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samedi 16 février 2013

Honni soit qui Mali pense (N°5)


Fin de l'euphorie et de l'unanimité autour du Mali.

Premier acte, franco-français celui-ci, vendredi 15 février 2013 au soir, dans l'émission de Calvi où après la belle unanimité nationale du début, on a vu se séparer les hagiographes inconditionnels de l'action de la France (Pierre Servent, qui en avait tombé la cravate pour se vêtir d'une tenue camouflée couleur de muraille et François Clémenceau, l'un et l'autre du coté tricolore de la table) et les intervenants critiques et/ou réalistes, de l'autre côté, comme Antoine Glaser et Mathieu Guidère. Faut-il préciser que le discours des seconds est plus convaincant et mieux informé que celui des premiers dont le seul objectif est le service de la France (du moins ce qu'ils croient l'être) et de son armée.

Second acte, plus important ce matin même où l'on apprend soudain que se tient à N'Djamena une réunion d'urgence des Etats de la CEDEAO. On s'y bornera probablement, comme toujours, à des déclarations de principe, mais le fait témoigne néanmoins de l'inquiétude actuelle après le triomphalisme du début.

La France, quant à elle, reste remarquablement muette comme son armée (c'est sa stratégie à en croire P. Servent!) et s'empresse d'évacuer les journalistes français (tandis que les autres restent sur place) ; on a vu nos soldats les fourrer, en toute hâte, dans des hélicoptères de peur que les djihadistes pensent à en enlever un ou une, ce qui leur donnerait le meilleur moyen de pression sur nos médias nationaux, car, on le sait et ils le savent aussi, une dizaine d'otages de tous poils n'ont guère d'importance, alors que l'enlèvement d'un seul journaliste prend l'allure d'une catastrophe nationale.

Non seulement, on ne nous informe pas, mais tout semble indiquer qu'on nous cache bien des choses ; ainsi la presse canadienne a fait-elle état de la mort d'une vingtaine de soldats maliens tombés dans une embuscade. Il faut d'ailleurs reconnaître que les quelques vues que l'on a de l'intervention des troupes maliennes à Gao relève plus du cinéma comique que d'autres chose ; quand on connaît un tant soit peu l'Afrique, on est frappé par le fait que tout cela est, sinon soigneusement du moins laborieusement, mis en scène avant les prises de vue. C'est la 7ème Compagnie au patronage !

En fait rien, dans une émission comme celle-ci, Calvi aurait dû sortir, pour une fois, de son schéma habituel (Merci de nous avoir épargné Barbier et Perrineau) et il aurait été préférable de limiter le nombre d'interventions à celles des gens qui entendent quelque chose à la question et qui font preuve d'un peu de sincérité et bon sens, c'est-à-dire Guidère et Glaser que je me suis réjoui de voir revenir sur le devant de la scène, même s'il s'y cantonne un peu trop souvent à l'ironie de son sourire.

Il est clair que personne, ni en Europe ni en Afrique, n'est très désireux, pour toutes sortes de raisons, à court ou à long terme, de se joindre à nous pour une intervention militaire sur le terrain. Comme l'ont souligné Guidère et Glaser, le Tchad, qui a envoyé un contingent commandé par le fils d'Idriss Deby, compte clairement sur un renvoi d'ascenseur pour ses actions et prend ainsi une hypothèque sur l'avenir de son propre pays dans la mesure où les choses sont fort loin d'y être réglées. Il y a, en revanche, quelque chose de sinistrement comique à voir l'un de nos principaux ministres évoquer le retour de nos troupes à partir du mois de mars.

Dans cette affaire, Servent a même naïvement confessé la satisfaction des troupes françaises à revenir "sur le terrain", après leur désengagement de l'Afghanistan. Belle raison pour intervenir ! Il s'est évidemment abstenu de parler de l'augmentation massive des soldes et des grands avantages d'ancienneté liés à cette condition d'intervention extérieure.

Bref, et l'on peut pour vérifier, se référer, si l'on veut, à mes posts antérieurs, mais j'y ai dit bien des choses qui ont été enfin dites hier par Guidère et Glaser ; comme je l'ai dit depuis le début, nous sommes très loin d'être sortis de l'auberge malienne où le séjour sera de moins en moins agréable. J'ai tout de même eu la satisfaction d'entendre les deux intervenants compétents dire des choses que j'avais moi-même dites mais que personne, dans la presse nationale, ne se risquait à souligner comme par exemple l'évidence de l'organisation de l'accueil triomphal à Gao et à Tombouctou.

Vous me direz qu'il y avait là des évidences mais, comme disait l'autre, ce qui va sans dire va encore mieux en disant.

 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je pense que Calvi a tenté de pousser dans leurs retranchements les deux envoyés spécieux de nos élites décisionnelles
pas moyen!

j'ai surpris il y a quelques jours sur une info en boucle télé, un débat entre un diaspora malien associatif en France genre défense du Mali et un responsable touareg qui avait fait le voyage pour nous dire, lui dire, que le Mali était une fiction que la vérité était touareg

je ne sais qu'une chose c'est qu'en tant que citoyenne je dois penser à nos soldats et pourtant je commence à craindre de les voir exposés au n'importe quoi que va devenir ce champs de guerre torpillé par des éléments politiques complexes

la France sera poussée à prendre position malgré elle