« Les fonctions régaliennes sont, hélas, impactées par les errements de ceux ou celles qui les exercent et qui n’ont pas été convenablement casté(e)s; initiées par des incapables, elles sont actées, in fine, sans qu’on ait pris soin de renseigner les questionnaires ad hoc. ».
Vous avez compris ? Si oui, vous avez de la chance, car vous causez parfaitement le dialecte in du bobo parisien. Si vous n’avez pas tout compris, laissez-moi vous expliquer.
Il y a longtemps que je veux dire un mot de ces questions. La goutte d’eau lexicale qui a fait déborder le vase de ma juste colère linguistique est venue récemment.
Cela s’est passé je crois, vers la fin de la semaine dernière, en entendant, aux Grandes gueules » de RMC, Madame Nadine Morano, ministre actuelle de je ne sais quoi. Conformément à la mode récente, mais active, elle a réussi à place l’adjectif régalien, atteignant, en cette occasion et cela d’autant qu’elle évoquait, en même temps, Nicolas Sarkozy, une forme d’extase que la décence m’interdit de préciser davantage. Car nos politiques et nos journalistes (je ne sais à qui attribuer le mérite de la chose) ont récemment découvert l’adjectif « régalien ».
Consultons donc, comme je vous le conseille souvent, le Trésor de la langue française (TLF) accessible en ligne, ce qui rend la consultation plus facile que par la manipulation, sportive il est vrai, de ses seize pesants volumes.
« REGALIEN, adj. HIST. Qui concerne, qui appartient en propre au roi, au souverain. Dans un système démocratique, la douane, institution d'origine seigneuriale et régalienne, est donc chose odieuse et contradictoire (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 6).
Droit régalien. Droit (de paix ou de guerre, de faire la loi, de battre monnaie, etc.) qui appartient au roi, au souverain. Un péage dû aux comtes de Combourg par chaque tête de bétail, espèce de droit régalien (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 70).
Prononc. et Orth.: [ ], fém. [- ]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1690 droits régaliens (FUR.). »
On comprend, à lire cet article, la faible pertinence de ce terme dans notre Cinquième République, ce que souligne, par anticipation, la citation de Proudhon. Bref, l'emploi de ce terme a une connotation archaïsante qui, selon moi, n’est pas, souvent, sans une forme d’écho idéologique.
Passons sur « régalien » et venons à « impacter »
La réponse du TLF est brève et sans appel :
« impacter n'a pas été trouvé dans une entrée du TLF ».
Dont acte. Allons à « errements », dont l’emploi au sens d’ « erreur » est certes fautif, mais tellement plus élégant par son ampleur et son discret charme désuet que le modeste « erreur ». Lisons une fois encore le TLF qui, pour des raisons qui m’échappent un peu offre deux entrées.
« ERREMENTS 1. Subst. masc. plur. Vx et littér. Manière d'agir, de se comporter. Vous y suivrez, j'espère, jeune homme, les errements de monsieur le Premier (BALZAC, Cath. de Médicis, Martyr calv., 1841, p. 256) :
M. David apprit à la peinture à déserter les traces des Lebrun et des Mignard, et à oser montrer Brutus et les Horaces. En continuant à suivre les errements du siècle de Louis XIV, nous n'eussions été, à tout jamais, que de pâles imitateurs.
STENDHAL, Racine et Shakespeare, 1823, p. 4.”
« ERREMENTS 2. Subst. masc. plur. A. Action d'aller çà et là sans but précis. Les errements de mains tremblotantes autour d'un petit corps aimé (GONCOURT, Journal, 1892, p. 259). Rare, au sing. Assurer à ses gestes le maximum d'efficacité, en éliminant tout errement (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 25). Fig.. Votre esprit se plaît dans un doux errement (ROSTAND, Princesse loint., 1895, p. 70).
B. Péj. Habitude néfaste, manière d'agir blâmable. Persévérer dans ses errements. Ces déplorables errements de l'esprit de parti (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 374). Ne pas retomber dans les vieux errements (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 976). »
« Et les hommes, que penseront-ils de moi, dont ils avaient une opinion si élevée, quand ils apprendront les errements de ma conduite, la marche hésitante de ma sandale, dans les labyrinthes boueux de la matière, et la direction de ma route ténébreuse à travers les eaux stagnantes et les humides joncs de la mare... » LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 247. ». »
Ne parlons même pas de l’infâme « caster » !
Je déjà suis bien long et je finirai donc demain, en ajoutant quelques autres horreurs que vous pourriez me suggérer en commentaires !
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