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jeudi 19 avril 2012

Règlement de comptes à Canal Plus


Le 13 avril 2012 a eu lieu au "Grand journal" de Canal+ un incident amusant que m'a raconté un ami et que j'ai pu revoir aujourd'hui grâce aux merveilles de la technologie. Il s'agissait de l'algarade qui a opposé Nicolas Dupont-Aignan à Michel Denisot et à Jean-Michel Aphatie à propos de leur rémunération.

Le fait est rare pour ne pas dire unique, car, à part Jean-Luc Mélenchon qui rue volontiers dans les brancards et entre les clous des interviews (il aurait même traité un journaliste britannique de "connard"), les hommes politiques sont curieusement à genoux devant les journalistes qui les interviewent alors que ces derniers seraient fort embarrassés s'ils refusaient de venir causer dans leurs micros ou devant leurs caméras. Il y a là une curieuse inversion des situations sur laquelle je me suis toujours interrogé car en fait journalistes et politiques se tiennent par la barbichette.

Durant l'émission, de fil en aiguille, le candidat à la présidentielle en est venu à parler, avec une certaine émotion, des difficultés matérielles voire de la misère de bon nombre de Français, mettant en cause, en particulier, les bobos parisiens qui nous gouvernent et en particulier les éditorialistes parisiens peu au fait de la misère de la France d'en bas et qui font l'opinion à raison de dix minutes de bla-bla-bla par jour qu'ils fourguent quotidiennement à deux ou trois organes de presse auprès desquels ils émargent.

Naturellement Messieurs Denisot et Aphatie affichaient des sourires goguenards, sûrs qu'ils étaient que, comme à l'accoutumée, l'homme politique n'oserait pas les mettre eux-mêmes en cause.

Que nenni! Tout à trac, Dupont Aignan demande soudain à Denisot combien il gagne. Celui-ci, interloqué et paniqué, refuse de répondre, bredouillant sottement : « C'est moi qui me paye avec mes impôts (textuel)". J'en suis encore mort de rire et stupéfait que NDA n'ait pas foncé dans la brèche et piétiné Denisot sur le sens d'un tel propos car, à ma connaissance, Canal+ ne fait pas partie de France-Télévision et Michel Denisot ne se paye sûrement pas avec ses impôts!

Nicolas Dupont Aignan a singulièrement manqué de réflexes car il aurait évidemment dû plonger et demander à Denisot ce que cette formule pouvait bien signifier, ce qui l'aurait sans doute mis dans le plus grand embarras.

Voyant que Denisot paniquait quelque peu et se jugeant capable de le sortir d'embarras, Jean-Michel Aphatie est venu à sa rescousse, s'attirant lui aussi avec la même question les foudres du candidat.

Même refus de répondre de sa part. Aphatie aurait-il voulu répondre qu'il aurait été fort embarrassé vu le nombre d'emplois qu'il occupe, de Canal+ à Luxembourg, si je suis bien informé, ce qui n'est sans doute pas le cas. En effet, la particularité de beaucoup de journalistes est d'avoir plusieurs emplois, ce qui leur est assez facile car, au fond, les cinq minutes de causerie d'Aphatie chaque soir au "Grand journal" ne l'occupe pas outre mesure, d'autant que c'est à peu près la même chose qu'il ressert sur les autres antennes. Dupont Aignan (qui n'est pas Dupont Teigneux!) a d'ailleurs été assez gentil dans cette affaire, alors qu'il aurait pu rappeler aux journalistes qu'ils sont souvent fort curieux, quand ils interviewent des personnalités extérieures, de connaître leurs salaires.

Même en l'absence de réponse, il aurait pu au moins pousser une botte assassine en direction de ces mêmes journalistes, en leur rappelant que non seulement ils perçoivent généralement des salaires extrêmement élevés eu égard aux prestations qu'ils fournissent et au travail que cela leur demande, mais, en outre, ils bénéficient de privilèges fiscaux que le pauvre Alain Juppé, quand il était Premier Ministre, avait eu l'imprudence de menacer de supprimer. Ce projet n'a pas manqué d'entraîner sa chute, toute la presse française, de l'extrême gauche à l'extrême droite, s'étant coalisée contre lui en la circonstance.

Certes l'algarade a été intéressante mais il dommage que Dupont Aignan n'ait pas montré assez de combativité et se soit laissé un peu endormir. Ariane Massenet (qui, dit-on, ne gagne que 25 000 € par mois) a eu la sagesse de ne point moufter et de laisser les autres causer entre hommes!

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