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jeudi 27 octobre 2011

Loin du blog...

Loin des yeux, loin du blog...
Perdu au fond des Ameriques (en plus face a un clavier anglais ou je ne trouve meme pas, non pas notre cher accent circonflexe, mais tout betemement les parentheses (planquees au dessus du 9 et du 0, avis aux amateurs)...ouf j`y suis arrive, j`ai entrepris de faire un blog mais je crois que je vais y renoncer devant l`ampleur de la tache (en plus voila que la tache devient la tache et que le point d`exclamation qus j`affectionne ne figure apparemmement pas sur les claviers anglosaxons, sans doute a cause du flegme legendaire des rosbifs.
Je crois que je vais craquer alors que sous mon nez, soudain muet, la Tunisie islamise, Hollande flambyse, Melanchon melanronchone, Eva nipponise, DSK sadomise, et Nicolas pouponnise...Arvi don comme on dit dans nos montagnes savoyardes.

mardi 18 octobre 2011

Immigration et langue française : Hydre de Lerne ou Shiva?

J'évoquais hier, dans mon post du jour, le Moloch de l'administration française, mais, dans l'ordre des métaphores mythologiques, voilà que mon sujet du jour m'amène à évoquer d'autres figures car on pourrait tout aussi bien faire sortir de son antre l'Hydre de Lerne, dont repoussaient sans cesse les multiples têtes coupées, mais également, en changeant de continent, invoquer Shiva aux quatre bras avec toutefois une nuance typiquement française dans la mesure où chacun de ses bras ne paraît jamais savoir ce que font ou ont fait les trois autres.

Tout ça est la faute de Marianne2.fr !

Je m'explique. Je ne lisais plus guère ce quotidien internet que sa direction est assez aimable pour m'adresser. En effet, on avait décidé de ne plus y admettre de commentaires. J'étais donc désormais obligé de ravaler ce que j'avais envie de dire à propos de l'un ou l'autre des articles et, de ce fait, je n'ai plus lu ce quotidien que d'un oeil très distrait.

Voici que le temps des commentaires y est revenu, mais en ce qui concerne l'article dont je vais parler aujourd'hui, ils ne sont guère meilleurs que le texte de l'article qui les suscite ("Par manque de moyens la naturalisation néglige l'apprentissage du français"). Le nom de l'auteur, à allure clairement malgache, pourrait pourtant en faire un témoin particulièrement intéressant sur la question de l'apprentissage du français par les étrangers, mais l'information générale sur le problème fait trop facilement place, dans ce texte, à la polémique.

L'auteur ironise sur "le nouveau dada de Claude Guéant" et ajoute l'idée qu'il lui prête selon laquelle, les étrangers, "tant les primo-arrivants que les postulants à la naturalisation [doivent] savoir parler français". Il précise que "le niveau exigé reste faible et [que] les dispositifs précédents ne sont pas pleinement opérationnels".

On connaît la pente naturelle de Marianne2.fr à l'anti-sarkozysme. Cependant, les critiques seraient d'autant plus efficaces qu'elles seraient mieux fondées, ce qui n'est pas le cas en la circonstance. Me réservant de traiter mieux et plus longuement ailleurs de ce problème important, je ne ferai ici que quelques remarques.

La première observation qu'on peut faire est que la plupart des pays européens ou même étrangers exigent, de la part des candidats à la naturalisation, une connaissance, en général minimale mais parfois plus étendue, de la langue et même parfois de la culture nationale.

Deuxième remarque. L'auteur de l'article qui observe que " les dispositifs précédents ne sont pas pleinement opérationnels" témoigne, par cette formule même que, non seulement il a une parfaite maîtrise de notre langue mais qu'il use avec talent d'une des figures majeures de notre rhétorique qui est la litote.

En effet, ce que notre auteur présente comme une lubie de Claude Guéant (un "dada") n'est, en fait, que la reprise, assez irréfléchie, fondée sur l'ignorance, d'un programme du Ministère le Culture mis en oeuvre, à partir de 2003 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (la DGLFLF). Le bras du Shiva administratif français qui règne sur l'Intérieur ignore manifestement ce que fait un autre bras qui a en main(s) la Culture ( je mets "main" au singulier, avec une prudente option pour le pluriel, faute de savoir si l'un ou l'autre des bras de notre Schiva possède aussi plusieurs mains!).

En France, les réflexions sur cette question ont commencé depuis près de dix ans sans autre résultat tangible(si l'on peut dire) qu'un ouvrage de J.C. Beacco, M. de Ferrari, G. Lhote et C. Tagliante intitulé Niveau A1.1 pour le français (Public adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés) Référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français, Didier, 236 pages, Paris, 2005.

Je ne parlerai pas ici du contenu même de ce livre et de la critique qu'on peut en faire, me bornant à en examiner les seules pages de couverture et de garde pour ne pas abuser de la patience de mes lecteurs.

Sans aller plus loin, on y observe d'abord que, si l'ouvrage porte le logo du Conseil de l'Europe (avec, au-dessous la mention "Division des politiques linguistiques, Strasbourg. Référentiel pour les langues nationales et régionales") , le livre est co-édité et probablement co-financé par la DGLFLF(ministère français de la culture et de la communication) et la direction de la population et des migrations (ministère français de l'emploi de la cohésion sociale et du logement, donc, en la circonstance, une troisième main de notre Shiva administratif).

Il semble y avoir d'ailleurs eu quelques problèmes dans cette coordination complexe européano-française. En effet, sur la couverture, le logo du conseil de l'Europe figure, au centre et en haut de la page tandis que, sur la page de garde, ce même logo a bizarrement glissé vers la droite, laissant, à sa gauche, un espace, curieusement vide quoique symétrique, dont tout donne à penser qu'il aurait dû être occupée par le logo d'une autre institution.

Tout cela est en tout cas moins important que le titre même de l'ouvrage qui comporte aussi quelques bizarreries : "A1.1 pour le français (Publics adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés) Référentiel et certification (DILF) pour les premiers acquis en français".
Sur la forme d'abord. En l'absence de ponctuation, on ne sait trop que penser des adjectifs qui suivent "publics adultes" et en particulier de "scolarisés" vs peu ou non scolarisés"). Si l'on voit bien que DILF est forgé sur le modèle DELF et DALF et que le niveau A1.1 indique qu'il s'agit là du premier degré du niveau A1, on ne peut que s'étonner de voir, sur certains points objectifs, les exigences de ce niveau A1.1 apparaître comme supérieures à celles du niveau A1 dpnt il est censé être la première marche!

Il semble un peu inutile de d'interroger sur ce genre de détails linguistiques tant on relève de faits qui démontrent que les auteurs du livre en cause semblent ignorer apparemment tout du mode et des conditions de vie des "adultes peu francophones, scolarisés, peu ou non scolarisés" que prétend viser pareille entreprise.

On peut certes s'interroger sur le contenu pédagogique de ce niveau A1.1 mais plus encore sur la mise en place du plan dans lequel il devait s'insérer pour s'achever dans le DILF. Je ne peux pas aborder ici le détail ni le contenu de ces niveaux du fameux Cadre européen commun de référence pour les langues (la poule aux oeufs d'or des didacticiens assez habiles pour s'y faufiler); j'observe néanmoins que, dans l'entreprise commencée dans les années 2003-2004, le choix de ce niveau A1.1 uniquement oral, qui impliquait une durée d'enseignement comprise entre 200 et 500 heures et devait être organisé et financé par un Fonds d'actions et de soutien à l'intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) n'a assurément pas donné les résultats qu'on pouvait espérer ; le DILF a sombré corps et biens avec lui au point que tout cela est totalement oublié de tous, même du ministre désormais compétent (la quatrième main de Shiva).

Ce qui est sûr en tout cas est qu'on était, à cette époque et avec plus de moyens au moins sur le papier, porteur d'une ambition bien moindre que celle de M. Claude Guéant qui viserait désormais le niveau B1 (supérieur à celui de la majorité des instituteurs de l'espace francophone du Sud qui sont plutôt à A2!) alors que, en 2003-2004, on ne pensait qu'à un niveau A1.1 qui n'était qu'une première étape de A1. On a donc, pour conclure le sentiment que notre administration ne sait pas toujours très exactement de quoi elle parle et ce qu'elle veut.

Notre Shiva administratif, pour le coup perplexe, occuperait-il une cinquième main, cachée celle-ci, à se gratter l'occiput ?

lundi 17 octobre 2011

Le Moloch administratif français.

En commençant à écrire ce post j'hésite encore entre deux titres, l'un, « le Moloch administratif français », traduit le désarroi voire l'horreur de l'administré devant le caractère souvent monstrueux de notre administration, l'autre qui, avec plus de légèreté voire d'humour, verrait dans notre machine administrative la fille du Père Soupe et de la Mère Ubu et qui en soulignerait plutôt la dérisoire et grotesque complexité.

Ce matin, en effet, comme je me préparais à faire un chèque pour régler la taxe d'habitation de mon domicile, je ne sais quel diable de la modernité me poussant, j'ai constaté que je pouvais payer par Internet sur "impots.gouv.fr. Inspiration funeste à laquelle je me suis laissé aller au mépris de l'orthographe de notre belle langue. Comme vous le savez en effet, les si originaux signes diacritiques qui en sont l'ornement et que le monde nous envie depuis des siècles (comme, en la circonstance, ce cher accent circonflexe qui orne si joliment le mot "impôt") sont refusés par nos ordinateurs, ce qui fait parfois problème quand on cède, si peu que ce soit, à l'inadvertance.

Bannissant le circonflexe, je suis arrivé, sans trop de mal, sur le site en cause. Ce premier triomphe a marqué, je l'avoue, la fin de la facilitation administrative de la démarche, car, dans les services fiscaux informatisés, comme dans la Rome antique, le Capitole du triomphe débouche directement sur la Roche tarpéienne de la catastrophe. En effet, la première chose qui m'a été demandée dans le site a été de m'identifier ce qui paraît tout à fait normal. Toutefois il me paraît d'une méfiance un peu excessive (des fois qu'un imposteur voudrait payer mes impôts à ma place?) de le faire à l'aide de trois indications codées dont chacune me paraît suffisante seule quand surtout quand elle s'ajoute à mon nom de famille.

La première demande est celle du numéro fiscal ; soit ! Cela ne pose pas de problème puisque ce numéro figure à peu près sur tous les avis d'imposition. Avec la seconde exigence les choses se corsent car il s'agit cette fois du numéro de "télé-déclarant" dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Les choses commencent à se compliquer car ledit numéro de télé-déclarant ne figure pas sur l'avis d'imposition des taxes foncières de 2011 qui était le point de départ de ma démarche (La chose serait trop simple sans doute). Y figure en revanche un mystérieux numéro FIP (de 18 chiffres s'il vous plaît) qui, lui, ne paraît intéresser personne !

Pour trouver ce numéro de télé-déclarant, il suffit de se reporter à la déclaration de revenus de l'année précédente (que vous n'avez naturellement pas sous la main) où il figure, vous précise-t-on, en haut et à gauche de la dite déclaration. Recherche de l'avis d'imposition 2010, sans trop de mal car mes papiers administratifs sont à peu près classés. Je recopie donc avec soin le numéro qui figure à gauche de la déclaration et que je vous donne ici pour témoigner de ma bonne foi : 110 135.

Troisième exigence : celle du montant précis de mon revenu imposable de l'année précédente et qui naturellement ne figure pas sur de déclaration de revenus que je venais d'aller chercher, mais sur l'avis d'imposition 2010, qui est naturellement un troisième document, différent des deux précédents.

Le Père Soupe ne pourrait-il pas nous faciliter un peu la vie en nous demandant trois indications chiffrées qui figureraient toutes sur le même avis? Vous comprenez aisément que ce serait trop simple ; la loi de l'emmerdement maximum du citoyen exige qu'il aille chercher les trois indications qu'on exige de qui veut payer par Internet son impôt et cela sur trois documents différents. Mais les choses ne s'arrêtent pas là et c'est ici que la Mère Ubu intervient pour contrarier les exigences du Père Soupe. Car en effet, sur la déclaration de revenus de l'année précédente figure bien, en haut et à gauche, un numéro que j'ai scrupuleusement relevé suivant les indications de l'ordinateur. Le problème est que la machine me l'a refusé, m'obligeant à retourner une nouvelle fois à ma déclaration de revenus de 2010 pour découvrir que le numéro de « télé déclarant" n'est NULLEMENT celui qui est en haut et à gauche (vous pouvez aller vérifier sur votre propre déclaration) mais se trouve à la DOUZIEME LIGNE de l'imprimé (je les ai comptées) et donc presque au milieu de la feuille bien plutôt qu'en haut et à gauche et cela d'autant qu'il fait suite à deux numéros de 14 chiffres ou lettres chacun !

Nous ne trouvons, une fois de plus, en face d'un problème de ce que j'appelle, à la suite de mon ami Claude Vogel, la "sémiotique industrielle". Il est en effet clair que la plupart des gens qui conçoivent des imprimés, des sites ou plus largement encore documents donnant des indications d'usage (mode d'emploi d'un appareil, etc.) ou des itinéraires de déviation sur les routes, ignorent tout de la chose. Ils pourraient pourtant tester très facilement leurs produits à cet égard.

A cette fin, ils pourraient en effet,se livrer à un exercice extrêmement simple et rapide de vérification de la clarté et de la pertinence de leurs indications. Le voici pour leur instruction personnelle et en ayant soin de donner à l'expérience un caractère coercitif qui serait, à mon avis, du plus heureux effet pour la suite.

Prenons le cas de l'indication d'un itinéraire routier, en cas de déviation par exemple. Il suffit de mettre au volant d'une voiture l'utilisateur lambda pour tester aisément la validité et la pertinence des indications. On place à côté de lui le concepteur responsable de la signalisation. Est assis à l'arrière un témoin patenté dont le seul rôle sera d'asséner un solide coup de bâton sur la tête du voisin du conducteur (donc le responsable du guidage) toutes les fois que le chauffeur commettra une erreur ou sera simplement dans l'hésitation sur la route à suivre. Il est certain que, dans la suite, le souvenir de cette expérience incitera le rédacteur à plus de réflexion et à plus de soin dans l'élaboration des schémas explicatifs qu'il aura à fournir.

Je ne compte même plus les cas où dans des sites comme dans des formulaires ou questionnaires qu'on nous donne à « renseigner » (je suis aussi exaspéré par l'usage stupidement fautif, dans tous nos documents administratifs, de ce pauvre verbe "renseigner", car on renseigne une personne et non par un questionnaire que l'on se bornait naguère encore à remplir). J'ai reçu encore ce matin, de la compagnie Air France, en vue d'un prochain voyage, un questionnaire que je devais bien entendu « renseigner » et dans lequel des indications fausses (dont, en particulier, mon numéro de téléphone) étaient impossibles à corriger, quoiqu'on me demandât expressément de le faire. Là encore l'épreuve du gourdin aurait sans doute incité l'auteur de cette notice aberrante à vérifier la réelle possibilité de la mettre en oeuvre.

Dois-je préciser que je suis volontaire pour le maniement du gourdin éducatif?

Et dire qu'on les paye pour faire ça !

Du journalisme en France comme l'un des beaux-arts.

Vous avez dû remarquer depuis longtemps à quel point les journalistes français m'insupportent ; je tente de m'en accommoder, mais leur servilité permanente qu'ils associent généralement à un total analphabétisme et à une ignorance encyclopédique, surtout dans la presse audiovisuelle, finissent toujours par me porter sur les nerfs et le moindre incident ranime alors mon animosité.

Je finis par croire que les radios et parfois même la télévision ont des épreuves d'inculture dans le recrutement de leur personnel. J'entendais, il y a peu, un journaliste de médias radiophoniques s'imaginer atteindre au micro le comble de l'élégance linguistique, en évoquant, au lieu des "femmes", « la gente féminine »(naturellement pour " la gent féminine"). Cette cuistrerie, aussi stupide que barbare, est hélas répandue dans nos médias. Tout à l'heure, un exemple sur RMC, radio peu fréquentable au demeurant. Toutefois, le fait de se prétendre « journaliste sportif » ne dispense en rien d'avoir de notre langue une connaissance minimale, même si les vedettes de la "Dream Team" de cette radio nous donnent hélas quotidiennement la preuve du contraire. On ne peut demander toutefois à un ex-footballeur natif des Minguettes, si bavard qu'il soit, ou à un ex-pilier qui, de toute évidence, a reçu beaucoup de coups sur la tête, d'avoir en français le niveau de français d'un élève de CM2.

Vers 17 heures donc sur RMC, je "journaliste" qui officiait, voulant évoquer les paris sportifs qui sont désormais le scandaleux pain quotidien de tous ces gens, évoquait les "côtes" de ces paris (en prononçant le mot comme quand il s'agit de celles du Rhône, du mouton ou du porc), ignorant naturellement la distinction, pourtant fort utile, avec les "cotes" (des parieurs ou des graphiques selon les cas)!

Il faut dire que cette petite contrariété linguistique venait après que j'aie, en début d'après-midi, écouté M. Bertrand, ministre du travail, se faire interviewer par Anne-Sophie Lapix sur Canal +. À la vue de cette charmante créature, je me suis dit, sur l'air de "Pour un flirt", rengaine de Michel Delpech qu'on a connu mieux inspiré. Je fredonnerais volontiers au ministre, en lieu et place de Mme Lapix et en changeant à peine les paroles :
"Pour une heure avec toi
Je ferais n'importe quoi
Pour une heure avec toi
Je serais prêt à tout
Pour un simple rendez-vous
Pour une télé avec toi"

La seule condition que je pose est que cette heure se passe dans le cadre de cette émission et que j'aie en face de moi M. Bertrand ou quelque autre ministre du même acabit.

La stratégie professionnelle de Mme Lapix qui, assurément ne serait pas la mienne, est très simple ; elle aborde souvent des sujets intéressants et pose même parfois des questions pertinentes ; en revanche, elle se satisfait toujours, avec la plus grande docilité, de réponses dilatoires ou, plus souvent encore, à côté de la plaque. Ainsi, dans le cas présent, il était question d'un grand hôpital pour la banlieue Sud de Paris, construit dans le cadre d'un accord Etat-Privé, qui, au bout de quatre ans, va coûter à peu près un demi milliard d'euros de plus que le devis initial. Le pire est que le bâtiment neuf présente tant de dysfonctionnements de toute nature qu'on ne peut pas envisager de le mettre en service!

Je passe sur le détail mais "le sujet" introductif, en images, était excellent. On y voyait au départ M. Bertrand lui-même, alors ministre des affaires sociales, et Mme Bachelot présenter avec enthousiasme cette opération réalisée par convention entre l'État et une société privée ; on passait ensuite, quatre ans plus tard, à l'état actuel du projet, avec de gigantesques dépassements de crédits et surtout un hôpital que ces dysfonctionnements graves et multiples rendent inutilisable.

Personne naturellement n'est responsable et tous les politiques, Messieurs Bertrand et Valls en tête, jouent maintenant tous les vierges effarouchées, refusant toute responsabilité dans une affaire qu'on les a vus couvrir de fleurs. Notre administration elle-même est sans doute pour quelque chose dans ce fiasco, puisque, dans cette période, cet hôpital (qui, faut-il le préciser, d'existait pas encore!) n'a pas eu moins de six directeurs et que leurs caprices successifs ont sans doute contribué à alourdir la facture.

M. Bertrand refuse toute responsabilité dans ce fiasco, comme dans tous les problèmes que Madame Lapix a pu évoquer avec lui dans cette émission et qui ne concourrent pas, de façon évidente, à sa gloire éternelle et probablement à l'évidence de sa future candidature à l'élection présidentielle en 2017.

La stratégie de servilité de Mme Lapix. est toujours la même et il en est de même pour tout problème qu'elle évoque, qu'il s'agisse des banques ou de l'hôpital. Une fois la bonne question posée, sa conscience professionnelle étant par là-même satisfaite, elle devient aussitôt des plus accommodantes. Le ministre peut alors peut alors se défiler, en invoquant toujours son sentiment personnel et intime, évidemment opposé aux dysfonctionnements voire au désastre constatés.

La journaliste ne songe jamais alors à lui poser une question très simple qu'on peut formuler ainsi : "Mais, M. le ministre, si vous n'étiez pas d'accord avec ce qui était fait, pourquoi ne l'avez-vous pas dit haut et clair et pourquoi, faute d'être écouté et suivi, n'avez-vous pas démissionné sur-le-champ?".

Je pense en effet que la fameuse formule qu'avait proposée, en son temps, Jean-Pierre Chevènement "Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne" n'est pas la bonne. La vraie bonne formule et le seul comportement digne, est en effet " Un ministre, s'il n'est pas d'accord, ne ferme pas sa gueule; il l'ouvre au contraire, grand et fort et il démissionne de façon à expliquer à tous la cause et le sens sa démission". La restriction mentale, c'est, depuis le Grand Siècle, le truc des Jésuites pas des ministres!

samedi 15 octobre 2011

"Qu'elle était verte ma vallée..."

Comment ne pas aller voir ce matin la demi-finale de la Coupe du monde de rugby entre la France et le Pays de Galles.?Ce n'est pas que les Français se soient montrés très enthousiasmants dans les matchs précédents, même dans le quart de finale contre l'Angleterre ! Il faut tout le chauvinisme extraordinaire des commentateurs français et, pour certains, leur ignorance du jeu pour s'extasier devant ce match où les Anglais ont été assez médiocres à l'image du beau Jonny Wilkinson qu'on a rarement vu si peu inspiré ou en tout cas peu heureux.

En fait j'irai voir le Pays de Galles jouer en souvenir d'une des lectures favorites de mon enfance. Comme le laisse à penser le titre de ce post, il s'agit du roman de Richard Llewellyn (dont l'orthographe même du patronyme est, à elle seule, tout un programme !) Qu'elle était verte ma vallée. L'action se situe dans le Sud du Pays de Galles, au rude pays des mineurs où l'on est plus qu'ailleurs peut-être, passionné de rugby. Un des personnages, joueur de rugby lui-même, nommé Cythfartha Lewis est réputé dans le pays pour sa science de ce jeu. Une phrase du roman qui l'évoque est restée dans ma mémoire depuis cette époque. Au moment où un adversaire tente de lui faire une feinte dans le jeu, l'auteur observe que « vouloir faire un crochet à Cythfartha Lewis, c'était comme vouloir vendre du poison à un Borgia »!

Je ne parle donc pas encore de ce match puisqu'il ne commencera que dans une bonne demi-heure. Faute de pouvoir parler de rugby puisque le match n'a pas encore commencé, je vous dirai donc, en attendant, un mot de football pour souligner là aussi l'incompétence et la mauvaise foi de nos commentateurs sportifs.

À peu près personne, sauf dans une brève allusion matinale, le lendemain du match, n'a jugé bon de souligner que, dans le match de qualification de la Coupe d'Europe de football, la France avait une fois de plus volé sa place. On avait déjà eu, lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, une qualification des plus discutables puisque elle avait été obtenue par Thierry Henri sur une main décisive à proximité des buts, cette main ayant permis à un coéquipier de marquer le but qualificateur. L'équipe de France, cette fois, a fait mieux en quelque sorte pour se qualifier en Coupe d'Europe. En effet Samir Nasri a carrément volé la qualification en obtenant un penalty non seulement tout à fait immérité mais parfaitement frauduleux. Lors d'un contact avec un défenseur bosniaque, alors que ce dernier lui tournait déjà le dos et ne le touchait même pas, il a de l'extérieur de la surface de réparation, plongé à l'intérieur de celle-ci et ainsi obtenu un penalty. Ce qui devait lui valoir un carton jaune pour simulation manifeste a permis à l'équipe de France de se qualifier, puisqu'il a lui-même marqué le but à la suite du penalty qu'il avait si scandaleusement obtenu. Le pire est que le lendemain, tous les journaux télévisés et toutes les émissions ont montré et remontré Samir Nasri marquant le but à la suite de ce penalty mais se sont bien gardés de montrer le ralenti des circonstances dans lesquelles il avait si scandaleusement obtenu ce penalty.

Est-ce si grave après tout ? Il doit y avoir un bon dieu du football qui veille sur tout cela puisqu'on sait comment s'est terminée pour l'équipe de France, qui n'aurait jamais dû être qualifiée pour l'Afrique du Sud, la mascarade de cette Coupe du monde. Espérons pour la justice sportive qu'il en sera de même en Pologne pour la France dans la Coupe d'Europe de football l'année prochaine.

Ce matin le Bon dieu du rugby a dû faire la grasse matinée car il a laissé les Gallois se battre eux-mêmes. Réduits à 14 sur une décision arbitrale trop sévère (le jaune aurait suffi à sanctionner un plaquage un peu dangereux), les Gallois ont été battus d'un petit point après avoir perdu trois touches et surtout manqué trois drops et quatre pénalités (dont une à moins de 40 mètres face aux poteaux!). Une médiocre réussite de 50% , minimale à ce niveau,(au lieu des 12% qu'ils ont eus) les faisait gagner de 10 points. Cela n'empêchera pas toutefois nos médias de pousser des cocoricos durant une semaine.

vendredi 14 octobre 2011

Pauvre littérature française!

En écrivant le titre de ce blog, j'en perçois aussitôt le caractère inadéquat. Je devrais plutôt dire en effet « Pauvre édition française. » car la littérature, fort heureusement n'est pas en cause ici comme on va le voir !

Il y a toujours eu un considérable écart entre la littérature et l'édition, surtout en France, et il n'a fait que croître durant les dernières décennies. Il serait facile d'en multiplier les exemples ; chacun sait bien qu'un roman écrit ou en tout cas "signé" par Zinedine Zidane (naturellement rédigé par un nègre) serait accepté immédiatement par les éditeurs français qui se disputeraient même l'honneur et le privilège de le publier. On a eu une preuve amusante de la chose quand, suite à la publication d'un roman par Claire Chazal, des farceurs se sont amusés à le reproduire intégralement en n'en changeant que le titre et les noms des personnages, avant de se voir refuser le tapuscrit par des éditeurs qui ne s'aperçurent d'ailleurs en aucune façon de la supercherie. C'est, en matière littéraire mais avec moins de succès, une facétie du genre de celle qu'avait imaginée Roland Dorgelès faisant exposer, sous le nom de Boronali (anagramme insoupçonnée d'Aliboron) un tableau "Coucher de soleil sur l'Adriatique" qu'il avait fait peindre par un âne avec sa queue.

La publication du livre de Tristane Banon (que j'entendais présenter ce matin comme une "écrivaine" et non comme une journaliste) confirme l'abîme qui existe entre l'édition et la littérature tout en jetant aussi une ombre fâcheuse sur la décision de cette jeune femme de porter plainte contre DSK. Ce qui pouvait apparaître comme une prise de décision tardive suite à l'agression dont elle se dit victime, n'est donc, en fait, qu'une simple opération commerciale de lancement d'un livre qui, sans cela, serait sans doute passé totalement inaperçu. Merci DSK !

Il faut dire que les médias y sont aussi pour beaucoup, surtout lorsque, dans des émissions non littéraires, l'un ou l'autre des chroniqueurs s'avise de dire quelques mots sur un livre ; je ne pense pas ici, je le répète, aux émissions spécialisées dont les responsables sont infiniment plus sérieux et lisent les livres mais ont aussi, du fait de leurs relations particulières avec les éditeurs, des motivations différentes. Ce matin encore, le hasard, toujours malicieux, m'a fait entendre Valéry Giscard d'Estaing interviewé par Nigaud Aliagas (sur Europe 1 dans l'émission du matin).

Les choses ont bien commencé, puisque une fois les salutations échangées, Nigaud a d'emblée attaqué par une erreur sur le titre même du livre, ce qui montre bien que non seulement, comme la suite le montre, il n'avait pas lu le livre mais n'en n'avait même pas regardé la couverture. Il a en effet dit, en commençant, que le roman s'intitulait "Mathilde", obligeant l'auteur à intervenir pour signaler que le vrai titre est Mathilda ; la chose est sans importance mais tout à fait significative.

L'entretien a continué sur le même mode puisque la remarque suivante de Nigaud Aliagas a été que ce roman mettait en scène un vieux notaire, détail que Valéry Giscard d'Estaing a aussitôt corrigé, à nouveau, en soulignant que le notaire en question est en fait jeune (35 ans) !

Avec une ruse que connaissent tous ceux qui sont amenés à faire croire qu'ils ont lu des textes alors qu'ils ne l'ont pas fait, après ses deux bourdes liminaires, Nigaud Aliagas, sans avoir lu le reste, a cité et commenté une page précise (la page 68), choisie au hasard on l'espère, où il avait relevé la phrase suivante "Il n'avait pas dit un mot de tendresse avant de la violer ». Passons sur la platitude de l'écriture! Un mot d'explication est toutefois nécessaire ici le roman se passant en Namibie ; l'épisode central en est le viol de Matilda, une blanche, par un ouvrier noir de sa plantation. La phrase citée elle-même est sans le moindre intérêt (en Afrique ou ailleurs, il est très rare qu'un viol s'inscrive dans une relation de tendresse) mais elle le devient, dès que l'on sait qu'elle témoigne, selon Valéry Giscard d'Estaing lui-même, de son intérêt nouveau pour la psychologie africaine !

Au fait, j'y pense soudain, Valéry Giscard d'Estaing n'est-il pas membre de l'Académie française ? À mon avis il devrait suivre le conseil de Boileau : "Imite de Conrart le silence prudent !".

jeudi 13 octobre 2011

Règlement de comptes à OK France 2

Comme vous vous en doutez je n'ai pas regardé mercredi 12 octobre 2011 au soir le grand débat des primaires socialistes entre Martine et François (zut! J'ai oublié de tirer au sort l'ordre des prénoms!). J'ai néanmoins zappé, à deux reprises sur l'émission et, par chance, je crois en avoir vu les deux moments essentiels.

Pour les personnages eux-mêmes je résume.

Martin était égale à elle-même. Massive, hommasse et sans recherche, jouant manifestement la carte de la femme forte et en tout cas pas "molle" ! François lui ressemblait souvent l'image qu'en donne sa marionnette des Guignols de l'Info.Je vais y venir.

À cet égard je m'interroge sur le rôle et le poids des cadreurs et des réalisateurs qui choisissaient les images parmi celles que leur proposent les diverses caméras, surtout dans un direct. Non sans intelligence et talent, quand l'un des deux personnages s'exprime, et en particulier quand il distille une vacherie sur son adversaire, ils ont toujours l'astuce de nous montrer, en un plan de coupe fugace, la tronche de l'autre. À cet égard c'est sur ce plan que les deux protagonistes ont paru se distinguer le plus. Quand Martine susurrait quelque vacherie à l'égard de François du genre « personnalité molle, » (elle-même a molli devant la référence à la mollesse d'une partie plus intime de l'anatomie de François, comme, semble-t-il, elle l'avait fait en d'autres circonstances... suivez mon regard si j'ose dire...). François Hollande optait alors pour le sourire entendu mais un peu gêné et nigaud. C'est ce qui, à ce moment-là, le faisait ressembler à sa marionnette des Guignols, puisqu'il découvrait alors sa petite denture éclatante ravalée par son dentiste en vue de la campagne présidentielle. Ce n'est pas assurément la meilleure image qu'il puisse donner de lui à ses électeurs potentiels.

En revanche, quand, réponse du berger à la bergère, François Hollande évoquait le congrès à Reims, sans oser toutefois aller jusqu'à parler du trucage des élections au poste de Premier Secrétaire, Martine Aubry, filmée un instant dans sa réaction immédiate, faisait la gueule et même esquissait carrément une moue désapprobatrice, scandalisée voire contestataire de telles insinuations.

En somme, la forme dans toute cette affaire comptait beaucoup plus que le fond puisque, de toute façon, comme disait le bon père Pasqua « les promesses électorales n'engagent que ceux qui ont les croient ». Pour prendre un seul exemple, l'un et l'autre se sont accordés à dire qu'il fallait, en une année, la première, réduire de 1,3 ou 1,6 % (je ne sais plus et on s'en fout puisque la chose est sans importance ») l'impasse budgétaire pour ramener le déficit à 3 %, mais ils se sont abstenus de chiffrer le pourcentage en milliards et surtout de dire comment on allait s'y prendre en fait, chiffres en mains, pour opérer cette réduction. Nul en outre n'a rappelé que ce chiffre de 3 % était celui sur lequel la France s'était engagée, vis-à-vis de l'Union européenne depuis fort longtemps, mais qu'aucun des gouvernements antérieurs, ni de droite ni de gauche, n'avait jamais respecté, n' hésitant pas à truquer les comptes, avec toutefois un peu moins d'impudence que les Grecs.

Si j'avais été un peu plus patient et moins certain de ce qui allait se dire, j'aurais regardé dans son ensemble l'émission car il y a sans doute eu de bons moments de ruses politiciennes comme d'art dramatique. Les ficelles sont toutefois un peu grosses. Martine nous a évidemment ressassé, par comparaison avec elle, que son adversaire n'avait aucune expérience de gouvernement ; elle n'a cessé de nous rappeler (au moins trois fois dans la période très brève que j'ai vue) qu'elle avait été chez Péchiney (au PS!) et ministre et même un ministre important (numéro deux de Jospin!). Elle s'est toutefois bien gardée de rappeler le grand oeuvre de son ministère c'est-à-dire les 35 heures. Le bilan en est nuancé et surtout le vrai père de cette réforme est DSK dont elle s'est abstenue d'évoquer la fâcheuse mémoire.

Le plus drôle a été l'affaire du poste de Premier Secrétaire du parti socialiste. Martine Aubry, qui en a parlé la première, n'a pas manqué de rappeler qu'elle avait trouvé le parti socialiste, sinon en ruines du moins en friche et qu'elle avait dû passer trois ans à le remettre sur les rails. Elle n'a pas jugé bon toutefois de rappeler les magouilles grâce auxquelles elle s'était fait élire par son ami Guerini, on sait comment, à ce poste de Premier Secrétaire. Arrivant après elle, François, un peu embarrassé par cette mise en cause, a choisi de jouer le nigaud des Guignols et de rappeler simplement, montrant des nerfs d'acier, que, pendant 13 ans comme porte-parole d'abord puis comme Premier Secrétaire, il avait gouverné, au milieu des écueils et avec le plus grand succès, le parti socialiste. À mourir de rire ! Feydau ou Labiche ?

Je ne sais pas qui est sorti vainqueur (s'il y en a un) de cette comédie. De toute façon, chacun sait bien que, même dans l'hypothèse où l'un des deux serait Président de la République, rien ne se passera comme ils ont annoncé que cela allait se faire.

mercredi 12 octobre 2011

Ouf !

Retour au bercail après une nouvelle escapade aéronautique, une de plus en attendant les autres avant la fin de l'année 2011. Une petite semaine au Niger où j'ai réussi par miracle à éviter les filets d'Al Qaida au Maghreb Islamique.

Je n'étais pas allé à Niamey depuis très longtemps. Le Niger y coule toujours aussi majestueusement et la ville détient toujours, pour l'Afrique et sans doute le monde, le record quotidien en matière de température (en moyenne ces derniers jours 39°!). Je n'ai guère vu de changement majeur sinon la disparition, dans les rues de la ville, des chameaux qui en faisait le charme exotique. Il y a désormais trop de voitures pour que chameaux et automobiles puissent coexister sans risques (pour les secondes surtout!).

A mon retour, j'ai appris avec soulagement que Malte, avant-dernier Etat de la zone euro à se prononcer sur la question, avait accepté le principe de la mise en place d'un euro-fonds de garantie. Une des beautés de l'Union européenne est qu'un État aussi important que Malte peut bloquer le fonctionnement des institutions européennes, vu cette absurde règle de l'unanimité. Quelques esprits, naïfs mais pleins de bon sens, se demandent pourquoi on ne supprime pas cette règle absurde. Mais réfléchissez une seconde, croyez-vous que Malte sera d'accord pour se faire hara-kiri et perdre le strapontin qu'on lui accorde et qui lui rapporte un maximum de fric et de considération?

Je suppose en effet qu'en la circonstance, comme en d'autres auparavant, Malte a négocié son accord contre quelques subventions, c'est-à-dire, en d'autres termes plus clairs, a vendu son approbation de la proposition. Hélas, j'apprends ce matin que la Slovaquie renâcle ; il va falloir, comme elle est le dernier Etat à se prononcer, ajouter un zéro au chèque prévu.

Encore ne devons-nous pas trop nous plaindre puisque les Maltais, comme les Irlandais, ont renoncé à ce que leur langue (Oui! Oui! Ca existe le maltais et c'est même un vrai symbole méditerranéen, puisque c'est une sorte de sabir italo-arabe) soit systématiquement interprétée et traduite dans les instances européennes, comme le prévoit une autre règle aussi absurde que celle de l'unanimité. Merci les Maltais ! Encore un petit chèque à la clé, car, en plus, Malte était un peu la plaque tournante du grand projet de Guaino qui a pris un gros rhume lors du printemps arabe.

Côté primaire socialiste, on n'entend et ne voit plus dans les medias qu'Arnaud Montebourg, drivé (je n'ose dire "monté" par Audrey Pulvar). Le pauvre devra choisir (volens nolens) entre la peste (François Hollande) et le choléra (Martine Aubry) ; il est en aussi mauvais termes avec le premier qu'il a défini naguère, en 2007, comme "le plus gros défaut de Ségolène Royal" quand celle-ci planait dans les sondages au lieu de verser des larmes sur ses résultats de 2011, qu'avec la seconde, avec laquelle il a rompu quelques lances marseillaises lors de l'affaire Guerini. Risquons, pour la belle Audrey, une image créole (hélas réunionnaise et non martiniquaise), son cher Arnaud est "koman sat dans larozwar" (= comme un chat dans un arrosoir), ce qui se dit d'une personne placée dans une situation d'où elle ne sait comment sortir.

En tout cas, si le futur président de la République est socialiste, quel que soit le rôle de Montebourg dans son élection, il ou elle lui devra son élection et sera contraint sans doute d'en faire son Premier Ministre avec le même enthousiasme qui fut autrefois celui de Mitterrand en proposant cette fonction à Michel Rocard.

J'avais en tête, médités dans mes insomnies célestes, quelques projets de blogs, à propos du Brésil surtout. Toutefois, il en est de même pour les impressions et les souvenirs que pour les clous, l'un chasse l'autre !

lundi 3 octobre 2011

"Si tu vas à Rio..."

"Si tu vas à Rio
N'oublie pas de monter là-haut
[...] Et tu verras grimpant le long des collines
Des filles à la taille fine
Avancer à petits pas..."
Mais qui se souvient encore de la rengaine de Dario Moreno? En tout cas, les cariocas à la taille fine ne sont plus ce qu'elles étaient et l'obésité menace désormais le Brésil. J'en veux pour preuve moins les baigneuses de Copacabana (je n'en ai pas vu pour n'avoir parcouru Copacabana qu'en voiture grâce à l'aimable complaisance de mon ami Pierre) que les publicités de la télévision que j'ai beaucoup regardée, sans toutefois l'écouter faute de comprendre un seul mot de portugais.
J'aime assez l'approche télé-ethnologique que je pratique souvent car je crois que le simple spectacle des télévisions donne beaucoup d'informations sur les publics auxquels on les destine vu les méthodes et les ruses des producteurs.

Au Brésil trois thèmes télévisuels essentiels ont retenu mon attention, souvent nocturne, car désormais, ici comme ailleurs, les spectacles de la télévision sont quasiment ininterrompus, jour et nuit, souvent en boucle pour meubler sans trop de frais.

Le premier est celui du football qui sur plusieurs chaînes offre à peu près en permanence des matchs inlassablement rediffusés. Toutefois l'évocation du monde de football au Brésil est, pour moi, moins celle de la télévision que celle des trajets que j'ai pu y accomplir (toujours avec mon ami Pierre) dans Rio de Janeiro même. Comment ne pas être sensible à la poésie footballistique quand on voit successivement sur les panneaux indicateurs de la ville Flamengo, Fluminense, Botafogo, Maracana, etc. Tous les commentateurs de toutes les télévisions du monde se sont mis désormais à la mode brésilienne et tout but marqué par l'une ou l'autre équipe est salué d'un "go-al-al-al-al-al..." prolongé ; il paraît qu'il y a même dans le Guinness Book, une rubrique spéciale pour le "goal-al-al-al..." braillé le plus longtemps possible ; je ne suis malheureusement pas en état de vous donner ni le titulaire de ce record ni la durée précise de sa vocifération.

Le deuxième thème télévisuel important est celui, parallèle mais non conjoint, de la beauté et de l'obésité. On sait que le Brésil est le paradis de la chirurgie esthétique mais pour une clientèle plus modeste, des télés proposent une multitude d'instruments et de produits permettant de sculpter son corps de la façon la plus avantageuse ; cela va des machines les plus compliquées, dont les unes ne sont que des variantes un peu améliorées des instruments qui meublent les salles de musculation françaises, à d'autres, à la pointe du progrès, qui sont des innovations plus particulières et d'usage moins pénible, comme une sorte de plaque vibrante où il suffit de se tenir debout mais dont je ne suis pas sûr qu'elle contribue à vous donner une musculature imposante et la tablette de chocolat abdominale dont rêvent tous les hommes. Ces émissions sont plutôt attrayantes car elles sont peuplées d'éphèbes bronzés et musclés et de cariocas qui, elles, ont effectivement la taille fine de la chanson. Pour les fainéantes tricheuses, on propose même des gaines qui non seulement vous amincissent mais vous sculptent, au moins en apparence, le bas du dos. Les mauvaises langues ont même supposé que les fesses de Pippa Middleton, qui ont fait l'admiration de tous les médias du monde, n'étaient peut-être pas si naturelles qu'on avait pu le croire mais sculptées et mises en relief par l'une ou l'autre de ces gaines qui font de la croupe la plus plate celle d'une Vénus callipyge voire hottentote!

En revanche les publicités de lutte contre l'obésité sont effrayantes car elles sont toujours fondées sur le diptyque « avant et après » dont la première partie au moins n'est guère susceptible d'exciter les convoitises que de quelques pervers adipomanes. Ces innombrables spots vous promettent monts et merveilles, depuis le produit-miracle qui vous fera perdre 15 à 20 cm de tour de taille en un mois (photos du tas de graisse à l'appui) jusqu'aux crèmes amaigrissantes, dont les résultats ne sont pas attestés mais généralement les ambitions un peu plus modestes.

Toutefois ce qui m'a le plus amusé a été le troisième genre d'émissions télévisuelles consacrées aux télé-évangélistes. Le modèle de ces émissions est assurément celui qu'on trouve aux États-Unis et les productions brésiliennes en sont directement inspirées. Je n'ai malheureusement pas pu suivre, dans le détail, les guérisons physiques et morales qui étaient opérées. Sans doute n'ai-je pas été assez longuement attentif pour assister à l'un ou l'autre des miracles opérés en direct, mais j'ai vu quelques ex-porteurs de béquilles et de cannes quitter les bras du gourou-télé-évangéliste de service en gambadant et en jetant aux orties ces instruments devenus inutiles. Une des caractéristiques de ces gourous est leur élégance recherchée, le port du costume-cravate étant sans doute obligatoire dans l'exercice de cette profession.
L'un d'entre eux, qui m'a beaucoup plu, prévoyait toujours, pour éponger la sueur que ces exercices thérapeutiques procurent toujours, de petites serviettes éponge blanches qui étaient posées, à portée de main, sur son pupitre. Il s'en essuyait régulièrement le front mais, après deux ou trois opérations de séchage frontal, ne manquait jamais de jeter la serviette utilisée dans le public. Comme vous l'imaginez, on se la disputait avec la même frénésie que, dans un stade de foot, le maillot trempé de sueur lancé dans le public des fans par la vedette locale. J'ai même vu une femme, qui avait réussi à s'emparer d'une serviette, la serrer amoureusement au bord de l'orgasme évangéliste. Je ne doute pas un instant que certains fassent commerce de ces linges devenus sacrés pour avoir reçu la sueur du mage.

Un des exercices obligés de ces séances est la scène des larmes ; les candidats à la guérison ou au miracle en versent volontiers ; le gourou lui-même de temps en temps en sèche quelques-unes, vraies ou feintes, et là, assurément, le mouchoir humecté de ses larmes doit atteindre les tarifs les plus élevés au catalogue évangéliste.

Une des scènes courantes de ses émissions télé-évangélistes est celle où le gourou de service (il y en a, bien sûr, de blancs et de noirs suivant les moments et les publics visés) prend dans ses bras ceux et celles qui viennent chercher sa protection et les embrasse, tandis que les multiples caméras, qui sont sans cesse en opération, filment en gros plan la scène et les physionomies extatiques des participants. Le plus admirable dans tout cela tient à la technique de prises de vue avec naturellement de nombreuses caméras et surtout un repérage préalable dans l'assistance de participants et de participantes particulièrement expressifs ou extatiques. On se demande si ce sont les cameramen qui sont chargés de repérer les meilleurs clients ou si l'on a prévu dans l'assistance des comparses qui, chacun à leur tour, y font le numéro préparé. Bref, de grands professionnels sur tous les plans en somme.

Après avoir contemplé ces émissions à plusieurs reprises, je me suis dit que si j'avais un jour la possibilité de contacter un producteur de télévision brésilien, je lui proposerais volontiers de créer une formule originale qui cumule les publics en proposant des cures amaigrissantes par le télé-évangélisme. L'idéal serait bien sûr de prendre comme gourou une vedette du foot...

dimanche 2 octobre 2011

Les malices du hasard.

Une fois de plus je constate que si j'avais à définir le hasard par un adjectif, je le dirais assurément "malicieux". Je m'explique.

Mon silence d'une huitaine sur ce blog s'explique par le fait que j'ai passé la semaine en cause à Rio de Janeiro. Je vous en reparlerai car j'y ai fait quelques observations sans doute mineures mais qui m'ont intéressé.

Durant le long vol entre Paris et Rio (onze bonnes heures), j'ai passé mon temps à regarder des films dans la mesure où le vol étant de jour, je n'avais pas à essayer en vain de dormir.

J'y ai vu, par hasard, parmi quelques niaiseries, le film « La conquête » dont j'avais beaucoup entendu parler sans le voir car je ne vais que rarement au cinéma et surtout pas pour y voir des films français qui en général, en dépit d'une production qui se classe immédiatement, pour l'abondance du moins, derrière l'Inde et les États-Unis, sont des plus médiocres. J'avais même oublié, tête de linotte et pisseur de copie impénitent que je suis, que j'avais déjà fait un blog sur ce film. Ce n'est que par hasard et parce que mon ordinateur a plus de mémoire que moi, que je m'en suis rendu compte, sans prendre toutefois la peine de le relire, puisque je n'avais écrit ce premier texte qu'à partir des quelques extraits du film que les télés en avaient donnés.

Venons-en au hasard et à ses malices. Un des personnages de ce film qui, vous le savez sans doute, retrace la conquête du pouvoir par Nicolas Sarkozy, est Dominique de Villepin. Dans ce film, il est à ce point ressemblant que je me suis demandé, un instant, si le vrai n'avait pas lui-même joué son propre rôle. Pour ce qui me concerne, le sommet du film est atteint lorsque on voit Galouzeau de Villepin (que je ne nomme plus Galopin de Villouzeau par crainte d'un procès pour diffamation!) apprendre la nouvelle du départ de Cécilia Sarkozy qui va rejoindre son amant. Villepin s'exclame alors (car nous sommes dans la phase qui prépare l'élection présidentielle) : « Il n'est pas capable de garder sa femme comment voulez-vous qu'il garde la France ! ». Si vous avez lu mon dernier blog, juste avant mon départ pour Rio, vous pouvez mesurer à quel point le hasard est malicieux, pour moi surtout. Si vous voulez vous en convaincre revenez en arrière pour lire un peu dans mon blog, juste avant les considérations sur les « cocos fesse », le récit du départ du domicile conjugal de Marie-Laure de Villepin qui n'a assurément pas dû voir "la conquête", à moins, au contraire que l'ayant vu, elle y ait trouvé des raisons de plus à une telle décision.

Pour poursuivre avec ce film que j'ai regardé sans déplaisir, surtout, comme tout le monde, pour voir qui avait été choisi pour représenter tel ou tel personnage, Podalydes, est hallucinant de vérité en Sarkozy, phrasé, perruque et mouvements d'épaules compris.

Un autre grand moment du film tient toutefois au choix inattendu pour jouer Pierre Charon de Dominique Besnehard. Certes ils ont en commun l'adiposité, mais, à mon sens, la raison du choix n'est pas tellement dans le physique, mais dans le fait qu'à un moment du film, on demande à Besnehard d'imiter Ségolène Royal dans une séance de répétition de débats, puisque, dans la suite, les deux candidats doivent s'affronter à la télévision. J'ai donc peine à croire que le choix de l'acteur et de cette scène relève du pur hasard, même malicieux, si l'on se souvient que, dans cette campagne de 2007, Besnehard a été le coach et le "conseiller image" de Ségolène. La scène est du film est donc , de ce fait, du plus haut comique à la fois politique et situationnel, même si l'imitation de Ségolène n'est, à vrai dire, pas très bonne !

Pour le reste pas grand-chose à dire de ce film, sinon qu'il a apporté un élément de plus à la campagne du "tous pourris" qui, avec ce qui a suivi, amènera Marine Le Pen au premier rang des résultats de l'élection présidentielle. Au fond n'est-ce pas ce que souhaitent TOUS les candidats, de la gauche comme de la droite, assuré qu'est celui qui sera derrière, d'une élection de maréchal au second tour.

Finalement, dans ce film, le seul personnage qui soit représenté comme humain et donc relativement sympathique est Cécilia Sarkozy sur les images de laquelle il s'achève, du moins dans la version fournie par Air France.