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jeudi 7 février 2013

"Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle".


La France donne actuellement un spectacle qui doit plonger tous ses voisins dans l'hilarité ou l'indignation, suivant leur tempérament et leur humeur.

Quand on songe que dans la situation économique et sociale où nous nous trouvons, les 577 députés de notre Assemblée nationale osent s'occuper, au su et au vu de tous, sans rire (sauf pour les interventions de Madame Taubira, elle-même morte de rire, Dieu sait pourquoi, à réciter du L.G. Damas) depuis deux semaines, à tenter de faire passer le temps, en écoutant des centaines d'amendements inutiles et stupides à une loi sans intérêt sur le mariage homosexuel !

Cela ne fait qu'augmenter le désastre de nos finances publiques, puisque la foule des mille deux cents fonctionnaires employés de l'Assemblée nationale, déjà grassement payés (de trois à onze mille euros mensuels), font des heures supplémentaires et souhaitent donc que ça dure le plus longtemps possible.

Les députés, contraints de rester en séance ou à portée de SMS en cas de nécessité de vote sur un amendement (mais on peut toujours retarder un vote par une procédure bidon) s'occupent à jouer au morpion, au scrabble, à lire le journal, à faire leur courrier ou la sieste, ce que les téléphones portables de leurs adversaires politiques personnels peuvent aisément photographier et diffuser.

Comment nos politiques pourraient faire de façon plus efficace et plus radicale le lit des partis extrêmes, du Front National à Lutte ouvrière (je ne veux pas dire qu'ils seront dans le même lit!). Pour qui voter aux prochaines élections quand les partis classiques ont donné de telles preuves de leur total désintérêt voire de leur mépris pour la cause nationale et les vrais problèmes qui devraient les mobiliser, alors qu'ils nous démontrent par là même qu'ils s'en foutent?

La responsabilité initiale est certes clairement du côté de l'UMP et de la droite qui ont fabriqué cette masse stupide d'amendements imbéciles à une loi sans intérêt. Reconnaissons-le toutefois c'est une vieille tradition de la vie politique française et la gauche en a fait tout autant, me semble-t-il, au moment du vote de la loi sur les retraites.

La complicité des médias leur est d'avance acquise ; ils ont enfin quelque chose à dire en dehors des chiens écrasés et des plus plates banalités qui sont leur pain quotidien et qu'ils baptisent "sujets de société", comme si le mariage homosexuel pouvait être de quelque intérêt pour qui que ce soit. Que quiconque épouse qui ou même ce qu'il veut, de son chien, à sa mobylette ou à son lave-vaisselle.

La gauche ne vaut pas mieux ; certes, ce n'est pas elle qui a pris la responsabilité de rédiger ces centaines d'amendements, aussi imbéciles que répétitifs, mais elle a choisi de ne pas utiliser la procédure qui permet de les écarter de la discussion proprement dite pour se donner de faux-airs de "démocratie". Elle a choisi, en réalité, d'agir ainsi, par calcul et lâcheté, à la fois pour se donner trois semaines de répit face à la gravité de la situation socio-économique sur laquelle est incapable d'agir et pour discréditer la droite en lui faisant porter la responsabilité de cette inertie bavarde et inutile.

Encore une fois, on verra, je pense, aux prochaines élections les résultats de tels agissements à la fois dans l'abstention et les avancées des extrêmes ; les Français ont toutefois la mémoire si courte qu'on peut aussi penser qu'ils auront déjà oublié l'année prochaine ces consternantes pitreries politiques de l'année 2013.

La leçon nous est venue, une fois de plus, de l'autre côté de la Manche où la Chambre anglaise a voté, en une journée, ce que nous mettrons nous-mêmes trois semaines
à ne pas décider puisque les choses sont réglées d'avance dans la mesure où le parti socialiste, initiateur de cette réforme majeure, a la majorité absolue dans cette assemblée où ses députés n'ont même pas la liberté de vote.

On n'en tirera pas, hélas, la conclusion qui s'impose pourtant : virer la moitié de ces 577 députés et la totalité des sénateurs, pour les renvoyer dans leurs provinces et à leurs chères études ... s'ils en ont jamais faites.

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