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vendredi 11 février 2011

François à Hosni

Paris le 10 février 2011

Cher Hosni

Voici plusieurs jours que je veux écrire pour te remercier de la chaleur amicale de l'accueil que tu m'as réservé ainsi qu'à ma famille. Comme tu l’as sans doute appris, ce voyage, qui avait si bien commencé et qui s'était si admirablement déroulé, m’a causé pour finir quelques soucis inattendus, depuis qu'un hebdomadaire qui porte le nom et l’emblème d’un volatile déplumé, prévenu probablement par quelque ami perfide (car je pense que la fuite vient, comme toujours, de mon bord) m'a épinglé dans sa livraison du mercredi 9 février 2011.

Naturellement, je l’ai su car mes services sont toujours occupés, le mardi après-midi (ce libelle sort le mercredi) à lire l’édition du journal qui doit paraître le lendemain. Ils m’ont donc prévenu et j'ai alors dû, à la hâte, pour couper l'herbe sous les pieds de mes prévisibles détracteurs, prendre les devants en révélant moi-même ce voyage et les conditions si agréables dans lesquelles nous avons pu le faire grâce à toi.

Tu imagines facilement les choses, même si tu n'es naturellement pas habitué, fort heureusement, à ce genre de situation, puisque, chez toi, les journalistes ne manquent jamais de soumettre à tes services les articles qu'ils envisagent d'écrire à ton propos et qui ne sortent jamais, fort heureusement, du registre de l’hagiographie. Pour rien au monde, ils ne se permettraient à ton égard pareils comportements. Il est vrai que, malheureusement pour toi, et cela n'a pas arrangé nos communes affaires, les choses sont en train de changer. J’ai vu à la télévision, aujourd’hui même, des pancartes que, même en France les manifestants n'ont pas encore osées, du style « Moubarak dégage ! » ! Certes, je pourrais me réjouir de ce que de tels écrits témoignent que la francophonie égyptienne n’est pas encore tout à fait morte, mais le moment n’est guère propice à ce genre de plaisanterie !

J'avais pensé, ces derniers jours, que tu avais repris les choses en mains et que tu allais pouvoir être un peu tranquille jusqu'au mois de septembre, et peut-être au-delà si les esprits finissaient par retrouver le chemin du bon sens. La CIA t’a fait un mauvais coup en annonçant ton départ et ton cher ami Barrack a laissé faire. En plus les opposants égyptiens sont plus forts que les nôtres. Chez nous, c’est du simple au double mais, au Caire, on a compté chez tes adversaires 1,5 million de manifestants quand on en trouvait par ailleurs que 0,2 !

Hélas ! Trois fois hélas ! Comme on dit chez nous ! Voilà que la situation se tend à nouveau et même qu'on parle de ton départ imminent d'Egypte. Depuis midi, c’est le sujet dont traitent toutes nos radios et nos médias. Le comble du malheur est que l'Égypte et toi-même revenez sur le devant de la scène, ce 10 février 2011, au moment même où notre président avait programmé son grand show médiatique du moment avec une brochette de Français et de Françaises. Je vais encore me faire engueuler car les services de communication de la présidence planchaient depuis des semaines sur cette intervention et voilà que les bruits de ton départ mettent par terre tout ce beau plan de communication.

Je suis le coupable idéal. Non seulement ton éventuel départ détourne les esprits et les feux de la rampe de l’intervention du Président qui va être furieux, mais, en plus, il contribue à remettre fâcheusement sur le tapis mon escapade égyptienne que j'espérais voir oubliée le plus rapidement possible.

Tout cela réjouit naturellement la meute socialo-communiste qui fort heureusement est en train de bronzer à Dakar. Néanmoins, la seule pensée de les voir attachés à mes basques me gâte le si agréable souvenir de ce voyage lui-même, qui restera merveilleusement présent dans mon esprit comme dans celui de Pénélope et des enfants. Je pense ici surtout à cette superbe promenade en bateau sur le Nil et à la magnifique visite d’Abou-Simbel, où nous avons pu nous rendre, sans avoir à subir la horde des touristes et les tracas des déplacements habituels, puisque tu avais été assez prévenant pour nous réserver le site après nous avoir offert le voyage entre Assouan et Abou-Simbel dans ton avion personnel.

Je dois te remercier aussi, au nom de la France cette fois, pour les conditions favorables que tu nous as fait accorder tant pour le stationnement de l'avion qui nous avait transportés de France à Assouan, où il nous a attendus, que pour le logement de l'équipage pour lequel nous avons pu bénéficier de tarifs préférentiels dans le magnifique hôtel cinq étoiles que tu avais prévu pour lui.

Les circonstances font que je ne puis guère, comme on le fait toujours en pareil cas, te remercier une fois encore de l'accueil que tu nous as réservé et surtout te promettre de te recevoir, de la même façon, lorsque tu auras l'occasion de venir nous voir en France, comme nous l'avions prévu. Pour ce qui me concerne, les présents événements et les cantonales font que mon propre avenir devient des plus incertains !

À entendre les derniers bruits qui nous parviennent d’Egypte, je crains que quelques généraux sexagénaires ne commencent à s’impatienter. Tes prédécesseurs Nasser et Sadate avaient libéré plus vite que toi le fauteuil de Rais et, dans le cas du second, on l’y avait un peu aidé! Trente ans d'attente font qu'ils doivent commencer à trouver le temps long et je redoute pour toi que certains ne soient en train de se préparer à manquer aux promesses qu'ils n’ont pas manqué de te faire récemment encore. Chez vous comme chez nous, on n’est trahi que par les siens !

Encore mille mercis pour la chaleur et l'amitié de ton accueil. Permets à ton fidèle ami François de te souhaiter bonne chance dans les jours qui viennent et qui risquent d'être difficiles. Pénélope et les enfants t’envoient leur meilleur souvenir.

François

TRES IMPORTANT
A l’attention du service chargé du repérage des diffamations à l’égard des personnes chargées d’un mandat public, ceci est une blague. L’auteur de cette lettre n’est pas François Fillon mais Usbek et c’est pour rire un peu, si l’on en a encore le droit dans notre belle démocratie qui n’est ni la Tunisie ni l’Egypte.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chers lecteurs
J'ai retiré le commentaire d'Expat, non pour le censurer (vous vous en doutez) mais parce qu'il valait mieux que cette place modeste et un peu subalterne; il est trop plaisant pour qu'en soient privés les visiteurs du matin et les étourdis. Je le publierai en bonne place demain main. Usbek

Marc a dit…

Remarquable parodie à la façon de !!!
Encore !!