La fameuse formule de la « ligne bleue des Vosges » figurait, avec l’invitation discrète à ne jamais l’oublier, dans le testament de Jules Ferry. Peut-être est-ce là ce qui a contribué à ce que, jusqu’à la Première Guerre mondiale, les écoliers de France en gardent le souvenir. Est-ce aussi ce qui a conduit de grandes figures du Parti socialiste à s’éloigner de la Rue de Solférino pour rallier la Place des Vosges ? Ainsi, bien après Victor Hugo, lui aussi socialiste, également à sa façon bien spéciale, Jack Lang (dans un symbolique retour aux sources, puisqu’il est lui-même natif de Mirecourt dans les Vosges !), puis Dominique Strauss-Kahn ( que son enfance marocaine a conduit inévitablement à faire emplette d’un somptueux riad à Marrakech) ont choisi comme adresse parisienne la Place des Vosges, l’ancienne « Place Royale » (Est-ce ce nom chargé de mauvais souvenirs ou le manque de moyens qui a détourné François Hollande d’y rejoindre les autres éléphants du PS ?)
Jack Lang a acquis Place des Vosges un petit (du moins le décrit-il ainsi) appartement de 165 mètres carrés. DSK de son côté a opté pour un logis plus digne de son importance et de son volume, puisque, sur deux niveaux, il y dispose de 240 mètres carrés. Adresses de prestige mais aussi preuves d’un esprit d’économie exemplaire puisque, pour le second par exemple, l’investissement de quatre millions d’euros dans un tel achat correspond à plus treize ans de son salaire actuel de Directeur du FMI. Voilà un exemple qui témoigne en faveur de l'ancien ministre de nos Finances, même s'il a dû les quitter avec un peu de précipitation.
Il est vrai que peut-être le logis de DSK a-t-il été acquis pour le couple par son épouse. Elle est l’héritière, avec d’autres ayant-droits il est vrai, des biens et surtout des tableaux de son grand-père, le marchand d’art, Paul Rosenberg. Une bonne centaine de ses toiles, saisies par les Allemands, ont été récupérées après la guerre. Ainsi, en 2003, à New-York, la seule vente de « La Femme en rouge et vert » de Fernand Léger a rapporté 16 millions d'euros, soit l’équivalent de quatre vastes appartements Place des Vosges.
Rassurez-vous toutefois, l’expulsion très médiatisée, le 23 octobre à l'aube, d’une trentaine de squatteurs, qui, à l’initiative de « Jeudi noir », occupaient un hôtel particulier de la Place des Vosges, ne concernait ni l’un ni l’autre de nos deux hommes politiques socialistes, comme on a pu le craindre !
Je n’ajouterai pas mon modeste caquet au concert de gloses et de commentaires que la récente visite de DSK à Paris a déclenché. Je ne sais pas si DSK, pour épargner ses frais d’hôtel au FMI, a été logé avec les membres du G20 ou s’il est allé dormir Place des Vosges, ne serait-ce que pour prévenir l’incursion ultérieure d’éventuels squatters.
L’écoute de toutes les exégèses tournant autour de DSK m’a inspiré une hypothèse que je n’ai entendue nulle part et qui me paraît pourtant tout à fait envisageable.
En effet, depuis sa fameuse affaire de moeurs en 2008, dans le contexte américain (certains avaient même alors demandé sa démission, ce qui n’est pas étonnant aux Etats-Unis), on sait, de toute façon et de façon sûre, que le mandat de DSK ne sera, en aucun cas, renouvelé.
Une stratégie habile, dans le contexte français, pourrait donc être celle du judoka, ce qui, je vous l’accorde, ne correspond guère au physique de DSK que j’entendais tout à l’heure définir par je ne sais quel journal, suite à son numéro du week-end, comme une « effeuilleuse replète ». Je changerais plutôt l’adjectif "replète" pour « obèse », tout en gardant la qualification professionnelle. Le principe de base du judo, pour en revenir à lui, est, en effet, en principe du moins, d’utiliser la force et le poids de l’adversaire pour le vaincre. On en doute un peu il est vrai, quand on voit notre Français champion du monde toutes catégories avec ses deux mètres et ses 120 kilos).
Pour l’effet « teasing » (pour causer « in »), contrairement à ce que disent tous les glosateurs, je pense que le public que vise DSK dans son strip-tease médiatique, est moins l’électorat français (comme tout le monde le suppose) que le public étasunien et plus particulièrement, à terme, le FMI lui-même. Pour faire court, DSK se sachant, lui, non renouvelable, ne va-t-il pas tout faire pour tenter de se faire virer du FMI avant le terme de son mandat?
Coup double en cas de succès de la manoeuvre.
N’oublions pas que DSK est avocat, comme tous nos politiques désormais, et qu’il n’est pas ennemi des petits profits (souvenons-nous de la MNEF). Peut-être, en cas de « licenciement » avant le terme de son contrat, pourrait-il prétendre à une grosse indemnité sur la base de ses 325.000 euros annuels, sans compter le préjudice moral.
Mais l’essentiel est l’électorat français. Viré du FMI, DSK, à qui on ne cesse de reprocher, à gauche (où se trouvent ses pires ennemis), d’être "l’agent du capitalisme sauvage mondial" (ce qu’a démontré la politique du FMI en Grèce, pour ne pas chercher plus loin !), apparaîtrait alors, au contraire, comme la "victime du FMI". Dans cette hypothèse, comptez sur DSK que les palinodies ne rebutent pas (il a très vite condamné le régime tunisien après avoir encensé la gestion de Ben Ali moins de deux ans avant !) pour nous expliquer qu’il a été viré pour avoir tenté héroïquement de défendre les pauvres du monde (il est socialiste non ?) contre la violence sanguinaire du FMI. Je l’entends déjà ! Besancenot et Mélanchon, débordés de façon inattendue et inhabituelle, sur leur gauche, en resteront sans voix (au singulier et au pluriel donc au plan personnel et électoral).
C’était le conseil, avisé et gratuit, comme toujours d’Usbek and Co limited ; toutefois, je ne serais pas contre un petit chèque en cas de succès !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
A la place de DSK je ne garderai pas, suite aux élections de Cöte d'Ivoire, comme conseiller en communication S.Fouks qui avait planifié la victoire de Gbagbo dès le premier tour et n'avait rien prévu du vote des Baoulés en cas de second tour! Un grand expert je vous dis!
Enregistrer un commentaire