Faudrait-il sur ce point consulter les astres à notre façon et étudier leurs conjonctions spécifiques ? L’astrologie chinoise, pourtant millénaire, ne nous laissait guère prévoir de tels événements pour 2011 ! Le lapin (ou le lièvre), quatrième animal du zodiaque chinois, est en effet présenté comme « prudent et conservateur », ce que l’on ne constate guère jusqu’à présent, même si force est de constater que les bouleversements n’ont guère concerné la Chine elle-même, à moins qu’elle soit plutôt sous le signe du lièvre.
Lapin ou lièvre, il semble en tout cas que, pour ce qui concerne l’occident, la période soit favorable aux grands changements politiques dans le monde, d'Haïti à Bahreïn !
Il est vrai qu'en politique comme ailleurs, un clou chasse l'autre. La Côte d'Ivoire a éclipsé Haïti, non seulement sur le plan électoral mais également sur le plan humanitaire, après le séisme du 12 janvier 2010, puisque bon nombre d'engagements pris alors dans l'émotion du moment n’ont pas été tenus ni même rappelés dans la suite. Haïti et la Côte d'Ivoire, qui, en décembre 2010, ont quelque temps occupé le devant de la scène, ont été à leur tour retirés de l'affiche par les événements du Maghreb puis du Moyen-Orient dans son ensemble.
« La rue est plus radicale que les urnes » disais-je en titre et, en effet, les processus électoraux haïtiens et ivoiriens, faute de s’en tenir à leurs résultats, se sont enlisés peu à peu, tandis que les événements des rues conduisaient à des solutions tant en Tunisie qu'en Égypte plus rapides et radicales que nos experts et diplomates ne l’imaginaient, même si comme toujours, ils nous ont alors proclamé qu’ils l’avaient bien prévu. Hélas pour eux, enregistrements et images sont là pour rétablir la vérité de leurs annonces comme de leurs comportements.
On ne sait trop que penser de ce qui se passe en Libye, où la dinguerie du colonel Kadhafi, ces dernières années « mis sous le tapis » (comme on dit désormais) moyennant quelques milliards de commandes, de préférence militaires (bien utiles en cas de tentatives de révolution) peut naturellement l'entraîner dans les pires folies sanguinaires. Quant au Yémen et surtout à Bahreïn (où est basée la cinquième flotte américaine), on ne peut guère savoir ce qui s'y passera car les choses se décideront sans doute dans le secret du bureau ovale de la Maison-Blanche.
La nouvelle la plus étrange du jour, est sans doute l’annonce du franchissement du canal de Suez, ce matin même 22 février 2011, par deux navires de guerre... iraniens. Un tel fait ne s’était pas produit depuis 1979, mais il est rendu possible par la convention internationale qui précise que le canal de Suez est "ouvert à tout navire de commerce ou de guerre". On se demande un peu ce qu'ils ont à faire, dans les circonstances présentes, en Méditerranée. Le prétexte invoqué tient à des manoeuvres en relation avec la Syrie, mais elles semblent plutôt destnées aux Chiites du Liban et surtout de Gaza où l’on cause élections. Israël a déjà qualifié le fait de provocation. Peut-être la chose n’est-elle pas sans rapport non plus avec le projet de nouvelle expédition humanitaire en direction de Gaza (avec, à bord, Stéphane Hessel et son bonnet phrygien) puisque la flotte israëlienne avait eu un rôle décisif dans l’arraisonnement des navires qui avaient tenté déjà de rompre le blocus de Gaza.
En Côte d'Ivoire comme en Haïti, les processus électoraux s'éternisent puisque les premiers tours des élections présidentielles y ont eu lieu il y a déjà quatre mois.
A Abidjan, tout semble indiquer que, contrairement aux prévisions de nos augures politiques internationaux, Gbagbo semble plutôt conforté dans sa position au fil des mois, car il n’est pas tombé « comme un fruit pourri » dans le délai que lui avait accordé, fort imprudemment, son adversaire Ouattara. Le bel ensemble que constituait la CDEAO est en train de se fissurer ; non seulement on attend toujours les actions militaires qui devaient déloger Laurent Gbagbo d'Abidjan, mais ce dernier, qui était déjà assuré du soutien de l'Angola, a désormais celui, moins puissant mais plus proche et plus décisif, du Ghana qui semble s'être retiré de la coalition. Le plus pittoresque de la chose est qu'on paraît s'acheminer désormais vers un prétendu recomptage des bulletins de vote, ce qui paraît une décision plutôt insolite dans la mesure où il a été indiqué que les bulletins du second tour ont été détruits. Tout cela me paraît plutôt, en réalité, une forme de remise en cause discrète du processus électoral qui avait conduit à la désignation de Ouattara comme président.
En Haïti, les choses semblent, non sans mal, se mettre en place en vue de la tenue du deuxième tour fixé au 20 mars 2011, sans que le président Préval ait réussi à prolonger davantage encore son maintien au pouvoir limité au 14 mai 2011. L'intervention inattendue des anciens présidents, Duvalier et Aristide, a paru toutefois, un moment, remettre en question ce calendrier.
Si l'on ne parle plus guère de Duvalier (au point qu'on se demande même parfois s'il n'est pas reparti d'Haïti), Aristide occupe désormais le devant de la scène depuis que le gouvernement haïtien lui a accordé un nouveau passeport diplomatique qui lui permet de rentrer au pays. Ses partisans se sont employés à remettre en état sa magnifique propriété dans les hauts de Port-au-Prince, mais ils ont aussi entrepris une action purement politique avec, en particulier, des manifestations récentes dans la capitale qui se sont, fort heureusement, déroulées sans incident.
Les États-Unis et diverses autorités, nationales et internationales, répètent à l'envi qu'Aristide ne pourra revenir qu'après le deuxième tour des élections mais les choses changent tant et si vite qu'on ne peut pas en être tout à fait certain et on voit mal par ailleurs ce qui pourrait légalement s’opposer à son retour.
Si l'élection de Mirlande Manigat paraissait devoir être acquise sans trop de problèmes (elle avait 10 % des voix d'avance au premier tour, du moins si l'on se fie aux résultats provisoires de début décembre 2010, puisque les résultats définitifs n'ont jamais été communiqués !) les choses évoluent puisque Wyclef, qui avait été écarté du premier tour, s'est prononcé en faveur de Michel Martelly. Il est même venu en Haïti spécialement pour soutenir le chanteur, réalisant par là une alliance autour du thème « sortez les sortants », visant à écarter du pouvoir les politiques proprement dits, dont naturellement sa rivale.
Si la rue est plus radicale que les élections, encore faut-il espérer, dans ces deux cas, que la rue et la violence ne finissent pas par se substituer aux processus électoraux, si difficiles et contestables qu’ils puissent être.
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