Voilà
un homme qui est vraiment l'icône du syndicalisme français.
Pur
produit de la CFDT, il en fut, dix années durant, le Secrétaire Général et il marcha, dans
cette fonction, sur les traces de son père François (celui qui a fait le coup
bien connu).
Son
parcours biographique et syndical initial est un peu incertain. A en croire Wikipedia,
il a fait ses études au lycée Notre-Dame Saint Giesbert de Nancy et y a obtenu
son bac à 19 ans (pas terrible!) en 1975. Toutefois, selon le Who's Who, dont les notices sont
rédigées par les intéressés eux-mêmes, il se donne comme élève du lycée de
Sarcelles et il ajoute même, pour faire bonne mesure, des études à l'EHESS. Après
l'école d'éducateurs spécialisés de Neuilly (sur Marne hélas !), il entre, pour
quelques années, dans cette noble profession en 1978 et, selon certaines sources,
adhère alors à la CFDT… comme papa.
Sur
sa gauche, son de cloche un peu différent ; l'adhésion à la CFDT dès l'école
des éducateurs spécialisés lui aurait été refusée, en tant que « fils de
révisionniste » ; il finira toutefois par s'y faufiler tout de même. En1980, en
quittant pour Digne, il parvient à entrer enfin dans le saint des saints
syndical. Il va dès lors brûler les étapes ce qu'il narre, dans le détail et avec
une certaine complaisance dans sa notice personnelle du Who's Who. Secrétaire dès 1984 (en région PACA), il est déjà en
1986, secrétaire général de l'union départementale CFDT des Alpes de Haute Provence,
puis entre au bureau interprofessionnel de la région ; il revient alors en
Île-de-France et accède en 1991 au poste de secrétaire général de la fédération,
avant d'entrer au bureau national de la CFTC et à la commission exécutive en
2001. Tout cela le conduit, comme papa, à devenir Secrétaire Général en 2002,
Nicole Notat ne s'étant pas représentée.
Difficile
de faire plus vite et mieux, avec une expérience professionnelle des plus
réduites, mais n'est-ce pas la loi du genre dans le syndicalisme français ?
Durant
ses dix ans d'exercice au secrétariat général, il rencontre nombre de problèmes
avec la gauche qui le larde de formules assassines : "Chérèque rime avec
chèque" comme on dit au NPA, où on l'accuse de "faire la danse du
ventre devant le pouvoir", tandis que lui-même juge le NPA « un peu rapace
». Bref c'est "je t'aime moi non plus" à la mode syndicale.
Papa François avait fini préfet et même ministre de
Rocard ! Détail amusant, comme ministre, il était chargé, en particulier, des
« reconversions ». Sa carrière démontre, à l’évidence, qu’il ne
manquait pas de talent en la matière ! Rien de tel assurément dans les
perspectives du fiston. Jacques Chérèque, a la fin de son mandat, répète en effet
alors, à l'envi, qu'"on ne le verra jamais assurer une fonction politique
".
Verba volant... Et, comme
d'autres, comment résister à l'appel de la France ?
À
peine a-t-il quitté sa fonction de Secrétaire général de la CFTC, fin novembre
2012, que le voilà nommé, dès le 21 janvier 2013, par le Premier Ministre Jean-Marie
Ayrault : « Inspecteur général des affaires sociales.
Rappelons
toutefois au bon peuple de France que le poste d'inspecteur général est l'un des
rares emplois de la haute fonction publique où l'on peut nommer n'importe qui, sans la
moindre justification. Tonton, a la fin de son second mandat, avait nommé sa
secrétaire Inspectrice générale de l'administration, comme Caligula avait fait
son cheval consul !
Bonne
affaire en tout cas, puisque, si le Secrétaire général de la CFDT touchait 4500
€ net par mois (avec, il est vrai, un 13ème mois), l'IG François Chérèque
reçoit 7257,55 euros également net (primes et indemnités incluses). Ce qui fait
un peu désordre est qu'il est, dans cet emploi, "Monsieur PAUVRETE"! Il est vrai que sa tâche n'est pas simple
puisqu'il est chargé de rien moins que de définirr " «une méthodologie de déclinaison territoriale du plan [ de lutte contre la pauvreté] afin qu'il
devienne un objet de débat sur tout le territoire».
Comme
l'inspection générale a, dans tous les domaines, l'allure et le train d'une
sinécure, Jacques Chérèque a aussi accepté de présider Terra Nova, resté sans tête depuis la mort inattendue de son président, fonction
pour laquelle Thomas Piketty semblait un candidat naturel, mais n'est plus en
odeur de sainteté auprès de certaine ministre dont il fut très proche.
Bref
tout cela n'a guère plu à Jean-Claude Mailly, SG de FO, qui soutient que «
quand on s'arrête il faut s'arrêter » et que cette nomination ne donne pas une
« très bonne image de l'indépendance syndicale ».
Pourquoi
donc ? Il y aurait donc des gens qui y croient ?
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