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dimanche 23 septembre 2012

Encore l'éducation

Au moment même où s'ouvre je ne sais quelle énième série de colloques, États généraux, Grenelle ou réunions de tout poil sur l'éducation, il est stupéfiant d'entendre et de lire tant de sottises sur le sujet.

On s'abstient bien entendu, par exemple, de signaler, à propos de la formation des maîtres, le fait plus évident qui est, que, vingt ans après avoir constaté l'absence de formation réelle des maîtres et créé, à cette fin, sous Jospin inspiré par Ph. Mérieu, les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres, les sinistres IUFM, on les a supprimés, pour envisager aussitôt, sous Peillon, de les remplacer par je ne sais quelles "Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education", instituts universitaires qui n'en seront que la vague resucée. En effet, les IUFM étaient déjà dans les universités en fait, par leur nom mêrme mais surtout en raison du nombre de leurs enseignants qui n'étaient là que faute de mieux et aspiraient à entrer dans les universités par la grande porte! Même après la suppression théorique des IUFM,  ces derniers n'ont disparu en fait que pour une partie d'entre eux.

Ce sont, comme toujours, ces allers-retours caractérisent le fonctionnement de l'administration française et comme disait ma bonne grand-mère « faire et défaire c'est toujours travailler ».

Une longue familiarité avec l'éducation nationale me ramène d'ailleurs beaucoup plus loin encore, puisque, vers 1958, on a déjà mis en oeuvre l'idée même de Peillon avec les IPES, les Instituts de Préparation à l'Enseignement Secondaire dont nos responsables actuels de la rue de Grenelle ne connaissent sans doute pas l'existence. Il s'agissait, exactement comme désormais dans nos futures Ecoles, de recruter, devant le manque prévisible d'enseignants, des étudiants encore non licenciés, de les payer durant la préparation de leur licence et de leur maîtrise pour ensuite en faire des enseignants du secondaire. Monsieur Peillon devrait bien consulter les archives du ministère de l'éducation nationale qui contiennent sur ce point des informations utiles.

Une autre sottise qu'on entend, quotidiennement ou presque, concerne les affectations dans les établissements réputés difficiles de ce qu'on appelle désormais les « quartiers ».

Les bons apôtres, dans leur robuste sens commun et leur ignorance tout aussi robuste, s'étonnent qu'on ne nomme pas, dans ces établissements, des maîtres confirmés, expérimentés et compétents. Mais, mon pauvre monsieur ou ma bonne dame, c'est qu'on ne peut pas!

Les dits maîtres confirmés et compétents sont déjà depuis 10, 15 ou 20 ans enseignants à Romorantin, à Menton ou à Quimper et ils n'ont aucune envie d'aller enseigner dans le 93 ou dans les quartiers Nord de Marseille. Or un professeur titulaire, certifié ou agrégé, est totalement inamovible ; il est évidemment impossible de le déplacer sans qu'il l'ait, au préalable, demandé lui-même, dans le cadre d'une mutation, demande qu'il se gardera bien en la circonstance, de formuler, comme vous vous en doutez !

Vous comprenez dès lors que le seul moment où le ministère de l'éducation nationale est libre de placer un enseignant à peu près où il veut est celui de sa première nomination. La direction du personnel de la Rue de Grenelle n'agit donc pas ainsi par perversité ou vice. C'est tout bêtement parce qu'on ne peut pas faire autrement qu'on envoie systématiquement dans ces postes difficiles de jeunes professeurs qui sont par définition sans expérience mais sont contraints d'accepter des postes dont nul ne veut !

Ils sont ensuite obligés d'y passer quelques années, car les mutations sont extrêmement difficiles à obtenir, même au-delà des deux premières années où elles ne peuvent être sollicitées. Il ne reste donc plus à ces jeunes enseignants qu'à faire contre mauvaise fortune bon cœur, à se faire porter malades ou à démissionner pour changer de métier.

On pourrait songer à changer ce statut mais alors gare aux syndicats!

Bien entendu nos journalistes, comme d'habitude, ne connaissent rien et ne comprennent rien aux sujets dont ils traitent. Il semble qu'une solution, dans le cadre du régime actuel, serait, non pas une prime minable, mais, par exemple, de doubler le salaire de professeurs, déjà pourvus d'une ancienneté suffisante et surtout dont les capacités auraient été dûment évaluées, s'ils acceptaient de se faire nommer dans ce type de poste. Dans ces conditions, on trouverait sans doute des candidats mais je ne pense pas que cette mesure soit envisagée sérieusement (Et encore et toujours gare aux syndicats!).

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