C'est la danse favorite de la politique budgétaire européenne depuis vingt ans.
Ils sont trop forts nos politiques et le plus grand de leur talent s'établit sur l'usage subtil qu'ils font de Bruxelles qui est tantôt une serpillière sur laquelle on s'essuie sans gêne les pieds, tantôt un croque-mitaine susceptible d'inspirer la plus grande terreur.
On nous bassine à nouveau avec les règles bruxelloises sur les déficits budgétaires et sur les maxima que ne pourront dépasser les dettes extérieures des Etats par rapport au PIB. C'était au fond l'accord qu'avait imposé Angela à Nicolas, ce dernier ("vi coactus" cher Succus, comme dans La tulipe noire de mon enfance) n'ayant pas manqué d'accompagner son acquiescement verbal d'alors d'une restriction mentale, éventuellement salvatrice. Dans la suite, Gretchen a accepté qu'on saupoudrât le bretzel d'une adoucissante croissance, mais le fond n'avait guère changé.
Le bon peuple avale tout ça et les politiques se prennent aux cheveux pour ces vaines questions, comme on le constate actuellement où un certain nombre de députés socialistes et/ou écologistes envisagent de refuser de voter le texte proposé par le gouvernement en ce sens.
Il est vrai qu'il y a beaucoup de nouveaux députés dans la majorité actuelle et que, par conséquent, ils doivent tout ignorer de l'histoire de ce feuilleton dont on célèbre, sans que nul ne se risque, à le signaler le 20e anniversaire puisque les premières règles de cet acabit ("de cet acabiTE" pour causer comme Mossieur Gaudin) figuraient dans le traité de Maastricht en 1992. C'était le fameux maximum de 3 % pour les déficits budgétaires dont on s'est moqué depuis à de nombreuses reprises, à commencer par le cynique duo Chirac-Schröder qui a même eu le culot d'annoncer officiellement qu'il ne tiendrait aucun compte de cette règle qui était plutôt de plomb que d'or.
Bref rappel d'une chronologie sommaire que je ne prends même pas la peine de vérifier faute de temps et de goût : 1992 traité de Maastricht, 1997 premières entorses officielles aux principes ainsi posés ; reprise du problème avec autant d'inefficacité en 2003 et en 2005 et nous voilà maintenant à l'épisode 2012.
En fait l'affaire se présente désormais un peu différemment, puisque la Banque Centrale Européenne a mis comme condition à son rachat éventuel de la dette de certains Etats, d'une part une demande EXPRESSE et OFFICIELLE de ces Etats (ce qui est bien normal car on ne va pas rembourser leurs dettes contre leur gré) et, d'autre part, l'acceptation par eux du contrôle effectif de leurs budget sur la base de ce nouveau traité. Il impliquera de fortes amendes, paraît-il, en cas de non-respect des principes acceptés. On veut bien le croire et on tremble d'avance !
Si j'ai bien suivi, la seule différence est que, désormais, pour que ces amendes puissent ne pas être payées, il faudra qu'une forte majorité, au sein du conseil des ministres, se prononce en faveur de cette mesure de clémence.
Un point me tarabuste dans tout ça. Précisément le rôle même du conseil des ministres dans ces affaires ; ils vont imposer des mesures de rétorsion à des Etats dont ils sont eux-mêmes les dirigeants et les représentants! A voir !
Va comprendre Charles !
Bref, je crains fort que nous soyons encore partis pour un tour, mais ce ne sera guère que la 4 ou 5e reprise d'un interminable cha-cha-cha ; par ailleurs, comment imposer les si fortes amendes dont on les menace à des Etats qui n'ont pas le premier sou pour les payer et qui donc, de ce fait, ne peuvent même pas emprunter pour ce faire, étant donné qu'on limite leur capacité d'emprunt à 60 % du PIB alors que plusieurs d'entre eux en sont déjà à 100% voire à 120 % ?
Somme toute et une fois de plus, de qui se moque-t-on ?
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