La réforme de "l'histégé" (entendre "histoire et géographie") en terminale, envisagée par le ministre Luc Chatel, fait depuis deux ou trois jours le buzz et la une des médias.
Comme on pouvait
le prévoir, cette réforme a suscité une réaction et une pétition des
professeurs d’histoire, car ce sont eux surtout qui ont pris la tête du
mouvement, dans la mesure où ils fréquentent bien plus les médias audiovisuels
que leurs obscurs collègues géographes ; ils ont donc pensé, avec bon sens,
qu’ils seraient mieux et plus vite entendus. Les promoteurs de l’idée sont
Azéma, Kaspi, Stora ou Tulard, invités quasi permanents de nos chaînes, de
France-Culture aux niaiseries historisantes de Stéphane Bern.
J’ai cru
comprendre que « l’idée », si l’on
peut appeler ça une idée, est de réduire d’une heure, entre la première et la
terminale de la noble filière S, les enseignements d’histoire et de géographie, en
supprimant, du même coup, le caractère obligatoire de ces matières en terminale
; elles y seront en option avec un horaire réduit pour les élèves de terminale
qui le souhaiteront, mais on alourdira leur horaire en première avec une
épreuve de contrôle définitive en
fin d’année. Cela participe, comme toujours de façon sournoise, du rétablissement
subreptice de la première partie du bac qu’on a supprimée dans le passé et dont
j'ai parlé dans un blog précédent.
On reconnaît là
cette loi permanente de l’évolution de l’administration française qui finit
toujours par rétablir ce qu’elle a précédemment supprimé, comme elle supprime,
après un certain temps, ce dont elle avait proclamé, à grand son de trompe,
l’absolue nécessité de création. De tels cas sont, par exemple, ceux des IUFM
(pour l’éducation nationale) et de la DGCID (pour le ministère des affaires
étrangères). Comme disait ma bonne et sage grand’mère "Faire et défaire
c’est toujours travailler".
Tout cela appelle
trois remarques, outre celle que je viens de formuler et qui concerne le
fonctionnement général de nos administrations.
La première tient
au mouvement clairement corporatiste de nos plus éminents enseignants. Tout le
monde se plaint, tout le temps, que les programmes scolaires sont trop chargés,
mais, dès qu’on touche, si peu que ce soit, au programme d’une discipline
quelconque, en l’allégeant ou en le modifiant à peine, on voit aussitôt se
dresser toute la corporation concernée, qu’il s’agisse du latin, de l’histoire
ou de la gymnastique !
Deuxième
observation : Ce genre de réaction n'est que l’application spécifique d’une loi
plus générale, inscrite au tréfonds de notre identité nationale actuellement en
débat : « Toutes les réformes sont toujours souhaitées par tout citoyen
français, sauf celles qui le concernent et le touchent plus ou moins,
directement et personnellement, en quoi que ce soit ». La réforme en somme,
c’est, toujours et en tout,... pour les autres !
Je ne vais pas
faire ici l’histoire de cet étrange « concept » d'"histégé", mais si la Rue de Grenelle
avait eu la bonne idée de me consulter, j’aurais, stratégiquement, conseillé de
séparer les cas des deux disciplines, à la fois pour diviser l’opposition
corporatiste (vieille tactique toujours efficace) et pour régler une question
pédagogique bien réelle, tant des deux disciplines sont différentes.
La prochaine fois
que vous envisagez une réforme, appelez-moi Monsieur le Ministre, au lieu de
payer des imbéciles de conseillers à 10.000 ou 15.000 euros par mois ; mes tarifs
de consultation sont bien plus raisonnables et surtout mes conseils sont
infiniment meilleurs !
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