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jeudi 6 septembre 2012

JT, Détective ou Qui police ?

Sans revenir longuement sur un sujet que j'ai déjà évoqué, comment ne pas se demander jusqu'où tombera l'information audiovisuelle française?

Les bulletins d'information radiodiffusés comme les journaux télévisés s'apparentent désormaisà  des magazines que j'ai souvent vus aux vitrines des marchands de journaux et dont j'ignore même s'ils existent encore. Ils avaient pour titres Détective ou Qui police ? et s'ornaient d'illustrations de couvertures aux couleurs violentes qui représentaient les meurtres dont ils faisaient leurs choux gras.

En gros, les informations du matin s'ouvrent toutes sur le quadruple assassinat d'Annecy et la mort violente de deux ou trois truands qui, par extraordinaire, n'ont pas connu cette fin rapide dans la région marseillaise, habituellement spécialisée dans ce domaine. Peut-être les truands marseillais se sont-ils tenus à carreau, ayant été informés qu'une réunion interministérielle sur le cas de Marseille devait se tenir dans l'après-midi même à Matignon. Comme, quoi dès à présent, cette réunion officielle n'aura pas été inutile.

Le commentaire qui, dans la plupart des cas, accompagne le sujet vaut souvent son pesant de cacahuètes. Je passe sur le fait que le souhait de ménager l'intégrité de la "scène de crime" a conduit à laisser, huit heures durant, une gamine de quatre ans dans la voiture où se trouvaient les trois cadavres ; il a fallu attendre l'arrivée de la "police scientifique" venue de Choisy-le-Roi (je crois) pour que la gamine soit enfin découverte.

Sur cette affaire, la formule qu'on entend partout et sans cesse est la suivante (je vous jure que c'est vrai et vous l'avez sans doute entendue vous-même) : "La piste criminelle semble privilégiée". Fichtre ! Quel flair!

Conclusion digne de Sherlock Holmes ! On trouve trois cadavres dans une voiture fermée et criblée de balles avec, tout autour, des douilles sur le sol (14 nous précise-t-on, car rien n'échappe à nos limiers); on ne voit pas la trace d'une arme à proximité et, après intervention de la "police scientifique" qui a toutefois eu le mérite de retrouver la gamine restée enfermée dans la voiture, on en conclut qu'il y a tout lieu de penser qu'il s'agit là d'un crime.

Ils sont tout de même forts dans la police scientifique! Tous les policiers des séries américaines, qui servent désormais de modèles à nos activités policières, peuvent aller se rhabiller car ils mettent toujours 52 minutes (la durée d'un épisode dans ce genre de série) pour résoudre une énigme policière que nos propres policiers ont résolue en un clin d'oeil.

J'ai observé, je ne sais quand et dans je ne sais quelle émission documentaire de la télé que nos policiers scientifiques ont non seulement emprunté le vocabulaire américain (« la scène de crime"), mais également et surtout l'accoutrement vestimentaire ; ils sont même allés plus loin dans l'art du déguisement puisqu'ils portent, outre des combinaisons blanches intégrales, des cagoules avec, en plus, des masques. Ces deux derniers détails pittoresques sont évidemment refusés aux acteurs des séries américaines, car on ne paye pas à prix d'or tel acteur ou telle actrice pour dissimuler ensuite leurs binettes aux regards avec un semblable appareil.

Je vous signale, à tout hasard, que les événements de Syrie, de Lybie, de Tunisie et d'Egypte continuent, que la situation africaine est tendue en beaucoup de lieux, qu'Haïti va très mal, qu'à Madagascar les choses ne se passent pas très bien non plus et, enfin, que, dans quelques semaines, on va élire un président aux États-Unis.

Mais tout ceci n'est que roupie de sansonnet en regard des divers crimes dont on nous a régalés.

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