Mardi 4 septembre au matin, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur la radio des bignoles, une ministre, dont le nom m'échappe et qui s'occupe, je crois, de la famille, faisait état de son souhait que les employeurs donnent une heure de congé à leurs employés pour leur permettre d'accompagner leurs enfants lors de leur "rentrée" à l'école. Elle précisait la chose en usant à cet égard, à plusieurs reprises, du verbe "rentrer" (lorsque, selon ses termes, il "rentre" à l'école ou au collège).
Je suppose, en effet, que cette ministre voulait parler, en fait, de « l'entrée à l'école » d'un enfant, au moment de ce qu'on nomme "la rentrée". Toutefois, comme beaucoup de gens actuellement, elle oubliait totalement le verbe "entrer" (et le substantif "entrée") au profit du verbe "rentrer" (et du substantif "rentrée"), ce qui une claire impropriété puisque "rentrer" c'est "re-entrer" donc revenir dans un lieu où l'on est déjà "entré".
Or, en la circonstance, il s'agissait manifestement, dans son propos, de "l'entrée" à l'école, c'est-à-dire de la première arrivée dans l'établissement scolaire et non de la "rentrée", qui a lieu pour tous les élèves dans tous les établissements scolaires à chaque mois de septembre, sans que, nécessairement, les parents soient obligés d'accompagner beaucoup de ces enfants, puisque, dans la plupart des cas, les enfants "rentrent" dans des établissements où ils sont déjà "entrés" durant les années précédentes.
Il est vrai qu'on parle habituellement de la "rentrée (scolaire)" dans la mesure où ce processus collectif se renouvelle chaque année, mais il est clair que la ministre aurait dû parler de l'"entrée" à l'école des enfants puisque la nécessité d'accompagner l'élève est surtout envisageable lorsque il arrive pour la première fois dans un établissement, qu'il s'agisse d'une école maternelle, d'une école primaire ou d'un collège (j'espère qu'on évitera à son enfant ce ridicule pour le lycée).
Je pinaille direz-vous, mais cette élimination totale d'"entrer" au profit de "rentrer" m'agace ; en la circonstance, et pour une fois, je me suis amusé de la chose. En effet, cette intervention de la ministre et la mesure qu'elle préconise ont suscité un vaste et vain débat dans l'émission qui, sur la même chaîne, commence à dix heures et qui s'intitule « Les grandes gueules ».
En l'écoutant distraitement, vu la sottise du débat qui résultait de cette confusion lexicale, j'ai noté que, si l'on a abondamment discuté sur la nécessité psychologique d'accompagner ou non l'enfant, nul n'a songé à faire la remarque de bon sens sur l'impropriété du terme utilisé par la ministre au cours de cette interview et marquer la distinction à faire, pour un enfant, entre l'"entrée" à l'école et les "rentrées" qui vont suivre. En revanche on a abondamment débattu sur le problème à la fois social et psychologique que posait la proposition de ce ministre, chacun et chacune faisant abondamment état de son expérience personnelle en la matière, sans s'interroger un instant sur le confusion liminaire, sans doute faute de l'avoir perçue.
Il est clair que si la ministre avait utilisé en la circonstance le mot propre ("l'entrée à l'école"), le "débat" n'avait plus de raison d'être, ce qui, bien entendu, n'aurait pas fait les affaires de ses organisateurs !
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