« Indulgente aux
grands, dure aux petits » (Le mariage de
Figaro, III, 5).
Cette vérité qu'énonce
Figaro est hélas éternelle et la République comme la démocratie n'ont guère
changé les choses. Les circonstances présentes en montrent une fois de plus
l'application et la pertinence.
La mise en
examen de Monsieur Nicolas Sarkozy l'illustre en quelque sorte doublement
peut-être même triplement.
Si j'ai bien
suivi l'affaire, pour le même motif (abus de faiblesse, etc.), neuf autres
personnes ont déjà été mises en examen, sans que cette procédure ait soulevé le
moindre commentaire de qui que ce soit. On met en accusation sans cesse le juge
Gentil comme s'il était le seul concerné par cette affaire, alors que, dans la
circonstance, c'est un collège de trois magistrats qui a pris la décision de
mettre en examen l'ancien président de la République.
En outre, cette décision,
après des mois de réflexion et de nouvelles confrontations, repose sur la
preuve, évidente et établie, d'un mensonge
de Nicolas Sarkozy sur le nombre de ses visites. Il affirme, en dépit des
témoignages formels du personnel, n'être venu qu'une fois alors qu'on
disposerait de photos prises sur les lieux où il est vêtu de façon très
différente. Le problème central n'est donc plus le nombre des visites mais le faux témoignage!
Il est
pittoresque de voir quels sont les soutiens de Nicolas Sarkozy qui poussent des
cris d'orfraie les plus aigus au nom de la justice, quand on sait comment ces
précédents gouvernants se sont eux-mêmes comportés.
Je ne parle pas
ici, bien entendu, de grosses et de graves affaires comme celle de M. Merah dont
nul ne semble vouloir oser penser
qu'elle a été un coup politique raté (ou réussi selon l'idée qu'on s'en fait). On
a voulu refaire le coup du papy torturé de la précédente élection. Comme par
hasard, c'est à quelques semaines de l'élection présidentielle de 2012 qu'on a
laissé la bride sur le cou à un homme assez dangereux pour qu'on l'ait identifié comme tel et surveillé,
des mois durant et qui faisait, en outre, régulièrement de longs voyages touristiques en
Afghanistan et au Pakistan.
Ce qui m'avait
le plus frappé à l'époque (et je crois avoir fait un blog sur cette question) était
l'extrême familiarité d'une conversation enregistrée, après les drames, entre
Mohamed Merah et l'un des policiers qui avaient été chargés de sa surveillance et qui était chargé de le convaincre de se rendre.
Il était très clair qu'il y avait, entre ces deux individus, des propos et un
ton qui marquaient une connivence
manifeste ; le policier en cause ne pouvait donc en aucun cas ignorer la dangerosité
de son interlocuteur, dont il disait d'ailleurs qu'il les avait bien "eus"
(je ne me souviens plus exactement la formule, mais le sens et la familiarité
de l'entretien sont de cet ordre).
Si Monsieur
Nicolas Sarkozy trouve qu'il est "injustement mis en examen", au
moins l'est-il de façon régulière ! Que devrais-je dire moi-même qui suis mis
en examen depuis un an (et trois ans après les écrits prétendument
diffamatoires alors qu'ils sont clairement donnés comme humoristiques) pour une
diffamation dont je n'ai toujours pas compris la nature? Mon seul crime est que
je raillais l'ignorance (avérée et illustrée) de la langue française d'un
personnage "porteur d'un mandat public" (auquel il avait d'ailleurs
dû renoncer pour cause de conflit d'intérêts) dans un blog qui était classé comme humoristique.
Ce personnage, très
proche du chef de l'État puisqu'il avait pensé, dit-on, en faire un ministre,
après lui avoir confié deux mandats très importants, m'a fait rechercher (je ne
sais à quel titre mais dans un clair abus d'autorité, par la brigade financière
(?) de la Préfecture de police de Paris pour trouver mon identité et mon
téléphone personnel - sur liste rouge - qui étaient pourtant parfaitement connus
de l'hébergeur de mon blog qui était le Nouvel
Observateur à l'époque.
J'ai été mis en
examen pour diffamation sans avoir même la moindre idée de ce qui m'était reproché (le motif était si risible que, comme je l'ai découvert bien plus tard, on l'a subtrepticement modifié après coup) et surtout sans jamais avoir été entendu par un juge
d'instruction (sauf 10 minutes à Aix par un juge qui ignorait tout de
l'affaire dont était chargée une juge parisienne, lui-même n'en voulant rien savoir et se bornant à vérifier
mon identité et ma responsabilité dans la rédaction de ce texte, ce que je
n'appelle pas "être entendu par un juge d'instruction"). Tout cela
est donc je crois contre toutes les règles. Ces gens-là ont beau jeu,
maintenant, de venir protester contre une mise en examen qui, en revanche,
paraît avoir été décidée, en tout cas, en conformité avec toutes les exigences
de la justice.
Figaro voit
juste, mais pas plus que La Fontaine :
"Selon que
vous serez puissant ou misérable
Les jugements de
cour vous rendront blanc ou noir".
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