Vatican 3

Quoique ce post s'inscrive dans la ligne de celui d'hier que j'avais, de ce fait, intitulé "Honni soit qui Mali pense (1)", comme souvent, l'idée d'un post sur tel ou tel point me vient à partir d'un titre qui me paraît s'imposer soudain.

Je souhaitais hier m'intéresser à deux aspects de la question malienne qui me paraissent importants, mais dont on ne parle guère. Le premier est le rôle un peu inattendu du Qatar, le second, moins évitable, étant celui de l'Algérie.

Commençons donc par le Qatar qui est, en ce moment, est fort à la mode puisque non content d'acheter nos palaces, il veut pousser les jeunes beurs de nos banlieues (en qui Monsieur Éric Raoult voit des bilingues français-arabe) a créer des start-up pour assurer leur promotion sociale. Voilà en outre (je l'ai appris ce matin même de la bouche fort autorisée de Monsieur Moscovici) qu'il va financer notre future banque d'investissement destinée à booster les petites et moyennes entreprises françaises. Cette association inattendue ( a fortiori dans un Etat islamique) de la charité et de la finance m'a irrésistiblement fait penser au Vatican d'où le titre de ce post.

En effet la charité du Qatar ne observe s'exerce pas seulement dans nos ministères et dans nos "quartiers", mais également, même si l'on en parle moins, au Mali. Dans l'émission d'Yves Calvi, Antoine Glaser, le seul des intervenants à connaître et à comprendre quelque chose à propos de l'État dont on parlait, avait signalé en passant que la Croix-Rouge internationale n'avait pas été autorisée à intervenir au Nord-Mali ....à cause de sa croix ! Ce n'est naturellement pas le cas du Croissant-Rouge et c'est sous les oripeaux de l'humanitaire que le Qatar intervient, officiellement du moins, au Nord-Mali. Le Qatar a d'ailleurs, tout à fait officiellement, alloué 6 millions de riyals, soit 1,35 millions d'euros, pour l'aide humanitaire aux populations du Nord-Mali. La délégation humanitaire qatari est arrivée par voie terrestre en provenance du  Niger et sa sécurité est assurée dans le pays par le Mouvement pour l'Unicité et le Djihad en Afrique de l'Ouest, le MUJAO dont le nom même dispense de tout  commentaire et que, par ailleurs, le Qatar soutient financièrement et matériellement ainsi que le groupe islamique Ansar Eddine (comme il le fait pour la plupart des mouvements de cette mouvance). La charité du Qatar est donc, selon la formule, "bien ordonnée" !
Ce premier problème n'est d'ailleurs pas sans rapport avec celui de l'Algérie, dont je parlerai demain dans mon prochain post, puisque les sept "diplomates" algériens qui ont été capturés à Gao 5 avril 2010, sont aux mains du MUJAO.

L'aide du Qatar, comme cela été souligné souvent par les rares organes de la presse française qui se risquent à aborder ces problèmes (dont bien sûr l'indispensable Canard enchaîné et Jeune Afrique car on ne trouve guère d'allusion à ces questions dans le Figaro), est "officiellement" orientée vers l'humanitaire (ce qui est souvent, non sans adresse, le masque de l'action de tels mouvements) présente des caractéristiques très particulières pour ce qui concerne ses destinataires. Vu la couleur politique et religieuse et les modes d'action de groupes comme le MUJAO  et Ansar Eddine (branche la plus radicale des Frères Musulmans, hostiles aux Saoudiens, ce qui n'est pas pour déplaire au Qatar), on peut toutefois imaginer qu'une partie de ces moyens peut avoir des fins autres que strictement charitables. En outre, il est difficile de distinguer l'un de l'autre, car si les vivres sont destinés, en principe, aux populations déshéritées du Nord Mali, il faut bien que les troupes d'occupation mangent, elles aussi.

La situation est donc fort complexe et elle le sera encore plus quand nous aborderons la place et le rôle de l'Algérie dans tout cela, car il ne faut pas oublier que le Nord-Mali est frontalier de l'Algérie et il ne vous a pas échappé que se trouvent dans cette zone des réserves pétrolières qui suscitent bien des convoitises et qui expliquent sans doute un certain nombre de choses. On doit aussi songer que le Niger n'est pas loin et que la France ne peut pas se désintéresser d'un pays qui lui fournit le tiers de l'uranium dont elle a besoin pour ses centrales nucléaires et pour celles qu'elle vend à l'étranger et dont elle garantit l'approvisionnement décennal en combustible!

Dans un contexte si trouble et si secret, on doit prendre en compte même des accidents de la route ;  l'Algérien Nabil Makloufi, dit Nabil Abou Alqama, qui coordonnait toutes les actions d'Al Qaïda dans le Nord-Mali est mort dans un accident de voiture entre Gao et Tombouctou, comme l'a signalé l'AFP. Ces mécréants n'ont pas indiqué que, selon la formule, « il a été rappelé à Dieu". Toutefois, il n'est pas exclu que certains aient donné, en la circonstance, un petit coup de main à Dieu, ce qui nous maintient, si l'on peut dire, dans le registre vaticanesque. Le directeur de Ennahar, Anis Rahmani, spécialiste des questions de terrorisme, a déclaré, en effet, à l'AFP que cet accident était en fait une élimination volontaire de Makloufi ; il y aurait en effet une crise interne au sein de l'AQMI et l'élimination de dirigeants algériens d'Al Qaïda serait un moyen de renforcer la position du MUJAO où dominent plutôt les Maliens et les Mauritaniens.

Rien n'est simple en ce bas monde ; comme je le rappelais hier, il n'est pas sûr que l'entente la plus cordiale règne, au Nord-Mali entre les mouvements islamistes, même si l'intervention de la France est sans aucun doute le meilleur des moyens pour l'y ramener !

jeudi 27 septembre 2012

Honni soit qui Mali pense ! (1)

Veuillez excuser le mauvais jeu de mots de ce titre, mais comment l'éviter en pareille circonstance ?

Je ne voulais pas revenir si vite sur le sujet que j'ai abordé en passant hier, à propos du discours de François Hollande devant l'ONU et des chemins de traverse dans lesquels la France semble disposée à se fourvoyer, une fois de plus.

J'ajoute que rares sont ceux qui font remarquer que les événements du Nord du Mali sont en liaison des plus directes avec notre intervention en Libye et que nous n'avons sans doute pas fini d'en payer les conséquences. Même si la France se borne, non sans quelque raison, à des interventions aériennes que semblent préconiser nos "experts militaires" (après la Ligne Maginot et Dien-Bien-Phu). Sans doute ne sont-ils pas au courant (ils ignorent tant de choses) du fait que les troupes de mercenaires sahéliens qui ont fui la Libye pour venir au Mali, ont emporté avec eux beaucoup de matériel militaire dont nombre de missiles sol-air modernes dont ils n'hésiteront pas évidemment à faire usage le cas échéant contre nos aéronefs (pour causer technique) ? Il faut donc sans doute que notre président mette en chantier un discours-type pour les cérémonies aux Invalides lors des obsèques de nos pilotes d'avions ou d'hélicoptères.

Ce qui m'a déterminé à consacrer à nouveau un post au Mali, alors que je n'y pensais pas, est l'émission de Calvi "C ...." sur la Cinq que j'ai regardée hier et qui était consacrée à la situation maliennne. Si j'ai récemment complimenté la Cinq (et surtout la journaliste Caroline Roux que je prie ici de m'excuser de l'avoir une fois appelé Dominique !), je n'en ferai pas le même pour Calvi qui commence à nous fatiguer avec ses éternels invités et en particulier l'expert militaire Sergent (la majuscule n'est pas fautive et je vous jure que c'est vrai ! Ce n'est pas vrai en fait, il se nomme Servant avec une faute d'orthographe, mais de Sergent à Servant ou Servent il n'y a qu'un pas). Idem pour l'expert universel Christophe Barbier qui ferait mieux de se contenter de jouer les crieurs de journaux pour son Express sur les différentes ondes. Lui, en revanche, est expert en banalités genre centre droit (pauvre JJSS!), émises à tout propos et sur toutes les chaînes, uniquement préoccupé qu'il est de la publicité de son hebdomadaire que je trouve à vrai dire de plus en plus mauvais. Laissons cela car on peut le dire malheureusement de plus en plus d'émissions de Monsieur Calvi qui, trop occupé sans doute, se fatigue de moins en moins dans le choix de ses intervenants.

Un troisième invité de l'émission sur le Mali était une charmante africaine qui, semble-t-il, habite Montreuil plutôt que Tombouctou et qui préside je ne sais quelle association d'"amitié franco-malienne de deuxième génération" (sic!). Autant dire que sa connaissance du Nord-Mali est probablement minimale mais surtout que son point de vue est assurément des moins objectifs.

Je n'ai en fait regardé cette émission que pour une seule raison;  après avoir vu ces trois intervenants, j'avais songé à éteindre la télévision mais le quatrième intervenant, que Calvi, toujours rusé, avait gardé pour la bonne bouche, était Antoine Glaser. C'est là, pour le coup, un vrai spécialiste qui a publié un quart de siècle durant (jusqu'en 2010) l'excellente Lettre du continent, un fin connaisseur de l'Afrique et qui, en général, n'a tout de même pas trop sa langue dans sa poche ce qui est une de ses grandes qualités.

Vous devinez d'avance que l'essentiel pour ne pas dire la totalité de l'espace médiatique de cette émission a été rempli par les interminables et insipides propos de Christophe Barbier qui, comme toujours, a ouvert longuement le feu, sans dire grand-chose car manifestement ses connaissances sur le Nord Mali sont des plus limitées.

A suivi un long expose d'une technicité laborieuse de Monsieur Servent qui est quelque chose comme directeur de recherche ou d'études et/ou professeur dans je ne sais quelle fantomatique institution parisienne, militaire, économique ou géopolitique, du genre de celles où viennent se caser tous les retraités de quoi que ce soit. Calvi semble d'ailleurs marquer une forme de prédilection pour ce genre d'intervenant, sans doute parce que leurs apparitions sont gratuites, qu'ils sont disponibles à tout moment et soucieux de vendre quelques exemplaires de leur vagues publications (Monsieur Servent a même eu le rare culot de citer "un de ses livres" où il avait usé du mot "lacrymal", ce dont il était manifestement ravi).

Mais revenons en Mali. Les seuls propos raisonnables et manifestement informés ont été tenus évidemment par Glaser qui n'a fait, en tout et pour tout, que trois interventions, les deux premières très brèves et la troisième un peu plus longue mais qui a dit l'essentiel. Je l'ai trouvé trouve toutefois plus prudent que par le passé (pour des raisons qui m'échappent). Il a signalé, non sans bon sens, face aux rodomontades franchouillardes des deux autres, que la France ne pouvait que difficilement échapper au piège de l'intervention, mais, par ailleurs, il a été le seul à souligner tous les dangers pour l'ancienne puissance coloniale.

Cette dernière expression a suscité des réserves de la part de Monsieur Servent qui par là-même à montré son ignorance des réalités coloniales, car le fait que beaucoup d'Africains n'aient pas connu la colonisation française, n'empêche, en rien, une dénonciation systématique de ce colonialisme. J'ai toutefois désormais une réponse toute trouvée à ce genre de remarque en disant aux Africains, quand ils se hasardent à de tels propos, que les Chinois leur feront assurément regretter les Français.

Bref, Glaser a souligné à la fois les risques de cette intervention et ses difficultés immenses, ne serait-ce que pour constituer une troupe d'intervention convenable et opérationnelle à base essentiellement nigériane (donc anglophone) et burkinabé (donc francophone), avec des soldats qui sont, pour le moins, aussi mal formés que mal équipés. Naturellement la Malienne de Montreuil a fait des appels vibrants à l'intervention française, mais vous aurez peut-être observé que, dans l'intervention du délégué officiel du Mali à l'ONU, il n'a été question que de troupe africaines, du moins à ce que j'ai entendu de son propos.

Glaser a été aussi le seul à poser un problème central et capital : le ravitaillement en carburant de gros véhicules fort gourmands qui doivent parcourir des milliers de kilomètres dans des déserts où les stations-services sont rares! Cela pose évidemment la question de la frontière avec l'Algérie et du rôle de cet Etat dans toutes ces affaires, fort différent de celui de la Mauritanie, mais que personne n'évoque jamais. La "fides punica" a dû passer la frontière !

Il a fallu attendre les deux-tiers de l'émission pour que Monsieur Servent prononce, non pas le nom de Tamasheq, qu'il doit ignorer, mais le mot Touareg (ce qui, j'en conviens, reviens au même mais qui n'est pas le terme utilisé au Mali). Il s'est abstenu de mentionner que la revendication de l'indépendance ou moins de l'autonomie du Nord du Mali par les Tamasheq est ancienne et que leur affrontement, parfois armé, avec Bamako, aussi traditionnel, n'a pratiquement jamais cessé dans les dernières décennies. Actuellement il semble que les relations entre les Tamasheq et l'ACMI ne soient pas des meilleures mais il est sûr qu'une intervention nigério-burkinabe-française contribuerait à rétablir l'unité au sein de ces factions.

Et si ça se passe mal, en quoi que ce soit, car ces troupes africaines ne sont pas des plus disciplinées, soyez sûrs, comme le soulignait Glaser, que ce sera, de toute façon, la faute à la France !

Honni soit qui pense au Mali!

mercredi 26 septembre 2012

Comment l'esprit vient aux hommes (et aux femmes !)


L'idée de ce post et de son titre m'est venue ce matin, entre café et jus d'orange, en écoutant Monsieur Bernard Accoyer, ancien président de notre Assemblée nationale.
Voilà l'un de ces innombrables cas où, du fait de circonstances extérieures, l'esprit vient aux hommes ! Ce brave Savoyard a découvert soudain, et désormais il s'en ouvre volontiers au bon peuple dans les médias, que nous avons trop de représentants du peuple et qu'en retirant une bonne centaine de députés de l'Assemblée nationale (nous en avons près de 600!) tout marcherait aussi bien (ou aussi mal) ; nous serions alors, à peu près dans les canons de représentation de toutes les autres démocraties du même genre et du même niveau (en fait, encore très largement au-dessus!).

« Voilà une chose qu'elle est bonne ! » comme aurait dit Coluche ou "Bon sang mais c'est bien sûr !" selon la formule conclusive d'une figure de notre télévision d'antan.

C'est trop bête! Il est vraiment dommage que Monsieur Accoyer n'ait pas eu cette révélation, si soudaine quoique si évidente, durant les cinq années qu'il a passées juché sur le confortable perchoir du Palais-Bourbon. Qui mieux que lui aurait été en mesure et en position de faire pareille proposition et d'être écouté ? Fatalitas ! Il a fallu la défaite de Nicolas Sarkozy et le triomphe de la gauche pour que, évincé par là- même de sa présidence, il connaisse ce chemin de Damas démocratique !

Je dois dire que ce travers est fort répandu chez tous les hommes et les femmes politiques de l'ancienne majorité. Les choses sont même pires encore, puisque c'est après dix ans passés au pouvoir qu'ils découvrent soudain le caractère catastrophique de la situation qu'ils ont laissée derrière eux et l'évidence éclatante des réformes qu'il aurait fallu faire, sans que l'idée leur en soit jamais venue, une décennie durant. Ce qui est le plus drôle dans tout cela est moins le fait lui-même, qui est assez banal somme toute, que la folle impudence avec laquelle ils exposent ces points de vue. Cette attitude montre clairement, aujourd'hui comme dans les années passées, qu'ils tiennent manifestement les Français pour des imbéciles, ce en quoi ils n'ont peut-être pas tout à fait tort.

J'ai entendu aussi les propos tenus à l'ONU par notre Président de la République lors de son premier discours devant cette auguste assemblée.

Manifestement, il avait gardé en mémoire le carton qu'avait fait autrefois, en ce même lieu, Monsieur de Villepin et il entendait bien lui aussi demeurer dans l'histoire de l'ONU. Il a fait tous ses efforts dans cette perspective, tant en réitérant les propositions françaises sur la Syrie (nous nous mordrons peut-être un jour les doigts de notre comportement dans cette affaire, comme nous sommes déjà amenés à le faire en Tunisie, en Libye en Égypte ou ailleurs) qu'en s'avançant, non sans quelque imprudence, sur les affaires maliennes. Je crois que, dans ce pays, on oublie un peu vite un invariant politique qui est la constante opposition traditionnelle (et même parfois armée) entre le Sud (en gros, bambara) et le Nord (en gros, tamasheq) ; cette situation fait de cet Etat une forme de paradoxe géopolitique que l'on retrouve dans de nombreux Etats africains ; la colonisation, découpant le continent comme une tarte, a souvent réuni des populations différentes voire ennemies avec la même constance qu'elle mettait à séparer des populations identiques.

Voir la CEDEAO en première ligne dans l'affaire malienne, la France faisant mine de lui emboiter le pas avec la bénédiction de l'ONU a quelque chose d'étrange quand on connaît la situation intérieure du Nigéria et de la Côte d'Ivoire qu'on trouve ici comme leaders ! Ces Etats prétendent régler par la force ce genre de problèmes au Mali quand ils se montrent incapables de mettre un terme, chez eux, à leurs dissensions internes, ce qui a quelque chose de pittoresque pour l'observateur extérieur. En tout état de cause, il sera toujours commode, pour finir, de s'en prendre à l'ancienne puissance colonisatrice puisque tout, de toute façon, est, au fond, de sa faute.

Toutefois d'autres propositions formulées dans ce discours par notre Président de la République ont quelque chose de plus étrange encore ; il s'agit en particulier de la régulation du commerce des armes, dont nous sommes, dans le monde, l'un des principaux acteurs ; peut-être, dans ce domaine comme dans d'autres, serions-nous bien inspirés de commencer par balayer devant notre porte.

Une autre proposition, amusante celle-ci, est le souhait formulé de voir l'un des grands pays émergents entrer dans le conseil de sécurité de l'ONU où la RFA ne figure d'ailleurs pas davantage. De la part du Président de la République française, une proposition, plus intéressante et surtout plus inattendue, aurait été de proposer que la France, désormais puissance moyenne (nous ne sommes plus en 1948, vous l'avez sans doute noté), se retirât de ce conseil pour y céder sa place au Brésil ou à l'Inde !

L'esprit vient parfois aux hommes ... mais point trop n'en faut!

mardi 25 septembre 2012

Qatar : "Timeo Danaos et dona ferentes"

"Timeo Danaos et dona ferentes" : "Je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux". Je crois bien avoir déjà utilisé, dans un autre post, cette prudente réflexion d'un sage Troyen à la réception du cheval de Troie offert par les Grecs. Il me semble qu'elle s'impose particulièrement en ce moment avec l'affaire de l'offre de 50 millions d'euros que fait le Qatar en faveur des jeunes beurs de nos banlieues.

On associe souvent, un peu mécaniquement, le Qatar à l'Arabie Saoudite, dont il est proche en effet puisqu'il ne constitue qu'un minuscule appendice, prenant la forme d'une infime péninsule accrochée à l'immensité saoudienne. La disproportion est tout aussi grande en ce qui concerne les populations : moins de 2 millions d'habitants pour le Qatar contre plus de 26 millions pour l'Arabie Saoudite. Il faut ajouter que dans la population du Qatar, seuls 10 % des habitants sont de véritables Qatari, les autres étant des immigrants fournissant au pays les indispensables forces de travail. Il en résulte aussi que les deux Etats diffèrent sur le plan religieux ; si l'Arabie Saoudite est musulmane à 100 % (je serais presque tenté de dire à 150 % !), il n'y a au Qatar que 78 % de Musulmans, le reste étant de religions différentes (dont 18 % environ de Chrétiens). Le Qatar, en outre, a choisi d'investir surtout hors de ses frontières sans se développer tellement puisque, si l'on examine deux domaines assez significatifs à cet égard, on constate qu'il se classe, dans le monde, dans le peloton de queue des Etats pour ce qui concerne l'éducation (120e) et la santé (184e), ce qui le met à cet égard assez loin derrière son voisin saoudien dont les places sont beaucoup plus flatteuses.


C'est assez dire que les deux Etats, quoique voisins, sont très différents et que les relations, complexes, entre le David Qatari et le Goliath saoudien ne sont pas nécessairement des meilleures, le premier éprouvant nécessairement une forme de crainte salutaire à l'égard du second.

L'exiguïté même de son territoire et la précarité de ses ressources gazières (qui s'épuiseront inévitablement un jour où l'autre) conduisent le Qatar a adopter une politique, résolument pour ne pas dire exclusivement, tournée vers l'international, afin d'y trouver à la fois des ressources futures lorsque ses richesses naturelles seront épuisées, et une image internationale salvatrice (les Etats où il investit sont, de ce fait, ses protecteurs naturels) qui constitue, en même temps, une forme de garantie contre la menace latente que fait peser sur lui son trop puissant voisin.

Le Qatar s'est donc engagé dans une politique résolue d'investissement à l'extérieur (la France n'y tient, je crois, que le quatrième rang) y cherchant à la fois des revenus à long terme et une forme de sécurité des dits investissements. La France s'est mise sur les rangs depuis bien longtemps ; c'est sous Jacques Chirac qu'a été négocié un accord extrêmement avantageux pour le Qatar puisque tous ses investissements en France (on peut penser que les footballeurs y sont inclus sans qu'on nous le dise) ne sont pas soumis à l'impôt, qu'il s'agisse des revenus ou des plus-values. On comprend dès lors la nature d'une bonne partie de ces investissements qatari, aussi bien dans les palaces parisiens que dans des participations au sein des sociétés les mieux cotées et les plus sûres de notre CAC 40, mais qui ne sont pas si avantageux pour la France qu'on nous le serine. Je crois me souvenir que cet accord a été négocié avec comme Premier Ministre Monsieur de Villepin qui, par un heureux hasard, se trouve être, en dépit de la brièveté de son expérience professionnelle, l'avocat du Qatar pour la France, ce qui doit suffire à lui assurer sa quotidienne.

J'en viens enfin à mon titre et à l'investissement de 50 millions d'euros qui, si j'ai bien compris, doit susciter des vocations de jeunes entrepreneurs novateurs dans ce que nous appelons désormais les "quartiers" et dont les symboles sont le 93 et les quartiers Nord de Marseille.

Il faut reconnaître que ce choix est assez étrange a priori ; il semble procéder, contre toute attente, de la même logique humanitaro-sociale qui a parfois dirigé certains choix de même nature chez nos gouvernants et qui, il faut bien le dire, n'ont guère porté de fruits. On peut se demander, en effet, si ces banlieues et les jeunes beurs qui en sont issus et semblent, une fois encore, être les cibles de cette action sont aptes et/ou décidés à devenir des Bill Gates ou des Steve Job. Je pense personnellement la chose assez peu probable, compte tenu de la majorité des profils rencontrés dans cette catégorie de ces banlieues qui me semblent plus portés à "chouraver", "chouffer", ou "charbonner" qu'à se lancer dans l'aventure des start-up. Comme on ne peut pas toutefois faire un procès d'intention au Qatar ("présumé innocent"), je pense qu'il vaut mieux laisser cette question en suspens et faire, en lieu et place, un petit rappel de ce qui s'est passé, dans ces mêmes zones, il y a une trentaine d'années.

A cette époque, on a favorisé l'arrivée non pas d'un investisseur qatari aux poches pleines mais d'une flopée d'imams de tous poils (si j'ose dire!) qui devaient venir, dans ces mêmes banlieues, pour orienter les jeunes beurs vers la prière et l'Islam, les détournant ainsi, par la fréquentation assidue de la mosquée, de l'idée d'incendier les voitures et de caillasser la police. Je dois rappeler ici, qu'au moment même où l'on facilitait de cette façon la venue de ces imams, on refusait régulièrement les visas d'accès pour notre pays à des chercheurs ou des professeurs du Maghreb. Ces imams ont bien réussi dans leur tâche de prosélytisme, mais ils ont en revanche totalement échoué sur le plan de la pacification dont ils se d'ailleurs souciaient pas plus que de leur premier turban ! On a vu et on voit chaque jour le résultat et je n'y reviens donc pas.

Ce débat est assez confus car tout résidera, en fait, dans la nature même de cette opération dont on espère que les autorités françaises ne se désintéresseront pas, une fois l'effet de com'  passé, ou du moins ne se laisseront pas abuser par des argumentations fallacieuses, en particulier dans le choix des bénéficiaires de ces mesures.

Il y a tout de même eu un bon moment dans ce débat lorsque j'ai entendu, sur je ne sais quelle radio, Monsieur Éric Raoult, maire du Raincy et qui a été, à deux reprises ministre de l'intégration (!!!!!???!!!), expliquer que le choix singulier du Qatar se justifiait par le bilinguisme des jeunes de ces banlieues, qui parlent à la fois le français et l'arabe. Je ne suis pas totalement sûr de la chose pour le français, mais je suis, en tout cas, tout à fait certain qu'ils ne parlent pas l'arabe dans leur immense majorité, en tout cas, pas ce que les Qatari appellent "l'arabe" et qui n'est en rien un arabe dialectal maghrébin. Ajoutons que, pour la plupart d'entre eux, non seulement leurs compétences en arabe se limitent à quelques injures ou expressions familières, mais qu'une partie notable de la population maghrébine immigrée en France est kabyle et donc de langue non pas arabe mais amazigh.

Une fois de plus MDR!

lundi 24 septembre 2012

Une oasis dans le désert journalistique du PAF.

J'avais déjà vu une fois, par hasard, la semaine dernière je crois, une partie de l'émission "Cpolitique" sur la Cinq, qui a lieu le dimanche à 17h40, me semble-t-il.

Sans la connaître ni l'identifier, j'avais remarqué et apprécié, une fois n'est pas coutume, la journaliste de service, trouvant que, tant par son allure que par son comportement et sa façon de mener l'interview, elle changeait sensiblement des potiches ou des cruches qui meublent en général nos journaux télévisés. Je ne cite ni ne vise personne bien entendu !

Le hasard a fait que j'ai pu regarder à nouveau cette émission hier, où officiait la journaliste que j'ai enfin identifiée ; il s'agit de Dominique Roux ; elle recevait Henri Guaino que son échec dans sa tentative pour briguer la présidence de l'UMP, rendait disponible pour ce genre d'activité, même s'il ne doit guère apprécier de se voir interroger sur une telle circonstance.

Toutefois le bougre est assez rusé pour se tirer de toutes les situations et on n'a pas supporté Nicolas Sarkozy pendant cinq ans comme conseiller spécial, sans avoir le cuir assez épais et un don de l'esquive caractérisé. Mais je ne suis pas là pour parler de Henri Guaino  dont on devrait pourtant étudier de plus près les clignements de paupières qui me paraissent en relation très directe avec ses humeurs ou ses états d'âme.

Mais c'est de Caroline Roux que je veux parler ici ; je suis, en général, trop critique de la gent journalistique pour ménager mes compliments lorsque j'estime qu'ils ont lieu d'être dispensés.

Je ne sais pas si j'avais déjà eu l'occasion d'entendre ou de voir Caroline Roux dans les différents emplois qui ont été les siens auparavant, mais je dois dire que, d'emblée, j'ai fort apprécié sa prestation sur la Cinq. Le plaisir a d'ailleurs commencé quelques minutes avant l'émission, quand elle est venue présenter elle-même le propos qui allait être le sien, avec une simplicité et une élégance qui donnaient véritablement envie de voir la suite. Voilà qui nous change aussi des sauterelles quinquagénaires déguisées en adolescentes qu'on exhibe, sur les autres chaînes, en particulier pour la météo devenue centrale dans nos médias.

Mais, avec Dominique Roux, le ramage, s'il est possible, vaut encore mieux que le plumage. Tout sévère et critique que je suis, je ne puis qu'approuver et apprécier la prestation de cette journaliste. Elle est à la fois précise et subtile dans ses questions (elle voit les points majeurs et importants, sans toutefois se montrer agressive à l'excès) ; elle dirige l'entretien avec bonne humeur, délicatesse et fermeté (cocktail subtil s'il en fut!) ce qui n'est pas simple face à un impénitent bavard comme Henri Guaino . Peut-être aurait-il été intéressant (mais le bougre, rusé comme un renard est aussi fuyant comme une anguille en dépit de ses rodomontades gaullistes) de voir avec plus de précision comment un anti-fédéraliste européen, résolu voire viscéral, comme Henri Guaino prétend l'être, a pu conseiller, fût-ce spécialement, un Nicolas Sarkozy qui affichait des opinions bien différentes?

Poussé gentiment dans cette direction par Dominique Roux, Henri Guaino a avancé une explication un peu faiblarde qui est celle de la nécessité. C'est un peu court , jeune homme! Quand on a des convictions aussi fortes que les siennes, on ne s'assied pas si facilement dessus, même avec un coussin de 14 000 € mensuels) ; le choix de n'écrire que les discours qui étaient plus ou moins en accord avec ses propres convictions est une excuse un peu trop commode, car on voit mal l'impétueux ex-président Sarkozy s'accommoder de pareilles réticences ou de semblables dérobades.

En tout cas Madame Roux, restez dans cette émission où, si j'ai bien compris, celle qui vous a précédée a fait long feu ou n'a pas fait long feu (selon le sens qu'on donne à cette expression) et surtout ne changez rien !

dimanche 23 septembre 2012

Encore l'éducation

Au moment même où s'ouvre je ne sais quelle énième série de colloques, États généraux, Grenelle ou réunions de tout poil sur l'éducation, il est stupéfiant d'entendre et de lire tant de sottises sur le sujet.

On s'abstient bien entendu, par exemple, de signaler, à propos de la formation des maîtres, le fait plus évident qui est, que, vingt ans après avoir constaté l'absence de formation réelle des maîtres et créé, à cette fin, sous Jospin inspiré par Ph. Mérieu, les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres, les sinistres IUFM, on les a supprimés, pour envisager aussitôt, sous Peillon, de les remplacer par je ne sais quelles "Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education", instituts universitaires qui n'en seront que la vague resucée. En effet, les IUFM étaient déjà dans les universités en fait, par leur nom mêrme mais surtout en raison du nombre de leurs enseignants qui n'étaient là que faute de mieux et aspiraient à entrer dans les universités par la grande porte! Même après la suppression théorique des IUFM,  ces derniers n'ont disparu en fait que pour une partie d'entre eux.

Ce sont, comme toujours, ces allers-retours caractérisent le fonctionnement de l'administration française et comme disait ma bonne grand-mère « faire et défaire c'est toujours travailler ».

Une longue familiarité avec l'éducation nationale me ramène d'ailleurs beaucoup plus loin encore, puisque, vers 1958, on a déjà mis en oeuvre l'idée même de Peillon avec les IPES, les Instituts de Préparation à l'Enseignement Secondaire dont nos responsables actuels de la rue de Grenelle ne connaissent sans doute pas l'existence. Il s'agissait, exactement comme désormais dans nos futures Ecoles, de recruter, devant le manque prévisible d'enseignants, des étudiants encore non licenciés, de les payer durant la préparation de leur licence et de leur maîtrise pour ensuite en faire des enseignants du secondaire. Monsieur Peillon devrait bien consulter les archives du ministère de l'éducation nationale qui contiennent sur ce point des informations utiles.

Une autre sottise qu'on entend, quotidiennement ou presque, concerne les affectations dans les établissements réputés difficiles de ce qu'on appelle désormais les « quartiers ».

Les bons apôtres, dans leur robuste sens commun et leur ignorance tout aussi robuste, s'étonnent qu'on ne nomme pas, dans ces établissements, des maîtres confirmés, expérimentés et compétents. Mais, mon pauvre monsieur ou ma bonne dame, c'est qu'on ne peut pas!

Les dits maîtres confirmés et compétents sont déjà depuis 10, 15 ou 20 ans enseignants à Romorantin, à Menton ou à Quimper et ils n'ont aucune envie d'aller enseigner dans le 93 ou dans les quartiers Nord de Marseille. Or un professeur titulaire, certifié ou agrégé, est totalement inamovible ; il est évidemment impossible de le déplacer sans qu'il l'ait, au préalable, demandé lui-même, dans le cadre d'une mutation, demande qu'il se gardera bien en la circonstance, de formuler, comme vous vous en doutez !

Vous comprenez dès lors que le seul moment où le ministère de l'éducation nationale est libre de placer un enseignant à peu près où il veut est celui de sa première nomination. La direction du personnel de la Rue de Grenelle n'agit donc pas ainsi par perversité ou vice. C'est tout bêtement parce qu'on ne peut pas faire autrement qu'on envoie systématiquement dans ces postes difficiles de jeunes professeurs qui sont par définition sans expérience mais sont contraints d'accepter des postes dont nul ne veut !

Ils sont ensuite obligés d'y passer quelques années, car les mutations sont extrêmement difficiles à obtenir, même au-delà des deux premières années où elles ne peuvent être sollicitées. Il ne reste donc plus à ces jeunes enseignants qu'à faire contre mauvaise fortune bon cœur, à se faire porter malades ou à démissionner pour changer de métier.

On pourrait songer à changer ce statut mais alors gare aux syndicats!

Bien entendu nos journalistes, comme d'habitude, ne connaissent rien et ne comprennent rien aux sujets dont ils traitent. Il semble qu'une solution, dans le cadre du régime actuel, serait, non pas une prime minable, mais, par exemple, de doubler le salaire de professeurs, déjà pourvus d'une ancienneté suffisante et surtout dont les capacités auraient été dûment évaluées, s'ils acceptaient de se faire nommer dans ce type de poste. Dans ces conditions, on trouverait sans doute des candidats mais je ne pense pas que cette mesure soit envisagée sérieusement (Et encore et toujours gare aux syndicats!).

samedi 22 septembre 2012

Economies et/ou gaspillages

La France est décidément un drôle de pays.

Il y existe un homme qui détient les solutions à tous les problèmes qui se posent à nous et plus spécialement à nos gouvernants. Comment faire 30 ou 40 milliards d'économies ? C'est Monsieur René Dosière qui, en outre est du bon bord politique quoique mal aimé ;  j'en ai déjà parlé ici dans un poste intitulé, je crois, "René Dosière for président" ; or, on ne le voit nulle part et nul ne l'interroge ; nos gouvernants ne trouvent, pour se procurer des moyens supplémentaires, que la solution, à vrai dire plus simple mais infiniment plus impopulaire, d'augmenter les impôts de tout le monde en faisant mine de ne faire payer que les riches.

Hier, dans l'émission de Calvi sur la Cinq ("C'est plus clair" ou "C dans l'air", je ne sais jamais lequel des deux titres est le bon), on a tout de même entrevu, durant quelques secondes dans un " sujet", René Dosière mais son apparition y a été des plus brèves. En revanche, les participants étaient bien meilleurs que d'habitude et un peu inattendus ; il manquait, fort heureusement, les sempiternels robinets d'eau tiède qui constituent le parterre habituel de Calvi (Barbier, Cayrol, Perrineau), sans doute parce qu'ils sont toujours disponibles dans la mesure où ils ne font pas grand-chose et sont surtout soucieux de venir montrer leur binette pour vendre leurs salades. Il y avait là une anglaise, journaliste à The Economist, l'inattendu Christophe Aguitton du mouvement ATTAC (il avait dû prendre quelque Prozac en vue de l'émission), Christian Saint-Étienne, cravaté mais plus offensif que d'habitude qui lui avait dû tâter des amphétamines, et un jeune homme inconnu représentant, je crois, je ne sais quelle association de contribuables, dont la mine et le verbe détonnaient un peu par rapport aux autres, mais qui disait des choses plutôt raisonnables et surtout concrètes.

On n'y a répété quelques vérités que tout le monde connaît mais que nul ne prend en compte ; Voltaire les aurait dites "sacrées" car, comme les psaumes de Lefranc de Pompignan « Sacrés ils sont car personne n'y touche ». J'en rappelle ici quelques unes des principales, même si elles sont parfaitement connues, en choisissant des exemples un peu parlants. A la création de l'euro, Il y avai 9000 fonctionnaires à la Bundesbank contre 15 000 à la Banque de France ; la météo anglaise emploie deux fois moins de personnel que la météo française ; la perception des impôts coûte, pour la même somme recouvrée, deux fois plus chère en France que dans n'importe quel pays d'Europe, etc.… Si l'on compare la France et l'Allemagne, nos services publics reviennent 30 % plus chers mais nul ne songe à prétendre qu'ils sont plus efficaces de ce côté du Rhin que de l'autre. Il en est de même pour tout ce qui touche à l'éducation ; en dépensant autant voire plus que tout le monde, nos résultats sont parmi les plus mauvais. Quant à la productivité, nous sommes sortis désormais, dans le classement mondial, du peloton de tête constitué par les 20 premières places.

Christian Saint-Étienne, un vrai révolutionnaire pour le coup lui a rappelé que l'on pourrait faire, sans problème, une bonne dizaine de milliards d'économies par un simple réaménagement des dépenses de l'État en matière de commandes qui constituent tout de même 9 % du PIB. Comme René Dosière donne aussi quelques recettes simples pour diminuer de 20 milliards les dépenses, sans affecter quelque fonctionnement que ce soit, voilà déjà une bonne trentaine de milliards de trouvés et notre président devrait être content et dormir tranquille.

Le jeune homme irrévérencieux a donné quelques exemples savoureux quoique parfois modestes. Ainsi la dépense de 4500 € pour le déplacemernt du maire d'Aubagne et d'un de ses collaborateurs, venus écouter à New York une conférence sur le désarmement nucléaire ! Après tout la possession de missiles nucléaires par la mairie d'Aubagne est peut-être un secret de Défense nationale et le feu le plateau d'Albion n'était pas si loin de cette bonne ville. En tout état de cause, ce n'est que broutille à côté de la mission de 15 conseillers généraux au Chili que signale Ch. Saint Etienne !

Il est évident que dans les 1244 agences que compte notre pays (je ne répéterai pas ici la liste des exemples les plus savoureux) qui, chaque année, nous coûtent 50 milliards (avec des fonctionnaires plus payés que dans leur corps d'origine, sans compter les avantages matériels), on pourrait sans doute économiser là aussi une bonne demi-douzaine de milliards.

Les participants sont aussi tombés d'accord sur une réforme que l'on n'envisage pas semble-t-il et qui est bien plus importante que la réduction du nombre de mandats. Elle tiendrait dans la suppression des INDEMNITES qui sont afférentes aux mandats. Cette idée a même reçu l'approbation, inattendue mais commune, de Christophe Aguitton et de Christian Saint-Étienne ; ce point mérite d'être souligné, ce dernier faisant remarquer, sans la chiffrer, que la suppression des indemnités supplémentaires amènerait des économies supplémentaires mais qui à terme seraient énormes car cette réforme réduirait l'appétit pour ces mandats électifs ; ils pourraient alors fort bien voir leur nombres réduits, pour l'Assemblée nationale de six cents à trois cents députés et une centaine d'élus pour le Sénat, ce qui nous ramènerait, après tout, dans la moyenne des représentations qu'on observe dans les autres Etats.

Puis-je espérer que ce post soit lu par Messieurs Cahuzac, Moscovici et Sapin et que ces derniers veuillent bien en transmettre le contenu à notre vénéré Président à qui on cache sans doute tout cela ?

vendredi 21 septembre 2012

Mahomet 12

Pour éclairer, un peu, les débats, souvent obscurs et évidement mal informés, je recommande de lire un long texte oublié par "Riposte laïque" dont voici l'adresse :
Ce texte, tout en reconnaissant la médiocrité du film lui-même (je ne l'ai moi-même pas vu), fait apparaître, à travers les multiples références à l'histoire même de Mahomet selon le Coran, que les événements relatés sont globalement exacts, à quelques exceptions près. Un de mes amis, à qui j'avais donné la référence de cet article, a vérifié que les références au Coran sont exactes!
Je dois dire que c'est la lecture de ce texte qui m'a conduit à revenir sur la question de l'islam que je n'avais pas l'intention de reprendre, même si un certain nombre de faits m'avaient frappé et continue à le faire.

Une analyse qu'on entend souvent et que j'ai moi-même relativement partagée dans le passé, est qu'il y a, au fond, entre le christianisme et l'islam (deux religions monothéistes nées dans le même lieu à plusieurs siècles d'intervalle, qui partagent nombre d'éléments et même de figures) un simple décalage chronologique de quelques siècles et qu'au fond l'islam allait peut-être évoluer dans le sens d'une libéralisation, comme le christianisme l'avait fait, les principales évolutions étant clairement les plus récentes. Il suffisait donc d'espérer et d'attendre. Ce type d'interprétation est manifestement faux quand on y réfléchit quelque peu.

C'est en effet une évolution inverse qui semble s'opérer, ce qui conduit à se demander si, comme le suggèrent certains spécialistes, la rupture évolutive ne se situerait pas vers la fin du XVe siècle (il est alors tentant de prendre comme date charnière 1492 !).

La plus belle illustration qu'on puisse donner de ce caractère ouvert et tolérant de l'islam ancien tient à la façon dont il a traité les textes anciens, en particulier grecs, à l'esprit d'ouverture dont il a fait preuve dans beaucoup de domaines  et à sa capacité d'innovation scientifique et technologique, caractères qui ont totalement disparu dans la suite. Où sont passés les Averroes d'antan ?

Au plan socio-historique, ce point est illustré tout aussi parfaitement par la gestion que les Ottomans ont fait de leur empire et qui était en particulier extrêmement libérale à l'égard des religions autres que la leur, celles des chrétiens et des juifs en particulier. Dans l'empire ottoman, ces derniers, même s'ils étaient astreints à un impôt spécifique, qui a même disparu dans la suite vers la fin de l'empire, n'ont jamais été l'objet d'interdits, de mauvais traitements voire de massacres.

N'étant en rien historien du monde arabo-musulman, je ne saurais dire exactement ni à quel moment ont pu intervenir les radicalisations dont nous voyons aujourd'hui les résultats ni définir les raisons, sans doute diverses, qui les ont provoquées.

Il ne fait pas de doute que la création de l'État d'Israël et le conflit israélo-palestinien qui en a découlé ont joué un rôle et que les États-Unis, sur le plan politique comme sur le plan religieux (avec les Evangélistes) ont dans cette affaire une responsabilité d'ailleurs compliquée et multiforme.

On doit pas oublier, en effet, que, contre toute attente, l'État qui a été le plus décisif dans la création d'Israël, tant sur le plan diplomatique que militaire, est l'Union soviétique. La politique de Staline, pendant plusieurs années, a été délibérément et efficacement en faveur d'Israël. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre de voir les votes de l'ONU au moment de la création de l'État d'Israël (que l'URSS sera le premier à reconnaître) et, surtout, dans la suite, le fait que c'est Staline qui fait armer, en particulier par la Tchécoslovaquie qui est à ses ordres, les troupes israéliennes qui, sans lui, auraient été écrasées par les forces arabes. Les choses sont donc beaucoup plus complexes qu'on ne le pense en général.

Un second élément, celui-là beaucoup plus connu, tient à l'obsession anticommuniste des États-Unis, pendant la guerre froide et même sur la fin. C'est en particulier le cas de l'Afghanistan où se marque leur volonté obsessionnelle d'armer l'islam contre la menace soviétique. Je ne reviens pas sur ce point, mais il est clair (et tout le monde le sait) que ce sont les Américains qui ont formé les premiers Ben Laden, les ont armés et soutenus financièrement.

Je ne suis pas en mesure et je n'ai pas envie d'entrer plus avant dans une réflexion sur ces choses-là, mais je trouve quand même stupéfiant que l'islam qui, pendant presque un millénaire, a été une religion qui nourrissait de grands penseurs et de grands savants et montrait, dans ses conquêtes, une tolérance exemplaire à l'égard des autres religions, soit devenue ce qu'elle est, ce qui empêche même de concevoir une évolution favorable dans les siècles qui viennent et nous conduit tout droit à une guerre de religion, planétaire cette fois.

Je conclurai ce texte sur un point tout différent quoiqu'apparenté, qui est le cas du Nord Mali et des menaces contre nos otages qui engendrent elle-même des bruits de bottes du côté français en direction de ce même Nord Mali. Je crois qu'une fois de plus, nos dirigeants politiques sont en train de faire fausse route, faute de connaître les territoires sur lesquels ils ont hélas à prendre des décisions.

Je pense que, pour ce qui concerne le Nord Mali, qui a toujours été une zone de conflits entre Bamako et les Tamasheqs (population amazigh, donc si l'on veut berbère), il suffirait d'attendre, tout simplement, que ces derniers entrent en conflit avec les forces (étrangères au moins culturellement) qui ont actuellement la mainmise sur le pays et qui détruisent joyeusement, à Tombouctou, les monuments de l'islam local traditionnel. Au lieu d'intervenir sottement en atténuant, de ce fait même, les conflits internes au Nord, laissons les donc tranquillement s'affronter les uns les autres, ce qu'assurément ils ne tarderont pas à faire. Quant aux otages, ils ne tueront sans doute pas les poules aux oeufs d'or ; après tout, c'est moins cher qu'un Zlatan et le Qatar pourrait faire un geste, surtout si on lui fait croire que les Chiites sont dans le coup!