Vous avez dû remarquer depuis longtemps à quel point les journalistes français m'insupportent ; je tente de m'en accommoder, mais leur servilité permanente qu'ils associent généralement à un total analphabétisme et à une ignorance encyclopédique, surtout dans la presse audiovisuelle, finissent toujours par me porter sur les nerfs et le moindre incident ranime alors mon animosité.
Je finis par croire que les radios et parfois même la télévision ont des épreuves d'inculture dans le recrutement de leur personnel. J'entendais, il y a peu, un journaliste de médias radiophoniques s'imaginer atteindre au micro le comble de l'élégance linguistique, en évoquant, au lieu des "femmes", « la gente féminine »(naturellement pour " la gent féminine"). Cette cuistrerie, aussi stupide que barbare, est hélas répandue dans nos médias. Tout à l'heure, un exemple sur RMC, radio peu fréquentable au demeurant. Toutefois, le fait de se prétendre « journaliste sportif » ne dispense en rien d'avoir de notre langue une connaissance minimale, même si les vedettes de la "Dream Team" de cette radio nous donnent hélas quotidiennement la preuve du contraire. On ne peut demander toutefois à un ex-footballeur natif des Minguettes, si bavard qu'il soit, ou à un ex-pilier qui, de toute évidence, a reçu beaucoup de coups sur la tête, d'avoir en français le niveau de français d'un élève de CM2.
Vers 17 heures donc sur RMC, je "journaliste" qui officiait, voulant évoquer les paris sportifs qui sont désormais le scandaleux pain quotidien de tous ces gens, évoquait les "côtes" de ces paris (en prononçant le mot comme quand il s'agit de celles du Rhône, du mouton ou du porc), ignorant naturellement la distinction, pourtant fort utile, avec les "cotes" (des parieurs ou des graphiques selon les cas)!
Il faut dire que cette petite contrariété linguistique venait après que j'aie, en début d'après-midi, écouté M. Bertrand, ministre du travail, se faire interviewer par Anne-Sophie Lapix sur Canal +. À la vue de cette charmante créature, je me suis dit, sur l'air de "Pour un flirt", rengaine de Michel Delpech qu'on a connu mieux inspiré. Je fredonnerais volontiers au ministre, en lieu et place de Mme Lapix et en changeant à peine les paroles :
"Pour une heure avec toi
Je ferais n'importe quoi
Pour une heure avec toi
Je serais prêt à tout
Pour un simple rendez-vous
Pour une télé avec toi"
La seule condition que je pose est que cette heure se passe dans le cadre de cette émission et que j'aie en face de moi M. Bertrand ou quelque autre ministre du même acabit.
La stratégie professionnelle de Mme Lapix qui, assurément ne serait pas la mienne, est très simple ; elle aborde souvent des sujets intéressants et pose même parfois des questions pertinentes ; en revanche, elle se satisfait toujours, avec la plus grande docilité, de réponses dilatoires ou, plus souvent encore, à côté de la plaque. Ainsi, dans le cas présent, il était question d'un grand hôpital pour la banlieue Sud de Paris, construit dans le cadre d'un accord Etat-Privé, qui, au bout de quatre ans, va coûter à peu près un demi milliard d'euros de plus que le devis initial. Le pire est que le bâtiment neuf présente tant de dysfonctionnements de toute nature qu'on ne peut pas envisager de le mettre en service!
Je passe sur le détail mais "le sujet" introductif, en images, était excellent. On y voyait au départ M. Bertrand lui-même, alors ministre des affaires sociales, et Mme Bachelot présenter avec enthousiasme cette opération réalisée par convention entre l'État et une société privée ; on passait ensuite, quatre ans plus tard, à l'état actuel du projet, avec de gigantesques dépassements de crédits et surtout un hôpital que ces dysfonctionnements graves et multiples rendent inutilisable.
Personne naturellement n'est responsable et tous les politiques, Messieurs Bertrand et Valls en tête, jouent maintenant tous les vierges effarouchées, refusant toute responsabilité dans une affaire qu'on les a vus couvrir de fleurs. Notre administration elle-même est sans doute pour quelque chose dans ce fiasco, puisque, dans cette période, cet hôpital (qui, faut-il le préciser, d'existait pas encore!) n'a pas eu moins de six directeurs et que leurs caprices successifs ont sans doute contribué à alourdir la facture.
M. Bertrand refuse toute responsabilité dans ce fiasco, comme dans tous les problèmes que Madame Lapix a pu évoquer avec lui dans cette émission et qui ne concourrent pas, de façon évidente, à sa gloire éternelle et probablement à l'évidence de sa future candidature à l'élection présidentielle en 2017.
La stratégie de servilité de Mme Lapix. est toujours la même et il en est de même pour tout problème qu'elle évoque, qu'il s'agisse des banques ou de l'hôpital. Une fois la bonne question posée, sa conscience professionnelle étant par là-même satisfaite, elle devient aussitôt des plus accommodantes. Le ministre peut alors peut alors se défiler, en invoquant toujours son sentiment personnel et intime, évidemment opposé aux dysfonctionnements voire au désastre constatés.
La journaliste ne songe jamais alors à lui poser une question très simple qu'on peut formuler ainsi : "Mais, M. le ministre, si vous n'étiez pas d'accord avec ce qui était fait, pourquoi ne l'avez-vous pas dit haut et clair et pourquoi, faute d'être écouté et suivi, n'avez-vous pas démissionné sur-le-champ?".
Je pense en effet que la fameuse formule qu'avait proposée, en son temps, Jean-Pierre Chevènement "Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne" n'est pas la bonne. La vraie bonne formule et le seul comportement digne, est en effet " Un ministre, s'il n'est pas d'accord, ne ferme pas sa gueule; il l'ouvre au contraire, grand et fort et il démissionne de façon à expliquer à tous la cause et le sens sa démission". La restriction mentale, c'est, depuis le Grand Siècle, le truc des Jésuites pas des ministres!
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