J’ai déjà effleuré ce sujet, en montrant que les réformes éducatives s’étaient, depuis trente ans, inscrites dans une constante logique qui veut que, dans l’éducation nationale, quand on prétend alléger la barque des programmes, on finit toujours par la charger davantage.
Xavier Darcos, souhaite, non sans prudence et sens politique, reporter la réforme des lycées et donc du bac, au-delà des échéances électorales prochaines. Ce n’est pas François Fillon, contraint en 2005,comme ministre, de retirer précipitamment son projet, qui le lui reprochera ! Par ailleurs, une commission sénatoriale, médite sur le sujet. Nul doute qu’on va finir par illustrer, une fois encore, le principe constant ci-dessus évoqué.
Il est pourtant clair, pour tout esprit un peu raisonnable, que la mesure la plus simple, la plus efficace et la plus économique serait la suppression pure et simple du baccalauréat lui-même.
Le bac, « l’examen le plus élaboré du monde » (des crétins s'en vantent!), par le nombre des candidats, des filières et des épreuves, est le fleuron de notre patrimoine éducatif, dont on se prépare sans doute, bien au contraire, à fêter le bicentenaire et dont on envisage peut-être même de demander l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cet examen « national » fait perdre un mois de classe à un grand nombre d’élèves qu'il ne concerne pourtant en rien, car nombre d’établissements comme d’enseignants sont mobilisés à cette fin ; il coûte cher (on ne sait même pas combien!) sans servir à grand chose, puisque, si l’on prend en compte ceux qui le passent plusieurs fois, la quasi-totalité des candidats finit par l’obtenir, pour peu qu’on ne se laisse pas rebuter par un ou deux échecs.
Comme cet examen est le premier grade de l’enseignement supérieur, il donne un accès direct à l’université, sauf pour un certain nombre de filières qui ont subrepticement mis en place des formes diverses de sélection.
A ce propos, il est totalement absurde de prétendre, comme je l’ai lu, que les professeurs d’universités devraient « s’investir davantage dans les jurys ». Tous les jurys de bac. sont obligatoirement tous présidés par des enseignants du supérieur, même si ces derniers ne s’acquittent pas toujours dans l’allégresse de ce devoir, qui fait pourtant partie de leurs obligations statutaires et auquel ils ne peuvent se dérober.
L’argument sur l’objectivité et la garantie qu’offrirait le caractère national du bac ne tient guère, car les jurys, pour l’admission directe comme pour l’accès à l’oral de rattrapage, se fondent largement sur les notes et les appréciations de l’année figurant dans les livrets scolaires, sans même parler ici des pressions rectorales sur les jurys. Pour les pré-inscriptions dans les classes préparatoires aux grandes écoles, qui drainent la crème des bacheliers, ce sont d'ailleurs ces notes et évaluations qui jouent le rôle décisif, au stade préalable du moins.
L’année de terminale étant considérée comme très lourde et le nombre des épreuves trop important, des esprits ingénieux et novateurs se demandent si l’on ne pouvait pas scinder ce bac en deux épreuves, sur deux ans, avec, par exemple, en fin de la classe de première, une forme de « probation » de plusieurs matières de cette classe et, de ce fait, l'année suivante, un examen réduit à celles de la seule classe terminale.
Nous retrouverions ainsi un autre grand principe français des réformes en matière éducative qui consiste, à quelques décennies d’intervalle, a réinventer ce qu’on avait supprimé auparavant. Ne pourrait-on pas dès lors imaginer de créer un baccalauréat en deux « parties », où seuls les candidats ayant réussi à la première partie « probatoire » seraient admis à se présenter à la seconde ?.
C’est bizarre, mais ça me rappelle quelque chose ! Pas vous ?
Autre avantage pour les commémorations. Tout en célébrant en 2008 le bicentenaire du baccalauréat, on pourrait fêter, en même temps, vingt-cinq ans plus tard, le retour du baccalauréat en deux parties qu’on a supprimé en 1963 et qu'on est en train de recréer, en douce, en ajoutant peu à peu d'autres épreuves au bac dit "de français".
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