Bien rares sont ceux qui comme moi ("S'il n'en reste que dix, je serai le dixième... et s'il n'en reste qu'un...") font la différence entre "second" (quand il n'y a que deux objets) et "deuxième" (quand il y en a plus de deux). Dans la présente présidentielle, il est clair qu'on doit parler du deuxième tour plutôt que du second.
L'indiquent déjà les tentatives, de part et d'autre, pour rameuter les électeurs de Bayrou et de Marine Le Pen dans des approches qui apparaissent, en tant que telles, comme un peu dérisoires. Elles procèdent toutefois surtout de l'analyse commune à nos politiques qui consiste à considérer que les électeurs sont tous des imbéciles.
Il me semble pourtant qu'au MoDem comme au Front National, il y a eu quelques réflexions sur la stratégie à mettre en oeuvre avant ce deuxième tour, même si, comme d'habitude, les sondeurs se sont complètement plantés.
Cela ne les empêche pas toutefois de tenter de faire bonne figure comme dans l'émission de Calvi de ce dernier mardi. Y figuraient deux sondeurs ainsi que deux politologues qui, comme par hasard, font des "ménages" chez ces mêmes sondeurs. Sauvegarde de l'emploi avant tout ! Tous nous ont donc expliqué, d'une commune voix, que les résultats étaient tout à fait naturels et aussi bons et précis que possible, même si on avait mis Mélenchon (11 % au final) devant Marine Le Pen (18 %) en annonçant même cette dernière à 20% dans l'estimation de 20 heures! On fait aussi bien sinon mieux au bistro du coin.
Calvi, comme toujours, s'est borné, sans insister trop, à poser quelques vagues questions qui marquaient son scepticisme, avec des mines et des sourires entendus que les cadreurs devaient avoir mission de saisir au vol, de façon à montrer au public qu'il n'est pas dupe, sans pour autant offenser ses clients habituels.
Si, comme je le crois, les états-majors du MoDem comme celui du Front National ne sont pas complètement idiots, ils feront tout pour que, au deuxième tour et pour préparer le troisième, les 11 % ou 18 % de voix qu'ils ont recueillis au premier ne se portent surtout pas sur Nicolas Sarkozy qui pourtant ne leur refuse rien dans ses propos, même s'ils n'osent pas évidemment envisager un instant de faire la propagande de François Hollande.
Il est évident que ces deux partis espèrent récupérer quelques miettes ou débris après l'explosion prévisible de l'UMP, dont les premiers signes se manifestent, d'ores et déjà, dans les attitudes ou les propos de nombreux de ses membres, voire de ses dirigeants.
Il est tout aussi évident que François Bayrou et Marine Le Pen ont tout intérêt à ce que Sarkozy soit battu et que sa défaite soit aussi large que possible. Au sein même de l'UMP, certains le souhaitent tout autant sinon plus qu'eux ; une vraie déroute ne pourrait qu'arranger tout le monde et surtout ceux qui prétendent à sa succession à court, moyen ou long terme.
Dans cette perspective, le bon sens les encourage évidemment, même s'ils ont dit le contraire, à ne pas se prononcer en faveur de l'un ou de l'autre des deux candidats, de façon à favoriser une éventuelle dispersion des voix et surtout à donner à penser à leurs électeurs du premier tour que la meilleure solution pour prochain scrutin serait plus la télévision ou la pêche que la fréquentation des bureaux de vote.
Tout cela en outre a l'avantage, en abaissant sensiblement le taux de participation (je parie pour moins de 70%), de favoriser objectivement François Hollande (on peut supposer que les électeurs de gauche ne feront pas défection eux), et surtout de faire supposer que les abstentionnistes sont de leur côté!
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