Au moment même où bat son plein la promotion du film «
Entre les murs », voilà qu'il reçoit à Cannes, une Palme d’or inattendue qu’il
a due, semble-t-il, essentiellement, au choix personnel du président du jury,
Sean Penn, le « bad boy » attitré du
cinéma hollywoodien, qui a trouvé là une occasion de concilier son goût de
l’anticonformisme cossu et les charmes pervers de la position qu’on lui avait
offerte.
Du coup, certains rêvent déjà de voir oscarisé cette production, qui ,
pourtant, me paraît aussi typiquement française que le camembert au lait cru,
le saucisson ou les cuisses de grenouilles à la crème.
Faut-il ajouter que, pour garder toute mon objectivité, je n’ai pas vu le film
et que n’ai aucune intention de le voir ? J’en sais bien assez déjà, à travers
les innombrables promotions et lancements que j’ai dû subir et les propos de
l’auteur du livre qui est, en même temps (pas fou), l’acteur principal du film,
où il joue son propre rôle. Qu’on ne vienne pas me parler des talents multiples
qu’il révèle par là. N’importe quel imbécile peut jouer un rôle au cinéma… sauf
Johnny Hallyday, ai-je pour habitude d’ajouter, mais je vous éviterai, pour une
fois, cette remarque.
François Begaudeau, qui a oublié d’être bête (quoique son patronyme-valise
semble combiner "benêt" et "nigaud"), est de ces nombreux enseignants
qui se jugent, clairement et d’emblée, au-dessus de leur condition et qui,
sachant écrire (il est agrégé de lettres), comprennent vite que la littérature
traitant de l’école et des faits de société qui s’y attachent peut être un bon
créneau éditorial, au moins pour deux raisons. La première est qu’un tel sujet n’attire
que modérément les vrais écrivains ; la seconde est que, chaque année, il y a
des opportunités majeures d’édition et de promotion pour des livres sur
l’école, les rentrées scolaire et littéraire coïncidant à peu près.
François Begaudeau est un auteur éclectique, pour ne pas dire opportuniste, qui
ne s’obstine pas dans les voies qui ne lui réussissent pas. Après un livre sur
le foot (Jouer juste), un autre sur
Mick Jagger ( ?) et un roman psychologique bien français dit-on (Dans la diagonale), il a enfin décroché
le jackpot avec son Entre les murs,
qui non seulement s’est très bien vendu, mais surtout a été adapté au cinéma.
De petit professeur minable dans un collège de banlieue, voilà notre François
devenu soudain « journaliste, auteur, scénariste, acteur », du moins à en
croire sa biographie officielle qui ne fait même plus état de ses misérables
activités d’enseignant.
Vivant très bien dans la « disponibilité » qui est désormais la sienne (c’est
lui qui le dit dans le magazine du TGV !), il semble définitivement perdu pour
l’enseignement, métier dans lequel il semblait pourtant réussir parfaitement,
comme son livre et le film paraissent en apporter la preuve par l’illustration.
Sébastien Clerc, est, au petit pied et en plus laborieux, le Bégaudeau de la rentrée
scolaire 2008, avec son Au secours !
Sauvons notre école ! Sans avoir le succès de Entre les murs, Sébastien Clerc a fait toutes les télés et toutes
les radios de la rentrée avec ses recettes-miracles pour dompter les classes
les plus agitées et les élèves les plus incivils. Pas de prix littéraire ou de
film à l’horizon, mais, à défaut de sauver l’école, selon le programme qu’il
propose, il s’est, en tout cas, sauvé lui-même ! Il a déjà réussi, semble-t-il,
à se faire détacher, Dieu sait pour quoi faire, auprès du Rectorat de Créteil !
C’est toujours mieux que de faire bêtement la classe.
Je voulais intituler ce post « François Begaudeau et X », X étant le nom de cet
enseignant du collège César Savart à Saint-Michel (Aisne), qui s’est pendu au
lendemain de ses heures de garde à vue, suite à la plainte du père d’un élève
qui l’accusait de l’avoir frappé. Faute de connaître son nom, je me suis
rabattu sur le nom des deux établissements en cause, « Françoise Dolto » dans
le film et « César Savart » dans la réalité.
Je crois me souvenir d’une affaire un peu identique ; il y a quelques mois, un
élève de onze ans , a été giflé par un enseignant qu’il avait traité de «
connard ». Le père du gamin, gendarme de son état, semble-t-il, avait engagé une
procédure, au terme de laquelle le « connard » de professeur a été condamné à
500 euros d’amende ! Je ne sais pas si c’est par solidarité avec leur collègue
que les gendarmes de l’Aisne ont retenu, sept heures durant, le professeur en
cause, alors que les faits s’étaient déroulés hors de la présence de tout
témoin.
Je ne sais rien des faits eux-mêmes et je veux les ignorer car, dans cette
affaire, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre, ce qui, d’ailleurs, a
été finalement admis par la justice. En revanche, à la télévision, j’ai vu à
plusieurs reprises, et récemment encore (ce qui a déclenché la rédaction de ce
post) l’élève en cause et j’ai entendu ses propos. Agé de 15 ans, il serait en
classe de cinquième et l’affaire a tenu à l'origine à ce qu’il aurait refusé de
donner au professeur son carnet de correspondance que ce dernier exigeait suite
à son retard.
Cet élève, indépendamment de son parcours scolaire, qui ne me paraît pas des
plus brillants, a l’air d’un parfait abruti et je ne comprends même pas qu’on
ait pu ajouter quelque foi à des propos émis, sans preuve ni témoignage, par un
pareil individu. Quand au père, qui a porté plainte et qu’on nous a montré
aussi, il a toutes les apparences d’un vieillard, qui aurait été longuement
confit dans l’alcool et à le voir, on comprend aisément les caractères de
l’enfant qu’il a malheureusement réussi à engendrer.
Pour conclure en revenant au film, qu’en dire ?
Il est évident que regarder un pareil « produit » comme un témoignage, valide
et pertinent, sur la réalité scolaire actuelle, est une imposture majeure.
C’est une espèce de Star Ac. scolaire, fabriquée de toutes pièces. Que les
auteurs aient voulu surfer sur la vague de la violence scolaire, du jeunisme et
de la vogue de la fascination/déploration des « jeunes » des « quartiers », que
Sean Penn ait saisi cette occasion commode de régler les comptes de son père
avec le mac-carthysme, tout cela est sans grande importance. En revanche,
au-delà de l’écume fugace du succès, je crains le pire pour les garçons et
surtout les filles qu’on a embarqués dans cette aventure et dont les têtes ont,
de toute évidence, tourné ; ils ne sont pas près de sortir d’« entre les murs »
où on les a ainsi enfermés, "pour de vrai" cette fois !
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