On commençait à
s'inquiéter pour les chargés de communication et les journalistes, après
quelques semaines bien remplies sur le mariage gay, devant l'étiage
informationnel qui semblait devoir s'installer. Fort heureusement le hasard,
toujours aussi vigilant que malicieux, est venu suppléer cette carence légitimement
redoutée.
Le Mali s'avérant
moins triomphal que prévu (mais on pouvait le prévoir comme je l'ai fait dans
ma série de blogs "Honni soit qui Mali pense"), les haridelles
roumaines, subrepticement substituées à nos charolais dodus, dans nos plats
dits "cuisinés", ont fourni, quarante-huit heures durant, la pitance quotidienne
indispensable à notre insatiable Moloch journalistique, ce qui devait permettre
d'attendre, sans trop de mal, la grève des instit', manifestement (ou
grèvistement ?) peu soucieux de voir rétablie la matinée de classe du mercredi.
Patatras ! Voilà que
le Pape fait soudain des siennes, en décidant, sans crier gare ni pouce, de se
retirer des affaires divines dès la fin du mois de février, provoquant par
cette décision inopinée et faute de croustillant scandale qui y serait lié, des
recherches immédiates au sein de l'histoire de la papauté et même déjà des
spéculations au sujet du conclave où l'on ne voit guère de candidats
susceptibles de provoquer d'emblée le panache de fumée blanche que guettera
toute la chrétienté.
Je n'ai pas entendu citer Prévert, un peu adapté. Petit coup de main aux ignorants de nos médias : "Le Pape démissionne, un nouveau Pape est appelé à régner. Araignée ! Quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ?"
Merci Bon Dieu ! Le PAF est provisoirement sauvé (d'autant
que commencent les phases finales de la Coupe d'Europe de foot!), mais l'abondance
de biens, on le sait, nuit autant que leur raréfaction.
Parmi tant de sujets
d'une aussi totale inconsistance les uns que les autres, on ne voit guère la
réflexion s'orienter vers les VRAIS problèmes de l'éducation qui sont, avec ceux
de la crise économique qui nous frappe, les plus sérieux, et même les seuls
sérieux, que nous ayons à affronter alors que les autres n'ont pas d'autre
finalité que de nous en détourner.
S'agissant de l'école
et de l'industrie, je ne me risquerai pas à montrer ici, sur ce point précis,
la pertinence du concept de "capital humain", proposé, il y a près
d'un demi-siècle (au milieu des années 60), par Gary Becker et qui lui a valu
en 1992 le prix Nobel d'économie. Le ferais-je que je pourrais peut-être
recevoir des propositions alléchantes de collaboration de BFM TV, la voix du
grand capital, qui, sous couvert d'information, se livre à une propagande
active en faveur du grand capital, servie dans cette action par une équipe
d'économistes des plus pittoresques, mais dont j'ai quelques doutes sur la
compétence réelle vu la discrétion absolue de leurs CV !
Le seul et vrai
problème de notre école ne me paraît pas, en effet, de savoir quel jour on
gardera dans la semaine pour le repos des enfants. En quelques décennies, comme
disait l'autre : "on a tout essayé" ; ainsi est-on successivement
passé du jeudi, repos traditionnel des écoliers durant si longtemps qu'on l'avait
mis en chansons, au mercredi, en gardant, dans les deux cas, au mépris du
repos, une demi-journée pour le catéchisme ; le samedi était même, au début de cette
époque infortunée, un jour de classe complet ! Il le fut d'ailleurs longtemps,
jusqu'à ce que les lobbies des industries du tourisme et des loisirs imposent à
tous un week-end de 48 heures. Toutes ces affaires de répartition du temps
scolaire, fussent-elles garanties par des "chronobiologistes" et des
"pédo-psychologues", qui ne sont d'ailleurs pas d'accord entre eux
sauf sur la nécessité absolue de les consulter et même de les employer, n'ont
guère d'importance et on en trouvera toujours quelques-uns pour contrarier les
autres.
Les (ir)responsables
de l'éducation, qui ont successivement peuplé la rue de Grenelle depuis trois-quarts
de siècle, ne sont tout de même pas assez stupides pour ne pas avoir vu que les
vrais problèmes de notre école sont ailleurs. Pour dire les choses simplement,
on a essayé de changer les jours de classe, alors que ce sont les populations
scolaires (donc le "capital humain" comme diraient certains) qui ont elles-mêmes
changé, tandis que les programmes et les méthodes ne changeaient guère, sauf
pour l'apprentissage de la lecture qu'on a réussi à ruiner à force de
"méthode globale" ou "semi-globale", pour le plus grand et
seul profit des éditeurs scolaires (on consomme désormais à cette fin des
masses énormes de livres, sans cesse renouvelés à nos frais). Ces éditeurs, se
sont, à prix d'or, offerts les services absurdes de quelques pseudos savants
qui, pour la plupart, n'ont, en fait, aucune expérience réelle des techniques qu'ils
prétendent promouvoir.
Je ne citerai personne sur ce point, par crainte des
procès, mais les parcours professionnel de certains de nos gourous de la
pédagogie sont à mourir de rire, quand on voit que ces gens-là n'ont même jamais
passé (ou en tous cas) réussi le
moindre concours de recrutement de l'éducation nationale (CAPES ou agrégation) et
n'ont donc jamais enseigné dans les classes dont ils prétendent traiter. MDR !
Ce problème mérite
plus qu'un simple post et, comme je me fais un devoir d'être toujours court en
ces lieux, je réserverai ce sujet pour un ou plusieurs blogs que je consacrerai
à l'éducation. Il est toutefois évident que, dans un premier temps, la
massification des effectifs puis surtout la diversification croissante et extrême
des élèves sont, pour une bonne part, à l'origine de la crise qu'on observe
actuellement et qui fait que, selon l'estimation récente du ministre lui-même;
un quart des élèves qui entrent au collège ne savent, en fait, pas lire et
écrire, ce que les enfants d'autrefois étaient traditionnellement en mesure de
faire à Pâques, dès le cours préparatoire, selon le témoignage de tous ceux et de
toutes celles qui ont connu ces époques.
Nous y reviendrons.
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