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mercredi 13 mars 2013

Du syndicalisme français comme l'un des beaux-arts. (S 1)


Les deux ou trois milliers de blogs que j'ai dû écrire depuis que j'ai commencé à m'adonner à ce vice font que je suis inévitablement amené à revenir sur des sujets et, par là même, à me répéter. Comme vous l'avez peut-être constaté, de ce fait, lorsque j'aborde un nouveau sujet, à défaut d'établir un résume des chapitres précédents, je reprends souvent certain nombre de blogs que j'ai pu écrire auparavant ; ils rappellent des faits et des aspects anciens, m' évitent d'avoir à me répéter et surtout, il faut bien le dire, me font gagner un peu de temps, car le rythme quotidien n'est pas toujours facile à suivre.

C'est ainsi que j'ai repris des blogs anciens sur le CNRS puis sur l'université (peut-être en ferai-je des livres, soit en version papier, soit en version électronique je n'ai pas encore pris de décision sur ce point) et plus récemment sur l'école (cette série est en cours) dans la perspective de sa "rénovation" qu'on ne voit guère venir.

J'ai été amené récemment par l'actualité à reprendre le thème du syndicalisme qui est une spécificité française des plus notables.

Je ne veux pas trop anticiper sur ce que je dirai et que j'ai esquissé par l'ancien post que j'ai publié hier, mais la conjonction entre ce sujet et l'élection du pape me rend sensible à une différence majeure entre ces deux processus.

On caractérise souvent le syndicalisme français à la fois par le petit nombre des adhérents qu'il rassemble (en gros 8 % de la population laborieuse) comme par son rôle extra-professionnel et même par l'inféodation politique qui a souvent caractérisé certains syndicats. On se souvient que le secrétaire général de la CGT a été longtemps statutairement membre du comité central du parti communiste français ! En fait ces deux caractéristiques sont, à mes yeux, moins importantes et moins significatives qu'une troisième qu'on ignore et dont je veux simplement dire ici un mot car j'aurais l'occasion d'y revenir plus en détail à propos des uns et des autres.

On aurait du mal à imaginer qu'on puisse élire pape un homme qui ne serait pas au moins prêtre (le choix est limité, je crois, aux cardinaux, encore que je n'en sois pas tout à fait sûr !) et les cardinaux le sont en général. On peut certes citer ici, dans notre histoire, Guillaume Dubois, ami et conseiller du Régent, qui en 1720 n'entra dans les ordres que pour devenir illico archevêque de Cambrai, puis, deux ans plus tard, cardinal, sans avoir jamais su servir la messe, faute d'en avoir eu l'occasion!

La particularité, étrange et commune, de nos grands leaders syndicaux contemporains est que la plupart n'ont en fait jamais travaillé de leur vie ou si peu que cela ne vaut guère la peine de le mentionner. On a vu récemment en revanche, à la télévision, quelques leaders ouvriers qui paraissaient forts à la fois d'une vraie et longue expérience professionnelle et de solides convictions syndicales, mais il est clair que ce n'est en rien le cas des leaders syndicaux majeurs que compte notre beau pays.

Il y a là quelque chose qui m'a toujours frappé et que, dans la suite, j'aurais l'occasion non seulement d'illustrer mais de prouver par de rapides examens de leur vraies carrières professionnelles ; elles sont en générale si courtes que cette vérification ne prendra guère de temps.

3 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
d'après ce qu j'ai lu récemment, car je l'ignorais, les conditions uniques pour être pape sont d'être un homme, célibataire et baptisé. Même pas besoin d'être un homme d'église.
Mais les probabilités de voir émerger autre chose qu'un cardinal me paraissent effectivement très faibles, et même nulles.
Comme celles de voir un "laborieux" sortir de sa chaine pour prendre en main les rênes de la CGT ou autre syndicat. Le casse-croute est trop bon pour qu'on puisse envisager d'en faire profiter des gens qui en viendraient à défendre effectivement et selon des logiques évidemment différentes les travailleurs. D'ailleurs je suis persuadé que le bas taux de syndicalisation est entretenu et souhaité par les parties en présence. Les dirigeants politiques parce qu'ils tiennent les cordons de la bourse permettant de maitriser les syndicats qui ne pourraient pas vivre des cotisations des adhérents, et les syndicalistes eux-mêmes, du moins à un certain niveau qui peuvent profiter d'agréables sinécures.
Mais le problème qui apparait de plus en plus c'est que ces gens maitrisent de moins en moins leurs troupes, et plus du tout les gens qu'ils sont censés défendre. La crise du syndicalisme viendra de là quand il sera évident que les structures actuelles fort couteuses ne servent à rien sauf à engraisser quelques uns.

Anonyme a dit…

Cher Usbek,

Tebaldo Visconti, simple clerc tonsuré, qui n’était ni cardinal ni même prêtre, fut élu pape en 1271.
Il ya eu effectivement des cardinaux laïcs dans l’histoire, le plus célèbre étant sans doute Mazarin. De plus, Louis-Antoine de Bourbon, qui fut créé cardinal à l’âge de 8 ans, n’était certainement pas prêtre.
À l’époque où les fidèles élisaient leurs évêques, il est même arrivé qu’on élise un non-baptisé : ce fut le cas de saint Ambroise à Milan.

succus

usbek a dit…

Quel honneur et quel plaisir d'avoir des lecteurs si avisés et si érudits. J'en suis tout confus et en outre ça me dispense de chercher plus loin que le bout de mon nez. Usbek