Ce texte n'est
en rien le premier que je publie dans ce blog sous ce titre mais je n'ai ni le
goût ni le courage de chercher combien j'ai pu en écrire auparavant et je considère,
non sans quelque arbitraire, que le discours de François Hollande à Bamako ouvre
une ère nouvelle dans les relations afro-françaises (je suis loin d'en être
sûr) dont il est le premier de mes écrits.
Pour les
historiens du futur, le parallèle sera peut-être tentant entre le discours du
général De Gaulle à Brazzaville en 1947 (qui demeurera, dans la suite, une
référence historique majeure jusqu'à l'indépendance de l'Algérie) et le
discours de François Hollande à Bamako, le 2 février 2013, à l'occasion de la "libération"
du Mali.
Je rediute toutefois que le rapprochement ne soit quelque peu hardi voire hasardeux et je
crains que le second ne disparaisse beaucoup plus vite que le premier de la
mémoire, pour toutes sortes de raisons.
On a sans doute
jugé habile dans l'entourage militaire présidentiel de présenter l'action de la
France au Mali ( une forme de « libération » du Nord-Mali de l'oppression
djihadiste), comme un juste retour des choses, après le rôle que des
contingents africains (sans doute, en fait, plus "soudanais" - donc plus ou moins "maliens" que sénégalais!) ont
joué dans les deux grandes guerres. Jugé habile, cet argumentaire pourrait toutefois
susciter de la part des Africains une forme d'étonnement, car, sur ce plan de
la reconnaissance, la France aurait été mieux inspirée de céder, depuis un
demi-siècle, aux légitimes revendications des anciens "tirailleurs
sénégalais" qui n'ont cessé de réclamer une revalorisation de leurs
pensions militaires. Il est vrai que, comme ils ont désormais sans doute tout passé
l'arme à gauche (si j'ose dire), on ne risque plus grand-chose à prendre une telle
position.
Lors de la
soudaine décision de notre président de la République d'intervenir
militairement au Mali, j'avais émis l'hypothèse, sans preuve, que la rapidité
de sa décision tenait sans doute à la pression des hauts dignitaires de notre
armée qui n'avaient pas dû être très satisfaits des suites de l'intervention en
Côte d'Ivoire et plus généralement de la poursuite de la réduction de notre
présence militaire dans cette Afrique, qui est pour eux le dernier pré carré de la France.
Peut-être y avait-il de leur part (chez les "mili fana") la croyance sincère
que l'intervention militaire immédiate était indispensable (on observe
toutefois que les quelques centaines d'hommes prévus au départ, en appui
logistique exclusif, sont devenues 3500 soldats français en intervention directe),
mais on ne peut s'empêcher de penser qu'ils défendaient aussi par là à la fois
le budget de l'armée (ne perdons pas de vue l'élaboration actuelle du Livre
blanc de la défense qui semble impliquer la poursuite des réductions de
crédits), mais aussi et peut-être surtout, des intérêts personnels, car notre
présence en Afrique assure, à ceux qui y sont, de très sensibles avantages en
matière de rémunération comme d'ancienneté.
Ne parlons pas
de la reconnaissance de « Papa Hollande » qui a enfin connu en Afrique la chaleur
extravagante d'un accueil populaire délirant et des applaudissements qu'il ne
rencontre guère en France, lors de ses visites aux usines qu'on ferme ! Il a
d'ailleurs lui-même choisi la ligne un peu médiane qu'il affectionne entre une
sensible émotion qu'il a volontiers exprimée et une prudence dans les paroles
que la situation rend indispensable. "La France restera au Mali le temps qu'il faudra". Notre Président revient là à un registre plus "normal" ; moins gaullien, il est ici plus proche de Fernand Raynaud et de son fameux "affût du canon"!
Le terme "franco-malien" qui était le mot-clé du discours des préludes de l'intervention
est devenue aujourd'hui tabou comme j'ai pu le montrer dans mon post d'hier et
tous les propos de François Hollande ont confirmé cette impression ; je ne
l'illustrerai que par les derniers mots de son discours que je cite de mémoire
; il s'y adresse au(x) peuple(s) malien(s) (et notre belle langue orale, à la
différence de quelques autres, ne permet pas de savoir s'il s'agit là d'un
singulier ou d'un pluriel, ce qui ménage opportunément l'avenir) ; la péroraison
est la suivante : « Vive le Mali ! Vive la France ! Vive l'amitié entre le Mali
et la France!". Réféchissez-y!
J'ai déjà été
long et, sur le plan général qu'il faudra bien finir par aborder, je ne
mentionnerai ici que le propos d'un journaliste qui est sans doute, à mes yeux,
le meilleur et le plus fin connaisseur de l'Afrique et que, de ce fait, on n'entend
guère, Antoine Glaser, l'ancien rédacteur en chef de la Lettre du continent. Je l'entendais dire que la conception de
François Hollande pour l'avenir des relations entre le Mali et la France
évoquait une "Françafrique vertueuse". J'en suis moins sûr que lui (qui
est par ailleurs très prudent) car sur le Mali comme sur bien d'autres choses, "on
ne nous dit pas tout" mais en revanche nombre de sottises ! Nous y
reviendrons.
En des
circonstances moins dramatiques et s'agissant de personnages moins importants,
j'aurais suggéré à François Hollande, suite au cadeau qui lui a été fait à
Ouagadougou (plus encombrant que les diamants de Bangui!), pour parodier
Joseph Prudhomme, une formule quelque peu adaptée : "Ce chameau est le
plus beau jour de ma vie !".
2 commentaires:
Je dois une explication aux nobles étrangers qui me font l'honneur de fréquenter ce blog.Caricature du bourgeois français du XIXe siècle, créé par Henry Monnier, Monsieur Prudhomme apparaît en 1830 dans la première version des Scènes de province, puis dans la pièce Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, ensuite dans les deux volumes de dessins Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme (1857) et enfin dans Monsieur Prudhomme chef de brigands (1860). L'une de ses plus fameuses formules est : « Ce sabre est le plus beau jour de ma vie. ». Usbek
Qui va payer le transport du dromadaire jusqu’aux jardins de l’Elysées ? Les avions militaires qui reviennent à vide sont-il équipés pour ce type de transport ?
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