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mardi 26 mars 2013

De la justice


 
« Indulgente aux grands, dure aux petits » (Le mariage de Figaro, III, 5).

Cette vérité qu'énonce Figaro est hélas éternelle et la République comme la démocratie n'ont guère changé les choses. Les circonstances présentes en montrent une fois de plus l'application et la pertinence.

La mise en examen de Monsieur Nicolas Sarkozy l'illustre en quelque sorte doublement peut-être même triplement.

Si j'ai bien suivi l'affaire, pour le même motif (abus de faiblesse, etc.), neuf autres personnes ont déjà été mises en examen, sans que cette procédure ait soulevé le moindre commentaire de qui que ce soit. On met en accusation sans cesse le juge Gentil comme s'il était le seul concerné par cette affaire, alors que, dans la circonstance, c'est un collège de trois magistrats qui a pris la décision de mettre en examen l'ancien président de la République.

En outre, cette décision, après des mois de réflexion et de nouvelles confrontations, repose sur la preuve, évidente et établie, d'un mensonge de Nicolas Sarkozy sur le nombre de ses visites. Il affirme, en dépit des témoignages formels du personnel, n'être venu qu'une fois alors qu'on disposerait de photos prises sur les lieux où il est vêtu de façon très différente. Le problème central n'est donc plus le nombre des visites mais le faux témoignage!

Il est pittoresque de voir quels sont les soutiens de Nicolas Sarkozy qui poussent des cris d'orfraie les plus aigus au nom de la justice, quand on sait comment ces précédents gouvernants se sont eux-mêmes comportés.

Je ne parle pas ici, bien entendu, de grosses et de graves affaires comme celle de M. Merah dont nul ne semble vouloir oser  penser qu'elle a été un coup politique raté (ou réussi selon l'idée qu'on s'en fait). On a voulu refaire le coup du papy torturé de la précédente élection. Comme par hasard, c'est à quelques semaines de l'élection présidentielle de 2012 qu'on a laissé la bride sur le cou à un homme assez dangereux pour qu'on l'ait identifié comme tel et surveillé, des mois durant et qui faisait, en outre, régulièrement de longs voyages touristiques en Afghanistan et au Pakistan.

Ce qui m'avait le plus frappé à l'époque (et je crois avoir fait un blog sur cette question) était l'extrême familiarité d'une conversation enregistrée, après les drames, entre Mohamed Merah et l'un des policiers qui avaient été chargés de sa surveillance et qui était chargé de le convaincre de se rendre. Il était très clair qu'il y avait, entre ces deux individus, des propos et un ton qui marquaient une connivence manifeste ; le policier en cause ne pouvait donc en aucun cas ignorer la dangerosité de son interlocuteur, dont il disait d'ailleurs qu'il les avait bien "eus" (je ne me souviens plus exactement la formule, mais le sens et la familiarité de l'entretien sont de cet ordre).

Si Monsieur Nicolas Sarkozy trouve qu'il est "injustement mis en examen", au moins l'est-il de façon régulière ! Que devrais-je dire moi-même qui suis mis en examen depuis un an (et trois ans après les écrits prétendument diffamatoires alors qu'ils sont clairement donnés comme humoristiques) pour une diffamation dont je n'ai toujours pas compris la nature? Mon seul crime est que je raillais l'ignorance (avérée et illustrée) de la langue française d'un personnage "porteur d'un mandat public" (auquel il avait d'ailleurs dû renoncer pour cause de conflit d'intérêts) dans un blog qui était classé comme humoristique.

Ce personnage, très proche du chef de l'État puisqu'il avait pensé, dit-on, en faire un ministre, après lui avoir confié deux mandats très importants, m'a fait rechercher (je ne sais à quel titre mais dans un clair abus d'autorité, par la brigade financière (?) de la Préfecture de police de Paris pour trouver mon identité et mon téléphone personnel - sur liste rouge - qui étaient pourtant parfaitement connus de l'hébergeur de mon blog qui était le Nouvel Observateur à l'époque.

J'ai été mis en examen pour diffamation sans avoir même la moindre idée de ce qui m'était reproché (le motif était si risible que, comme je l'ai découvert bien plus tard, on l'a subtrepticement modifié après coup) et surtout sans jamais avoir été entendu par un juge d'instruction (sauf 10 minutes à Aix par un juge qui ignorait tout de l'affaire dont était chargée une juge parisienne, lui-même n'en voulant rien savoir et se bornant à vérifier mon identité et ma responsabilité dans la rédaction de ce texte, ce que je n'appelle pas "être entendu par un juge d'instruction"). Tout cela est donc je crois contre toutes les règles. Ces gens-là ont beau jeu, maintenant, de venir protester contre une mise en examen qui, en revanche, paraît avoir été décidée, en tout cas, en conformité avec toutes les exigences de la justice.

Figaro voit juste, mais pas plus que La Fontaine :

"Selon que vous serez puissant ou misérable

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".

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