On a découvert récemment comment le directeur de cabinet du ministre chargé du relogement des mal logés louait, depuis un quart de siècle (il faut ajouter que le directeur en cause est un préfet proche de la chiraquie), un superbe appartement de 190 mètres carrés (à Port-Royal) à un tarif HLM. On a, comme toujours, instruit cette affaire à charge, au lieu d’admirer et de louer l’ingéniosité du préfet à trouver des solutions simples et peu coûteuses au problème du logement à Paris, ce qui le désignait tout naturellement aux fonctions qui étaient les siennes aux côtés de Madame Boutin.
Je prévois un autre scandale le jour où l’on va découvrir que le gourou de nos ministres successifs de l’éducation nationale, Superbentolila, n’a jamais passé le moindre concours de recrutement de l’éducation nationale et n’a donc jamais enseigné de sa vie, hors de l’université de Paris V, où il a fait toute sa carrière sous la haute protection du... SNES-Sup. Ce syndicat de gauche à l’air fin aujourd’hui, puisque Superbento a changé de camp politique au fil de ses intérêts financiers. En fait, il n’est même guère présent à Paris V, puisque son principal employeur de fait est Nathan qui, par le plus grands des hasards bien entendu, édite des livres scolaires touchant exactement aux domaines dont on lui demande de traiter dans ses rapports officiels ! Vous voyez le "rapport", si j'ose dire ?
Il est vrai que quand on voit les propositions qu’il fait au ministre, on comprend vite qu’il n’était pas nécessaire d’avoir une grande connaissance et expérience de l’école pour les formuler. Elles tiennent en trois mesures-phares (ou plutôt lumignons), toutes d’une puissante originalité, comme vous allez le voir :
- scolarisation en maternelle à trois ans (plutôt qu’à deux, ce qui est loin d’être admis et possible partout) ;
- faire « apprendre un mot par jour » aux enfants ;
- donner une formation spécifique de 50 heures aux futur(e)s enseignant(e)s de maternelle.
Fichtre! Il ne fallait pas moins qu'une Commission ad hoc présidée par Superbento pour en arriver là! La vraie question demeure et peut-être un jour saura-t-on le fond des choses. Pourquoi et comment laisse-t-on ce linguiste, dont la production scientifique, effective et réellement personnelle, est des plus modestes, occuper ainsi ce terrain scolaire et tisser sa toile, comme celle de Nathan, sous couvert de remédiation d’un illettrisme qu’ils ont largement contribué à créer par leurs méthodes de lecture et à développer à travers de pseudo-organismes scientifico-professionnels comme l’Observatoire de l’illettrisme ou, désormais, le programme « Télé Formation Lecture » du même Superbento qui, comme par hasard, renvoie aux mallettes « Formation lecture » produites … Devinez par qui et où ? Non, on ne gagne rien car c’est trop facile : chez Nathan par Superbento.
Le lexique, une des spécialités de cet éditeur, est donc, heureuse coïncidence, la clé de voûte de toutes les réformes proposées par Superbento, durant tout le cycle primaire, depuis la maternelle. Sans reprendre ici un de mes anciens posts sur le sujet que je replace avant ou après celui-ci (au gré des hasards de l’informatique), faisons preuve d’un bon sens et opérons un petit calcul tout simple, en prenant en compte que les enfants doivent apprendre, selon ses prescriptions, un mot par jour en maternelle et trois mots au primaire.
Un peu d'arithmétique élémentaire. Sur la base de 180 jours de classe dans l’année et du nombre d'années, les enfants devront donc apprendre en maternelle (1 x 3 x 180 = 540) et en primaire (3 x 5 x 180 = 2700) soit, pour une scolarité normale jusqu’à 11 ans, 3.240 mots.
Si l’on sait, ce qu’ignorent sans doute à la fois Superbento et Monsieur Darcos, que le travail de Ch. Bernet a enfin établi, de façon sûre et définitive, l'étendue exacte du vocabulaire dont use Racine (2626 vocables, dont 252 noms propres, pour les tragédies profanes) et que le lexique français courant comporte environ 1500 mots, on mesure à la fois l'ignorance de l'expert et l’absurdité de la tâche comme de la démarche. On voit bien, en revanche, l’intérêt qu'elle offre pour AB et l’éditeur Nathan.
Le scandale est du même ordre que celui de l’affaire Bolufer, ex-directeur de cabinet de Christine Boutin, contraint, lui, à la démission par l'affaire que j'évoquais au début de ce texte. Elle est certes d'un genre un peu différent mais de telles manœuvres pourraient aisément être regardées comme de la prévarication ; cela d’autant, que, comme dans le cas d'autres affaires connues, on dissimule parfois, dans l'édition, une activité professionnelle effective sous le voile d'une rémunération en droits d’auteur, fiscalement privilégiée.
La vraie question est celle du pourquoi du comment ! Peut-être le saura-t-on un jour, mais cet état de fait ne semble choquer personne et surtout pas les ministres.
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