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lundi 18 mars 2013

Du syndicalisme français comme l'un des beaux-arts. (S 5) : Bernard Thibault part à la retraite.

Les hasards du calendrier nous ont montré, dans les derniers jours, l'abîme qui sépare l'élection d'un pape du choix d'un Secrétaire général de syndicat. Pas de promotion à espérer au terme de son pontificat pour François qui n'est devenu pape qu'à 76 ans, blanchi sous la mitre, après une longue carrière qui l'avait conduit à l'archevêché de Buenos Aires.

En revanche Bernard Thibault (né le 2 janvier 1959) est entré au terme de sa classe de troisième, en 1974, au centre d'apprentissage de la SNCF ; à peine sorti de ce centre, avec un CAP de mécanique générale, il est aussitôt embauché par la SNCF au dépôt de Paris La Villette et il adhère à la CGT dès 1977. Stupéfiant, il en est immédiatement nommé responsable de la "commission des jeunes"! Le moins qu'on puisse dire est que son expérience professionnelle est pourtant des plus courtes, ce qui ne l'empêche pas, dès 1980, de devenir secrétaire du syndicat CGT de son dépôt et deux ans plus tard secrétaire des cheminots CGT de Paris Est.

Je vous épargne le détail des échelons syndicaux qu'il gravit à une vitesse record (un tous les deux ou trois ans en moyenne) ; cette ascension va de pair avec celle qu'il réalise au sein du Parti Communiste Français auquel il a adhéré en 1987 et dont il est, déjà, dix ans plus tard membre du Conseil national. En janvier 1999, pour fêter ses 40 ans, il devient Secrétaire général de la CGT, en lieu et place de Pépé Louis Vianney.

Le caractère fulgurant de cette carrière explique sans doute que "Ken" Thibault ait gardé, à la cinquantaine passée, la coupe de cheveux de son enfance, celle des Beatles au milieu des années 60 ! Voilà un homme qui ne voit pas le temps passer !

Les magouilles et le hasard syndical font que Ken Thibault, après avoir tout fait pour écarter quelques prétendant(e)s au trône cégétiste, s'est choisi un successeur dont il semble fier (comme un ...), Thierry Le Paon, qui a le même âge, à un an près, que celui auquel il succède, alors que ce dernier a occupé le poste pendant 14 ans, avant de s'y donner (non sans peine et avec, de ce fait, quelques prolongations... sans tirs aux buts!), un successeur.

Pour ce qui est de Bernard Thibault, il n'y a pas lieu, en revanche, de s'interroger, comme on l'a fait pour Jacques Chérèque sur ce qu'il va faire après avoir quitté le Secrétariat général de la CGT.

La chose est des plus simples car son avenir est tout tracé.
 
Une récente et opportune réforme du régime spécial de la SNCF permet désormais de compter pour ses agents le temps de formation et d'apprentissage dans le calcul des annuités de retraite.  Bernard Thibault, entré au centre de formation de la SNCF à 15 ans, compte donc, pour la période 1974-2013, 39 ans d'ancienneté à la SNCF. Certes, en principe, comme il n'est pas "agent de conduite" (ces derniers peuvent partir en retraite des 50 ans, mais Ken n'a guère dirigé que des unités syndicales), il devra donc attendre jusqu'au 2 janvier 2014 et son 55e anniversaire pour pouvoir prendre cette retraite car, pour le reste, il est très largement au-delà des 25 années d'exercice qui sont requis.

Ces quelques mois d'inactivité lui permettront d'entrer tranquillement (mais sans voiture de fonction) dans une retraite bien méritée et qui montre combien il avait raison de s'élever avec la plus grande vigueur contre toute réforme des retraites,… en particulier pour les régimes spéciaux dont il entend bien bénéficier!

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