Comme je le fais quelquefois, je reprends ici, en forme de bilan, le débat qui s’est ouvert, après la lettre de Rica publiée hier et les commentaires d’Expat et de Marc qui l’ont suivie. Par expérience, je sais que les commentaires ne sont pas toujours lus, soit qu’on les négligent, soit, plus fréquemment encore, qu’ils échappent, fatalement, à des lecteurs qui ont visité le blog avant que ces commentaires soient mis en ligne.
Dans le présent cas ; non seulement ces textes, écrits par des lecteurs anciens et fidèles, sont fort intéressants, mais, en outre, ils abordent un aspect du problème que j’avais volontairement évité, comme Rica lui-même qui, de ce fait même, m’avait suivi dans ce choix.
Marc a écrit :
« J'ai le plaisir de constater que nos analyses convergent, tant sur l'Egypte que sur Gaza. Je serai un peu moins affirmatif que vous en disant que Moubarak a parfaitement joué le coup et sera tranquille jusqu'en septembre. Il reste à mesurer l'impact de l'influence de la RII sur les couches populaires et à valider si le Hamas intervient ou non en Egypte.
J'ai parlé sur mon blog d'alliance objective Egypte-Israël basée sur la lutte anti-fondamentaliste et terroriste et je réitère que le point d'achoppement entre le pouvoir égyptien (donc l'armée) et les manifestants réside dans le positionnement futur avec Israël. ».
Expat, quant à lui, écrit :
« Je souhaiterais apporter quelques nuances aux propos de Rica.
Concernant Gaza, il est vrai qu'une partie de la population vit dans le dénuement. ce qui n'empêche pas effectivement de voir une autre partie de la population vivre dans l'opulence. Peut-on ou doit-on imputer cet état de fait au fameux blocus israélien qui n'empêche pas en tout cas, et au moins, l'aide alimentaire d'entrer à Gaza ? Ou peut-on se permettre une comparaison avec ce qui se passe dans d'autres pays arabes, mais pas seulement ? En fait est-ce que le blocus ne constituerait pas un alibi destiné à masquer des pratiques assez largement répandues dans la région et au-delà, et parfois, de type mafieux ?
Car c'est tout de même bien le Hamas qui contrôle l'aide internationale et en assure la répartition, comme pour toutes les autres ressources d'ailleurs. Donc imputer des inégalités de conditions au seul blocus me semble un peu facile.
Il faudrait d'ailleurs se rappeler les raisons de ce bouclage de Gaza et bien comprendre qu'il ne s'agit pas pour Israël de tracasser les habitants de Gaza, mais d'assurer sa sécurité. Et les résultats dans ce domaine, depuis le bouclage et depuis la construction du mur en Cisjordanie, ont été probants.
La judéité du père de Hessel (d'ailleurs le père de Hessel n'était pas juif, mais protestant, bien qu'issu d'une famille juive) ne suffit pas à le dédouaner de toute hostilité vis-à-vis d'Israël. En tout cas, on le sent bien plus proche du Hamas, dont il prétend qu'il veut la paix, que d'Israël qui semble être pour lui un point de fixation. Car l'indignité de Hessel est pour le moins sélective et laisse de côté des atteintes aux droits de l'homme qui paraissent bien plus graves et dommageables que celles dont on accable les Palestiniens.
On peut avoir eu un passé digne de tous les éloges, il n'en reste pas moins que ce passé ne peut jamais justifier les actes et les paroles présentes. Sinon vivent Pétain et Darnand ! Et c'est pour cela qu'il faut cesser de regarder Hessel à travers un prisme destiné à occulter toute critique de sa personne. Parce que le personnage est aussi critiquable dans ses prises de position. Juste un exemple : Hessel qui voit dans le Hamas un mouvement qui veut la paix, malgré sa charte et ses actions passées et présentes, minimise naturellement les tirs de roquettes, fussent-elles artisanales, sur le Sud d'Israël, en déclarant qu'ils n’ont eu pour conséquences que d’obliger « quelques enfants à courir très vite dans les abris ». Certains y verront peut-être de l'humour. Bof ! Imaginons juste que, sorti de déportation, on ait dit à Hessel que son séjour avait été bénéfique pour sa silhouette ; je ne pense pas que ça aurait été pris comme tel. Pourtant c'est à peu près du même acabit. ».
Je laisse de côté la situation et les propos de Stéphane Hessel à qui je reproche, d’abord et surtout, de s’être laissé affubler de ce bonnet phrygien ridicule, cadeau empoisonné et pavé de l’ours des militants pro-palestiniens ! Sur le plan géopolitique, on peut facilement passer du quarté que proposait Rica à un quinté. Il suffit d’y ajouter Israël dont je m’étais volontairement et soigneusement abstenu de parler.
A cela deux raisons parmi d’autres. La première est que je doute que l’exploision redoutée au Moyen Orient vienne d’une initiative d’Israël lui-même. La deuxième est, même si Israël,, par la voix de son Premier Ministre, a réagi, au départ, trop vite et trop fort, aux événements d’Egypte, avant de comprendre que, comme souvent, le silence était d’or, surtou en la circonstance.
Un des aspects les plus intéressants (même si la presse française en a peu parlé) de l’affaire Wikileaks a tenu aux révélations touchant les contacts entre les Palestiniens et Israël, en particulier pour ce qui concerne les « colonies » israëliennes. Ces nouvelles sont importantes et intéressantes, mais si Netanyahou a vite compris, dans les événements d’Egypte, les vertus du silence, en revanche, on peut tout redouter du ministre israëlien des affaires étrangères, l’imprévisible Lieberman.
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1 commentaire:
Bonsoir,
Il apparaît que le Hamas soit intervenu en Egypte pour libérer des prisonniers, dont un commandant du Hezbollah. De plus, le gazoduc a été saboté à 2 endroits et une équipe a été interceptée par une patrouille égyptienne. Il semblerait également qu'un QG ait été établi dans le nord-Sinaï et que la contrebande d'armes n'a jamais aussi bien marché. Il semblerait également que des somaliens liés à Al-Qaïda s'infiltent en Israël sous couvert d'immigration.
Pourquoi parler ou non d'Israël ? Il est possible que la contagion atteigne les arabes israéliens, ce qui poserait un sacré problème. Il est également possible que dans l'hypothèse d'une islamisation du futur régime égyptien, toutes les aventures soient possibles, en commençant par une rupture du traité de paix israélo-égyptien et en voyant la RII et l'Egypte faire blocus simultanément.
Les réactions diplomatiques israéliennes sont révélatrices de l'incompréhension des évènements égyptiens et du désarroi israélien, ce que je détaille sur mon blog.
Mon avis, pragmatique et pessimiste, est qu'Israël a tout intérêt de réagir rapidement et de trouver un accord avec les palestiniens, ce qui au passage déligitimerait le Hamas et le mettrait face à ses responsabilités au vu et au sus du monde.
Cela dit, on peut toujours rêver lorsque l'on regarde la situation politique intérieure israélienne ...
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