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vendredi 20 avril 2012

OUF!

Ouf ! Nous voyons enfin le bout du tunnel de cette campagne électorale qui aura été marquée surtout par l'insignifiance des débats et des réflexions auxquels elle a donné lieu.

Les seuls points de vue intéressants dans toute cette affaire ont été ceux des "petits" candidats qui, seuls, osaient s'aventurer sur des terrains réellement problématiques, tandis que les "gros" se cantonnaient dans des réflexions générales, en essayant chaque jour, "au doigt mouillé", de trouver la truffe qui leur permettrait de faire le buzz à défaut de relancer leur action. Le président-candidat se bornait, lui, à éructer des injures contre son adversaire (par là même condamné à être calme voire impavide) tout en lui piquant, régulièrement quoique contre toute attente et toute logique, ses idées quand elles lui semblaient rencontrer une certaine audience publique. Tout cela est assez consternant, surtout dans la situation de crise où nous sommes.

En revanche, le seul point positif est la relance de l'activité et du "made in France". Dans ces deux domaines, le succès est incontestable, mais il ne faut pas trop pavoiser car il ne s'agit que d'un secteur  très limité puisque c'est essentiellement celui des sondages.

On en annonce 400 pour l'élection de 2012, soit 35% d'augmentation par rapport à 2007 où on avait compté moins de 300! La relance et la croissance sont enfin là!

Le beau succès de cette activité appelle toutefois quelques remarques.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire déjà (et cette remarque est des plus banales), on a souvent le sentiment, en rapprochant les instituts de la couleur politique des commanditaires, que les donneurs d'ordre(s) (à tous les sens de cette formule si heureusement ambiguë), en même temps qu'ils passent commande d'un sondage, donnent quelques indications sur les résultats qu'ils en attendent. On a pu constater ainsi que les sondages commandés par le Figaro indiquaient régulièrement, à la différence d'autres, une montée du score du président-candidat.


En même temps que les sondages se multiplient, leur réalisation doit être de moins en moins coûteuse puisqu'on a le sentiment que l'essentiel des interrogations se fait désormais de plus en plus par Internet.

L’interrogation par Internet a beaucoup réduit le coût du recueil des informations (divisé par 3 ou 4). Au lieu de payer des enquêteurs à des visites souvent infructueuses ou à appeler au téléphone des quidam qui, comme moi, vous raccrochent au nez (poliment pour ce qui me concerne), par Internet on expédie d'un geste des masses de questionnaires par courriels aux gens qui figurent dans une base de données et qui s'y sont eux-mêmes inscrits pour répondre à des enquêtes; ils reçoivent de ce fait un dédommagement (le plus souvent sous forme de bons d'achat ou de cadeaux).

Le principal coût de ces enquêtes en ligne est donc la création et la maintenance de cette base de données. Le traitement informatique est en revanche rapide, facile et peu coûteux ; cela rapporte d'autant plus que vous faites PLUS de sondages! Vous me suivez? A la louche, un tel sondage coûte au client au minimum 6000 à 8000 euros, sans analyse des données, mais tout cela demeure entouré d'une aura de mystère, tant pour les coûts que pour les méthodes.

L'épisode le plus dérisoire de cette campagne sera sans doute le dernier avec les graves interrogations actuelles des organes de notre presse, écrite et audio-visuelle, qui s'interroge pour savoir on prendra le risque ( le coût prévu par la loi est 75.000 euros) de braver l'interdiction de donner des résultats, dimanche prochain, avant l'heure fatidique de la clôture des bureaux de vote.

En fait tous ceux qui s'interrogent gravement sur cette question ont tendance à oublier (mais peut-être ne le savent-ils pas ?) qu'en France, on vote soit avant, soit après les 20 heures du dimanche métropolitain et qu'il est impossible d'aligner, au plan horaire, les Antilles sur la Polynésie, en des scrutins strictement parallèles au plan strictement horaire. Tout le monde sait bien, en outre, que dans les milieux "généralement bien informés" les nouvelles circulent le jour d'un tel scrutin à partir de 18:30.

En réalité, la seule chose que craignent les journalistes est que leurs lecteurs ou leurs auditeurs aillent tout bêtement sur les sites Internet belges ou suisses pour y trouver des estimations de résultats dès 18 heures 30 puisque, dans ces Etats, la loi française ne saurait les empêcher de les communiquer avant qu'ils le soient en France.

Tous ceux qui dissertent savamment sur cette question, en se demandant si la publication avant l'heure de tels résultats, peut avoir une incidence sur les gens qui dans les grandes villes iraient voter de ce fait entre entre 18:30 et 20:00, devraient remonter bien plus loin dans le temps et suggérer d'interdire purement et simplement les sondages (et non pas seulement dans la dernière semaine) puisqu'il est évident que ces 400 sondages risquent fort d'avoir une influence sur les résultats électoraux, du moins l'espère-t-on, pour ceux qui les ont payés et, en outre, fort cher.

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